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en dispense pour les tenir dans une vie tranquille, occupés à la méditation de sa parole, sont toujours les plus heureux. Rien ne paraissait plus saint que de s'appliquer à préparer à manger pour J.-C. même, et cependant J.-C. préfère le travail de Marie au travail de Marthe. Cette parole que J.-C. lui dit, qu'il n'y avait qu'une chose qui fût nécessaire, a été la devise ordinaire des plus grands Saints. Ils ont vu que le reste en quelque sorte était superflu, et qu'on ne pouvait presque s'y appliquer sans préjudice de cette seule chose qui est nécessaire; c'est pourquoi ils ont dit que cette sentence devait retenir l'activité de ceux qui mettent toute leur piété dans les actions extérieures ; et quoique ces oeuvres de charité soient excellentes en elles-mêmes, ils doivent craindre néanmoins que le trouble et l'empressement qui les accompagnent ne nuisent peu à peu à la pureté intérieure et à l'union du cœur à Dieu, en quoi consiste proprement cet unique nécessaire que J.-C. a voulu être préféré à toutes choses.

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FIG. 39. Folie des richesses. Luc 12. (*)

PRÈS que J.-C. nous eut appris, par la réponse qu'il fit à Marthe, combien il préférait la vie paisible et toujours appliquée à Dieu à la vie active toujours occupée aux œuvres de charité, il nous fit voir encore-combien il pouvait y avoir d'illusions dans ces actions de piété, par les reproches qu'il fit aux Pharisiens, qui ne se mettaient en peine que du dehors, et qui négligeaient le dedans; car les SS. Pères, considérant la conduite de ces personnes, et ce que J.-C. dit dans l'Evangile, ont reconnu que le démon n'aime rien tant, lorsqu'il possède bien une âme, que de lui faire faire beaucoup de bonnes. œuvres extérieures qui éclatent aux yeux des hommes, pourvu que, pendant qu'elle donne le dehors aux apparences du bien, il soit le maître au-dedans. Que si ces engagemens extérieures sont toujours à craindre à toutes sortes de personnes, J.-C. fait voir combien ils le sont encore plus à ceux qu'il choisit pour ses ministres; car deux frères l'ayant prié de les accorder et de faire entre eux un partage, il rejeta assez durement cette proposition. (*) La même année 32 ans.

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et leur dit qu'il n'était point établi pour faire ce partage entre eux. Il montra par cette réponse qu'il ne voulait prendre aucune part aux biens du monde, ni aux affaires des hommes du monde, et qu'un vrai Chrétien, et principalement un ministre de J.-C., doit fuir ces actions séculières, et ne pas se laisser tromper par un prétexte de charité dont on les couvre. Il prit sujet de l'embarras de ces frères pour le partage de leur bien d'avertir les hommes de fuir l'avarice, et de les assurer que ce n'est point de l'abondance des biens temporels que dépend la vie de l'homme: sur quoi il leur dit cette parabole: Un homme fort riche, ayant recueilli une grande moisson de sa terre, se trouva en peine de cette abondance, et disait en lui-même : Que ferai-je maintenant, puisque les greniers me manquent et que je ne sais où ramasser tous mes fruits; il faut, dit-il, que j'abatte mes granges et que je les agrandisse ; j'y mettrai ensuite tout ce que j'ai recueilli, et je dirai à mon âme: O mon âme, vous avez beaucoup de biens pour plusieurs années; tenez-vous en repos; mangez, buvez et faites bonne chère. Mais lorsqu'il s'applaudissait dé la sorte, Dieu lui dit: Insense, on va vous ôter votre âme cette nuit même. A qui donc seront ces grands biens que vous avez amassés? J.-C. veut que ceux qui sont à lui travaillent à s'acquérir d'autres richesses que celles qui se perdent à la mort. Il veut qu'ils soient riches, mais des biens du Ciel, qui leur font aisément connaître la vanité de ceux de la terre, pour lesquels il leur défend d'avoir le moindre empressement. Ce riche, que J.-C. appelle insensé, ne pensait point à s'enrichir par des voies injustes; sa folie n'était qu'en ce qu'il se mettait en peine d'avoir des biens pour plusieurs années, et qu'il est tout d'un coup surpris de la mort. Ainsi J.-C. veut que nous arrêtions dans nous le désir des choses d'ici-bas, par la vue continuelle du moment auquel nous devons les quitter. Il n'est rien que l'homme oublie tant que sa condition mortelle; il n'est presque personne qui y pense comme il faut, quoique rien ne soit plus capable de nous faire renoncer à tout. J.-C., qui en connaissait l'importance, nous apprend ici que nous devons sans cesse nous occuper de cette pensée, et c'est un des plus grands effets de l'humilité chrétienne que de nourrir son âme dans la

méditation de la mort, et de dire souvent avec David: Les années éternelles ont été toute l'occupation de mon esprit.

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FIG. 40. Enfant prodigue. Luc 15. (*)

& Fils de Dien, qui avait souvent exhorté les hommes à la pénitence, voulut encore leur montrer par diverses paraboles combien elle était agréable à Dieu et aux Anges; car il propose tantôt la joie d'un pasteur qui a retrouvé enfin une brebis qui s'était égarée, tantôt la joie d'une femme qui, après avoir long-tems cherché une pièce de monnoie qu'elle avait perdue, invite ses voisines, lorsqu'elle l'a retrouvée, pour s'en réjouir avec elle. Mais la figure la plus touchante que le Sauveur nous ait donnée sur ce sujet est celle de l'enfant prodigue. Un homme, dit-il, ayant deux fils, le plus jeune des deux pria son père de lui donuer la part qu'il pouvait prétendre à son héritage, et s'étant retiré d'auprès de lui, il alla dans un pays éloigné, où il consuma tout son bien, en vivant avec des femmes débauchées. Une grande famine étant ensuite survenue, il en fut si pressé que, ne pouvant plus y résister, il s'attacha au service d'un des habitans de ce pays-là, qui l'envoya dans une maison de campagne pour y paître les pourceaux. Sa misère, en cette occupation déplorable, était si grande, qu'encore qu'il souhaitât avec passion de manger de ce que les pourceaux mangeaient, personne néanmoins ne lui en donnait. Etant enfin rentré en lui-même, il dit dans un profond ressentiment de son état: Hélas! combien de mercenaires ont maintenant du pain avec abondance dans la maison de mon père, et moi je meurs ici de faim! Et dans ce mouvement violent il quitta le lieu où il était si misérable, pour aller retrouver son père et lui confesser la faute qu'il avait faite. Lorsqu'il était encore bien loin, son père l'aperçut; et étant touché de compassion, il courut à lui et l'embrassa, ne rougissant point de le reconnaître pour son fils, et étouffant, par la joie qu'il avait de le posséder, le ressentiment de l'injure qu'il lui avait faite en se séparant de lui. Ce jeune homme, sentant alors plus vivement que ja→ (*) La même année 32 aus.

mais le mal qu'il avait fait en quittant son bon père, lui dit avec une profonde douleur: J'ai péché, mon père, contre le Ciel et contre vous; je ne suis pas digne d'étre appelé votre fils. Mais ce père si charitable voulant au contraire le rétablir dans la condition de fils, dont il se reconnaissait si indigne, commanda à ses serviteurs de lui apporter ses premiers habits et ses anciens ornemens. Il ordonna ensuite qu'on tuât le veau gras et fit un festin avec tant de réjouissance que son fils aîné niême s'en fåcha et lui en fit quelque reproche; mais son père lui répondit qu'il était bien juste qu'il témoignât de la joie, puisque son fils était mort, et qu'il était ressuscité. Il est difficile, disent les SS. Pères, de rien ajouter à cette parabole, puisqu'elle s'explique elle-même d'une manière si vive. L'oeil y voit et le cœur y ressent ce qui est au-dessus de toutes les paraboles. Les marques d'une véritable conversion y sont véritablement représentées. Cet enfant voit sa misère et la quitte; il retourne à son père et s'abandonne à lui. Quittons de même le péché, et convertissons-nous à Dieu du fond du cœur

et il

n'aura pour nous que e des entrailles de compassion. Ayons de la douleur, comme cet enfant, d'avoir abandonné la maison de notre père; tenons-nous heureux d'y avoir été reçus de nouveau. Ainsi notre pénitence sera toujours animée d'un regret mêlé d'amour, et accompagnée de paix et de joie.

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FIG. 41. Le mauvais riche. Lục 16. (*)

ÉSUS-CHRIST ayant maudi les richesses, ne s'est pas contenté des malédictions qu'il a prononcées contre les riches, mais il a voulu encore donner un exemple de leur état, qui doit faire trembler tous ceux qui ont quelque foi. Il y avait, dit-il, un homme riche, vêtu de pourpre et de fin lin, o qui faisait tous les jours bonne chère; et il y avait un pauvre nommé Lazare, qui était couché devant la porte du riche, tout plein d'ulcères; et qui ne désirait rien que les miettes qui tombaient de la table de ce riche, sans que personne les lui donnât. Les chiens, comme pour confondre la cruauté de ce riche, venaient lècher les ulcères du Lazare, qui souf Lazare, qui (*) La même année 32 ans.

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