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Parabole de la femence. Matt. 13.

ESUS-CHRIST s'eftant trouvé un jour environné de,

monde entra dans une barque,

La même

kame me loignant un peu du bord il s'y affit & enfeigna de là tout le peuple, l'inftruifant par un grand nombre de paraboles. Il dit dans celle du femeur, que le laboureur femant fon bled, une partie de cette femence tomba hors du champ dans le chemin, & qu'ainfi elle fut foulée aux pieds ou mangée par les oifeaux. Et en expliquant enfuite en fecret cette parabole à fes difciples, il leur dit, que ces perfonnes font ceux qui écoutent la parole de Dieu, & à qui le demon vient en mefme temps l'ofter du cœur, depeur qu'ils ne croyent & qu'ils ne fe fauvent. Car cet efprit de tenebres qui mefle fouvent fon yvraye avec le bon grain, comme J. C. le dit dans la parabole fuivante, tâche toûjours au mefme inftant que Dieu feme le bon grain dans les ames pour y produire leur converfion, de l'enlever, ou par luy-mefme, ou par des hommes qui font à luy, & d'empefcher que cette parole fainte ne germe au fond de leurs cœurs. La feconde parabole de la femence eft celle qui tombe fur la pierre, qui ne trouvant pas une profondeur de terre, leve bien-toft & fe feche dés que le foleil commence à devenir plus ardent. Et ce font ceux, dit JESUSCHRIST, qui écoutent fa parole avec beaucoup de joye, mais qui n'ayant pas de fortes racines fe troublent aux moindres fcandales qui arrivent & cedent aux perfecutions. Il eft aifé à ces perfonnes de fe tromper, & d'ignorer que nonobftant cette complaifance qu'elles avoient euë pour la parole de Dieu, leur cœur eft dur comme la pierre, & qu'ils ont befoin de l'amollir par les exercices de la pieté & de la penitence. La troifiéme partie de la femence tombe parmy les épines, qui croiffent avec le bon grain. &

l'étouffent. Et ces perfonnes, dit noftre Seigneur, font ceux qui écoutent fa parole; mais les foins, les peines & les inquietudes de ce monde, l'illufion & la tromperie des richeffes, & une infinité de defirs inquiets, étouffent cette parole & font qu'elle ne porte point de fruit. Car les foins du fiecle font que nous nous appliquons moins à la parole que Dieu nous dit, ou qu'il nous fait dire par fes Miniftres. On ne fçauroit trop gemir devant Dieu de ce que les embarras du fiecle étouffent fi fouvent cette précieuse femence aprés mefme que divers exercices de pieté l'avoient fait croiftre. Et tous les maux qui ne regardent que le corps, comme les fleaux vifibles de la pefte & de la guerre, ne font pas des fujets fi dignes de nos larmes que la perte de cette divine femence. Enfin la quatrième partie de ce bon grain tombe fur la bonne terre, qui y germe enfuite & porte fon fruit, quoy que fort inégalement, quelques grains rendant cent pour un, les autres foixante, & les autres trente. Ces perfones, dit JESUS-CHRIST, font ceux qui ont le cœur non feulement bon, mais tresbon. Si le cœur eft fimplement bon, il eft exposé à deux grands maux, l'un qu'il ne porte gueres de fruit, & l'autre qu'il devient aisément mauvais. C'est pourquoy il faut tâcher que de bon qu'il eft nous le rendions toûjours meilleur; ce qui fe fait en croiffant en charité. Mais JESUS-CHRIST marque luy-mefme que ce n'eft que par la patience que Pon porte beaucoup de fruit, c'est à dire, en fouffrant beaucoup de maux, qui cultivent en quelque forte noftre terre & qui rendent noftre charité plus vigoureufe. Car c'eft elle qui eft la racine de tout le bon fruit; & plus cette racine eft forte, plus le fruit qui en fort eft excellent, & proportionné à l'eftat & au rang de chaque fidelle. Ainfi les maux abbatent les foibles, comme il eft marqué dans la feconde femence; & ils deviennent au contraire l'exercice & le couronnement des forts.

Decolation de S. Jean. Marc. 6.

Iors que la reputation de J. C. fe répandoit de tou- La néme tes parts, Nazareth qui eftoit le pays où il avoit année 31. toûjours demeuré, témoigna plus d'incredulité que le refte de la Judée. Ils ne pouvoient accorder ce qu'on difoit de fes grands miracles, avec ce qu'ils avoient toûjours veu de fa perfonne, Ils envifageoient d'un cofté fa pauvreté, la baffeffe apparente de la mere & de fes parens, & de l'autre les grandes merveilles qu'on publioit de luy,& l'applaudiffement des peuples. Enfin leur orgueil fe fentant bleffé par cet éclat extraordinaire du Sauveur dont ils eftoient jaloux, ils s'efforcerent de le precipiter du haut de la montagne où leur Ville eftoit baftie. Mais l'heure de J. C. n'eftoit pas encore venue, & nul homme ne la pouvoit avancer. Et ainfi il paffa au milieu d'eux, & rendit impuiffante leur mauvaise volonté. J.C.qui connoiffoit cette averfion qu'ils avoient de luy, n'avoit pas voulu prefcher d'abord en Nazareth, mais à Capharnaum & dans les autres Villes, tant pour s'humilier luy-mefme & pour nous apprendre à fuir de paroiftre au lieu où nous avons efté dans un eftat humble, que pour difpofer peu à peu ceux de Nazareth par fon éloignement à croire en luy comme les autres, & à regarder à l'avenir d'une autre maniere celuy qu'ils avoient méprifé. Mais leur endurciffement estant invincible, J. C. fe contenta de faire parmy eux quelques miracles, pour leur témoigner qu'il ne les méprifoit pas, & il n'en fitpas davantage afin de ne les pas rendre plus criminels. Il s'en alla donc de là, & lors qu'il quittoit Nazareth on vint luy donner avis de la mort de S. Jean Baptifte qui arriva de cette forre. Le demon ayant déja porté Herode à le faire mettre en prifon, parce qu'il luy reprefentoit l'incefte fcandaleux dans lequel il vivoit avec Herodias, femme de fon frere, ne fe contenta pas de cette premiere violence, mais il porta ce Prince juf qu'à le faire mourir.Il fit rencontrer adroitement tout ce qui eftoit neceffaire à ce deffein, & montra qu'il

fçait tres-bien ménager les occafions & difpofer toutes les circonftances neceffaires pour l'execution de quelque méchanceté, qu'il medite pour la ruine d'un homme de bien. Le jour natal du Roy Herode eftant arrivé, ce Prince fit un grand feftin à tous les Seigneurs de fa Cour, & la fille de l'inceftueufe Herodias eftant venue danfer au milieu de cette affemblée, elle pleut de telle forte à Herode, qu'il luy commanda fur l'heure de luy demander ce qu'il luy plairoit, & luy promit de le luy donner, quand ce feroit la moitié de fon royaume. Cette fille alla auffi-toft trouver fa mere, pour s'inftruire de ce qu'elle devoit demander,Et cette femme préferant à tout ce que fon avarice ou fon ambition euffent pû defirer en cette rencontre la fatisfa tion de la haine qu'elle avoit conceuë contre S. Jean, dit à fa fille qu'elle ne demandast autre chofe au Roy que la tefte de Jean Baptifte. Ce Prince fut fafché de cette demande,parce qu'il eftimoit S. Jean. Mais le demon étouffant l'eftime qu'il avoit pour ce Saint, & augmentant la complaifance qu'il avoit pour cette femme, fit qu'enfin il fe rendit, pour ne pas violer le ferment qu'il avoit fait. On coupa la tefte à S. Jean dans la prifon, & on la donna dans un baffin à cette fille qui la porta à fa mere. C'eft ainfi que mourut le plus grand des hommes; & c'eft à quoy fe reduifit enfin la haute opinion qu'Herode en avoit conceuë, qui aprés avoir efté l'admirateur de ce Saint, en devint enfin l'homicide. Ses premiers excés luy fervirent comme d'une paffage à un crime fi énorme; & une cruauté fi barbare fut la punition de fon incefte. Il femble bien étrange, dit S. Gregoire, que des perfonnes infames ayent eu un fi grand pouvoir fur un homme auffi admirable qu'eftoit S. Jean. Mais fi la vie de S. Jean eftoit prétieufe aux yeux de Dieu, elle n'eftoit rien aux fiens propres,& on peut dire que Dieu fecondant fon humilité, & ayant égard au peu d'eftat qu'il en faifoit la donna pour une danse. Ainfi, ajoûte ce faint Pere, les ferviteurs de Dicu doivent apprendre à méprifer leur vic,& ils doivent fouffrir de bon cœur qu'elle dépende

ou des foupçons, ou de la haine,ou de la médifance des méchans; parce que la facrifiant à Dieu, pour lequel feul ils vivent & non pour eux-mefmes, leur mort comme celle de faint Jean fera toûjours d'autant plus glorieufe devant Dieu & devant les Anges, qu'elle paroiftra plus honteufe aux yeux des hommes.

Multiplication des pains. Matth.14.

L'an de

l'Ere

JE ESUS-CHRIST ayant appris la mort de faint Jean alla auffi-toft dans le defert, & y mena avec luy fes commune difciples, pour apprendre à fon Eglife à chercher les heme de

32. Troi

la Predi

J. C.

retraites dans de femblables rencontres. Cela fut d'au-cation de tant plus neceffaire que les grands miracles de J E s u sCHRIST Commençoient déja à faire du bruit à la Cour,& qu'Herode Antipas,fils de celuy qui avoit fait mourir les innocens, eftoit en peine qui pouvoit eftre un homme fi puiffant en œuvres & en paroles, jufqu'à croire que c'eftoit peut-eftre faint Jean Baptifte qu'il avoit fait mourir, qui eftoit reffufcité & qui faifoit toutes ces merveilles. Ce Prince s'abandonnoit ainfi à ces vaines imaginations, & JESUS-CHRIST cependant eftoit retiré. Il ne pût empêcher neanmoins que le peuple ne le fuivift; & jufqu'à cinq mille hommes allerent avec luy, eftant continuellement attentifs à fa parole & à fes miracles. Ils perdirent mefme toute la penfée du manger, tant ils eftoient appliquez à ce qu'ils entendoient & à ce qu'ils voyoient. Et trois jours s'eftant déja paffez depuis qu'ils avoient quitté les villes pour fuivre JESUS-CHRIST dans la folitude, le Sauveur fut touché de compaflion en voyant ces perfonnes, & il parla à fes difciples pour voir avec eux comment il leur donneroit à manger. Ils luy répondirent que le lieu où ils eftoient eftoit desert, éloigné des villes, & qu'ils n'avoient point d'autre provifion avec eux que cinq pains d'orge & quelques petits poiffons. JESUS-CHRIST leur ordonna de faire affeoir ce peuple par diverfes bandes; & lors que cela fut fait, il leva les yeux au ciel & benit ces pains qu'il donna

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