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Jerufalem rebaftie. 2. d'Efdras 2.

Aprés que Zorobabel & Efdras eurent commencé

de rendre à Jerufalem quelque forme de ville, qu'ils eurent bafti le Temple & reglé les mœurs des Juifs en rétabliffant la fainteté des mariages, ils furent fecondez dans ce zele fi loüable pour les interefts de Dieu & de fon peuple par Nehemias qui eftoit Juif, mais tres-consideré dans toute la maison du Roy Artaxerxés. Ce faint homme s'informant tresparticulierement de l'eftat où eftoit Jerufalem, & en demandant des nouvelles à tous ceux qui en revenoient, fut touché jufqu'au fond du cœur lors qu'il apprit quelle eftoit la ruine de cette ville & la deftruction de fes murailles. Sa charité fentit de loin les maux qu'il ne voyoit pas, & la trifteffe qu'il cachoit dans fon cœur eftoit peinte fur fon vifage. Le Roy la reconnut lors que Nehemias, felon l'obligation de fa charge d'Echanfon, luy donnoit à boire à table. Il luy en demanda la cause, & Nehemias la luy avoüa fincèrement, & le conjura de luy permettre d'aller revoir encore une fois la ville où repofoient fes peres. Le Roy luy ayant accordé fa demande, Nehemias le fupplia de luy permettre aufli de rebastir les murs de cette ville & d'en rétablir les tours. Ce qui luy fut en-c'eft de core accordé par ce Prince qui fit une Ordonnance donnance exprés pour cela & donna tous les ordres neceffaires, prend le demeurant d'accord avec Nehemias du temps aprés 70 femal lequel il reviendroit le trouver. Lors que Nehemias Daniel. fut à Jerufalem il garda un grand fecret, & fe refoluto con de vifiter les lieux luy-mefme durant la nuit, ne pre- 20 du reg. nant qu'un fort petit nombre de perfonnes avec luyés, afin de ne faire aucun éclat. Et aprés avoir reconnu du Monl'eftat des murs de la ville, il affembla les principaux Avant de Jerufalem, & leur dit fa refolution & la permis-454.

cette Or

que fe

terme des

nes de

elle

née l'an

d'Arta.

de 3550.

J. C.

fion que le Roy luy avoit donnée. On commença auffi-toft cet édifice avec une ardeur prodigieufe. Mais les ennemis de ce peuple n'avoient garde de fouffrir l'avancement de cet ouvrage fans s'y oppofer, & Sanaballat le principal d'entre eux foûleva les Samaritains & tous les autres peuples d'alentour pour traverfer cet édifice. Nehemias en fut percé jufqu'au fond du cœur; mais il ne perdit pas courage. Il oppofa fa vigilance à leurs embûches, & la force à leurs violences; & ce fut en cette rencontre qu'on vit pour la premiere fois des hommes tenir la truelle d'une main & l'épée de l'autre, pour eftre toûjours prests à combatre ceux qui viendroient troubler leurs travaux. Enfin il acheva son entreprise, & les murs de Jerufalem furent entierement rétablis. Ce Saint a efté une excellente image de la maniere avec laquelle les Chreftiens doivent travailler à l'œuvre de Dieu. Il s'eft trouvé dans l'eftat où faint Paul fe reprefente luymefme, lors qu'il dit qu'il ne voit que combats au dehors & craintes au dedans. Car il avoit à combattre au dehors les ennemis du peuple de Dieu, & au dedans des Prophetes intereffez qui s'estoient vendus à ces étrangers, comme il dit luy-mesme, pour luy remplir l'efprit de frayeurs, afin que fuccombant fous tant d'obstacles qui fe prefentoient à luy, il manquaft de fidelité à Dieu, & qu'il abandonnast son ouvrage. Mais tous ces efforts & ces artifices ne le pûrent convaincre. Il repouffa la violence ouverte ; il découvrit les pieges cachez; & il allia parfaitement dans fa conduite la fermeré de courage avec une lumiere de fageffe, qui fceut s'éloigner autant d'une timidité indifcrette que d'une chaleur precipitée.

Tobie perd la veue Tobie. 2.

M. 3286.

J. C.

Tobie

alors

E faint homme Tobie eftoit Juif de la Tribu den Nephtalim. L'Ecriture dit de luy qu'il fut fage Avant dés fon enfance, & qu'il ne témoigna jamais rien de 18. pueril dans fes actions. Il ne fuivit point la foule du ayant peuple pour adorer avec luy les veaux d'or que Jero-quelque boam avoit élevez; mais il alloit à Jerufalem offrir à 10. ** Dieu fes facrifices. Quand Dieu luy eut donné un fils, il eut un foin tres-particulier de l'élever dans la crainte de Dieu, & il confidera cette occupation comme le premier de fes devoirs. Tant de vertus n'empescherent pas qu'il ne fuft emmené captif en Ninive par Salmanafar Roy d'Affyrie, avec fa femme & fon jeune fils Tobie. Mais fa captivité ne luy fit point abandonner la voye de Dieu, & il tâchoit de rendre à ceux de fon peuple qui avoient efté emmenez captifs avec luy tous les devoirs de charité qu'il leur pouvoit rendre. Dieu qu'il fervoit fi fidellement luy fit trouver grace devant le Roy Salmanafar, qui luy donna la liberté d'aller par tout où il luy plaíroit dans fon royaume. Ce faint homme n'ufa de cette liberté que pour aller confoler les autres captifs, entre lefquels ayant trouvé en Ragés Gabelus qni eftoit pauvre & de fa Tribu, il luy prefta fous une fimple promeffe dix talens de l'argent que Salmanafar luy avoit donné avec une liberalité royale. Mais Salmanafar eftant mort, Sennacherib qui luy fucceda & qui haïffoit étrangement tous les Juifs, fit que Tobie redoubla le foin qu'il avoit de les confoler, fans les abandonner jamais durant leur vie ni aprés leur mort mefme, puis qu'il les enterroit contre la défense expreffe du Roy, qui eftant irrité de ce devoir de pieté envoya des gens pour tuer Tobie & pour confifquer tout fon bien. Il évita la colere de ce Prince en fe cachant, ce qui luy fut facile, parce qu'il avoit beaucoup d'amis; & la promte mort de Sennacherib qui arriva fix femaines aprés, luy raffura fa liberté, fes biens & fa vie

Le danger dont il venoit de fortir ne le rendit pas plus timide; & lors qu'au milieu d'un feftin qu'une grande fefte luy avoit permis de faire, où il avoit invité quelques perfonnes qui craignoient Dieu comme luy, on luy vint dire qu'un Juif venoit d'eftre tué, il fortit de table, alla enlever ce corps mort, & le cacha jufqu'à la nuit pour l'enfevelir feurement. Tous fes amis blâmoient fa conduite. A peine, difoient-ils, eftes-vous forti du peril de la mort, & vous vous y rejettez. Mais Tobie craignant plus Dieu que le Roy, ne laiffoit aucun mort fans l'enterrer, jufqu'à ce qu'eftant un jour fatigué de ce travail fi faint & le repofant au pied d'une muraille, il perdit la veuë en dormant par quesques ordures qui luy tomberent fur les yeux d'un nid d'hirondelle. Il ne fut point troublé dans cet accident; mais il demeura ferme dans la crainte du Seigneur malgré les infultes de fes proches & de fa femme mesme, qui luy fit bien de la peine dans cet eftat. Car Tobie ayant entendu chez luy un chevreau que fa femme avoit gagné par le travail de fes mains, luy dit qu'elle prift bien garde que ce chevreau n'euft efté dérobé à quelqu'un : ce qui mit cette femme dans une telle colere, qu'elle luy dit avec aigreur, qu'on voyoit bien que toutes fes efperances avoient efté vaines, combien fes aumônes eftoient inutiles. Mais ni la pauvreté où il eftoit reduit, ni l'aveuglement qu'il fouffroit, ni les infultes de fes proches, ne pûrent ébranler tant soit peu la fermeté de fa foy, qui le rendit immobile dans tous fes maux. Il offroit fans ceffe à Dieu fes prieres & fes actions de graces. Il s'humilia fous fa main puiffante. Il adora fa juftice qui le chaftioit pour n'avoir pas marché devant luy dans toute la fincerité & la droiture qu'il demandoit; & il devint, felon la parole de l'Ecriture, un modelle de patience comme le bienheureux Job; & felon la remarque des SS. PP. un grand fujet de honte aux Chreftiens, qui ne peuvent faire aprés les exemples de l'humililité de JESUS-CHRIST &

des Saints, ce qu'a fait ce faint homme au milieu des idolâtres, parmi un peuple fi groffier, & avant la lumiere de la loy nouvelle.

LE

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M. 3300.

Tobie

E faint homme Tobie ayant esté éprouvé en la Lan dn maniere que nous avons dit, pria Dieu en recon-le jeune noiffant humblement la justice de ses traitemens, de ayant quelque le tirer de cette vie & de finir tous fes maux. Comme 20. ans, il efperoit que Dieu écouteroit fa priere, il appella le jeune Tobie fon fils pour luy donner avant la mort les derniers avis, qui feront toûjours la regle & l'abregé de ce qu'un fage pere peut recommander à fes enfans durant la vie & à fa mort. Aprés donc luy avoir ordonné d'honorer fa mere, quoy que pauvre, de craindre Dieu, & de ne confentir jamais au peché, de faire toûjours l'aumône felon le bien qu'il auroit, de n'avoir point des fentimens trop élevez de luy-mefme, de ne faire jamais rien qu'avec le confeil d'une perfonne fage, & d'avoir toûjours recours à la priere; il luy déclara que Gabelus luy devoit dix talens qu'il luy avoit autrefois preftez. Ce faint homme qui eftoit reduit à une extrême pauvreté n'avoit point ufé de violence pour fe faire payer de cette dette, quoy qu'elle fuft fi jufte. Il n'en parle à fon fils que lors qu'il fe croit preft de mourir, parce qu'il ne crut pas le pouvoir fruftrer de cette partie de fa fucceffion; & lors mefme qu'il luy en parle, il ne luy dit point, comme remarquent les SS. PP. qu'il fe fift payer les interefts de cette fomme qui eftoit confiderable en elle-mefme, & que l'on devoit depuis long-temps. Le jeune Tobie écouta avec respect tous ces avis d'un pere qui n'eftoit aveugle que dans le corps & qui eftoit fi éclairé dans l'ame. Il n'y eut que le payement de cette dette qui l'embaraffa, parce qu'il ne connoiffoit point Gabelus, & ne fçavoit pas mefme où cftoit la ville de Rages où il demeuroit. Surquoy fon

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