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A première plaie, qui étoit le changement des eaut en fang, ayant été inutile, Dieu envoya les fuivantes. La feconde plaie fut celle des grenouilles, qui remplirent toute l'Egypte; & cette plaie, felon faint' Auguftin, quoit celle dont Dieu frape maintenant les hommes lorf qu'ils fe répandent en paroles, & qu'ils mettent toute la piété en de vains difcours.

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mar

La troifième fut celle des petits infectes piquants, qui marquoient la plaie dont l'Eglife feroit affligée par les dif putes & les diffenfions de ceux qui aimeroient à troubler fon repos & à inquiéter les ames.

La quatrième fut celle des mouches très-importunes, qui marquoient la plaie dont les hommes font frapés lorfqu'ils font livrés à des inquiétudes d'efprit, qui les empêchent de goûter la douceur d'une véritable paix.

La cinquième fut la pefte, qui extermina toutes les bêtes, & qui marquoit que tous ceux qui dans l'Eglife vivroient comme des animaux fans raifon, feroient frapés d'une pef te invifible qui feroit mourir leur ame, quoiqu'elle épargnât leur corps.

La fixième plaie paffa des bêtes aux hommes mêmes, & les remplit d'ulcères & de puftules enfiées, qui marquoient

une

une malice noire, qui eft dans l'ame ce qu'eft dans le corps le pus d'un ulcère. Ces puftules enflées & tout en feu marquoient admirablement la plaie de ceux que Dieu abandonne à l'orgueil & à la colère

La feptième eft la grêle, qui brifa tout ce qui fe trouva exposé à fa violence, qui figuroit les injuftices & les emportemens de ceux qui ruinent par envie les travaux des autres, & qui périffent eux-mêmes par le mal qu'il font, comme la grêle fe fond après les ravages qu'elle à caufés fur la terre.

La huitième arriva vers le huitième jour. Ce fut celle des fauterelles, qui devorèrent tout ce qui étoit refté de verd dans la campagne. Cette plaie repréfente les maux que font dans l'Eglife les faux témoignages; parce que les fauterelles, comme les faux témoins, ne nuifent que par leur bouche.

La neuvième eft celle des ténèbres, qui figuroit cet effroyable obfcurciffement qui eft dans l'ame des méchants, pendant que les bons jouiffent d'une lumière très pure. Et il faut remarquer ici ce qui eft dit dans le livre de la Sageffe, que Dieu ne punit la dureté de Pharaon que par partie & non tout d'un coup, pour faire voir fa douceur dans fa colère même, & le defir qu'il a que fes punitions plus légères faffent éviter les plus importantes. Quand Dieu veut punir en Dieu, il ne fe fert pas de mouches ni de grenouilles. Il lui étoit auffi facile, comme dit le Sage, d'envoyer tout d'un coup des lions pour exterminer les Egyptiens, que de les avertir d'abord par des mouches de penser à eux. Mais il fe retient par la vue de la foibleffe des hommes, & il veut bien fe contenter d'une plaie plus douce, afin que les hommes tremblant aux premiers coups qu'il leur fait fentir, jugent de ce qu'il fera lorfqu'il les punira dans toute l'effufion de fa colère. Car Dieu veut qu'on fache qu'il doit être craint; & quand il trouve des Pharaons, c'est-à-dire, des cœurs, endurcis à tout, il déploie fon bras contre eux; & après les avoir fait paffer par tous les degrés de fa colère fans les avoir pu fléchir, il est forcé en quelque forte d'en venir aux extrémités où le réduit l'impénitence de cés ames inconvertibles, & d'être auffi ferme dans fa juftice, qu'elles le font dans leur opi niâtreté.

L'Agneau

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Orfque les neuf premières plaies de l'Egypte ne pou voient vaincre l'opiniàtreté de Pharaon, Dieu, avant la dixième, voulut que toutes les familles des Juifs immolaffent l'Agneau qu'il leur avoit commandé de tenir prêt dès le dixième du même mois, c'est-à-dire, avant la plaie des ténèbres. Il ordonna auffi la manière dont ils le de.. vroient manger, favoir, qu'ils fe tinffent debout; qu'ils euffent un bâton à la main; & qu'ils fuffent prêts à partir comme des perfonnes qui font voyage. Mais l'ordre le plus formel fut qu'en chaque maifon où l'on immoleroit cet Agneau, on eût foin de mettre de fon fang fur le haut de la porte, afin que l'Ange qui fraperoit toutes les autres maifons, épargnât celles qu'il verroit teintes de ce fang. Les enfans d'Ifrael firent ce que Dieu leur commanda Et lorfque le quinzième de ce même mois ils fe furent affemblés par familles fur le foir, pour manger l'Agneau qu'ils avoient immolé, Dieu au milieu de la nuit frapa tous les premiers-nés d'Egypte, depuis le premier-né de Pharaon, qui étoit affis fur fon Trône, jufqu'au premier-né de la dernière des efclaves, & jufqu'aux premiers- nés mêmes des bêtes, fans toucher aux premiers-nés des Ifraélites. Fharàon fe leva au milieu de la nuit, faifi de la mort fi furprenante de fon

G. 3

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fils;

L'An du monde 251.

Avant J. C.

1491.

fils; & chaque maison se trouvant auffi frapée de la même plaie, la frayeur remplit toute l'Egypte; & chacun craignit pour lui-même ce qu'il voyoit être arrivé au plus cher de fes enfans. On reconnut bien fenfiblement en cette rencontre, que Dieu difpofe comme il veut des hommes, & qu'il les contraint enfin de faire tout ce qui lui plaît. Pharaon qui avoit jufqu'alors réfifté aux ordres de Dieu & à Moïfe, fut le premier à prier les Ifraélites de s'en aller. Il ne mit aucune borne au pouvoir qu'il leur donnoit; & il leur permit d'emmener avec eux tous leurs enfans & tous leurs troupeaux. Il ne leur demandoit qu'une grace, qui étoit de fe hâter; & tous les Egyptiens leur firent auffi la même prière Ils partirent donc le lendemain de la Pâque, le même jour que furent accomplies les 430 années que Dieu avoit prédit à Abraham que fa poftérité feroit étrangère & maltraitée fur la terre,étant au nombre de fix cens mille combatans, fans les femmes & les enfans. Mais avant que de s'en aller, ils avoient fait ce que Dieu leur avoit commandé, qui étoit d'emprunter des Egyptiens des vafes d'or & d'argent; ce que les Egyptiens par un fecret effet de la providence de Dieu leur donnèrent fans aucune peine. Ce fut ainfi qu'ils furent délivrés de cette longue captivité de l'Egypte, où ils demeurèrent 215 ans. Ils la pillèrent en quelque forte en la quittant, pour être ainfi récompenfés de tout ce qu'ils avoient fait avec tant de travail pour les Egyptiens dans la construction de leur ville; & ils en emportèrent ce qu'elle avoit de plus riche, pour marquer dès-lors que ce qu'il y auroit un jour de plus éclatant dans le fiècle, pafferoit à l'Eglife & ferviroit à sa gloire & à fon ufage. Cette délivrance de l'Egypte marquoit en figure la délivrance du peuple de Dieu de la véritable Egypte, c'est-à-dire, du mon de & de la tyrannie du Diable. Ce peuple doit cette délivrance au fang du véritable Agneau. Avant cette victime falutaire il pouvoit bien gémir dans fa fervitude, mais il ne pouvoit en fortir. C'est la grace dont Dieu veut que fes enfans fe fouviennent tous les ans dans la plus grande des folemnités de l'Eglife, & dont il leur renouvèle tous les jours la mémoire dans le facrifice de nos autels; afin qu'en fe représentant qui eft celui qui les a rachetés de leur fervitude, & quel, eft le tyran qui fe les étoit affujettis, ils aient de la reconnoîffance pour l'un & de l'horreur pour l'autre, & que fe tenant attachés à JESUS-CHRIST, comme à celui qui peut feul les conferver dans la liberté qu'il leur a acquife, ils craignent ce qui peut fes engager de nouveau fous la tyrannie du Démon. Mer

Mer rouge. Exod. 14.

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Haraon voyant que le peuple Juif étoit échapé d'entre
fes mains, & que les
trois jours qu'il avoit deman-
dés pour aller facrifier au défert, étoient déja paffés fans
qu'il retournât,
oublia
tant de plaies fi miraculeufes dont

il avoit été frapé; & fon endurciffement ordinaire lui
fit prendre la réfolution de les pourfuivre. Il affembla donc
fes fujets, que le defir de reprendre les vafes qu'ils avoient
prêtés, animoit à cette pourfuite. Lorfque les Ifraélites fe
virent dans ce péril, & dans un défert où ils ne voyoient
d'un côté
té que la mer, & de l'autre que l'armée de Pha-
raon, ce mal préfent leur fit oublier leur fortie fi mira-
culeufe & la providence avec laquelle Dieu les conduifoit
dans ce défert par une colonne de nuée durant le jour,

&

par une colonne de feu durant la nuit. Ils fe laifsèrent
donc aller au murmure; & ils demandèrent à Moïfe,
comme en lui infultant, s'ils euffent manqué de fépul-
cres dans l'Egypte, & s'ils avoient befoin de venir cher-
cher la mort dans ce défert. Moife les confola d dans cette
extrémité, & leur promit le
lorfque Pharaon approchoit,
mer, & fes eaux auffi-tôt fe
pour les enfans d'Ifrael.

fecours de Dieu. Et en effet,
Moife étendit fa main fur la
divisèrent, ouvrant un paffage
entrèrent dans cette route
G 4

nou

La même année 2513.

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