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de Jérusalem vinrent voir aussi celle dont Dieu s'était servi pour les délivrer de leurs ennemis. Ils honorerent cette victoire par une réjouissance publique qui dura trois mois, et la consacrèrent par une fête éternelle. Judith, depuis ce jour, devint grande dans Israel; mais ayant offert à Dieu les dépouilles d'Holopherne, elle se renferma dans son silence et dans son secret ordinaire, et ne parut plus qu'aux jours de fêtes. Cette histoire est admirable dans toutes ses circonstances; elle nous fait voir un prodige qui surpasse tout ce que les hommes ont jamais inventé dans leurs fables, que Dieu est le protecteur de ceux qui le craignent, et que, lorsqu'on a une véritable confiance en lui, on est invincible. Une femme seule coupe la tête à un général de la plus redoutable mée qui fût alors dans le monde; elle sauve seule sa ville affligée, et toute la Judée qui était menacée du même péril; elle surprend ce prince par sa beauté, le trompe par sa sagesse, et lui ôte la vie par son courage. Elle est dans l'exécution de ces merveille le bras de Dieu, et elle devint son organe pour les publier dans un excellent cantique qu'elle prononça, comme étant la langue du S. Esprit. Mais on peut dire que ce qui a rendu Judith plus admirable, n'est pas d'avoir vaincu Holopherne; c'est plutôt de ne s'être point oubliée elle-même après des actions qui auraient pu faire douter si elle était un Ange ou une femme, et d'avoir foulé aux pieds c cette gloire que tant de prodiges lui avaient acquise, et ces louanges si justes dont elle a été comblée durant sa vie.

FIG. 148. Humilité d'Esther. Esther. 4. (*)

ASSURUS, roi de Perse, ayant élevé Aman, son fa

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vori, au plus haut comble de gloire, et jusqu'à commander que tous ses sujets fléchissent le genou devant lui pour l'adorer, le seul Mardochée, qui était Juif, et l'un de ceux qui avaient été taansportés de Judée en Babylone par le roi Nabuchodonosor, plus de quatrevingt-dix ans auparavant, la première fois que son armée vint investir Jérusalem, ne voulut point rendre à un homme un honneur qu'il croyait ne devoir qu'à Dieu seul. Ce refus qui n'était pas un refus d'orgueil, comme (*) Environ l'an du monde 3195; avant Jésus-Christ 509.

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le crut Aman, mais un effet de la piété de Mardochée,

sur tous les

attira non seulement sur lui, mais encore irrité ne se

Juifs, un cruel arrêt de mort; car ce

contentant pas de sacrifier à sa colère le seul Mardochée, dont il se croyait offensé, mais la faisant passer sur tout le peuple de Dieu, le décria auprès du Roi comme un peuple séditieux, qui, usant d'une religion particulière,' brouillait tout l'Etat. Ce prince crédule, sans rien examiner davantage, crut cet imposteur, et lui permit sur ce rapport de dresser une déclaration telle qu'il lui plairait, et d'ordonner qu'en tout son royaume, en un jour qu'il marqua, tous les Juifs fussent tués, hommes et femmes, vieillards et enfans, sans qu'on en épargnât un seul. Esther, nièce de Mardochée, qui, par une conduite toute particulière de Dieu, était devenue femme d'Assuérus, à la place de Vasthi qu'il répudia, sentit vivement le malheur de tout son peuple, quoiqu'elle n'y fût pas comprise, parce que Mardochée, dont elle suivait les sages avis en toutes choses, lui avait toujours conseillé de céler qu'elle fût juive. Comme donc elle cherchait quelque remède à un si grand mal, Mardochée lui conseilla d'aller se présenter devant le Roi, pour lui remontrer l'injustice de cette déclaration. Esther représenta d'abord à Mardochée que c'était s'exposer visiblement à la mort, qui était inévitable à tous ceux qui entraient chez le Roi sans y avoir été appelés; mais Mardochée lui répondit qu'elle ne crût pas que, dans cette perte commune des Juifs, elle seule pût sauver sa vie, parce qu'elle était dans le palais d'Assuérus; que si la crainte la tenait dans le silence, Dieu trouverait bien un autre moyen de délivrer son peuple, et qu'elle et la maison de son père périraient, et que ce n'était peutêtre que pour cette occasion unique que Dieu l'avait fait monter sur le trone. Cette sainte femme, après cet avis, n'hésita plus, et résolut au moment même de se sacrifier pour son peuple. C'est pourquoi s'étant préparée par les larmes, par les prières et par les jeûnes, elle alla jusque dans la chambre du Roi et parut en sa présence. L'éclat qui environnait son tròne, la magnificence de ses ornemens, mais plus que e tout cela, la fureur qui paraissait déjà dans les yeux de ce roi, fit qu'Esther tomba en défaillance et Dieu ayant en même tems changé le cœur

du Roi, il alla lui-même la relever; et comme il la rassurait avec ses ininistres, dès que la parole lui fut revenue, elle dit au Roi: J'ai cru, Seigneur, en vous voyant, voir un Ange, et l'éclat qui vous environne a troublé mon cœur et m'a fait sécher de crainte. Et étant encore une fois tombée comme morte, le Roi, tout hors de lui de voir Esther dans cet état, la rassura, lui demanda ce qu'elle désirait de lui, et lui dit qu'il était tout prêt à lui donner jusqu'à la moitié de son royaume. Alors Esther lui demanda seulement qu'il lui fit la grâce de venir le lendemain pour dîner chez elle avec Aman, et Assuérus le lui promit.,

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FIG. 149. Triomphe de Mardochée. Esther 6. (*) ASSUÉRUS, après la visite d'Esther, se trouvant la nuit dans une insomnie qui lui arriva par un ordre exprès de Dieu, comme la suite le fit assez voir, employa ces heures de repos et de silence à une occupation très-digne d'un roi, et se fit lire les mémoires de son royaume. On tomba sur l'endroit qui marquait une conspiration que firent autrefois contre lui deux de ses officiers, et que Mardochée avait découverte. Le Roi demanda à celui qui lisait quelle récompense avait reçue Mardochée pour ce service. Il lui répondit qu'il n'en avait reçu aucune. Assuérus demanda s'il y avait quelqu'un dans son antichambre; Aman y était venu de grand matin pour prier le Roi de lui permettre de faire pendre Mardochée à une potence haute de cinquante coudées. Etant donc entré dans la chambre d'Assuérus, ce prince lui demanda ce qu'on pourrait faire à un homme que le Roi désirait d'honorer beaucoup. Aman s'imaginant qu'il était celui que le Roi pensait à honorer de la sorte, lui dit qu'il fallait que cet homme fût revêtu de la pourpre royale, qu'il montât sur le cheval du Roi même, qu'il eût son diadème sur la tête, et qu'il fût conduit en cet état par toute la ville par le plus grand du royaume, qui tiendrait les rênes de son cheval, et qui crierait que c'était ainsi que serait honoré celui que le Roi voudrait honorer. Le Roi lui ordonna de faire ponctuellement tout ce qu'il venait de dire, et de conduire ainsi Mardochée par toute (*) La même année 3495.

la ville. Il parut donc alors dans la ville de Susan cet étrange renversement dans l'état de ces deux personnes. On vit l'humble Mardochée recevoir le plus haut comble de gloire par le conseil même et par le ministère d'Aman, son plus cruel ennemi; et on vit le superbe Aman, forcé par sa propre bouche de plier devant celui qu'il foulait aux pieds dans son cœur. Lorsque Aman fut rentré chez lui, il plaignit son malheur devant sa femme et les personnes de son conseil. Ils en tirèrent un triste augure, qui redoubla encore son affliction et sa frayeur. Ils lui dirent que, si Mardochée était de la race des Juifs, ce qui était arrivé jusqu'ici ne serait que le commencement de sa chûte, qu'il ne pourrait lui résister et qu'il succomberait enfin sous un si puissant enuemi. La suite fera voir combien cette prédiction était véritable, et que, si Dieu permet quelquefois que l'injustice, armée de la violence, soit près d'accabler ceux qui ne craignent que lui, comme Mardochée, il sait néanmoins leur faire sentir sa protection lorsque l'heure est venue de les tirer du péril, où ils ne se sont engagés que pour avoir voulu lui être fidèles.

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FIG. 150. Punition d'Aman. Esther 7. (*)

SSUERUS étant allé dîner chez la reine Esther avec Aman, pressa Esther de lui déclarer ce qu'elle dé sirait de lui; mais Esther changea aussitôt la joie d'un festin dans la douleur que la vue des maux à venir lui avait rendue continuelle; et prenant un visage et un langage de suppliante, elle ne demanda au Roi, pour toute grâce, que la vie de tout son peuple. Elle lui déclara la malignité d'Aman, et par quelles impostures il avait surpris sa facilité, et comme abusant insolemment du nom du Roi, il avait proscrit tous les Juifs. Ce prince, qui avait naturellement de la bonté et de la justice, fut surpris quand on lui représenta jusqu'où sa crédulité et la cruauté de son ministre avaient aller; et le regret qu'il en eut fit qu'il quitta le festin et se re-. tira dans un petit bois qui était proche. Pendant ce tems Aman, voyant l'extrême péril qui le menaçait, se jeta sur le lit de la Reine, er la priait de le secourir. Le Roi La même année 3495 ans.

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