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FIG. 28. Décollation de saint Jean. Marc 6.

ue la réputation de J.-C. se répandait de toutes LORSQUE parts, Nazareth, qui était le pays où il avait toujours demeuré, témoigna plus d'incrédulité que le reste de la Judée (*). Ils ne pouvaient accorder ce qu'on disait de ses grands miracles avec ce qu'ils avaient toujours vu de sa personne. Ils envisageaient d'un côté sa pauvreté, la bassesse apparente de sa mère et de ses parens, et de l'autre, les grandes merveilles qu'on publiait de lui, et l'applaudissement des peuples. Enfin leur orgueil se sentant blessé par cet éclat extraordinaire du Sauveur, dont ils étaient jaloux, ils s'efforcèrent de le précipiter du haut de la montagne où leur ville était bâtie. Mais l'heure de J.-C. n'était pas encore venue, et nul homme ne pouvait l'avancer; ainsi il passa au milieu d'eux, et rendit impuissante leur mauvaise volonté. J.-C., qui connaissait cette aversion qu'ils avaient de lui, n'avait pas voulu prêcher d'abord en Nazareth, inais à Capernaum et dans les autres villes, tant pour s'humilier lui-même pour nous apprendre à éviter de paraître au lieu où nous avons été dans un état humble, que pour disposer peu à peu ceux de Nazareth, par son éloignement, croire en lui comme les autres, et à regarder à l'avenir d'une autre manière celui qu'ils avaient méprisé. Mais leur endurcissement étant invincible, J.-C. se contenta de faire parmi eux quelques miracles, pour leur témoigner qu'il ne les méprisait pas; et il n'en fit pas davantage, afin de ne pas les rendre plus criminels. Il s'en alla donc de-là, et lorsqu'il quittait Nazareth, on vint lui donner avis de la mort de S. Jean-Baptiste, qui arriva de cette sorte. Le démon ayant déjà porté Hérode à le faire mettre en prison, parce qu'il lui représentait l'inceste scandaleux dans lequel il vivait avec Herodias femme de sou frère, ne se contenta pas de cette première violence, mais il porta ce prince jusqu'à le faire mourir. Il fit rencontrer adroitement tout ce qui était nécessaire à ce dessein, et montra qu'il sait très-bien ménager les occasions et disposer toutes les circonstances nécessaires pour l'exécution de quelque méchanceté qu'il médite (*) La même année 31 ans.

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pour la ruine d'un homme de bien. Le jour natal du roi Hérode étant arrivé, ce prince fit un grand festin à tous les seigneurs de sa Cour; et la fille de l'incestueuse Hérodias étant venue danser au milieu de cette assemblée elle plut de telle sorte à Hérode, qu'il lui commanda sur l'heure de lui demander ce qui lui plairait, et lui promit de le lui donner, quand ce serait la moitié de son royaume. Cette fille alla aussitôt trouver sa mère, pour s'instruire de ce qu'elle devait demander; et cette femme, préférant à tout ce que son avarice ou son ambition eussent pu désirer en cette rencontre la satisfaction. de la haine qu'elle avait conçue contre S. Jean, dit à sa fille qu'elle ne demandât autre chose au Roi que la tête de Jean-Baptiste. Ce prince fut fâché de cette demande, parce qu'il estimait S. Jean; mais le démon étouffant l'estime qu'il avait pour ce saint, et augmentant la complaisance qu'il avait pour cette femme, fit enfin qu'il se rendit, pour ne pas violer le serment qu'il avait fait. On coupa la tête à S. Jean dans la prison, et on la donna dans un bassin à cette fille, qui la porta à sa mère. C'est ainsi que mourut le plus grand des homines, et c'est a quoi se réduisit enfin la haute opinion qu'Hérode en avait conçue, qui, après avoir été l'admirateur de ce grand saint, en devint enfin l'homicide. Ses premiers excès lui servirent comme d'un passage à un crime si énorme; et une cruauté si barbare fut la punition de son inceste. Il semble bien étrange, dit S. Grégoire, que des personnes infâmes aient eu un si grand pouvoir sur un homine aussi admirable qu'était S. Jean. Mais si la vie de Jean était précieuse aux yeux de Dieu, elle n'était rien aux siens propres; et on peut dire que Dieu, secondant son humilité, et ayant égard au peu de cas qu'il en faisait, la donna pour une danse. Ainsi, ajoute ce S. Père, les serviteurs de Dieu doivent apprendre à mépriser leur vie, et ils doivent souffrir de bon coeur qu'elle dépende des soupçons, ou de la haine, on de la nédisance des méchans, parce que la sacrifiant à Dieu, pour lequel seul ils vivent, et non pour eux-mêmes, leur mort, comme celle de S. Jean, sera toujours d'autant plus glorieuse devant Dieu et devant les Anges qu'elle paraî tra plus honteuse aux yeux des homines.

JÉSUS

FIG. 29. Multiplication des pains. Matth. 14. (*) ÉSUS-CHRIST ayant appris la mort de saint Jean, alla aussitôt dans le désert, et mena avec lui ses disciples, pour apprendre à son Eglise à chercher les retraites dans de semblables rencontres. Cela fut d'autant plus néces saire que les grands miracles de J.-C. commençaient déjà à faire du bruit à la Cour, et qu'Hérode-Antipas, fils de celui qui avait fait mourir les Innocens, était en peine qui pouvait être un homme si puissant en œuvres et en paroles, jusqu'à croire que c'était peut-être saint Jean-Baptiste, qu'il avait fair mourir, qui était ressuscité, et qui faisait toutes ces merveilles. Ce prince s'abandonnait ainsi à ces vainés imaginations, et J.-C. cependant était retiré. Il ne put empêcher néanmoins que le peuple le suivit, et jusqu'à cinq mille hommes allèrent avec lui, étant continuellement attentifs à sa parole et à ses miracles. Ils perdirent même tous la pensée de manger, tant ils étaient appliqués à ce a ce qu'ils voyaient; et trois jours s'étant déjà passés depuis qu'ils avaient quitté leurs villes pour suivre J.-C. dans la solitude, le Sauveur fut touché de compassion en voyant ces personnes, et il parla à ses disciples, pour voir avec eux comment il leur donnerait à manger; ils lui répondirent que le lieu où ils étaient était désert, éloigné des villes, et qu'ils n'avaient point d'autres provisions avec eux que cinq pains d'orge et quelques petits poissons. J.-C. leur ordonna de faire asseoir

ses bandes, et lorsque cela fut fait peuple par diver

il leva les v yeux au ciel et bénit ces pains, qu'il donna ensuite aux disciples, afin de les présenter au peuple. Ces pains se multiplièrent entre les mains du Sauveur; tout le monde mangea et fut rassasié, et J.-C. commanda à ses Apôtres de ramasser tous les restes avec un grand soin, dont on remplit douze corbeilles. Les SS. Pères ont toujours regardé ces cinq mille hommes qui suivirent alors J.-C. comme la figure des Chrétiens qui quittent le monde, au moins de coeur, pour suivre J.-C. dans le désert de cette vie. On voit dans touté leur conduite une excellente image de l'Eglise: ils sont attentifs à la parole du Sauveur, et

(*) L'an de l'ère commune 31 ans, troisième de la prédica tion de Jésus-Christ.

n'attendent aucun soulagement sur la terre que de sa seule bonté. Ils ne paraissent tous que comme un seul homme; ils n'ont tous que les mêmes affections, les mêmes désirs et la même fin, où ils tendent par les mêmes moyens. Ils persévèrent dans ce désert, et ne s'ennuient point avec le Sauveur; ils y persistent jusqu'à la défaillance et sans demander de la nourriture: aussi J.-C. voyant leur grande foi et patience, attend jusqu'au troisième jour à les nourrir; et quoique sa charité fût si grande, il ne voulut pas néanmoins le faire dès le premier. Il fit voir alors ce combat de piété qui se trouve souvent entre Dieu et ses élus, lorsque, d'un côté, Dieu ne veut pas encore les secourir dans leurs maux, parce que ses inomens ne sont pas venus, et que de l'autre, ses élus, trouvant leur repos et leur joie dans l'accomplissement de sa volonté, s'y tiennent fermes et sans désirer d'en sortir. L'oraison, dans toutes les autres rencontres, est l'effet de la foi; mais c'est l'effet d'une foi encore petite, lorsqu'elle se hâte avec trop d'empressement de demander à Dieu la délivrance des maux. Il suffit que Dieu compte lui-même les jours et tons les momens, lui qui nous assure qu'il a compté jusqu'au moindre cheveux de notre tête. On doit le laisser agir, et alors le meilleur moyens d'obtenir sa miséricorde est de s'abandonner entièrement à lui et de demeurer en paix en l'état où il nous a mis sans vouloir, en sortir que dans le moment qu'il a marqué.

FIG. 30. S. Pierre marche sur l'eau. Matth. 14.

PRÈS que J.-C. eut fait le grand miracle de la mul

A tiplication des pains, le peuple voulut le prendre

et le faire roi; mais J.-C. qui se présenta depuis luimême si volontairement à la mort, s'enfuit lorsqu'on voulut lui offrir cette dignité, pour apprendre à ses disciples à fuir la royale puissance de l'Eglise, quand les hommes la leur présenteraient, afin de ne la recevoir que de Dieu seul, comme J.-C. ne voulut la recevoir que de son Pere et non pas des hommes. Lorsque la nuit fut arrivée, il vint trouver ses disciples au lieu où cette multiplication s'était faite, et pour leur faire perdre l'idée de ce miracle, qui pouvait les avoir élevés, il les fit monter dans un vaisseau et passer la mer, afin que la

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