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année

ant d'affurances de la victoire pouvoient fuffire à La même Gedeon, s'il n'euft plû à Dieu de luy en don-2759 ner une derniere preuve par la propre bouche de fes ennemis. Il luy commanda d'aller luy feul durant la nuit dans leur camp, ou s'il craignoit d'y aller feul, de s'y faire accompagner de fon fils. Il luy promit que lors qu'il y feroit, il entendroit de fes ennemis mefmes quel feroit l'evenement du combat. Gedeon fit ce que Dieu luy avoit ordonné. Il alla de nuit dans le camp des Madianites, où il entendit un foldat qui rapportoit à fon compagnon ce fonge qu'il avoit eu. Je croyois voir, luy difoit-il, comme un pain cuit fous la cendre qui roulant dans le camp, & eftant venu fondre contre une tente, l'a renverfée, & l'a brifée contre terre. L'autre luy répondit auffi-toit, que ce fonge marquoit vifiblement l'épée de Gedeon à qui Dieu avoit livré les Madianites. Ce que Gedeon ayant oüy, il s'en retourna auffi-toft avec l'affurance que Dieu luy avoit promife, & il alla retrouver les fiens qu'il remplit de joye & de courage par le recit qu'il venoit d'entendre, Il partagea enfuite fes trois cens hommes en trois bandes, qu'il arma d'une maniere auffi nouvelle, qu'elle eftoit mysterieuse. Il voulut qu'ils priffent chacun une trompette dans une main, & dans l'autre un vafe vuide où il y euft une lampe, & que lors qu'ils l'entendroient fonner de la trompette, ils fiffent tous auffi le femblable: Qu'ils joigniffent à ce bruit des trompettes, des acclamations, en difant à haute voix: Vive le Seigneur & Gedeon; & qu'ils brifaffent l'un contre l'autre les vafes où eftoient leurs lampes ardentes. Auffi-toft que Gedeon leur eut donné le signal dont ils eftoient convenus; ils firent retentir le fon de leurs trompettes dans tout le camp des Madianites qu'ils environnoient. En mefme temps ils briferent ces vafes de terre qu'ils avoient dans l'autre main, & ils éleverent

la lampe qui y avoit efté cachée. Ils fe tinrent ainfi fermes dans le pofte où Gedeon les avoit placez, & ils crierent à haute voix, l'Epée du Seigneur & de Gedeon. Tout le camp des Madianites fe trouva faifi de trouble & d'épouvente, & par un effet miraculeux de la puiffance de Dieu, ils tournerent leurs épées contre eux-mefmes & s'entretuerent. Ce fut ainfi que les Madianites furent humiliez par les Juifs, ou plûtoft par la puiffance de Dieu mefine. Plus cette maniere de combattre eft extraordinaire, dit S. Gregoire, plus il eft vifible qu'elle nous marque quelque myftere caché. Car qui jamais a efté fans armes à la guerre, & qui n'a oppofé que des vases de terre à la violence des ennemis? On auroit mefme fujet de croire, dit ce S. Pere, que cette entreprise auroit esté ridicule, fi on n'euft veu par la fuite qu'elle jetta l'épouvante dans le cœur des Madianites. Mais Dieu nous vouloit apprendre alors que les foldats de la loy nouvelle ne refifteroient point à leurs ennemis par la force de leurs armes; mais qu'en fonnant feulement de la trompette & en brifant leurs vafes de terre, ils en deviendroient victorieux. Car ces vafes de terre representoient la foibleffe de nos corps, & JESUSCHRIST marqué par Gedeon, ne veut avec luy pour foldats, que ceux qui méprisent leur chair & qui furmontent leurs ennemis en mourant, comme le Saveur a fait luy-mefme. La mort pour eux n'est que le brisement d'un vase de terre; Et ce vafe que l'on méprifoit eftant brifé, on ne voit plus qu'une lampe éclatante qui donne de la terreur à ceux qui les perfecutoient. C'est ce qui eft arrivé aux faints Martyrs. Aprés avoir domté par leur patience toute la fureur des Tyrans, l'éclat de leur vertu & de leurs miracles a paru enfuite. Ceux qui les méprifoient ont commencé à les reverer, & ils font devenus enfin les adorateurs de la fouveraine verité, aprés avoir esté les meurtriers de ceux qui l'avoient fi faintement & fi genereusement défendue.

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Mort d'Abimelech. Juges 9.

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edeon estant mort aprés avoir gouverné le peu-M 2,68. Iple tres-faintement, laiffa foixante & dix fils. qu'il avoit eus de plufieurs femmes. Mais un autre de "", fes fils nommé Abimelech, qu'il eut d'une femme de Sichem, excita d'étranges defordres aprés la mort de fon pere. II gagna d'abord les Sichimites par fa mere & par fes parens, & il leur fit reprefenter qu'il leur valoit beaucoup mieux qu'il regnast luy feul, que non pas les foixante & dix enfans de Gedeon qui eftoient fes freres. Les Sichimites le crurent. Ils le choifirent pour leur Roy, & ils luy donnerent une grande fomme d'argent dont Abimelech fe fervit pour lever promtement quelques vagabonds qu'il mena avec luy au pays de Gedeon, où il tua fes foixante & dix freres, exccpté le dernier de tous nommé Joathan, qui fe fauva heureufement de la fureur d'Abimelech. Lors que ce jeune Joathan eut appris que les Sichimites s'eftoient affemblez dans la campagne pour fe réjouir du choix de leur nouveau Roy, il parut tout d'un coup fur le haut d'une montagne d'où il éleva fa voix pour leur reprocher leur ingratitude. Il ufa du difcours figuré des arbres d'une foreft, qui pour s'élire un Roy s'adrefferent d'abord à l'olivier, puis au figuier, & enfuite à la vigne, fans que ces arbres excellens voulu ffent accepter cet offre. Ils s'adrefferent enfin à l'épine qui leur promit hardiment de les cacher fous fon ombre. Il pria Dieu de vanger l'outrage qu'ils avoient fait à Gedeon, & de permettre s'il defapprouvoit ce choix d'Abimelech, que de cette épine fortift un feu qui devoraft les Sichimites & Abimelech luy-mefme. Dieu écouta lés prieres de Joathan. Car trois ans aprés, les Sichimites fe lafferent des violences de ce Tyran. Et comme ils penfoient à fe délivrer de fon joug par le fecours d'un Prince nommé Gaal, ils furent trop foibles contre Abimelech qui les furmonta & qui détruifit leur ville

jufqu'aux fondemens. Aprés que ce peuple ingrat cut efte vangé de fa perfidie contre Gedeon, par celuy-là mefme qu'ils avoient fi injuftement élû, Dieu perdit enfin ce Tyran, qui ne penfoit qu'à pouffer plus avant l'heureux fuccés de fes armes. Il affiegea une ville nommeé Thebes, dans laquelle il y avoit une forte tour où toute la ville s'eftoit retirée; & comme il s'en approchoit pour y mettre le feu, une femme jetta d'enhaut un éclat d'une meule fur la tefte d'Abimelech, qui l'écrafa. Cet homme ne put fouffrir qu'on dift qu'il eftoit mort de la main d'une femme, & il commanda à fon Ecuyer de le tuer promtement; ce qu'il fit. Ce fut ainfi que ce malheureux porta la peine qu'il avoit fi juftement meritée par la cruelle mort de fes freres. Il croyoit que ce crime énorme avoit esté oublié de Dieu, parce qu'il l'avoit laiffé long-temps impuny, & qu'il fembloit mefme n'avoir efté fuivy que d'heureux fuccés. Mais la patience de Dieu a fes bornes. Il ne laiffe vivre les grands criminels que pour tirer du bien des maux qu'ils commettent; & il leur apprend icy qu'il fond enfin tout d'un coup fur eux du haut du ciel pour les perdre, & que la feverité de fa juftice eft comme une pierre qui les écrafe, & qui les fait tomber dans le precipice de ce comble d'honneur où ils s'eftoient élevez avec tant de peine. Les faints Peres ont encore remarqué que l'exemple d'Abimelech doit apprendre aux hommes, que rien ne les porte tant à perfecuter leurs freres, que le defir de regner. Cette paffion de la gloire poffede tellement leur efprit, qu'ils oublient tout le refpect qu'ils doivent aux noms les plus faints de freres & de peres. Ils portent leurs violences jufques aux extremitez; & tant s'en faut que leurs yeux foient frappez d'horreur en voyant le fang de leurs proches, qu'ils s'en repaiffent avec plaifir, & fe réjouiffent de la mort de ceux qu'ils croyoient pouvoir nuire aux noirs deffeins de leur ambition démesurée.

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M. 2817.

J.

A mort de l'impie Abimelech fit que la princi-Pan pauté des Juifs paffa à Tholé & à Jaïr, auquelAvant Jephté fucceda de cette forte. Galaad fon pere l'ayants87. eu d'une femme de mauvaise vie, fes autres freres ne le voulurent point reconnoiftre, & ils le forcerent d'aller dans la terre de Tob, où comme il eftoit vaillant, des brigands qui ne vivoient que de rapine, le choifirent pour leur chef. Il arriva alors que les Am monites tourmenterent par de cruelles guerres les Juifs qui ne trouverent point de remede à un danger fi preffant que le courage de Jephté. C'est pourquoy ils refolurent entre eux d'envoyer vers luy des gens pour le prier de revenir: ce qu'il leur promit aprés leur avoir fait quelque reproche du taitement qu'il avoir receu d'eux autrefois, & aprés avoir tiré d'eux une affurance qu'ils luy obeïroient comme à leur Prince. Cela eftant fait, Jephté tafcha d'abord de détourner le Roy des Ammonites du deffein qu'il avoit contre la Judée. Mais ce Prince demeurant inflexible à toutes les remonftrances, & paroiffant refolu à la guerre, l'Efprit du Seigneur fe faifit de Jephté qui affemble des toupes de toutes parts, marcha contre les Ammonites, & fit vou à Dieu que s'il luy donnoit la victoire, il luy offriroit en holocaufte celuy qui for tiroit le premier de fon logis pour venir au devant de luy. Il défit en effet fes ennemis. Mais la joye de fa victoire fut bien-toft changée en trifteffe; car lors qu'il retournoit dans fa maison, fa fille unique tranfportée de joye à caufe de la gloire que fon pere s'eftoit acquife, fortit la premiere au devant de luy en dan fant avec d'autres filles au fon des tambors & des inftrumens de mufique. Jephté fut pèrcé jufqu'au fond du cœur lors qu'il apperceut fa fille. Mais quand elle eut apris le vœu que fon pere avoit fait, elle l'exhorta courageusement à l'accomplir, & l'affura qu'elle mourroit contente puis qu'il eftoit revenu victorieux

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