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SAmfon s'étant vu trompé par fa femme qui avoit tiré de

lui, par fes careffes, un fecret qu'elle avoit auffi tôt découvert aux autres, lui témoigna fon indignation de cette perfidie. Il la quitta en colère, & donna lieu à fes parens de s'imaginer qu'il avoit rompu avec elle. Dans cette perfuafion, ils marièrent cette femme avec un autre homme. Et lorfque Samfon, quelque tems après, fut revenu pour la voir, le père de cette femme vint effrayé au-devant de lui, & lui avoua qu'ayant cru qu'il avoit rompu avec elle, il avoit marié fa fille à un autre; mais qu'il avoit fa four puînée, & qu'il la pouvoit époufer. Samfon ne reçut point cette excufe. Il protefta qu'après cet outrage que les Philiftins lui avoient fait, ils feroient eux-mêmes à l'avenir caufe de tout le mal qui leur en arriveroit. Il fe vangea d'abord de ce peuple d'une manière bien extraordinaire. Il prit trois cens renards, les lia par la queue l'un à l'autre, leur attacha un flambeau, & les lacha au milieu des blés des Philiftins, qui furent réduits en cendres. Les Philiftins regrettèrent étrangement cette perte, & voulurent favoir qui en avoit été l'auteur. Ayant appris que c'étoit Samfon, & fachant le fujet pour lequel il les avoit traités de la forte, au-lieu de s'en vanger fur lui, ils tournèrent toute leur fureur contre fon beau-père & contre

La même année 2867.

la femme qu'il avoit époulée; & ils les brûlèrent. Samfon ne fe crut pas affez vangé; il ajouta à la mort de ces deux perfonnes celle de beaucoup de Philiftins; & les principaux d'entr'eux, réfolus enfin de ne plus ioufrir cette violence, affemblèrent trois mille hommes afin de perdre Samfon. Ceux de la Tribu de Juda étant effrayés de ces troupes demandèrent aux Philiftins pourquoi ils armoient contre eux; & ils leur promirent, pour les appaifer, de leur livrer Samfon lié. Mais lorfqu'ils le menoient lié de deux groffes cordes; & que les Philiftins jetoient déja des cris de joie, comme étant maîtres de lui, il rompit ces cordes avec la mème facilité, que fi ce n'eût été qu'un filet; & avec la mâchoire d'un âne, qu'il trouva par terre, il tua mille Philiftins. L'ardeur de ce combat lui caufa une foif extrême; & il pria Dieu de fecourir, dans un befoin fi preffant, celui qu'il venoit de fauver de tant d'ennemis. Dieu exauça fa prière. Il ouvrit une des dents de cette mâchoire, & la

une fource d'eaux vives qui gea par fa puiffance en

rendirent fes forces. Samfon

fut reconnoiffant de ce miracle; & il voulut même que ce lieu en fût comme un monument éternel, par le nom qu'il lui en donna. Ces évènemens merveilleux ont été le fujet ⚫de la méditation & de l'admiration des faints Pères qui les ont confidérés avec l'œil de la foi & de la piété; au-lieu que les gens du monde qui n'ont que des yeux humains, & qui jugent charnellement des chofes les plus faintes & les plus fpirituelles, bien-loin de s'édifier de la lecture de ces histoires facrées, en prennent quelquefois fujet d'un divertiffement profane & injurieux à la parole de Dieu. Le grand faint Grégoire n'a pu se laffer d'admirer dans cette figure,comment JESUS CHRIST, le véritable Samfon, a défait fans armes les ennemis de fa vérité, & ne leur a oppofé que la fimpli cité de quelques pêcheurs, comme Samfon n'oppofa que la mâchoire d'une bête morte, à une armée de Philiftins. Cependant cette fimplicité & cette patience des Saints, étant conduite par la main de Dieu, a défait ce qu'il y avoit de plus terrible dans les hommes & dans les Démons. Les humbles ferviteurs de JESUS-CHRIST étant, comme lui, obéissans & patiens jusqu'à mourir avec joie pour fon service font devenus, après leur mort, des fources d'eaux vives, & le principe d'une infinité de graces que Dieu a répandues par eux fur toute l'Eglife,

Porte

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Samfon

2

Amfon ayant défait mille Philiftins d'une manière fi miraculeuse, fembloit devoir arrêter à l'avenir toute leur fureur, & les empêcher de former encore co contre lui quelque nouvelle entreprife. Mais comme leur guerre contre Samfon repréfentoit la guerre querre future des Démons contre JESUS- CHRIST & contre fon Eglife fainte, il faloit que les perfécutions toujours nouvelles de ces ennemis violens nous marquaffent l'opiniâtreté de la guerre que les Démons nous devoient faire, & cette attache cru elle qu'ils ont à nous perfécuter, fans fe rebuter jamais de la victoire que Dieu nous donne fur eux. Les Philiftins donc, bien loin de laiffer Samfon en repos, au moins par la confidération de leurs propres intérêts, étoient aucontraire toujours attentifs à lui tendre de nouveaux piéges, & à découvrir les moyens de le faire tomber fous leur puiffance. Lorfqu'ils étoient dans cette recherche, & qu'ils obfervoient toutes les démarches de Samfon, ils reconnurent un jour qu'il étoit allé dans la ville de Gaza. Dès qu'ils en furent avertis, ils ne perdirent point de tems; & leur haine redoublant leur viteffe, ils s'affem. on très. blèrent en • peu d'heures; & ils environnèrent cette ville de toutes parts. Ils mirent un grand nombre de

foldats

L'An du monde 2880. Avant J. C. 1124.

foldats à la porte; & ils réfolurent entr'eux de demeurer la nuit autour de la ville dans un grand filence, afin que lorsqu'il en fortiroit le matin, ils le tuaffent fans aucune peine. Pendant que tant de Philiftins travailloient ainsi la nuit pour prendre un feul homme, Samfon dormoit paifiblement fans favoir le péril qui l'environnoit. Mais lorfqu'il en fut averti, il fe leva au milieu de la nuit, alla fans rien craindre à la porte de la ville, qu'il arracha avec fes ferrures & fes poteaux. Il les mit eniuite fur fes épaules, & les emporta fur le haut d'une montagne, après avoir passé au travers de ceux qu'on avoit mis en embuscade pour l'observer, qu'il laiffa épouvantés de ce qu'ils voyoient. Ainfi toutes les espérances des Philiftins furent encore une fois trompées; & ils & ils virent, comme auparavant, retourner à leur confufion tous les deffeins qu'ils avoient formés pour perdre un feul homme. Cette figure, dit faint Grégoire le Grand, eft trop vifible pour ne pas C'eft

reconnoître qu'elle marq JESUS-CHRIST.

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Mais ce véritanuit par fa ré

que ses ennemis ayant perfécuté pendant toute fa vie, ont enfin mis dans un tombeau qu'ils ont même environné de gardes, comme les Philiftins alors environnèrent Gaza, lorfque Samfon y dormoit paisiblement. ble Samfon s'eft réveillé au milieu de la furrection glorieuse; & fe délivrant de ce lieu où fes ennemis le tenoient enfermé, non-feulement il en eft forti libre lui-même, fans pouvoir être jamais affujetti à la mort, mais il a encore rendu les hommes libres en détruifant la mort dont il a brifé les portes & les ferrures, comme l'Eglife fainte le marque dans fes actions de graces, & les a portées jusqu'au haut de la montagne, c'est-à-dire, jufques dans le ciel que la Réfurrection du Sauveur a ouvert aux hommes, & où fes membres espèrent tous de le fuivre.

Mort

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de 2885. Avant J. C. 1119.

Leût été à fouhaiter que Samfon eut eu autant de force L'an du monpour réfifter à une femme, qu'il en avoit eu pour dé. chirer les Lions, & pour s'oppofer lui feul à des armées entières. Mais les artifices de Dalila furent caufe de la mort du plus fort de tous les hommes; & il trouva dans fes careffes & dans fes larmes le malheur qu'il avoit évité en tant de rencontres. Car les Philiftins ayant remarqué que Comfor alloit fouvent chez Dalila, ils lui promirent une grande fomme d'argent, fit elle pouvoit favoir de Samfon en quoi confiftoit fa force. Samfon fe joua d'abord de cette femme: il lui dit que pour le rendre femblable aux autres hommes, il faloit le lier avec des cordes neuves,ou avec d'autres liens; ou qu'il faloit lui attacher les cheveux autour d'un morceau de bois; ce qui n'étoit que des défaites dont il fe fervoit pour fe délivrer de fon importunité. Mais Dalila fefant à chaque fois l'épreuve de ce que Samfon lui avoit dit, reconnut qu'il la jouoit. Elle fut touchée de ce refus; & elle ne put s'en vanger autrement que par des reproches & par des larmes. Samfon ne put réfifter aux plaintes & aux prières dont elle l'importunoit jour & nuit; & il lui découvrit enfin la vérité. Il lui dit que le fer n'avoit jamais paffé fur fa tête; & que fi on le rafoit, toute fa force s'en iroit avec fes cheveux. Dès qu'elle eut fu ce

ecret

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