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Mort de Sara. Genef. 23.

M.2145.

J. C.

1859.

saac ayant efté rendu à fon pere & à fa meré par le An du commandement de celuy - là mefme qui le leur Avant avoit donné contre l'ordre de la nature, confola depuis la vieilleffe de Sara fa mere, qui mourut âgée de cent vingt-fept ans, & trente-fept ans aprés qu'elle l'eut mis au monde. Abraham la pleura, & aprés avoir verfé fes larmes fur elle, il penfa à l'enterrer & à luy chercher un fepulchre. Il s'adreffa pour ce fujet au peuple de Geth. Il leur reprefenta qu'il eftoit étranger dans leur païs, & les pria de luy donner le droit d'avoir un fepulchre parmi eux & d'y enterrer le corps de fa femme morte. Le peuple de Geth le traita avec toute la civilité poffible, en luy donnant le nom de Prince de Dieu, & luy permit de choisir de toute leur ville le lieu qui luy agréeroit davantage. Abraham qui par une fainte generofité ne vouloit eftre redevable à perfoune d'aucune grace, témoigna fa reconnoiffance à ce peuple; & n'en voulant rien recevoir gratuitement, il les pria de faire agréer à Ephron un des principaux de leur ville, de luy vendre fon champ où il y avoit une caverne double, afin qu'il y pûft enterrer Sara. Ephron voulut le luy donner fans en recevoir d'argent; mais Abraham demeurant ferme dans fa maniere d'agir, obligea enfin Ephron de luy dire que le champ qu'il defiroit valoit quatre cens ficles d'argent; & lors qu'il continuoit tousjours à faire des inftances & à le prier d'accepter cette terre fans en rien païer, Abraham fit en prefence de tout le monde pefer l'argent qu'elle coûtoit, & ce contract eftant ainfi paffé devant beaucoup de témoins, le champ d'Ephron appartint à Abraham, & il y enterra Sara fa femme. On ne peut affez admirer que ce faint homme ayant receu tant

de fois des affurances de Dieu, que cette terre où il eftoit luy appartiendroit un pour, n'ait jamais pensé neanmoins aprés cette promeffe fi fouvent reïterée à y acquerir autre chofe qu'un fepulchre pour luy & pour fes enfans. La veuë continuelle qu'il avoit du ciel luy faifoit méprifer toute la terre, où il ne vivoit plus que comme mourant toujours. Et lors que Dieu penfoit à donner une longue pofterité à Abraham, & à cette pofterité une terre tres-fertile, Abraham ne penfe qu'à fa mort & au fepulchre; & à ne laiffer d'autre heritage à fes enfans que celuy qu'il prenoit pour luy-mefme durant fa vie, dans la penfée continuelle de fa mort. Ce faint homme fit bien voir ainfi qu'il meritoit le témoignage que faint Paul luy donne, que la terre de Chanaan qui eftoit la plus belle terre du monde, ou ne luy tenoit lieu de rien, ou qu'au plus elle ne luy fervoit que d'un miroir pour y contempler une autre terre invisible, comme parle le mefme Apoftre, dont il avoit l'éprit tousjours occupé; pouvant dire avec faint Paul, que tout le reste des biens de la terre luy eftoient comme du fumier & des ordures.

Mariage d'Ifaac. Genef. 24.

Abraham eftant vieux & penfant à marier Ifaac, L'an da

M.2148.
Avant

1856.

ne voulut point s'alier avec les filles du pays de Chanaan. C'est pourquoy il ordonna à Eliezer fon JC. œconome d'aller dans la Mefopotamie chercher pour ans, fon fils une femme qui n'attiraft point fur luy l'indignation de Dieu. Eliezer y étant allé & fe trouvant prés de la ville de Nachor, pria Dieu de luy montrer, quelle eftoit celle qu'il avoit refolu de donner pour femme à Ifaac; & le conjura que lors que les filles de cette ville fortiroient pour puifer de l'eau, il la luy marquaft par ce figne; que quand il luy demanderoit un peu d'eau pour boire, non feulement elle luy en donnaft, mais qu'elle luy en offrift mefme pour fes chameaux. Lorsqu'il faifoit à Dieu cette priere, Rebecca qui eftoit parfaitement belle, fille de Bathuel, qui eftoit le fils de Melcha, femme de Nachor frere d'Abraham, fortit de la ville pour aller querir de l'eau; & lors qu'elle s'en retournoit, Eliezer alla au devant d'elle luy demander un peu d'eau pour boire. Elle luy en donna de tres-bon cœur, & luy en offrit même pour: fes chameaux. Ce ferviteur fidelle ayant connu à cette marque que c'eftoit celle que Dieu avoit deftinée pour eftre femme de fon jeune maître, luy donna fur l'heure des pendans d'oreilles & des braffelets pour reconnoiffance d'un fi bon office, luy demanda qui elle eftoit, & s'il y avoit place chez fon pere pour s'y pouvoir retirer. Rebecca l'en affura, & fe hafta d'aller chez elle donner avis de ce qui venoit d'arriver. Laban fon frere ayant veu ces pendans d'oreilles, alla trouver Eliezer & le pria d'entrer chez eux. Eliezer y eftant entré, protefta qu'il ne mangeroit ny ne boiroit point avant qu'il eut termine l'affaire pour laquelle il eftoit venu. Il leur dit

qu'il eftoit le ferviteur d'Abraham: que Dieu avoit rendu fon maiftre extremément riche, & que voulant marier fon fils, il l'avoit envoyé en leur pays, où ayant prie Dieu de lui faire voir par le figne qu'il leur dit, la femme qu'il deftinoit à Ifaac, il avoit reconnu que c'eftoit Rebecca, & qu'il la leur venoit demander. Bathuel & Laban reconnoiffant vifiblement le doigt de Dieu dans cette affaire, y confentirent, & auffi-toft Eliezer fit de grands prefens de vafes d'or à la fille & à fes parens, & dés le lendemain il voulut partir. Comme on vouloit le retenir plus long-temps on appella Rebecca, que l'on avoit accordée fans luy en demander fon avis, comme remarque faint Ambroife, pour fçavoir d'elle fi elle confentoit de partir fi-toft. Elle témoigna n'y avoir point de peine, & elle fuivit Eliezer, qui fe hafta de retourner vers A braham. Il trouva en approchant du logis Ifaac dans la campagne. Rebecca ayant fceu d'Eliezer que c'eftoit celuy à qui Dieu la deftinoit pour femme, fe couvrit la tefte de fon voile. Eliezer raconta le fuccés de fon voyage à Ifaac qui prit Rebecca pour femme, & l'amour qu'il eut pour elle, comme marque l'Ecriture, le confola de la douleur qu'il avoit encore de la mort de Sara fa mere qui eftoit morte trois ans auparavant. On voit dans cette conduite un modelle admirable de ce qu'on doit observer pour rendre un mariage faint,en negligeant prefque de parler du bien, pour ne penfer qu'aux mœurs & à l'innocence des perfonnes qu'il faut chercher avec grand foin & avec beaucoup de prieres, & par l'avis & l'entremise des perfonnes fages & agreables à Dieu. Saint Ambroise veut que les jeunes filles apprennent de Rebecca, qui fe couvre auffi-toft qu'elle voit Ifaac, combien elles doivent garder la pudeur envers celuy-là même que Dieu leur a donné pour mary, en ne fe mettant pas en peine de gagner fon cœur par leur beauté & par leurs ornemens exterieurs, comme Rebecca auroit pû faire, mais par leur modeftie & par la fainteté de leurs mœurs.

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Jacob & Efau. Genef. 25.

Aprés que le mariage d'Ifaac avec Rebecca eut Abraham

mourut

175. ans.

Avant

1821,

entrée en

naan, &

aprés la

efté fi heureusement achevé, Abraham vécut en-âgé de core plufieurs années, & Dieu enfin l'appella à luy an du pour le faire jouir des biens que fa grande foy avoit M. 2183. toûjours envifagez. Il eut le bonheur de témoigner à j. c. Dieu fa fidelité jufqu'à la fin de fa vie, & de prendre tent ans plaifir à fe confiderer comme un banny & un étran- aprés fon ger dans le pays de Chanaan, fans penfer jamais à re- la terre tourner dans la Chaldée. Il foûmit toûjours fa raifon de Cha à fa foy, & les affections les plus tendres de la nature 15. ans à fon grand amour pour Dieu. Il fuivit Dieu par naiffance tout, fans s'arrefter aux perils. Sa fageffe le tira de de Jacob. ceux où la beauté de Sara fa femme le jetta, & fon courage le fauva de ceux où fon amour pour fon neveu Lot l'avoit expofé. Enfin ayant paffé cent foixante & quinze ans dans un exercice continuel de vertus, il merita aprés avoir efté en ce monde le pere & le modelle de tous les fidelles, de devenir en l'autrè leur azile bien-heureux, pour leur faire trouver en fon fein un repos celefte. Dieu, comme marque l'Ecriture, aprés la mort du pere combla de fes benedictions fon fils Ifaac, & il ne luy manquoit pour eftre parfaitement heureux que la fecondité de Rebecca. Car ils furent vingt ans ensemble fans avoir d'enfans. Ce qui ayant porté Ifaac, qui avoit déja foixante ans, à prier Dieu de faire ceffer la fterilité de fa femme, Dieu exauça fa priere, & Rebecca devint groffe de deux fils jumeaux. Comme ces deux petits s'entrebattoient dans fon ventre, Rebecca effrayée de cet accident, & regrettant en quelque forte fa fterilité paffée, confulta Dieu pour fçavoir ce que ce prodige prefageoit. Dieu luy répondit que ces deux petits feroient les chefs de deux peuples, & que

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