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miraculcufe. Il alla trouver JESUS-CHRIST, il fejet ta à fes pieds, fe profterna le vifage en terre, & luy rendit graces de la mifericorde qu'il venoit de recevoir. JESUS-CHRIST luy demanda s'ils n'avoient pas efté tous gueris, où eftoient les neuf autres. Il ne fe trouva perfonne d'entre ces dix lepreux, dit l'Evangile, qui retournaft à JESUS-CHRIST pour luy rendre fes actions de graces que cet étranger qui eftoit Samaritain. JESUS-CHRIST le renvoya en luy difant que fa foy l'avoit fauvé, & témoignant affez combien l'ingratitude des autres luy eftoit defagreable. Les SS. PP. confiderant cet exemple en ont toûjours pris fujet d'exhorter les hommes à fuir l'ingratitude & à ne recevoir aucune grace de Dieu fans luy témoigner par toutes les marques qu'ils peuvent, combien ils en font touchez pour rendre leur reconnoiffance égale à la grandeur des dons qu'ils reçoivent. Ce n'est pas affez de reffentir quelque joye de la guerifon interieure de nos ames, puifqu'on ne doit pas douter que ces neuf lepreux ne s'en retournaffent avec grande joye. Ils avoient fans doute un grand reflentiment de leur guerifon, & ils admiroient mefme au fond de leurs cœurs celuy qui en eftoit l'auteur. Mais ce n'eftoit pas affez. Ils devoient retourner fur leurs pas, & fe profterner devant luy pour luy rendre graces d'une maniere digne de luy. Ils font devenus par leur ingratitude lepreux dans l'ame en ceffant de l'eftre dans le corps; & ils ont efté en ce point l'image de ceux qui ceffant quelquefois de commettre des pechez groffiers à la veuë des hommes, augmentent par leur ingratitude leurs pechez interieurs devant Dieu, Heureux celuy, dit faint Bernard, qui fe tient toûjours profterné devant le Sauveur, qui luy rend graces fans ceffe pour les moindres dons; & qui fe confiderant comme un étranger à l'imitation de ce Samaritain, croit que toutes les faveurs qu'on luy peut faire fon d'autant plus gratuites, qu'il ne merite par Juy-mefme que le mépris & le chaftiment.

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La femme adultere. Joan. 8.

anuce 32,

ESUS-CHRIST ayant fait en chemin cette guerifon de La même dix lepreux, trouva lors qu'il fut arrivé en Judée' toute Jerufalem en trouble,de ce qu'il n'eftoit pas venu à cette fefte,& tout le peuple partagé dans les jugemens qu'ils faifoient de luy,les uns difant qu'il eftoit bon,les autres fouftenant qu'il eftoit un feducteur. Et lors que l'Octave de la fefte s'avançoit, J.C. parut dans le Temple & y enfeigna le peuple avec une fageffe qui donnoit de l'étonnement à tous ceux qui fçavoient qu'il n'avoit point efte inftruit dans les fciences humaines. ny dans l'étude de la loy. Lors donc qu'il parloit publiquement & avec une entiere liberté, ceux qui l'écoutoient admiroient comment fes ennemis qui le vouloient perdre, le laiffoient ainfi en repos, & ils crurent que peut-eftre ils avoient reconnu que c'eftoit le CHRIST. Mais on ne fut pas long-temps fans faire des deffeins fur fa perfonne, qui furent neanmoins tous inutiles, parce que fon heure n'eftoit pas venue. Car les Pharifiens voyant que le peuple parloit de luy & de fes miracles avec admiration,& qu'on difoit tout haut que quand leCHRIST viendroit il ne pourroit pas faire de plus grandes chofes, ils ne pûrent fouffrir ce témoignage qu'il rendoit au Sauveur, & ils envoyerent des archers pour fe faifir de fa perfonne. Mais au-lieu que jufque-là il s'eftoit fi fouvent caché, il ne le fit pas alors, pour donner des exemples des mouvemens differens que produiroit le fant Efprit en ceux qui fcroicnt perfecutez dans la fuite de tous les fiecles. Ceux donc qui ⚫ eftoient venus pour le prendre furent arreftez par un fecret inftinct de Dieu. Au-lieu de fe faifir de luy, ils l'écouterent avec admiration;& lors que les Pharifiens qui les avoient envoyez leur firent des reproches de ce qu'ils ne l'amenoient pas, ils leur répondirent: Que jamais homme n'avoit parlé comme celuy-là. J.C. s'etant retiré enfuite fur la montagne des Olives pour y prier, il fe trouva le lendemain de grand matin dans le Temple où le peuple l'environna. Mais lors qu'on l'é

coutoit les Pharifiens luy tendirent un piege en luy faifant prefenter une femme furprise en adultere, afin que s'il la condamnoit à la mort,il fût décrié parmy le peuple comme un homme d'une extrême rigueur; & que s'il ne la condamnoit pas, il fût décrié encore com me un violateur de la loy de Dieu. J. C. connoiffant leur malice fe baiffa & écrivit de fon doigt fur la terre. Et lors qu'ils perfiftoient à luy demander fon avis,il fe leva & leur dit: Que celuy d'entre vous qui eft fans peché jette la premiere pierre contre cette femme. 11 commença encore à écrire en terre; & cependant les Pharifiens s'en allerent tous les uns aprés les autres, & il ne refta que J. C. avec cette femme, à qui le Sauveur dit que parce que perfonne ne l'avoit condamnée, il ne la condamneroit point auffi:& il la renvoya en paix en luy commandant de ne plus pecher à l'avenir. J. C. fit voir alors qu'il vouloit que les hommes penfaffent plus à fe juger eux-mefines qu'à accufer les autres, & à examiner leur vie qu'à cenfurer celle de leurs freres. Ils ont fouvent horreur des pechez groffiers, parce qu'ils bleffent leurs fens, & ils n'ont pas horreur des pechez fpirituels qui bleffent infiniment plus Dicu qui eft tout Efprit. Le peché de l'Ange dans le ciel 3 celuy du premier homme fur la terre out plus offenfé Dieu que le crime de cette adultere qu'on luy prefentoit alors. C'est ce qui nous doit tenir toûjours humiliez devant Dieu, & nous rendre doux & moderez à l'égard de ceux qui tombent dans ces excés. Cette moderation qu'on leur témoigne eft un excellent moyen pour les retirer de leurs defordres. L'indulgence dont J.C.ufa envers cette femme eut peut-cftre plus d'effet fur elle pour la retirer de fon crime, que n'auroient eu toutes les feveritez dont la loy vouloit qu'on ufast. Rien ne touche tant une ame bien née qu'une douceur qu'elle ne devoit pas efperer. L'Eglife a appris de cet exemple de J. C. à ne pas rebuter les plus grands pecheurs:& quoy qu'elle travaille folidement à leur veritable converfion, elle a eu neanmoins beaucoup de compaffion de leur eftat. Elle a trouvé qu'il eftoit bien

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jufte que cette parole de JESUS-CHRIST: Que celuy d'entre-vous qui eft fans peché jette la premiere pierre, fift au moins autant d'effet dans le coeur des Chreftiens qu'elle en fit alors dans l'efprit des Juifs; & que la pieté de ceux-cy cedaft à des paroles aufquelles la dureté des autres fuft obligée de ceder.

L'Aveugle né. Joan. 9.

année 32.

A pés que J. C. eut délivré par fa bonté la femme La même adultere, & qu'il fe fut tiré par fa fageffe de ce piege que fes ennemis luy avoient dreffé, il continua de prefcher au peuple dans le temple plufieurs veritez importantes, & de reprocher aux Pharifiens le deffein qu'ils avoient fait de le perdre. 11 leur fit voir qu'en cela ils eftoient les Miniftres du demon qui avoit aimé le fang dés le commencement du monde, & qui avoit fait tuer les Prophetes. Il leur demanda publiquement qui d'entre eux pouvoit le convaincre d'aucun peché, & pourquoy ils ne le croyoient pas puis qu'il ne leur prefchoit que la verité? Les Juifs oppoferent à des reproches fi juftes,non des raifon, mais des injures; & ils l'appellerent Samaritain & demoniaque. J. C. répondit à ces blafphêmes avec une grande douceur, mais voyant qu'ils prenoient des pierres pour le lapider, il fe cacha & fortit du Temple. Lors qu'il fe retiroit il vit un homme qui eftoit aveugle dés fa naiffance. Ses Difciples luy demanderent fi cet homme avoit peché ou fes peres, pour naistre ainsi dans l'aveuglement? Mais J. C. leur répondit que cet aveuglement n'eftoit que pour manifefter fa gloire. Il fit enfuite de la boue avec de la falive. Illa mit fur les yeux de cet aveugle, & l'envoya à la pifcine de Siloë pour s'y laver. Il alla à la pifcine. Il s'y lava & y recouvra la veuë. Tous ceux qui l'avoient veu auparavant furent étrangement furpris lors qu'ils le virent Et comme on luy demandoit de quelle maniere s'eftoit fait un fi grand miracle, il dit qu'un homme appellé JESUS avoit fait de la bouë, qu'il l'avoit mife fur les yeux, qu'il l'avoit envoyé à la

pifcine pour s'y laver,qu'il y avoit cfté, & qu'il y avoit recouvré la veuë. On l'amena auffi-toft aux Pharifiens qui luy firent la mefme demande, & aufquels il répondit la mefme chofe. Auffi-toft quelques-uns d'entre-eux dirent qu'un homme qui avoit fait de la bouë le jour du Sabbat ne pouvoit eftre un homme de Dieu. Les autres eftant accablez par la grandeur de ce miracle, dirent qu'un méchant homme ne pouvoit guerir un aveugle-né. Et lors qu'ils eftoient divifez les uns contre les autres, ils firent encore parler l'aveugle, & luy demanderent ce qu'il difoit de cet homme, à quoy il répondit hautement que c'eftoit fans doute un Prophete.Eftant irritez de cette réponse ils ne pûrét croire qu'il eût efté aveugle. Ils firent venir fes parés,qui craignant des gens fi paflionnez fe ménageret avec adreffe en n'affurant rien autre chofe, finon que c'eftoit là leur fils & qu'il cftoit né aveugle, mais pour le refte ils dirent que leur fils eftoit en âge de répondre & de parler luy-mefme. Ayant fait venir encore cet aveugle ils luy parlerent avec plus de force. Ils luy dirent qu'il rendift gloire à Dieu, & qu'il fçavoient que J.C. eftoit un méchant. Je ne fçay, leur dit-il, s'il eft un méchant: mais je fçay bien, qu'eftant aveugle auparavant je voy maintenant fort clair. Les Juifs luy répondirent: Que pour eux ils eftoient difciples de Moïfe, & qu'ils ne fçavoient qui eftoit cet homme. C'est ce que j'admire, ajoûta-t-il,que vous ne fçachiez qui il cft;&cependant il m'a ouvert les yeux. Les Pharifiens le chaffèrent enfuite de la Synagogue, & J. C. l'ayant trouvé luy demanda s'il croyoit au Fils de Dieu,&ajoûta que c'étoit luy-mefme qui luy parloit. Cét homme fe profterna en terre & l'adora.Heureux aveugle, difent les SS. PP. qui a découvert la vraye lumiere! Il n'a pas efté feulement l'adorateur de J. C. il en a efté le défenfeur. Ila confondu les Docteurs de la loy,& il a fait voir qu'une fimple foy qui eft humble, eft plus éclairée que la fcience qui eft fuperbe. Les Juifs l'ont chaffé de leur Synagogue;mais J.C. l'a receu dans la communion de fon Elprit, & a fait de fon cœur fon Temple vivant,

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