Imagens das páginas
PDF
ePub

iorsqu'il agit avec un homme qui joignait partout la justice avec la sagesse, et qui se conduisait en toutes choses par l'esprit de Dieu. Heureux, dit ce S. Père, qui peut, comme Jacob, dire au démon et au monde: Voyez s'il n'y a rien dans moi qui vous appartienne, et reprenezle! Et bienheureuse Rachel, qui fut d'une maison idolâtre, et foule aux pieds les idoles de son père! Elle apprend aux filles Chrétiennes à ne pas suivre la passion de leurs pères, qui veulent souvent les sacrifier à l'idole de la vanité et du siècle; mais qu'elles peuvent alors se dérober de leurs maisons pour chercher une terre sainte, de peur de se rendre indignes de Dieu, en aimant plus leurs pères que Dieu.

[ocr errors]

FIG. 28. Réconciliation d'Esau avec Jacob. Genèse, 33. (*)

ACOB étant délivré des mains de Laban, ne pensa plus

mença

à lui envoyer de ses gens pour lui donner avis qu'il retournait de la Mésopotamie en Chanaan, et pour le prier d'agréer son retour. Mais ces gens revenant, et lui ayant rapporté qu'Esau s'était mis aussitôt en chemin avec quatre cents hommes, il fut saisi d'une extrême frayeur, qui lui fit jeter de grands cris vers Dieu, pour le prier de le délivrer de la colère d'Esau son frère. Après avoir mis ainsi son principal appui en Dieu, il usa ensuite de toute sa prudence naturelle, et crut qu'il devait penser à fléchir son frère de quelque manière que ce fût. Les présens lui parurent être pour cela la meilleure voie : c'est pourquoi séparant une partie de ses troupeaux, il les fit marcher devant lui à des distances égales, afin qu'Esau les rencontrant les uns après les autres, son esprit s'adoucit peu-à-peu par la vue de tant de dons et par la soumission de ceux qui les offraient. Jacob ayant donné ses ordres, lorsqu'il devait les exécuter le jour suivant, il eut sur la fin de la nuit une vision d'un homme qui lutta contre lui jusqu'au matin, et qui, lui touchant le nerf de la cuisse la fit aussitôt sécher. Mais Jacob, prenant de nouvelles forces d'une si heureuse blessure, dit à celui qui l'avait blessé, et qui voulait s (*) La même année 2265.

retirer, qu'il ne le laisserait point aller qu'il ne l'eût auparavant béni. L'Ange lui demanda son nom, et lui donna celui d'Israël, qui est devenu si fameux: il l'assura que, s'il avait été fort en combattant contre Dieu même, il ne devait point craindre les hommes, et que son frère ne lui ferait aucun mal. Aussitôt après Jacob vit Esau de loin qui venait à lui, accompagné de quatre cents hommes; et ayant fait demeurer derrière lui ses femmes et ses enfans, il marcha le premier devant Esaï, et s'abaissa profondément devant lui par sept différentes fois. Esau, adouci par tant de soumissions, accourut à son frère Jacob, et l'embrassa très-étroitement: il vit avec plaisir les enfans que Dieu lui avait donnés, et eut peine à recevoir tous les présens qu'il lui avait fait offrir. Comme il voulait achever ensemble ce qui lui restait du voyage, Jacob lui représenta la nécessité où il était de marcher lentement, afin de s'accommoder au pas de ses enfans et à la faiblesse de ses troupeaux; mais il le pria d'aller devant lui à Séis, et l'assura qu'il irait l'y trouver. C'est ainsi qu'il évita la colère d'un frère qui avait juré sa perte. Il ne s'arrêta point à considérer son innocence, et que c'était Esau qui était coupable; il effaça de son cœur tous les ressentimens qu'il pouvait avoir contre son frère et s'il s'était fâché de ses emportemens, c'était plus, comme dit S. Ambroise, pour les intérêts d'Esaü même que pour les siens propres. Il joignit la force avec la douleur: et sa foi l'élevant au-dessus de tant de sujets qu'il avait de craindre un ennemi qui paraissait irréconciliable, il porta un esprit de paix au milieu des armes et des gens de guerre, il demeura inébranlable dans le péril présent d'une mort visible; mais enfin étant devenu, par ses soumissions, victorieux de la fierté de son frère, il fit voir que tout cède à la piété, après qu'elle-même cède à la violence, et que Dieu, qui règle avec une admirable sagesse la qualité et la durée des maux de ceux qu'il n'afflige que parce qu'il les aime, change en leur faveur, quand il lui plaît, les ennemis les plus déclarés, et amollit les cœurs les plus endurcis.

[ocr errors]

FIG. 29. Dina. Genèse, 34. (*)

LORSQUE Jacob fut revenu de la Mésopotamie, et qu'il habitait paisiblement dans Salem, ville des Sichimites, où il avait acheté une terre, il lui survint un accident qui lui causa beaucoup de douleur. Dina sa fille étant sortie pour aller voir les femmes de ce pays-là ; Sichem, qui en était roi, l'ayant aperçue, la prit de force et l'enleva; et sa passion pour elle augmentant de plus en plus, il dit à son père Hémor qu'il voulait épouser cette fille. Jacob fut étrangement affligé; mais ses enfans dissimulant leur ressentiment, afin de s'en mieux venger, répondirent à Hémor et à Sichem son fils, qui les vinrent prier d'agréer ce mariage, et de s'entredonner leurs fils et leurs filles, que cela ne se pouvait, parce qu'ils étaient incirconcis; mais que s'ils voulaient se circoncire, ils pourraient ensuite contracter ces alliances mutuelles. Hémor et Sichem ayant fait cette proposition à tout le peuple, ils y consentirent; et le troisième jour, lorsque la douleur de la circoncision était plus sensible, Siméon et Lévi, propres frères de Dina, qui était fille de Lia, leur mère, entrèrent l'épée à la main, sans rien dire à Jacob, dans la ville de Sichem, et tuèrent tous les mâles qu'ils trouvèrent, sans épargner le roi, ni même son fils, dont la passion était la première cause de ce carnage. Après cette sanglante exécution, les autres enfans de Jacob vinrent dans la ville, la pillèrent, et en emportèrent le butin. Jacob fut étrangement irrité de cette conduite, et se plaignit hautement de Siméon et de Lévi, de ce qu'ils l'avaient rendu odieux dans ce pays-la par une perfidie si horrible, et qu'abusant de la circoncision pour satisfaire leur vengeance, ils l'avaient exposé à périr avec toute sa maison. Comme il craignait le res→ sentiment des peuples voisins, Dieu lui commanda d'aller en Béthel, où il lui avait appary autrefois lorsqu'il fuyait son frère. Et l'écriture marque que Dieu jetait la terreur dans toutes les villes par lesquelles il passait, afin que personne n'osât le poursuivre. (**) Peu de tems après

(*) L'an du monde environ 2274; avant Jésus-Christ 1730. Dina était apparemment âgée de quinze ans

(**) L'an du monde 2288; avant Jésus-Christ 1716 ans,

[ocr errors]

qu'il y fut arrivé, Rachel sa femme mourut en accou-. chant de Benjamin, et presqu'au même tems, Isaac son père, mourut âgé de cent quatre-vingts ans. Il fut enseveli par ses deux enfans, Esail et Jacob, qui se séparérent aussitôt, parce qu'ils étaient trop riches pour pouvoir demeurer ensemble. Cette histoire de Dina a toujours été rapportée par les SS. Pères comme un exemple sensible qui fait voir combien on doit éviter la curiosité et prendre garde de ne point se mêler avec des personnes étrangères. Mais S. Ambroise dit que si tout le monde en doit tirer cette instruction, les vierges chrétiennes y sont encore bien plus obligées que les autres. La retraite, dit-il, est leur partage, et elles doivent éviter de voir ou de se Jaisser voir par les personnes du monde, parce qu'elles

n'ont rien de commun avec le siècle, et qu'elles ne doivent rien aimer de ce que les autres y aiment elles doivent craindre de tomber dans la curiosité de Dina, en voulant, comme elle, voir les femmes étrangères, qui vivent souvent dans le christianisme même comme si elles étaient païennes; et elles ne peuvent assez trembler lorsqu'elles pensent aux suites funestes de la curiosité de cette jeune fille de seize ans, qui, par cette vue, perdit sa virginité, jeta ses frères dans l'homicide, fut la cause de la perte de toute une ville, et contraignit son père de s'enfuir et de se sauver du péril, où il eût péri avec toute sa famille, si Dieu ne l'eût protégé par une assis

tance miraculeuse.

JACOB

FIG. 30. Joseph vendu. Genèse, 37.

R

ACOB, qui avait évité la guerre des étrangers, en éprouva une domestique quelque tems après, qui lui fut d'autant plus sensible, qu'elle lui venait de ses enfans propres. Joseph (*), fils de Rachel, le dernier des enfans que Jacob eut dans la Mésopotamie, accusa ses frères devant son père d'un crime énorme que l'Ecriture ne nomme pas. Cette accusation si libre de leur jeune frère, et l'amour particulier que son père lui portait, fit naître entr'eux une si grande envie, qu'ils pouvaient lui dire aucune bonne parole. Mais elle menta encore beaucoup plus lorsque Joseph leur dit qu'il (*) Qui commençait alors sa dix-septième année.

ne

aug

[graphic]
« AnteriorContinuar »