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remplis eux-mêmes d'admiration et qu'ils en remplirent tous ceux à qui ils dirent ce qu'i u'ils avaient entendu de l'ange. La Sainte Vierge, dans cette humilité profonde que J.-C. même humilié de la sorte devant ses yeux lui faisait encore aimer davantage, ne s'attendait point å toutes ces merveilles, et se contentait de cet état de bassesse où l'ordre de Dieu l'avait réduite. Elle reçut cette consolation qu'il lui envoyait avec la a même Soumission qu'elle avait reçu les rebuts de ceux de Bethleem; et écoutant très-attentivement tout ce que les pasteurs lui disaient, elle ne dédaigna pas d'apprendre d'eux ce qu'elle ne savait pas, et fit en cela rougir les esprits superbes qui dédaignent souvent d'apprendre des ministres de Dieu ce qu'ils ignorent; elle nous apprend aussi, par le soin qu'il est marqué qu'elle eut de conserver toutes les paroles des pasteurs, le sage, ménagement que nous devons faire de toutes les paroles de Dieu, comme d'une chose infiniment précieuse; mais particulièrement toutes les vierges chrétiennes doivent apprendre ici, qu'après avoir renoncé à tout le monde pour J.-C., elles doivent faire leur trésor de sa parole, et s'en remplir le cœur avec une solidité qui ait du rapport à celle de la très-sainte Vierge. C'est principalement par cet exercice saint qu'elles imitent sur la terre la vie des Anges, et qu'elles approchent de plus près de la vie intérieure de celle qu'elles doivent honorer, comme étant le modèle de toutes les vierges.

FIG. 9.

Hur

Circoncision de Jésus-Christ. Luc 1. (*) UIT jours après la naissance de J.-C. la Vierge et S. Joseph pensèrent à le faire circoncire, et nous donnèrent en ce point l'exemple d'une simplicité vraiment chrétienne, qui ne raisonne pas sur la Loi de Dieu, et qui met toute sa piété à accomplir ponctuellement ce qu'elle ordonne. Car quoiqu'ils sussent très-certainement que cet Enfant divin n'avait rien qui méritât d'être circoncis, ils n'attendirent pas néanmoins un commandement particulier de Dieu pour se soumettre à ses ordres. Ils étaient si humbles que l'ordre commun des (*) La même année le la naissance de Jésus-Christ, l'ère commune 4.

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Juifs leur suffisait pour faire en conscience devant Dieu la Circoncision de son Fils, nous apprenant par ce grand exemple, combien nous devons éviter les interprétations dans la Loi de Dieu, et suivre sans raisonnement ce qu'elle commande. Mais si la Sainte Vierge et S. Joseph sont si admirables en se soumettant ainsi à la Loi, il est bien plus admirable que J.-C s'y voulût soumettre luimême. Car outre la douleur qu'il a soufferte dans toute l'étendue qu'il lui a plu, et d'une manière bien différente du commun des enfans, qui néanmoins mouraient souvent de douleur, il a bien voulu encore, après avoir déjà pris la ressemblance de la chair du péché, prendre dans cette chair la marque même du péché, pour l'effacement duquel la circoncision avait été ordonnée. L'innocent voulut bien alors paraître pécheur, afin d'apprendre aux pécheurs à ne pas désirer de passer pour innocens, et à trouver sujet, dans ce prodigieux abaissement de J.-C., de s'hamilier devant Dieu et devant les hommes, en ménageant toutes les occasions de s'anéantir, et en souffrant de bon cœur toutes les injures. Dieu commença à faire paraître en cette rencontre ce qui s'est fait dans la suite de la vie de J.-C., qu'il a entremêlée d'humiliation et de gloire; et après avoir abaissé J.-C. par une circoncision si pénible et si humiliante, il l'a relevé en lui donnant en même tems le nom adorable de Jésus, étant vrai ici à la lettre ce que dit l'apôtre S. Paul, que Dieu a élevé son Fils en une souveraine gran-deur, et que, pour récompenser son humilité profonde, il lui a donné un nom qui est au-dessus de tous les noms, afin qu'au seul nom de Jésus tout genou fléchisse dans le Ciel, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue confesse que Jésus est le Seigneur. La dévotion à ce saint Nom a commencé dès l'origine de l'Eglise; et les Pères, de race en race, ont appris à leurs enfans à mettre leur confiance dans ce S. Nom, et à l'invoquer avec une foi pleine d'amour, et en cette manière en laquelle, selon S. Paul, tout homme qui l'invoque sera sauvé; car invoquant Jésus comme notre unique Sauveur, nous reconnaissons, comme remarquent les SS. Pères, que c'est lui seul qui nous sauve, et que nous ne nous sauvons pas nous-mêmes. J.-C. n'a eu ce nom que parce que som Père le lui a donné avant même qu'il fut conçu dans le

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ventre de sa mère, comme le marque l'Evangile. Il ne l'a point usurpé lui-même, et il ne se l'est point attribué. Nous ne devons donc pas lui ravir ce que son Père lui a donné comme sa plus grande gloire, et devons plutôt reconnaître avec une humilité profonde que nous ne lui apportons que nos plaies, et que c'est lui c'est lui seul qui les guérit par le mérite de sa vie et de sa mort.

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FIG. 10. Adoration des Rois. Matthieu 2.4 ÉSUS-CHRIST étant né dans la Judée, fit aussi voir qu'il ne venait pas au monde seulement pour le peuple juif, mais que sa grâce se répandait aussi sur les Gentils, selon les promesses des Prophètes. Pour tirer ces peuples de l'idolâtrie et du culte des démons qu'ils adoraient, pendant que la seule Judée n'adorait que le vrai Dieu, il leur fit Inire en naissant une étoile, qui représentait au-dehors la grâce qu'il répandait intérieurement dans leurs cœurs. Les Mages ayant aperçu cette étoile dans l'Orient, et reconnaissant qu'elle marquait la nais sance du souverain roi des Juifs, vinrent avec des prẻsens dans la Judée pour lui rendre leurs hommages. Le roi Hérode, qui avait usurpé la domination sur ce peuple, fut troublé lorsqu'il entendit parler d'un nouveau roi des Juifs et toute la ville de Jérusalem, qui mettait sa dévotion à attendre le Messie, ne put apprendre la nouvelle de sa naissance sans être aussi dans le trouble. Ce prince assembla aussitôt tous les prêtres et les anciens du peuple, et il leur demanda en quel lieu le Christ devait naître. Ces hommes intéressés, à qui la science ne servait qu'à les rendre plus criminels, montrèrent par Je peu de soin qu'ils eurent ensuite d'aller chercher J.-C., que ce n'était que pour le vendre à Hérode qu'ils lui découvrirent que Bethleem était le lieu où il devait naître ; et lui citant le passage d'un prophète, ils en supprimè rent malicieusement la fin, qui eût fait voir visiblement à Hérode que cet enfant était Dieu, ce qui lui eût peutêtre fait perdre l'envie de le persécuter. Hérode, ayant su cela des prêtres, appela en secret les Mages, et s'informa d'eux de cette étoile qui leur était apparue. Ils lui répondirent à tous sans rien craindre. Ils furent sans au(*) La même année de la naissance de Jésus-Christ, Père commune 4 ans.

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cun trouble au milieu d'une ville toute émue, et dans un péril si grand de la mort, parce que Dieu qu'ils avaient suivi dans ce voyage les soutenait dans une entreprise qui venait de lui. Mais ce prince hypocrite couvrant le dessein qu'il avait conçu de tuer cet Enfant, qu'il était forcé de reconnaître pour un Dieu, cacha ce déicide. qu'il méditait sous les paroles d'une adoration feinte, et dit aux Mages qu'ils cherchassent cet Enfant, afin qu'ensuite ils lui en vinssent dire des nouvelles, et qu'il allât aussi l'adorer. Les Mages sortirent de Jérusalem sans pénétrer les noirs desseins de ce tyran; et revoyant leur étoile ils furent remplis de joie, et allèrent dans la maison où elle les conduisait. Y étant entrés, ils trouvèrent l'Enfant et sa mère; ils se prosternèrent pour l'adorer, sans s'arrêter à cette pauvreté extérieure qu'ils voyaient, et lui offrirent des présens mystérieux, de l'or, de l'encens et de la myrrhe. Dieu ne voulut pas ensuite qu'ils retournassent à Hérode comme ils le lui avaient pro mis, parce qu'ils ne connaissaient pas ses artifices; mais il se joua de la fausse sagesse de ce tyran, et avertit les Mages dans un songe qu'ils prissent un autre chemin pour s'en retourner dans leur pays. Ce fut ainsi, comme remarque S. Augustin, que la lumière des Gentils fit voir quel était l'aveuglement des Juifs mêmes. Ces étrangers viennent chercher J.-C. dans un pays éloigné, et l'adorent encore enfant; et les Juifs qui étaient son peuple, le traitent avec outrage dès qu'ils savent sa naissance. Ainsi J.-G. se cache plus en cette rencontre qu'il ne se découvre; et nous devons bien prendre garde que, comme il suit cette même conduite dans tous les siècles il ne se cache à nous pendant qu'il se découvre aux autres. Cette étoile a passé, dit ce S. Père; elle a montré celui qu'elle marquait, et on ne l'a plus vue ensuite; mais la lumière de l'Evangile lui a succédé. Ceux qui seront fidèles à suivre trouveront J.-C humble. Ils l'adoreront au milieu d'un peuple qui le possède sans le connaître, et, après avoir évité la colère des ennemis que leur foi pourra leur attirer, ils goûteront en paix comme les Mages, le souvenir de la grâce que Dieu leur a faite, en les choisissant d'entre tous les autres pour les faire passer des ténèbres à la lumière et les rendre les véritables adorateurs du Sauveur.

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