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crime énorme avait avait été oublié de Dieu, parce qu'il avait été longtems impuni,, et qu'il semblait même n'avoir été suivi que d'heureux succes; mais la patience de Dieu a ses bornes: il ne laisse vivre les grands criminels que pour tirer du bien des maux qu'ils commettent, et il leur apprend ici qu'il fond enfin tout d'un coup sur eux du haut du Ciel pour les perdre; et la sévérité de sa justice est comme une pierre qui les écrase, et qui les fait tomher dans le précipice, de ce comble d'honneur où ils s'étaient élevés avec tant de peine. Les SS. Pères ont encore remarqué que l'exemple d'Abimélech doit appren dre aux hommes que rien ne les porte tant à persécuter leurs frères que le désir de régner. Cette passion de la. gloire possède tellement leur esprit qu'ils oublient tout le respect qu'ils doivent aux noms les plus saints de frees et de pères: iis portent leurs violences jusqu'aux extrémités; et tant s'en faut que leurs yeux soient frappés d'horreur en voyant le sang de leurs proches, qu'ils s'en repaissent avec plaisir, et se réjouissent de la de ceux qu'ils croient pouvoir nuire aux noirs desseins de leur ambition démesurée.

FIG. 73. Fille de Jephté. Juges 11. (*)

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Amort de l'impie Abimelech fit la principauté L' des Juifs passa à Tholé et à Jair auquel Jephté suacéda de cette sorte: Galaad son père, l'ayant eu d'une femme de mauvaise vie, ses autres frères ne voulurent point le reconnaître, et ils le forcèrent d'aller dans la terre de Job, où, comme il était vaillant, des brigands qui ne vivaient que de rapine le choisirent pe pour chef. Il arriva alors que les Ammonites tourmentèrent par des cruelles guerres les Juifs, qui ne trouvèrent point de remède à un danger si pressant que le courage de Jephté. C'est pourquoi ils résolurent entre eux d'envoyer vers lui des gens pour le prier de revenir; ce qu'il leur promit, après leur avoir fait quelque reproche du traitement qu'il avait reçu d'eux autrefois, et après en avoir tiré l'assurance qu'ils lui obéiraient comme à leur prince. Cela étant fait, Jephté tâcha d'abord de détourner le roi des Ammonites du dessein qu'il avait contre la Judée, (*) L'an du monde 2819; avant Jésus-Christ 1187 ans.

Mais ce prince demeurant inflexible à toutes les remon trances, et paraissant résolu à la guerre, l'esprit du Seigneur se saisit de Jephté, qui assembla des troupes des toutes parts, marcha contre les Ammonites, et fit vœu te à Dieu que, s'il lui donnait la victoire, il lui offrirait en holocauste celui qui sortirait le premier de son logis pour venir au-devant de lui. Il défit en effet ses ennemis, mais la joie de sa victoire fut bientôt changé en tristesse; car lorsqu'il retournait dans sa maison, sa fille unique, transportée de joie à cause de la gloire que son père s'était acquise, sortit la première au-devant de lui, en dansant avec d'autres filles au son des tambours et des instrumens de musique. Jephte fut percé jusqu'au fond du cœur lorsqu'il aperçut sa fille; mais quand elle eut appris le vœu que son père avait fait, elle l'exhorta courageusement à l'accomplir, et l'assura qu'elle mourrait contente, puisqu'il était revenu victorieux des Ammonites. Elle lui demanda seulement deux mois pour aller sur les montagnes pleurer sa mort avec les autres filles qui l'accompagneraient; et ces deux mois étant passés, elle revint trouver son père, qui accomplit ensuite sou vœeu. Les SS. Pères ont considéré ce vœu de Jephté comme un exemple des voeux indiscrets de quelques personnes qui, par leur légéreté et leur précipitation, se jettent dans la nécessité malheureuse, ou de commettre un crime en violant la promesse qu'ils ont faite à Dieu, ou de ne pouvoir l'accomplir que par un crime. Il vaut mieux ne rien vouer, dit S. Ambroise, que c de vouer des choses que Dieu déteste, et qu'on ne peut accomplir sans commettre un parricide. Jephté reconnut lui-même son indiscrétion, et il ne fit qu'avec douleur ce qu'il se crut néanmoins obligé de faire. Mais si l'action du père est blåmable, celle de la fille ne se peut assez admirer; elle revint avec joie après ces deux mois retrouver celui qui devait l'immoler, sans avoir été ret retenue les larpar mes de ses compagnes, ni par l'idée de la mort qu'elle avait toujours présente; elle corrigea en quelque sorte ce qu'il y avait de défectueux du côté du père dans ce sacrifice; elle rendit volontaire ce qui ne paraissait que forcé, et fit, comme dirent les SS. Pères, qu'un sacrifice d'impiété devint un holocauste agréable à Dieu. Elle apprit à toutes les vierges chrétiennes qui sont touchées

de l'amour du Ciel et de la haine du siècle, à s'immoler à Dieu avec joie, et que s'il arrive que leurs pères ou leurs mères les sacrifient à leur vanité, en se réjouissant qu'en sortant du monde elles laissent à d'autres la part qu'elles auraient dû avoir à leur bien, elles s'offrent néanmoins à Dieu en sacrifice avec une plénitude de cœur, et ne pensent qu'à lui plaire, sans se mettre en peine, si leurs pères sont justes ou injustes dans cette occasion, et qu'elles admirent que Dieu se sert, ou de l'indiscrétion, ou de l'intérêt de ceux qui les doivent le plus aimer, pour lui donner lieu de lui offrir un holocauste que leur humble piété leur rend précieux.

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FIG. 74. Naissance de Samson. Juges. 14. (*)

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A sidérable PRES Jephté, l'Ecriture sainte ne dit plus rien de conque de Samson, dont elle rapporte l'histoire assez dans le particulier. Il était de la tribu de Dan et sa naissance fut annoncée par un Ange, qui assura sa inère que sa stérilité cesserait, et qu'elle aurait bientôt un fils. Il lui commanda par avance de contribuer à la sauc tification de cet enfant, en le privant du vin et de tout ce qui peut enivrer. Cette femme avertit son mari Mumé de ce que l'Ange lui avait dit, et il témoigna un extrême désir de voir aussi l'Ange. Dieu lui accorda ce qu'il désirait et sa femme avant aperçu le même Ange une se→ onde fois, elle appela promptement son mari, qui le vit et lui voulut offrir un sacrifice; mais l'Ange sachant que le sacrifice ne se doit qu'à Dieu, étant trop humble pour s'attirer les honneurs divins, dit à Manué que, s'il voulait offrir un holocauste, il l'offrit à Dieu. Lorsque Manué eut mis un chevreau sur une pierre pour le brûler,

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tôt que la flamme du sacrifice s'éleva vers le Ciel, l'Ange s'y enveloppa en quelque sorte pour s'offrir lui-même dans l'odeur et dans la flamme du sacrifice que l'homme lui offrait, comme s'il eût voulu se consumer lui-même en sa substance, aussi bien que l'holocauste. L'enfant étant né selon la promesse de l'Ange, et ayant été appelé Samson, on observa tout ce qui avait été ordonné de Dieu; on ne lui coupa point les cheveux, il ne but point de vin ni de toute chose qui enivre, et il devint néanmoins, (*) L'an du moude 2848; avant Jésus-Christ 1156 aus.

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te plus fort de tous les hommes. (*) Lorsqu'il fut grand, il demanda à son père une femme philistine pour l'épouser. Son père lui résista d'abord, ne sachant pas comme dit l'Ecriture, que c'était Dieu qui conduisait en cela Samson; car il figurait que J.-C., qui a été le fort sans pareil, épouserait un jour l'Eglise des Gentils, après avoir quitté la Judée. Samson cherchait de plus, par cette alliance, une occasion de rendre aux Philistins le mal qu'ils faisaient souffrir aux Juifs depuis tant d'années. Lorsqu'il allait un jour voir cette femme, il rencontra dans son chemin un lionceau qui venait à lui écumant de rage; mais Samson, étant plein de l'esprit de Dieu, courut vers ce jeune lion, sans armes, et sans avoir même une verge à la main, le prit par la gueule et le déchira en pièces avec la même facilité que si c'eût été un chevreau. Quelque tems après, lorsqu'il retournait par le même lieu, il voulut voir ce lion qu'il avait tué: il trouva dans sa gueule du miel que les abeilles y avaient fait comme dans leur ruche. Il proposa ensuite cette énigme aux jeunes gens qui vinrent à ses noces: La viande est sortie de celui qui dévorait, et la douceur du fort. Ils ne purent savoir le sens de cette proposition que par la femme de Samson, qu'ils avaient gagnée. Cette femme donc le pressa tant de lui expliquer cette parabole, que Samson, ne pouvant plus résister à ses artifices, déclara le sens, qu'elle rendit aussitôt à ces jeunes gens. Cette figure, comme le remarquent les SS. Pères, prédisait par avance le changement que J.-C. devait faire un jour dans les païens et les idolâtres. Ce peuple autrefois était comme un lion furieux qui déchirait les Chrétiens; mais J.-C. enfin l'a vaincu sans aucunes armes : il a fait que les Empereurs païens, qui n'avaient dans la bouche que des arrêts cruels et des sentences de mort contre les Fidèles, ont réformé leurs édits, et n'en ont plus fait que de favorables pour l'Eglise. Il ne s'est plus trouvé dans leur bouche que du miel, après qu'ils ont fait mourir en eux-mêmes le fiel et la cruauté; et un peuple d'hommes plus cruels que les lions est devenu, en quelque sorte, la nourriture des chrétiens, étant régénérés comme en J.C. et formant avec eux un même corps sous un même chef.

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(*) L'an du monde 2867; avant Jésus-Christ 1137 ans Samson ayant environ dix-huit ans.

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