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Jofue

Punition d'Adonibefec. Juges 1.

ofué défit ainfi fes ennemis, le ciel confpirant pour fa victoire, & il tailla en pieces tout ce qui fe prefenta devant luy. Il ne trouva prefque plus de refiftance dans ce pays, & il y faifoit de jour en jour de nouveaux progrés. Tous fuyoient devant luy & fembloient reconnoiftre la puiffance que Dieu avoit donnée aux Juifs de poffeder ce pays comme leur heritage. Ainfi la plufpart de ces idolatres furent exterminez en fix années de temps, & l'Ecriture comp-te jufqu'à trente & un Rois qui furent vaincus par ce genereux conducteur des Ifraëlites. Dieu ne laissa dans ce pays des anciens peuples qui l'habitoient, qu'autant qu'il en faloit pour tenir toûjours fon peuple en haleine, afin d'éprouver fa fidelité, & d'avoir toûjours des miniftres de fes vengeances pour punir les Juifs, lors qu'ils auroient attire fa colere par leurs pechez. Aprés que Jofué fe fut ainfi rendu maistre de ce pays par fon courage & par fes armes, il le diftribua par la fageffe à toutes les Tribus, & fit ce partage avec tant d'équité & de juftice, qu'on ne peut aflez l'admirer. Ayant achevé ces actions glorieufes an du aufquelles il avoit efté destiné de Dieu, & eftant prés Avant de fa fin, il affembla tout le peuple avant que dex414 . mourir, comme avoit fait Moyfe, pour luy reprefenter ce que Dieu avoit fait en leur faveur. Il les conjura de n'avoir jamais d'autre Dieu que le Seigneur, ce qu'ils luy promirent avec ferment. Aprés cela il mourut en paix âgé de cent dix ans, & fut pleuré de tout le peuple. Il eut ce bonheur que pendant tout le temps qu'il gouverna les Juifs, ils ne fe laifferent point corrompre par l'idolatrie, ni emporter aux murmures contre Dieu. Les combats qu'il livra contre divers Rois pour establir le peuple.

M. 257

J. C.

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de Dieu dans la terre promife, ont fait dire aux SS. PP. qu'on ne devient point l'heritage & la terre du Seignenr, fi l'homme auparavant ne bannit de luy un ennemi qu'il a au dedans de luy-mefme. Nous naiffons tous tributaires du Chananéen & de l'Amorrhéen, c'est à dire des demons, & il faut neceffairement qu'il fe faffe un renouvellement dans nous, par lequel tout ce qui appartenoit au demon foit exterminé, afin que nous devenions le royaume & le partage de Dieu. La Tribu de Juda fe fignala aprés la mort de Jofué, & Caleb qui en eftoit le chef la conduifit dans les batailles. Adonibelec fut le premier ennemi qui fentit le courage de cette Tribu. Car l'ayant attaqué elle le défit, & le poursuivit lors qu'il tâchoit de fe fauver par la fuite. Il y eut cecy de particulier dans la mort de ce Prince, que lors que les Ifraëlites l'eurent pris, ils luy couperent les extrer mitez des pieds & des mains. Ce Prince malheureux reconnut alors l'équité des jugemens que Dieu exerçoit fur fa perfonne, puifqu'il le traitoit comme il avoit traité luy-mefme foixante & dix Rois, aufquels il avoit de mefme coupé les pieds & les mains, & qu'il avoit obligez de ramaffer fous fa table les miettes qui en tomboient. Aprés cette reconnoiffance de la juftice de Dieu, qui veille auffi-bien fur les Souverains que fur le commun des hommes, il fut amené à Jerufalem où il mourut, laillant un exemple à tous les Rois, comme remarquent les SS. PP. que cette parole que le Fils de Dieu à dite, qu'iljugera les hommes felon qu'ils auront cux-mefmes jugé les autres, eft veritable auffi-bien des Princes que de leurs fujets; & que s'ils ne la voyent pas verifiée en - cette vie dans leurs perfonnes comme Adonibefec, ils doivent craindre qu'elle ne le foit dans l'autre, où ils ne pourront s'empefcher de tomber entre les mains d'un juge qui leur fait dire dés icy-bas par le plus fage des Rois: Que les puiflans feront puiffamment tourmentez s'ils abufent de leur puiflance.

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Mort de Sifara. Juges 4.

J.

du

Aprés la mort de Jofué & des anciens qui le furvé-M. 1719% curent de quelques quinze ans, le peuple Juif Avant tomba dans de grands defordres, qui firent voir que 1285. le bonheur des ames dépend fouvent de la fageffe d'un bon Pasteur, & qu'il n'y en a point de plus malheureuses que celles qui fe veulent conduire elles-mefmes. Car les Juifs n'ayant point de chef, & chacun faifant ce qu'il luy plaifoit, comme dit l'Ecriture, ils tomberent en divers pechez, & de ces pechez dans la fervitude, où ils eurent recours aux prieres que Dieu écouta, leur envoyant des conducteurs pour les délivrer, qui prirent le nom de Juges. Aprés Othoniel neveu & fucceffeur de Caleb, Aod, & Samgar, Dieu fit tomber le gouvernement du peuple à une femme nommée Debora, qui fit voir que tout instrument eft bon dans la main de Dieu, lors qu'il luy plaift de s'en fervir. Pendant le gouvernement de cette femme, Jabin Roy de Chanaan déclara la guerre aux Juifs, & envoya contre eux Sifara le General de fes troupes. Debora remplie de l'Esprit de Dieu, ne témoigna pas moins de courage pendant la guerre, que de prudence durant la paix; Elle donna d'abord un chef aux troupes, qu'elle oppofa à Sifara. Elle envoya dire à Barac que Dieu l'avoit choisi pour General de fon armée. Mais Barac déclara qu'il n'iroit point à cette guerre, fi Debora n'y venoit auffi. Quand le jour du combat fut arrefté, & que Debora eut commandé à Barac d'aller avec dix mille hommes attaquer Sifara, qui fe confioit dans le nombre prodigieux de fes chariots armez de faux tranchantes, Dieu répandit tout d'un coup la terreur dans le cœur des ennemis, en forte que Sifara luymefme eftant frappé d'épouvante s'enfuit à pied, pendant que l'on tailloit en pieces toute fon armée. Lors qu'il s'enfuyoit ainfi, Jaël femme de Haber allié de Jalin, alla au devant de luy & le pria d'entrer dans fa tente. Et comme fa fuite précipitée avoit

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épuifé toutes fes forces, il fe coucha par terre, & Jaël le couvrit aprés luy avoir donné du lait à boire au lieu de l'eau qu'il luy avoit demandé. Lors qu'il eftoit dans un fommeil profond cette femme combattant encore pour le peuple de Dieu, prit un grand clou qu'elle enfonça dans la tefte de Sifara & la cloia contre terre; Et lors que Barac le cherchoit par tout, Jaël le pria d'entrer dans fa tente & luy montra Sifara mort. Debora chanta à Dieu un cantique d'action de graces pour reconnoiffance d'une victoire fi fignalée, dans lequel elle releve la fageffe & le courage de Jaël. Ainfi une femme commença cette guerre, & une autre femme l'acheva & toutes deux firent voir que Dieu peut donner aux femmes mefme quand il luy plaift, le confeil & la force, auffi-bien qu'aux hommes pour gouverner les grandes affaires. Car Debora fe foûmit par fa fageffe un peuple dont Moyfe avoit luy-mefme tant de peine à appaifer les murmures, & elle eut la gloire d'eftre la premiere Souveraine que Dieu établit fur fon peuple, fans qu'il luy manquaft fous fa conduite aucun des avantages qu'il euft pû attendre des plus vaillans hommes. Elle choifit elle-mefme des Generaux, regla le nombre des troupes, difpofa les logemens de l'armée, arresta l'heure du combat, & envoya Barac plûtoft pour vaincre que pour combatre. Et ce General regardant cette fainte veuve comme un Ange du Seigneur, crut que l'heureux fuccés de fes armes dépendoit de fa prefence. Les SS. PP. remarquent dans ces grands exemples qu'il n'y a rien de grand fur la terre que ce qui eft fondé fur l'Efprit de Dieu: Que les hommes deviennent plus foibles que les femmes, lors qu'ils font abandonnez à leur foibleffe, & que les femmes deviennent plus genereufes que les hommes, lors qu'elles font remplies de Dieu; & que cette parole de S. Paul a efté verifiée deflors, Que Dieu choifit quelquefois les moins fages, felon le monde, pour confondre les plus fages; & les plus foibles, felon le monde, pour confondre les plus puiffans.

Sacrifice de Gedeon. Juges 6.

Aprés la mort de Debora ce peuple eftant encore

M. 1759

demeuré fans conducteur, fe donna une telle liberté de pecher, que Dieu l'abandonna entre les mains des Madianites durant fept ans. L'extrême mifere où fes ennemis le reduifirent luy fit avoir recours à Dieu, qui fut touché de fes prieres & qui refolut de le fecourir. C'est pourquoy il envoya dire à Gedeon L'Anda par un Ange qu'il le choififfoit pour délivrer fon peu-Avant ple d'entre les mains de fes ennemis. Gedeon furpris 1245. de cette nouvelle reprefenta sa baffeffe, & dit à l'Ange que fa famille eftant une des moindres familles de tout Ifraël, il ne pouvoit eftre employé à ce grand ouvrage. Mais Dieu luy repondit qu'il feroit avec luy; & qu'avec fon fecours cette multitude innombrable de Madianites fuiroit comme s'il n'y avoit qu'un feul homme. Gedeon pria l'Ange de luy donner quelque figne pour l'affurer que ce qu'il luy difoit eftoit veritable, & il le conjura d'attendre un moment jufqu'à ce qu'il apportaft quelque chofe pour luy fervir à manger. L'Ange luy ayant promis qu'il l'attendroit, Gedeon alla promtement, comme marque l'Ecriture, faire cuire un chevreau, & prépara des pains fans levain. Il mit la chair qu'il avoit cuite dans un baffin, & le fuc de cette viande dans un vafe, & il alla retrouver l'Ange, auquel il offrit ce qu'il portoit. L'Ange luy commanda de mettre cette chair fur une pierre, & d'y verfer le fuc de la chair. Ce que Gedeon ayant fait, l'Ange étendit le bout d'une verge qu'il tenoit à la main pour en toucher cette chair, & auffi-toft il fortoit un feu de la pierre fur laquelle on l'avoit mife qui confuma tour. L'Ange difparut à l'heure mefme; & Gedeon frappé de terreur de ce qu'il avoit parlé à un Ange, crut

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