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position même qu'il leur fit de délivrer J.-C. à cause de la fête de Pâque, en laquelle on avait coutume de donner la liberté tous les ans à un prisonnier, fut rejetée tout d'une voix ; et J.-C. se vit préférer Barabbas, qui était un voleur, un séditieux et un homicide. Lorsque la connaissance que ce juge avait par lui-même de l'innocence de J.-C., le tenait en suspens et l'empêchait de suivre aveuglement la fureur du peuple, il fut encore épouvanté par les avis de sa femme, qui lui fit dire qu'il ne prit aucune part dans l'affaire de cet homme juste, parce qu'elle avait beaucoup souffert durant la nuit à son sujet. Cependant les Juifs, qui ne se relâchaient point pour prendre Pilate par son faible, lui dirent qu'il se déclarait lui-même peu affectionné envers l'Empereur, s'il protégeait un homme qui s'était élevé contre César, en se disant Roi. Ce gouverneur, qui aimait beaucoup sa fortune et peu la justice, ne put résister à ces paroles; c'est pourquoi ayant vu que toutes ses résistances étaient inutiles, et que plus il s'efforçait de sauver J.-C., plus il excitait le tumulte, il se fit apporter de l'eau, et crut se laver du crime horrible qu'il allait commettre, en se lavant les mains devant tout le peuple, et en disant qu'i¡ n'était point coupable du sang de cet homme. Aussitôt après il prononça l'arrêt de mort contre J.-C., le livra entre les mains des Juifs, et laissa aller Barabbas. Il ne fut jamais de plus grand exemple que cette action de Pilate, pour faire voir jusqu'où va le désir qu'ont les gens du monde de satisfaire leur ambition et leurs intérêts. Pilate méprise tout ce qu'il sait de la dignité et de l'innocence du Sauveur; il néglige les avis de sa femme, qu'il devait regarder comme des avis venus du Ciel, et foulant aux pieds toute l'équité et la bonne inclination même qu'il avait de protéger cet homme opprimé, il condamna le Sauveur à la mort, non pas par passion, comme les Juifs, ni par avarice, comme Judas, mais seulement par timidité, et pour ne pas s'exposer au danger de se mettre mal à la Cour. Les SS. Pères ont re marqué sur cet Evangile qu'il n'y a que la charité qui nous fasse préférer notre conscience et notre salut à tout ce que nous pouvons perdre dans le monde. Les paroles sont vaines, les pensées sont faibles, les résolutions êmes peuvent n'être qu'humaines, et nous en imposent

souvent; mais il faut que ce soit Dieu même qui agisse et que la vertu de sa grâce et de son esprit nous établisse tellement sur l'immobilité de la prière, que nous demeurions toujours fermes et inébranlables dans l'amour et la défense de la vérité et de la justice.

FIG. 57. Portement de la Croix. Matth. 27...

Es Juifs se voyant enfin maîtres de J.-C., ne diffé

pas long-tems exécuter l'arrêt de mort qu'ils

avaient eu tant de peine à obtenir. Leur fureur ne pouvant souffrir de retardement, ils le chargèrent de sa croix et le fireut sortir en cet état de la ville de Jérusalem, pour aller au mont Calvaire, qui était le lieu destiné au supplice des scélérats. Mais voyant que J.-G., dont le corps était abattu par tant de travaux, succombait sous un aussi grand fardeau qu'était la croix qu'ils lui avaient imposée, ils engagèrent un homme appelé Simon à la porter derrière le Sauveur, qui marcha ainsi jusqu'au Calvaire parmi les insultes de tout le peuple qui le suivait. J.-C. souffrit jusqu'à l'abattement, pour nous apprendre à ne pas nous décourager dans des souffrances beaucoup moindres, et à persévérer jusqu'à la fin. Sa croix est portée par lui et par Simon, et ce mystère est une instruction et une consolation admirables pour tous les Fidèles; car cela nous fait voir que la croix, ainsi que le joug de J.-C., est toujours portée par deux, par J.-C. même, et par le Chrétien qui souffre pour lui. On donne ici un homme au Fils de Dieu pour le soulager, mais c'est Dieu même qui nous soulage. Et comme dans la figure Simon le Cyrénéen soulageait J.-C. en apparence, et que c'était néanmoins J.-C. qui portait le plus grand poids de la croix, parce qu'il avait une force divine qui ne laissait affaiblir son corps qu'autant qu'il ̧ le voulait, ainsi c'est nous qui paraissons porter la croix que Dieu nous impose; mais si nous souffrons par l'esprit de J.-C., c'est lui en effet qui la porte, et qui nous empêche d'y succomber, en la proportionnant à notre faiblesse. Le Fils de Dieu nous assure que quiconque ne porte pas sa croix après lui, est indigne de lui, et il l'a portée lui-même le premier, afin que son exemple nous persuadât, si ses paroles ne nous touchaient point. Les

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saintes femmes qui avaient suivi J.-C., et qui l'avaientTM assisté de leurs biens pendant ses prédications, l'accompagnent lorsqu'il porte ainsi sa croix au Calvaire; elles témoignent par leurs larmes et par leurs soupirs combien elles prennent part à ce qu'il souffre; aussi le Fils de Dieu n'est attentif qu'à elles, et il leur dit cette admirable parole: Filles de Jérusalem, ne pleurez point sur moi, pleurez sur vous-mêmes. Il ne veut point être plaint, lui qui en est si digne, et il nous enseigne combien nous devons prendre garde dans nos maux, grands ou petits, de ne nous point plaindre nous-mêmes, et de ne point vouloir que d'autres nous plaignent. Il ajoute: Car il va venir un tems auquel on dira: Heureuses les stériles et les entrailles qui n'ont point porté d'enfans! Ils diront alors aux montagnes: Tombez sur nous, car si le bois vert est ainsi traité, que sera-ce du sec? Si quelque chose est capable d'arrêter l'impatience du cœur humain, ce doit être cette dernière parole de J.-C. Qui est le Chrétien qui ne s'abaissera profondément sous la main de Dieu qui le frappe, s'il considère ce qu'était J.-C., et ce qu'il a souffert, et ce qu'il souffre? Il faut que l'homme avoue, après cette vérité que, s'il tombe alors dans l'impatience et dans le murmure, ce ne peut être que par un orgueil qui tient quelque chose de l'extravagance, qui dément ce que nous croyons, et qui fait injure aux souffrances du Fils de Dieu.

Jésus

FIG. 58. Crucifiement. Matth 27.

ÉSUS-CHRIST étant arrivé sur le Calvaire, où se devait offrir ce grand sacrifice qui avait été figuré dès la création du monde, et dont la vertu efficace devait passer jusque dans la suite de tous les siècles, on lui donna d'abord à boire du vin de myrrhe mêlé avec du fiel; mais lorsqu'il en eut goûté, il ne voulut point en boire. On lui Sta ensuite ses vêtemens, et on l'attacha sur la croix entre deux voleurs que l'on avait amenés avec lui, afin qu'il passât aussi lui-même pour un scélérat. J.-C., comme an agneau qui demeure muet devant celui qui l'égorge, le s'étant plaint d'aucune de ces cruautés, et n'ayant jeté aucun eri dans ses douleurs violentes, n'ouvrit la bouche que pour prier son Père de pardonner ce crime à ses per

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sécuteurs, parce qu'ils ne savaient ce qu'ils faisaient. Mais lorsqu'il n'avait que des sentimens de douceur pour ses ennemis, ils l'insultaient en cet état même, et lui di→ saient, en branlant la tête: Toi qui détruis le Temple de Dieu, et qui le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-mêsi tu es le Fils d Dieu, descends de la croix. Tout le peuple le regardait en se raillant de lui. Les princes des prêtres l'outrageaient encore davantage en l'accusant de faiblesse, et lui reprochant d'avoir pu sauver les autres et de ne pouvoir sé sauver lui-même. Les soldats mêlaient aussi leurs insultes à celles des autres, et entre les paroles de moquerie, ils lui présentaient du vinaigre à boire. Il n'y eut pas même jusqu'aux larrons, qui étaient crucifiés avec lui, qui ne s'insultassent; et un d'eux, blasphemant, lui dit: Si tu es le Christ, sauvetoi toi-même, et sauve-nous aussi avec toi; mais l'autre étant tout d'un coup éclairé dans l'âme et changé dans le cœur, par une conversion qui a été lá consolation de bien des âmes, et un sujet de ruine pour beaucoup d'autres, soutint J.-C. contre son compagnon, et dit hautement: Que pour eux ils n'avaient que ce qu'ils avaient mérité, mais que J.-C. était innocent; et s'adressant à J.-C., qu'il reconnaissait pour Roi, autrement que n'avait fait Pilate, par le titre qu'il avait fait mettre sur la croix, il le pría de se souvenir de lui lorsqu'il serait dans son royaume; et J.-C. lui promit de l'y faire entrer dès ce jour-là même, faisant dès-lors l'office de juge, et sauvant l'un de ces deux voleurs, pendant qu'il laissait l'autre dans son impénitence. J.-C. ayant vu la Ste. Vierge au pied de sa croix avec S. Jean, lui dit, en lui montrant ce disciple: Femme voilà votre fils; et il dit à S. Jean, en lui.montrant la Ste. e. Vierge: Voilà votre mère. Il jeta un peu après es un grand cri, et dit à son Père: Mon Père, pourquoi m'avez-vous abandonné? Enfin, sachant qu'il avait accompli jusqu'à la moindre circons tance de tout ce qui avait été marqué de lui par les prophètes, pour achever hever le reste, il dit: J'ai soif; et, après avoir pris un peu de vinaigre et recommandé son âme à son Père, il baissa la tête et expira. Les SS. Pères nous enseignent qu'il n'y a que les Saints qui puissent bien comprendre le mystère de J.-C. crucifié. C'est de ee mystère qu'on peut c dire que les choses saintes sont

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