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mées, et vinrent fondre tout d'un coup sur eux. Mais Moïse, qui mettait toujours sa force et sa confiance en Dieu, ne se laissa point effrayer du nombre et de l'appareil de cette armée. I donna ordre à Josué de choisir d'entre tout le peuple des gens de coeur; et il l'assura qu'il ferait le reste du haut de la montagne, où il se retirerait avec Aaron et avec Hur. Lorsque le combat se donna, et que Josué résistait courageusement à Amalec, Moïse s'adressa à Dieu, et tenant ses mains étendues, et formant ainsi la figure de la croix qui devait nous être un jour si salutaire et si redoutable à nos ennemis, il apprit au peuple juif, dans ce premier combat, que comme la victoire dépend uniquement de Dieu, Dieu la donne aussi à ceux qui s'abaissent sous sa main puissante avec une profonde humilité. C'est pourquoi ce saint homme ne cessa point de tenir ses mains élevées vers le Ciel, pour conjurer Dieu de donner un succès favorable aux armes de son peuple; et lorsque dans cet état il ne pensait qu'au salut des Juifs, la lassitude et la pesanteur qu'il sentit dans ses mains l'obligèrent à les abaisser, parce qu'il ne pouvait plus les soutenir. Mais Aaron et Hur, qui étaient alors avec lui, remarquèrent que, lorsque Moise cessait d'élever ses mains au Ciel, Amalec était victorieux, et que le peuple de Dieu cédait à ses ennemis; c'est pourquoi ils se crurent obligés de le faire asseoir sur une pierre et de lui soutenir les mains, ce qui obtint enfin une heureuse défaite d'Amalec, de laquelle Dieu voulut qu'on lui dressât un monument éternel, et qu'on jurât de persécuter éternellement Amalec lorsqu'on serait entré dans la terre qu'il avait promise. Dieu voulut montrer ici que c'est principalement par l'invocation de son nom et de son secours que les hommes sont victorieux de leurs ennemis; et que quelques efforts qu'ils fassent au-dehors, ils sont superflus s'ils ne sont soutenus en même tems par une prière continuelle. Mais les SS. Pères ont cru que cette figure marquait l'affection que chaque particulier doit avoir pour la prière; elle oblige encore beaucoup plus les Pasteurs d'apprendre ici de Moïse à se retirer sur les montagnes, pour y tenir sans cesse les mains élevées au Ciel, et même jusqu'à la défaillance. S'ils aiment leurs peuples, ils ne doivent pas leur refuser ce secours, qui est le plus important service

qu'ils puissent leur rendre. Ils peuvent se décharger st les autres du soin du dehors, mais la prière est leur partage, et par elle seule ils font plus que ne peuvent faire les autres; car Josué était défait si Moïse n'eût prié. Amalec pouvait bien résister aux armes de tout un peuple, mais il ne put résister à la prière de Moise; et un seul homme abattu de lassitude se trouva plus fort que toute une armée.

FIG. 46. Premières Tables. Exode 19. (*)

TROIS mois après que Dieu eut délivré son peuple de

tagne

la tyrannie de Pharaon, il appela Moïse, et lui commanda de représenter à son peuple de quelle manière il l'avait tiré de l'Egypte, et de leur déclarer que, s'ils étaient résolus de lui être fidèles et d'observer ses ordonnances, il les garderait éternellement comme son héritage, et comme le peuple qu'il choisissait de toute la terre pour lui être consacré. Moise vint dire au peuple ce que Dieu lui avait commandé, et ils lui répondirent tous d'une voix qu'ils feraient ce que le Seigneur leur ordonnerait. Lorsque ce saint homme eut rapporté à Dieu la soumission que son peuple témoignait, Dieu lui dit qu'il les avertit de se tenir prêts dans trois jours, et qu'il leur parlerait du haut de la montagne de Sinaï. Il donna ordre à Moïse de mettre des bornes au pied de cette mon-et de défendre au peuple de les passer, parce que tous ceux qui y monteraient seraient aussitôt frappés de mort. Après qu'ils se furent ainsi séparés, dès que le troisième jour commença à luire, on entendit de toutes parts du haut de la montagne un grand bruit de foudres et de tonnerres. Tout était brillant d'éclairs, et une épaisse nuée couvrait tout le mont. On entendit aussi le bruit d'une trompette éclatante, et les yeux et les oreilles furent tellement saisis, que Moïse eut peine à tirer le peuple des tentes pour venir au-devant de Dieu, qui voulait lui déclarer ses ordonnances. Dieu appela Moise du haut de la montagne, qui paraissait toute en feu, et d'où s'élevait une grande flamme, comme il en sort d'une tournaise embrasée. Mais le peuple écouta de loin les dix (*) La même année 1513.

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Commandemens que Dieu lui donna de sa propre bou→ che; et comme la frayeur les saisissait à la vue de tant d'éclairs, il pria Moise qu'il lui parlat plutôt lui-même, et qu'il lui dit, de la part de Dieu, tout ce qu'il plairait au Seigneur de leur ordonner, plutôt que d'être ainsi en danger de perdre la vie, si Dieu leur parlait davantage. C'est ainsi que furent publiés, pour la première fois, les dix Commandemens de Dieu, qui sont encore aujourd'hui les lois saintes que les Chrétiens regardent comme le fondement le plus inébranlable de leur piété, et qu'on ne peut violer sans crime. Les SS. Pères ont souhaité qu'une partie de cette frayeur dont les Juifs furent d'abord saisis en les écoutant, passât jusqu'à nous, et que nous tremblassions dans l'appréhension de tout ce qui nous pourrait faire blesser le moins du monde la sainteté de ces ordonnances. La suite du tems et la corruption des mœurs parmi les Juifs autrefois, et ensuite parmi les Chrétiens, a fait trouver beaucoup de moyens de les éluder, qui paraissent inventés avec adresse, et qui semblent très-favorables au relâchement des hommes. Mais J.-C., qui nous assure que la moindre parole de ces lois saintes ne passera pas, nous apprend à les garder avec un respect toujours nouveau; car les Chrétiens ne sont plus esclaves comme les Juifs, ils sont les enfans de la femme libre ; ils ne disent plus comme les Juifs: Que Dieu se retire et qu'il ne nous parle point, de peur que nous ne mourions; mais ils souhaitent, au contraire, que Dieu leur parle, parce que ses paroles sont des paroles de vie, et qu'il les accompagne de l'onction de son esprit, qui leur fait accomplir avec joie et avec affection des Commandemens que les Juifs regardaient comme un joug insupportable.

FIG. 47. Le Veau d'or. Exode 32. (*)

ES Juifs

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L parlat que le Seigneur, Dieu le fit monter au haut

ayant témoigné aimer mieux que Moïse leur

si

de la montagne, et l'instruisit de toutes les lois qui regardaient la conduite de son peuple, avec une sagesse profonde, que tous ceux qui sont employés dans le gou(*) La même année 2513 ans, et quatre mois après leur sortie de l'Egypte.

ce.

vernement des peuples, ou dans les magistratures, ne peuvent trop s'en instruire. Il l'obligea même de demeurer avec lui seul sur la montagne pendant quarante jours et quarante nuits; et après lui avoir déclaré toutes ses volontés, il le renvoya vers son peuple, et lui donna deux Tables écrites de son doigt divin, où étaient les dix Commandemens qu'il avait prononcés devant le peuple, et qui renfermaient en abrégé tout ce qu'il avait ordonné. Le peuple cependant toujours dur et incrédule, voyant ce grand retardement de Moïse, alla trouver Aaron, et l'obligea séditieusement de lui faire un veau d'or; ils donnèrent pour cela les boucles d'oreilles de leurs femmes. et ils adorèrent cette idole avec beaucoup de réjouissanLorsque Moïse descendit de la montagne avec les deux Tables écrites du doigt de Dieu, il entendit ce grand bruit. S'étant approché de plus près, il vit ce veau d'or et les danses criminelles qu'orr faisait auprès; et au moment même le zèle dont il se sentit brûler le porta à jeter par terre ces Tables saintes, et à les briser au pied de la montagne. Il crut qu'il était inutile que la Loi de Dieu subsistat encore écrite sur la pierre, lorsqu'elle était déjà effacée des cœurs, et il jugea bien que des âmes si inconstantes étaient indignes que Dieu les honorât de ses ordres. Il prit ensuite ce veau d'or qu'ils adoraient, il le brûla et le réduisit en poudre, qu'il jeta dans l'eau, pour donner à boire à tous les Israélites, et pour leur apprendre en cette manière combien était méprisable ce d'or qu'ils adoraient. Il témoigna ensuite à Aaron son mécontentement de ce qu'il avait permis ce désordre; et s'étant mis à l'entrée du camp, il cria tout haut que ceux qui voudraient être à Dieu se joignissent à lui. Aussitôt ceux de la tribu de Lévi s'assemblerent autour de Moïse, qui leur commanda de prendre leurs épées, et d'aller et de venir au travers du camp, en tuant tout ce qu'ils ren— contreraient, sans excepter ni ami, ni proche, ni frère, ni fils. Ils le firent avec un zèle louable, et ils tuèrent vingt-trois mille hommes. Moïse bénit aussitôt la famille de la tribu de Lévi, et il dit aux Lévites que, bien loin de s'être rendus odieux devant Dieu par l'effusion d sang, ils avaient consacré leurs mains au Seigneur. S.' Grégoire admire ce zèle, et a cru qu'il était d'une plus grande instruction pour ces pères lâches qui n'osent pas

ce

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