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Prince, & qu'il y eut vu les menaces effroyables que Dieu y prononce contre ceux qui s'écarteroient de fa Loi, il déchira fes vêtemens, en confidérant les maux que l'impiété de leurs pères avoient attirés fur eux Il envoya confulter fur ce fujet une Prophéteffe nommée Olda, qui l'affura que toutes ces punitions arriveroient; mais que Dieu le laifferoit mourir en paix: Parce lui dit elle, que vous avez our tou les paroles de ce livre; que votre cœur en a été touché; que vous vous êtes humilié en la préfence de Dieu; que vous avez tremblé devant lui, & répandu vos larmes devant fes yeux, il yous a écouté; & il diffèrera de faire éclater fes vengeances fur les profanateurs de fa loi, jufqu'à ce que vous foyez enféveli dans le fépulcre que vous vous êtes préparé, Jofias ayant reçu cette réponse, fit affembler tout le peuple dans le Temple, & lui même leur lut tout ce qui étoit contenu dans ce livre. II protefta enfuite qu'il s'engageoit de tout fon cœur à obéir à toutes les ordonnances qui y étoient écrites; & il & il conjura tous ceux qui étoient préfens, de les obferver avec grand foin. Il obtint cela d'eux en effet; & fes puiffantes exhortations jointes à fon exemple, firent que tout fon peuple demeura fidèle à Dieu jufqu'à fa mort, qui lui arriva d'une bleffure qu'il reçut en combatant contre Néchao Roi d'Egypte. Dieu fe hatoit, dit faint Ambroife, de tirer promtement ce Prince de ce monde, pour lui épargner les maux qu'il alloit faire pleuvoir fur la terre: parce qu'il ne devoit pas furvivre davantage à cette gloire qu'il s'acquit fi juftement par le zêle qu'il témoigna plus qu'aucun Roi qui l'eût précédé, à célébrer une Pâque très folennelle avec une très-fincère piété. L'exemple de ce Roi doit bien avertir les Princes de mettre leur principal foin à s'inftruire de la Loi de Dieu, puifque l'Ecriture elle-même attribue tout le bonheur de Jofias à l'humble foumiffion avec laquelle il écouta tout ce que Dieu avoit commandé par Morfe dans le Deutéronome, qu'il fit trouver miraculeufement au tems de ce Prince. Mais en li ant l'Ecriture, ils la doivent lire comme Jofas, c'est-àdire, dans le deffein de l'accomplir. Car ils doivent confidérer comme fit ce Roi fi religieux, qu'il feroit peu jufte & peu raisonnable, qu'en voulant que la moindre de leurs paroles foit fi religieufement obfervée, ils n'euffent pas pour les ordonnances de Dieu le même refpect, qu'ils exigent pour les leurs de l'obéiffance de leurs fujets.

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L'An du

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E Roi Joffas étant mort, & pleuré de tout le monde, Shellum, autrement Joachas, le plus jeune de fes fils, fut'mis monde 3394. Avant J.-C. par le peuple en fa place. Mais Néchao Roi d'Egypte, au retour de la guerre qu'il avoit entreprife contre lesAffyriens,étant entré dans Jérufalem,le dépofa,& l'ayant chargé de chaînes, l'emmena aveclui en Egypte:& ayant impofé de grands tributs à la Judée, il fit régner au-lieu de lui,fon frère qui s'appeloit Eliakim, à qui il donna le nom de Joakim. Ce Prince régna douze ans. Il eut fous fon règne quantité de grands Prophêtes; & cependant il tomba dans toutes fortes de crimes. Lorfque la prophétie de Jérémie lui fut montrée, où il lui prédifoit les malheurs qui le menaçoient, il la déchira d'un canif & la jeta au feu, Mais Dieu commanda au Prophête de récrire ces mêmes menaces dans un autre volume, & d'y en ajouter encore plufieurs autres. Ce fut la quatrième année de fon règne,que Nabuchodonofor vint affiéger Jérufalem. Il prit ce malheureux Roi & le chargea de chaînes pour l'emmener à Babylone. Et c'eft de-là que l'on doit commencer à compter les 70 années de la captivité. Néanmoins il le relâcha depuis, fe contentant de lui impofer un grand tribut. Mais s'étant révolté au bout de trois ans, il fut enfin pris par les Chaldéens, qui le tuèrent & le jetèrent fans fé- L'An 3495. pulture. Son fils Joachim, autrement nommé Jéchonias, qui fut auffi méchant, lui fuccéda. Nabuchodonofor le vint encore

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L'An du monde 3398. Avant J. C.

606.

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prendre & l'emmena en Babylone avec fa mère, fes femmes, fes enfans, les Grands de fa Cour, & dix mille hommes de Jérufalem. Ce fut alors qu'il prit tous les trésors du Temple, & les vafes facrés que Salomon avoit fait faire. Il établit Roi aulieu de Joachim, Sédécias fon oncle. Sédécias fans refpecter Jérémie, comme remarque l'Ecriture, qui lui parloit de la part de Dieu, & qui ne fe laffoit point de lui donner des avis trèsutiles, continúa toujours de vivre dans fes impiétés ordinaires. Son peuple fuivit fon exemple; & s'abandonnant à la licence, il commit toutes les abominations des pa lens, fans vouloir écouter les avertiffemens que Dieu leur fefoit donner tous les jours par fes ferviteurs. Ils fe railloient, dit l'Ecriture, de ceux qui Jeur parloient de la part de Dieu; ils méprifoient tout ce qu'ils difoient, & ils fe jouoient infolemment des Prophêtes. Cette conduite alluma contre eux la colère du Seigneur; & il résolut de s'en vanger fans faire aucune miféricorde. Lors donc que Sédécias étoit fur la fin de la dixième année de fon règne, Dieu fufcita contre lui Nabuchodonofor, qui ne penfant qu'à vanger ses injures particulières, vangea en effet celles de Dieu. Le fiége de Jérusalem qu'il tint fi long-tems environnée de toutes fes troupes, la réduifit à une famine effroyable; & après deux ans de fiége, on donna à la ville un grand affaut & on y fit brèche. Ce fut alors que tous les Juifs parurent dans une grande confternation. Tout ce qu'il y avoit de gens de cœur s'enfuirent pendant les ténèbres de la nuit; & Sédécias lui-même se sauva par une porte secrète. Mais Nabuchodonofor l'ayant fait poursuivre, on l'attrapa près de Jéricho. On le me, na devant le Roi de Babylone, qui par un ordre bien cruel exécuta l'arrêt que Dieu avoit invifiblement prononcé contre ce Prince. Car il fit tuer en fa préfence fes deux enfans; & après ce ípectacle fi funefte il lui fit crever les yeux à lui-même, le chargea de chaînes & le mena en cet état à Babylone. Nabuchodonofor envoya enfuite Nabuzardan à Jérufalem, pour achever d'en amener tout le peuple, d'en piller toutes les richesses qui pouvoient y être reftées, de brûler le Temple,le palais du Roi,& toutes les maifons, & d'abatre toutes les murailles, ne laiffant que très peu de gens pauvres dans le pays, pour avoir foin de cultiver les champs & de travailler aux vignes. Ce fut-là l'état funefte où fut réduite Jerufalem pour les péchés de fon Prince & de fon peuple. Le Prophète Jérémie le décrit d'une manière fi vive dans fes lamentations, qu'il faut être bien-dur pour n'en être pas touche, & il fait bien voir que c'eft s'attrifter faintement & s'affliger heureufement,comme dit faint Auguftin, que d'avoir une grande compaffion des défordres & des châtimens des pécheurs au même tems qu'on a une horreur & une extrême averfion du péché même. Joa

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T

587

Out le royaume de Juda ayant été détruit par les L'An du Babyloniens, les Juifs demeurèrent dans cette dure monde 3417. captivité durant les foixante & dix ans qui avoient été Avant J. C. prédits par les Prophêtes. Dieu qui ne punit les hommes qu'à regret, avoit long-tems auparavant menacé fun peuple de cette dure fervitude, afin qu'il évitât d'y tom. ber. Jérémie en avoit fouvent parlé, & avoit mieux aimé s'expofer aux perfécutions des Grands qui le regardoient comme leur ennemi, que de ne pas donner aux Juifs des avis qui leur pouvoient être fi utiles. Il les avertit longtems auparavant de prendre garde lorfqu'ils feroient captifs en Babylone, de ne pas imiter les mœurs de ces peuples, mais de demeurer fermes dans le culte du vrai Dieu qu'ils avoient appris de leurs pères; & il les confola dans cette affliction, en leur promettant très-certainement que Dieu les en délivreroit au tems qu'il avoit marqué. Ce faint Prophête ayant trouvé grace auprès de Nabuzardan Géné ral de l'armée de Nabuchodonofor, qui avoit donné des ordres très-particuliers pour fa confervation, & étant libre de choifir d'aller à Babylone pour y vivre en paix, aima mieux demeurer en Judée pour confoler le peu de egens qui y étoient demeurés, 11 donna de bons avis à Godo

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L'An du

monde 3442. Avant J.C. 562.

lias, qui avoit été établi par Nabuchodonofor pour avoir
autorité fur ce peuple qu'il laiffoit dans la Judée. Mais
Godolias ayant négligé tout ce qu'on lui a
lui avoit dit de la
conspiration d'Ifmael, fut tué par ce féditieux en Maf-
phat avec tous ceux qui l'accompagnoient. Le reste des
Juifs qui étoient en Judée, craignant la fureur du Roi de
Babylone lorfqu'il fauroit la mort de Godolias qu'il y
avoit établi lui-même, voulut chercher fa fureté en
fuyant dans l'Egypte. Jérémie fit tout ce qu'il put pour
s'opposer à ce deffein, & protefta toujours qu'il ne leur
arriveroit point de mal s'ils demeuroient dans la Judée,
au-lieu qu'ils péritoient miférablement s'ils s'en alloient
dans l'Egypte. Mais il ne fut point cru de ce peuple;
ils s'opiniâtrèrent à vouloir aller chez les Egyptiens. Alors
Jérémie & Baruch fon difciple voyant qu'il n'y avoit pas
moyen de les en détourner, aimèrent mieux les y accom-
pagner que de les abandonner. Et y étant arrivés, ils pré-
dirent que le Roi de Babylone alloit perdre l'Egypte com-
me il avoit détruit la Judée. Pendant que ce peuple, au-
trefois fi chéri de Dieu, foufroit tant de maux en trois
royaumes différens, de Babylone, d'Egypte & de Judée,
fans qu'il parût aucun effet de la miféricorde de Dieu
fur lui, & fans autre confolation que celle que lui donnoit
l'efpérance de la fin de cette fervitude au bout des foixante.
& dix ans, il arriva dans Babylone un évènement qui les
confola un peu. Car Nabuchodonofor, dont Dieu s'étoit
fervi comme d'un fléau pour châtier les autres, étant en-
fin mort lui-même, fon fils Evilmerodach lui fuccéda, &
auffi tôt tira de prifon Joachim Roi des Juifs, que Nabu-
chodonofor avoit autrefois amené captif à Babylone avant
Sédécias leur dernier Roi. Ainfi ce Prince, après trente-
fept ans de prifon, en fortit enfin par la clémence de ce Roi.
I remonta en quelque forte fur le trône; il eut part au
bonheur d'Evilmérodach, & il mangea à fa table tout le
refte de la vie. Il paffa de l'extrémité de la misère dans
un état de bonheur qui lui fit fouvenir qu'il avoit été Roi
autrefois, & qui donne lieu d'adorer la conduite de Dieu
fur les Princes, qu'il abaiffe & qu'il élève quand il lui
plaît, & qui donne ou à leur profpérités ou à leurs ad-
verfités les bornes qu'il a marquées, ou par fa miféricorde
ou par fa juftice.

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Le

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