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DR

3

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même

année 2759.

Eux miracles fi fenfibles ayant confirmé en même La tems à Gédéon fa vocation à la conduite de tout le peuple, & la promeffe de la victoire fur les ennemis, il ne put plus refufer d'obéir aux ordres de Dieu, & de lui témoigner autant de promtitude à exécuter 'fes deffein's, qu'il avoit témoigné de retenue à les entreprendre, I affembla donc en peu de tems une prodigieufe quantité de peuple, & fe campa devant le camp des Madianites. Mais Dieu voyant ce grand nombre de Juifs affemblés, & prévoyant que ce peuple ingrat & préfomtueux attribueroit à la multitude de fes troupes une victoire dont il ne feroit redevable qu'à fa feule protection, il déclara à Gédéon, que fi tout ce peuple marchoit en bataille, il ne remporteroit point la victoire, & qu'il ne vouloit pas qu'Ifrael put dire que c'étoit par fa propre force, qu'il avoit défait les Madianites,on Gédéon fit donc publier d'abord dans tout le camp, que tous ceux qui feroient timides,& que l'approche des ennemis où l'appareil du combat pouroit effrayer, se retiraffent du camp & s'en retournaffent chez eux. Vingtdeux mille hommes furent râvis de cette propofition, & fe féparèrent des autres, dont il ne refta plus que dix mille.

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Mais ce nombre étant encore trop grand pour le deffein de Dieu, il commanda à Gédéon de les mener tous au Jourdain, où il lui promit de lui montrer ceux dont il devoit fe fervir. Lorfqu'ils furent venus au fleuve, Dieu dit à Gédéon, qu'il prît garde à ceux qui fans s'arrêter, prendroient vîte & feulement en paffant de l'eau du fleuve dans le creux de leur main, pour appaifer un peu leur foif, ou aux autres qui s'agenouilleroient afin de boire plus à leur aife. Il n'y en eut que trois cens de ces premiers; & Dieu dit à Gédéon, que c'étoit ces trois cens hommes qu'il devoit mener contre l'ennemi, parce qu'àvec eux il remporteroit la victoire. Gédéon s'appuya fur la parole de Dieu, duquel il attendoit tout. Il renvoya le refte du peuple, & ne retint avec lui que ce peu de monde qu'il mena hardiment contre les Madianites. Dieu voulut difcerner alors ceux qui à l'avenir feroient propres à fon fervice & dignes de combatre fes ennemis, d'avec ceux qui n'entreroient pas comme il le defire, dans cette milice fainte. Il nous fait voir ici combien le nombre de fes vrais foldats eft petit, puifque de trente-deux mille hommes il en rejète d'abord vingt-deux mille, & que des dix mille qui reftoient, il n'en retient que trois cens. La marque de leur élection eft qu'ils ne plient point le genou en prenant de Peau du fleuve, & qu'ils ne donnent que comme en paffant ce foulagement à leur foif. Dieu veut que fes foldats demeurent fermes & élevés vers le ciel, & qu'ils ne fe courbent vers la terre que le moins qu'il leur eft poffible. Comme étant hommes, ils font néceffairement obligés d'ufer de ce monde; il faut qu'ils en ufent comme s'ils n'en ufoient pas, felon la parole de faint Paul, & qu'ils fatisfaffent aux be foins les plus inévitables de cette vie qui s'écoule comme un fleuve, fans y avoir aucune attache, & fans retarder par ces actions paffagères leur courfe vers le ciel, où ils habitent déja de cœur. Ces perfonnes font toujours en petit nombre dans l'Eglife; mais c'eft néanmoins ce petit nombre qui en eft toute fa force, comme Dieu le montre ici, & qui combat pour elle contre les ennemis qui l'attaquent.

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Défaite

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Tant d'affurances de la victoire pouvoient fuffire à Gédéon,

La même

s'il n'eût plu à Dieu de lui en donner une dernière année 2759. preuve par la propre bouche de fes ennemis. Il lui commanda d'aller Jui feul durant la nuit dans leur camp, ou s'il craignoit d'y aller feul, de s'y faire accompagner de fon fils. Il lui promit que lorfqu'il y feroit, il entendroit de fes ennemis mêmes quel feroit l'évènement du combat. Gédéon fit ce que Dieu lui avoit ordonné. Il alla de nuit dans le camp des Madianites, où il entendit un foldat qui raportoit à fon compagnon ce fonge qu'il avoit eu. Je croyois voir, lui difoitil, comme un pain cuit fous la cendre, qui roulant dans le camp, & étant venu fondre contre une tente, la renverfée, & la brifée contre terre. L'autre lui répondit auffi-tôt, que ce fonge marquoit vifiblement l'épée de Gédéon à qui Dieu avoit livré les Madianites. Ce que Gédéon ayant oui, il s'en retourna auffi-tôt avec l'affurance que Dieu lui avoit promife; & il alla retrouver les fiens qu'il remplit de joie & de courage par le récit qu'il venoit d'entendre. Il partagea enfuite fes trois cens hommes en trois bandes, qu'il arma d'une ma nière auffi nouvelle, qu'elle étoit mistérieuse. Il voulut qu'ils priffent chacun une trompette dans une main, & dans l'autre un vafe vuide où il y eût une lampe; & que lorsqu'ils

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l'entendroient fonner de la trompette, ils fiffent tous auffi le femblable; qu'ils joigniffent à ce bruit des trompettes, des acclamations en difant à haute voix: Vive le Seigneur & Gédéon; & qu'ils brifaffent l'un contre l'autre les vafes où étoient leurs lampes ardentes. Auffi-tôt que Gédéon leur eut donné le fignal dont ils étoient convenus, ils firent retentir le fon de leurs trompettes dans tout le camp des Madianites qu'ils environnoient. En même tems ils brisèrent ces vafes de terre qu'ils avoient dans l'autre main; & ils élevèrent la lampe qui y avoit été cachée. Ils fe tinrent ainfi fermes dans le poste où Gédéon les avoit placés; & ils crièrent à haute volx: pee du Seigneur & de Gédéon. Tout le camp des Madianites fe trouva faifi de trouble & d'épouvante; & par un effet miraculeux de la puiffance de Dieu, ils tournèrent leurs épées contre eux mêmes & s'entretuèrent. Ce fut ainfi que les Madianites furent humiliés par les Juifs, ou plutôt par la puiffance de Dieu même. Plus cette manière de combatre eft extraordinaire, dit fain: Grégoire, p plus il eft vifible qu'elle nous marque quelque miftère caché. Car qui jamais a été fans armes à la guerre; & qui n'a oppofé que des vafes de terre à la violence des ennemis? On auroit même fujet de croire, dit ce faint Père, que cette entreprise auroit été ridicule, fi on n'eût vu par la fuite, qu'elle jeta l'épouvante dans le cœur des Madianites. Mais Dieu nous vouloit apprendre alors, que les foldats de la loi nouvelle ne réfifteroient point à leurs ennemis par la force de leurs armes; mais qu'en fonnant feulement de la trompette & en brifant leurs vafes de terre, ils en deviendroient victorieux. Car ces vafes de terre repréfentoient la foibleffe de nos corps; & JESUSCHRIST marqué par Gédéon, ne veut avec lui pour foldats, que ceux qui méprifent leur chair, & qui furmontent leurs ennemis en mourant, comme le Sauveur a fait lui-même. La mort pour eux n'eft que le brifement d'un vafè de terre; & ce vafe que l'on méprifoit, étant brife, on ne voit plus qu'une lampe éclatante qui donne de la terreur à ceux qui les perfécutoient. C'eft ce qui eft arrivé aux faints Martirs. Après avoir domté par leur patience toute la fureur des Tyrans, l'éclat de leur vertu & de leurs miracles a paru enfuite. Ceux qui les méprifoient, ont commencé à les révérer; & ils font devenus enfin les adorateurs de la fouveraine vérité, après avoir été les meurtriers de ceux qui l'avoient fi faintement & fi généreufement défendue.

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Mort

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GEdéon étant mort, après avoir gouverné le peuple très

L'An du monde 2768.

faintement, laiffa foixante & dix fils qu'il avoit eus de Avant J. C. plufieurs femmes. Mais un autre de fes fils, nommé Abime- 1236, lech, qu'il eut d'une femme de Sichem, excita d'étranges défordres après la mort de fon père. Il gagna d'abord les Sichimites par fa mère & par fes parens; & il leur fit repréfenter qu'il leur valoit beaucoup mieux qu'il régnât lui feul, que non pas les foixante & dix enfans de Gédéon, qui étoient fes frères. Les Sichimites le crurent. Ils le choifirent pour leur Roi; & ils lui donnèrent une grande fomme d'argent dont Abimelech fe fervit pour lever promtement quelques vagabonds qu'il mena avec lui au pays de Gédéon, où il tua fes foixante & dix frères, excepté le dernier de tous nommé Joa than qui fe fauva heureufement de la fureur d'Abimelech. Lorfque ce jeune Joathan eut appris que les Sichimites s'étoient affemblés dans la campagne pour fe réjouir du choix de leur nouveau Roi, il parut tout-d'un coup fur le haut d'une montagne d'où il éleva fa voix pour leur reprocher leur ingratitude. Il ufa du difcours figuré des arbres d'une forêt, qui pour s'élire un Roi, s'adrefsèrent d'abord à l'Olivier, puis au Figuier, & enfuite à la Vigne, fans que ces arbres excellens vouluffent accepter cette offre. Ils s'adresserent enfin àl'épine

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