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tel que les idolâtres avoient profané par leurs abominations, afin qu'il ne fuft pas une marque eternelle de leur honte, il refit des vafes nouveaux, le chandelier, la table, & tout le reste qui fervoit au culte du Temple. Tout cet appareil eftant prest il fit ordonner une fefte folemnelle pour le confacrer à Dieu, Et aprés avoir ainfi reparé les ruines de Jerufalem, il marcha contre fes ennemis. Il les défit tous en divers combats; car il avoit Dieu mefme pour conducteur, & il parut dans une bataille cinq cavaliers d'une mine & d'une force extraordinaire qui vinrent au fecours des Juifs, dont deux fe tenoient aux coftez de Judas pour le proteger. Les trois autres lançoient des traits fur les ennemis qu'ils frapoient d'aveuglement & d'épouvante. Dieu nous a fait voir par cet exemple fenfible, felon les faints Peres, que c'eft luy qui foûtient invifiblement fes ferviteurs dans les combats où il les engage, & que s'il nous avoit ouvert les yeux, comme il fit autrefois au ferviteur de fon Prophete, nous verrions que toute noftre force vient du ciel, & qu'il y a plus d'Anges pour nous, que d'hommes ou de demons contre nous.

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Mort de l'impie Antiochus. 1. Mach. 6.

Tudas Machabée ayant fi glorieufement défait Ly-L'An du

Judas, fi Ly-1.3941.

Avant

apporter la nouvelle à Antiochus lors qu'il eftoit en-J.C, 163. core en Perfe. Il manqua alors l'execution qu'il avoit entreprise sur Elimais, dont il avoit esté repouffé par la refiftance de fes habitans. Et ayant appris en mefme-temps la défaite de fes Generaux par les Juifs, il refolut de marcher contre eux avec toute fon armée, pour se vanger fur eux de la honte qu'il venoit de recevoir. Il jura qu'il alloit faire de Jerufalem un monceau de pierres & le tombeau de tous les Juifs. Mais comme il faifoit ce voyage avec une promtitude extraordinaire, & que fon chariot couroit avec précipitation, il, tomba d'une chute violente qui luy meurtrit tout le corps. Ce Prince orgueilleux, dit l'Ecriture, qui croyoit commander aux flots mesme de la mer, & avoir déja la tefte dans le ciel, fentit la main de Dieu qui l'humilia & le brisa contre terre. La pourriture entra dans fa chair, fes entrailles furent déchirées par des tortures cruelles; parce, dit l'Ecriture, qu'il avoit tourmenté les entrailles des autres par des tourmens inoüis. Les vers fortoient de toutes les parties de fon corps, dont les membres s'en alloient en pieces & jettoient une odeur infupportable à luy-mefme, à fes domestiques, & à toute fon armée. Tant de maux joints ensemble, & qui s'augmentoient à chaque moment, firent enfin rentrer ce Prince impie en luy-mefme. Cette playe étrange l'avertit qu'il eftoit homme; & l'eftat horrible où il fe voyoit arracha cette confeffion de fa bouche: Qu'il eft jufte de s'affujettir à Dieu, & qu'un homme mortel ne doit pas s'égaler à celuy qui cft immortel. Le fouvenir des excés qu'il avoit com

mis dans Jerufalem, vint joindre aux douleurs de fon corps les remords de fa confcience; & il reconnut que c'eftoit pour le punir de ces traitemens barbares que Dieu le frappoit d'une playe, fi violente dans une terre étrangere. Il fit des refolutions de mieux traiter la Judée à l'avenir. Eftant party pour aller perdre Jerufalem, il promit au contraire de la rendre libre, d'égaler fes citoyens à ses sujets, & de fournir luy-mefme au Temple l'argent qu'il faudroit pour les facrifices. Il promit mefme de fe rendre Juif, & écrivit à ce peuple une lettre pleine d'eftime & d'affection. Mais la main de Dieu eftoit fur luy, dit l'Ecriture, & ayant dans fon jufte jugement prononcé l'arreft contre cet impie, il prioit eftant preft de mourir & invoquoit Dieu dont il ne devoit recevoir aucune mifericorde. Ce Prince finit ainfi famalheureuse vie, laiffant aux hommes un exemple redoutable, afin qu'ils n'attendent pas à l'extrémité à demander pardon à Dieu de tous leurs excés, & qu'ils vivent d'une telle forte, que lereglement de leurs actions leur obtienne la grace de bien mourir. Car cette parole de faint Augustin eft bien remarquable; Voulez-vous bien mourir? vivez bien. Celuy qui vit bien ne peut mourir mal. La bonne mort eft la recompenfe de la bonne vie.

Courage d'Eleazar. 1. Machab. 6.

année

LA A mort du Roy impie Antiochus Epiphanes, La même dont on a parlé dans l'image precedente, ne 384 1, termina pas les maux des Juifs, ny les combats de Judas Machabée. Le fils de ce Roy nommé Antiochus Eupator devint en mefme temps heritier de la couronne de fon pere & de fa haine contre les Juifs, fans que la malheureuse fin de ce Prince, ny les regrets qu'il témoigna en mourant d'avoir fi mal traité le peuple de Dieu, pûffent retenir fa violence. Voicy l'occafion de la guerre qu'il entreprit de leur faire. Quelques-uns d'entre les Juifs portant envie à la reputation de Judas, allerent trouver ce Prince pour le prier d'avoir pitié de la Judée. Ils luy reprefenterent qu'elle eftoit cruellement tyrannifée par Judas. Que la plufpart du peuple fouhaitoit avec paffion de fe rendre au Roy; mais que Judas feul les retenoit, qu'il affiegeoit les foldats que fon pere Antiochus avoit laiffez en garnifon dans la fortereffe de Jerufalem ; & qu'il fe fortifioit d'une telle forte que fi on ne le prévenoit il feroit impoffible de le détruire. Le rapport malicieux de ces faux freres irrita Antiochus contre Judas; & il marcha contre luy avec une armée de cent mille hommes de pied & de vingt mille chevaux. Mais ce qui le rendoit encore plus terrible, eftoient trente-deux elephans inftruits pour la guerre, qui faifoient d'étranges ravages, dont chacun avoit fur le dos une forte tour dans laquelle il y avoit ly trente-deux hommes. Cette armée terrible nombre, par fes armes, par fon ordre, par fa marche épouvantable, & par tant de circonftances extraordinaires, n'ébranla point le courage de Judas. Il s'approcha comme un lion de fes ennemis, & en défit d'abord un grand nombre: mais Eleazar fon

par

fon

jeune frere fe fignala particulierement dans ce combat. Car ayant veu un élephant couvert des armes du Roy, & ayant crû qu'Antiochus y pouvoit estre, il fe facrifia de bon cœur pour délivrer fon peuple par la mort de fon plus grand ennemi. Il courut comme un lion à cet élephant; paffa au travers d'une legion entiere qui l'environnoit; tua à droit & à gauche ceux qui luy faifoient resistance; s'ouvrit ainfi un paffage jufqu'à cette befte, & s'eftant mis fous fes pieds il luy enfonça l'épée dans le ventre. L'élephant tombant mort l'étouffa fous fon grand poids, & il fut ainfi enseveli dans fon triomphe. L'exemple de ce courage heroïque furprit tous les ennemis, qui crûrent bien-toft aprés que le meilleur pour eux ef toit de faire la paix, & de jurer une alliance eternelle avec Judas & le peuple Juif, aprés laquelle ils s'en retournerent. Ainfi le courage d'un feul homme épouvanta toute une armée, & fa mort acquit la victoire aux fiens & la paix à tout fon peuple.

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