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Avant

Samfon ayant défait mille Bhiliftins d'une ma-anduo. niere fi miraculeufe, fembloit devoir arrefter à JC. l'avenir toute leur fureur, & les empefcher de for-1124 mer encore contre luy quelque nouvelle entreprife. Mais comme leur guerre contre Samfon repre fentoit la guerre future des demons contre JESUSCHRIST & contre fon Eglife fainte, il faloit que les perfecutions toûjours nouvelles de ces ennemis violens nous marquaffent l'opiniaftreté de la guerre que les demons nous devoient faire, & cette attache cruelle qu'ils ont à nous perfecuter fans fe rebuter jamais de la victoire que Dieu nous donne fur eux. Les Philiftins donc bien loin de laiffer Samfon en repos, au moins par la confideration de leurs propres interefts, cftoient au contraire toûjours attentifs à luy tendre de nouveaux pieges, & à découvrir les moyens de le faire tomber fous leur puiffance." Lors qu'ils eftoient dans cette recherche, & qu'ils obfervoient toutes les démarches de Samfon, ils reconnurent un jour qu'il eftoit allé dans la ville de Gaza. Dés qu'ils en furent avertis ils ne perdirent point de temps, & leur haine redoublant leur vîteffe, ils s'affemblerent en tres-peu d'heures, & ils environnerent cette ville de toutes parts. Ils mirent un grand nombre de foldats à la porte, & ils refolurent entre eux de demeurer la nuit autour de la ville dans un grand filence, afin que lors qu'il en fortiroit le matin ils le tuaffent fans aucune peine. Pendant que tant de Philistins travailloient ainsi la nuit pour prendre un feul homme, Samfon dormoit paifiblement fans fçavoir le peril qui l'environnoit. Mais lors qu'il en fut averty, il fe leva au milieu de la nuit, alla fans rien craindre à la porte de la ville qu'il arra

cha avec fes ferrures & fes pôteaux. Il les mit enfuite fur fes épaules & les emporta fur le haut d'une montagne, aprés avoir paffé au travers de ceux qu'on avoit mis en embuscade pour l'obferver; qu'il laiffa épouvantez de ce qu'ils voyoient. Ainfi toutes les efperances des Philiftins furent encore une fois trompées, & ils virent, comme auparavant, retourner à leur confufion tous les deffeins qu'ils avoient formez pour perdre un feul homme. Cette figure, dit faint Gregoire le Grand, eft trop vifible pour ne pas reconnoiftre qu'elle marquoit JESUS-CHRIST. C'eft luy que fes ennemis ayant perfecuté pendant toute fa vie, ont enfin mis dans un tombeau qu'ils ont mefme environné de gardes, comme les Philiftins alors environnerent Gaza lors que Samfon Y dormoit paisiblement. Mais ce veritable Samfon s'eit réveillé au milieu de la nuit par fa refurrection gloricufe, & fe délivrant de ce lieu où fes ennemis le tenoient enfermé; non feulement il en eft forti libre luy-mefme, fans pouvoir eftre jamais affujetty à la mort, mais il a encore rendu les hommes libres en détruifant la mort, dont il á brifé les portes & les ferrures, comme l'Eglife fainte le marque dans fes actions de graces, & les a portées jufqu'au haut de la montagne, c'eft à dire jufques dans le cicl, que la Refurrection du Sauveur a ouvert aux hommes, & où fes membres efperent tous de le fuivre.

Mort de Samfon. Juges 16.

M

J. C.

leuft efté à fouhaiter que Samfon euft eu autant de 188 force pour refifter à une femme, qu'il en avoit eu Avant pour déchirer les lions, & pour s'oppofer luy feul à94 des armées entieres. Mais les artifices de Dalila furent cause de la mort du plus fort de tous les hommes, & il trouva dans fes careffes & dans fes larmes le malheur qu'il avoit évité en tant de rencontres. Car les Philiftins ayant remarqué que Samfon alloit fouvent chez Dalila, ils luy promirent une grande fomme d'argent fi elle pouvoit fçavoir de Samfon en quoy confiftoit fa force. Samfon fe joüa d'abord de cette femme, il luy dit que pour le rendre femblable aux autres hommes, il faloit le lier avec des cordes neuves ou avec d'autres liens, ou qu'il falloit luy attacher les cheveux autour d'un morceau de bois, qui eftoient des défaites dont il fe fervoit pour fé délivrer de fon importunité. Mais Dalila faifant à chaque fois l'epreuve de ce que Samfon luy avoit dit, reconnut qu'il la joüoit. Elle fut touchée de ce refus, & elle ne put s'en vanger autrement que par des reproches, & par des larmes. Samfon ne put refifter aux plaintes & aux prieres dont elle l'importunoit jour & muit, & il luy découvrit enfin la verité. Il luy dit que le fer n'avoit jamais paflé sur sa tefte, & que fi on le rasoit toute fa force s'en iroit avec fes cheveux. Dés qu'elle eut fceu ce fecret elle en donna avis aux Philiftins, & ayant endormy Samfon, un barbier qu'elle avoit fait tenir tout preft luy coupa fes cheveux, & luy ofta en mef-me temps toute fa force. Se voyant à fon réveil invefty de Philistins, il croyoit à fon ordinaire fe jouer de leurs efforts, Mais Dieu s'eftoit retiré de luy, dit l'Ecriture, & les Philiftins s'en eftant rendus les maiftres, luy creverent d'abord les yeux & le condam nerent à tourner la meule. Pendant que Samfon eftoit dans ce travail penible & honteux, fes cheveux

M,2387.

revinrent; & comme en un jour folemnel-les Philiftins le firent venir afin qu'il joüaft devant eux dans la fale où ils eftoient affemblez; Samfon percé jufqu'au cœur de cet outrage, fe fit conduire entre deux colomnes qui foûtenoient toute la maison. Eftant là 12n de il invoqua Dieu & le pria de luy rendre fes premieres 'forces; & auffi-toft prenant de chaque main chacune de ces deux colomnes, il les fecoüa avec un puissant effort, fit tomber tout l'édifice, & mourut volontairement luy-mefme avec trois mille Philiftins. Ainsi il en fit plus perir en mourant, comme remarque l'Ecriture, qu'il n'avoit fait pendant fa vie. C'eft, difent les faints Peres, ce qui a paru dans le Sauveur, qui a plus confondu les demons en mourant volontairement qu'il n'avoit fait dans toute fa vie. Car c'eft veritablement alors, comme dit faint Paulin, que la maison du demon a efté renverfée par terre, & que l'audace de ces Anges altiers a efté aneantie. Mais les faints Peres ne s'arreftent pas feulement aux myfteres qui figuroient JESUS-CHRIST dans cettehiftoire. Ils déplorent encore le malheur par lequel ce Fort invincible eft enfin tombé fous la puiflance d'une femme. Il perd tous fes cheveux, c'est à dire toutes les vertus. On luy creve les yeux, c'eft à dire, qu'on luy ofte toutes fes lumieres. On le condamne à fourner la meule, c'est à dire, à s'abonner comme une befte aux vains plaifirs de ce monde, où l'homme ne trouve que des peines, & où il demeure miferablement enchaifné par fa propre volonté. Un pecheur en cet eftat n'a plus d'autre remede que d'invoquer Dieu comme Samfon, afin que fes cheveux reñaiffent; c'est à dire que fes graces perdues reviennent. C'est ce qui fait dire à faint Paulin, que c'est la penitence qui redonne la force à l'ame, qui détruit en elle les colomnes de la maison du demon, & qui renverse fes ennemis qui triomphoient d'elle, en la rendant victorieufe par fa propre ruïne, & la faifant mourir à chie-mefine pour ne plus vivre que pour Dieu

Femme du Levite outragée. Juges 19.

L'E

M. 2535

ron.

'Ecriture dans les deux derniers chapitres duan du Livre des Juges rapporte une hiftoire qui eut deou envigrande fuites dans la Judée, & qui caufa la ruïne entiere d'une Tribu. Un Levite qui demeuroit au mont Ephraïm époufa une femme de la ville de Bethléem. Mais eftant furvenu quelque mécontentement entre eux, ils fe faparerent, & cette femme s'en retourna chez fes parens en Bethléem. Le Levite demeura ainfi pendant quatre mois, aprés lefquels fentant de l'affe&tion pour la femme qui l'avoit quitté, & voulant fe reconcilier avec elle, il alla en Bethléem retrouver fon beau-pere, & luy redemanda encore une fois fa fille. Son beau-p -pere le receut avec une extrême joye, & fa femme mefme ayant oublié tout ce qui s'eftoit paffé, luy témoigna toute forte d'affection. On le retint dans ce logis durant trois jours, & lors qu'il voulut s'en retourner, on ne tafchoit qu'â retarder toûjours fon départ en le remettant d'un jour à l'autre. Mais eftant enfin partis, la nuit les furprit auprés de la ville de Gabaa, de la Tribu de Benjamin, & il fut contraint de s'y arrefter. Il demeura quelque temps au milieu de la place fans que perfonne fe mift en peine de les recevoir. Mais enfin un bon vieillard du mesme pays que ce Levite, l'apperceut au retour de fon ouvrage de la campagne, & le pria de venir en fa maison, où il luy rendit tous les devoirs que l'hofpitalité pouvoit demander de luy. Aprés qu'ils eurent mangé enfembe, lors qu'ils fe difpofoient à s'aller coucher, les gens de cette ville de Gabaa environnent la maifon où eftoit cet hofte & le demanderent à celuy qui le logeoit, afin d'exercer fur luy leur paffion deteftable. Ce bon vieillard eut horreur de cette violence: mais il ne peut s'empefcher de leur abandonner la femme de ce Levite. Ils la traiterent pendant toute la nuit avec tant, d'outrages, que tout ce qu'elle put faire avant le jour.

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