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LA

rétablir 2

A colère de Dieu fur le peuple Juif étant enfin fatisfaite, & les foixante & dix années qu'il avoit m marquées pour captivité, étant écoulées, il voulut, pour Judée par Cyrus, le rendre maître de tout l'Orient, & le faire affeoir fur le trône des Rois de Babylone. Ce Prince permit aux Juifs de s'en retourner à leur pays. Il tira du tréfor des Rois de Babylone tous les vafes du Temple, qu'on y avoit tranfportés ; & les Juifs marchèrent au nombre de quarante-deux mille perfonnes, fous la conduite de Zorobabel. Ils jetèrent les fondemens du Temple avec de grands cris, mais qui avoient des caufes bien contraires; les uns fe réjouiffant, dit l'Ecriture, de voir bâtir un nouveau Temple, & les anciens pleurant en fe fouvenant du premier. Le peuple de Samarie ne put foufrir cette joie: ils follicitèrent fortement toutes les puiffances; & ils empêchèrent cet édifice, qui demeura interrompu jufqu'à la feconde année du règne de Darius Hyftafpes. Alors Aggée & Zacharie, Prophêtes du Seigneur, ayant exhorté les Juifs à recommencer cet ouvrage, ils le firent fans craindre, ceux qui s'y oppofoient. Darius ordonna qu'on achevât le Temple, & fournit même tout ce qui étoit néceffaire à cette dépense;

&

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& quatre ans après il fut achevé. Ce Roi idolâtre eut foin
même d'envoyer Efdras à Jérusalem pour y enfeigner la
Loi de Dieu; & ce faint homme ayant ordonné un grand
jeûne à tous les Juifs qui étoient à Babylone pour offrir
à Dieu ce voyage, vint à Jérufalem avec un grand nom-
bre de peuple. Il y apprit avec douleur que les Juifs qui
y
étoient arrivés avant lui, avoient contracté des maria-
ges indifféremment avec les peuples idolâtres; & il leur
fit voir dans une grande affemblée combien cette action
étoit contraire à la Loi de Dieu. Il leur parla avec tant
de force fur ce fujet, qu'ils réfolurent tous d'un commun
accord de renvoyer ces femmes étrangères, & de n'avoir
plus aucun commerce avec les nations idolâtres. Cette al-
liance que les Juifs firent alors avec des femmes étran-
gères, marque très-bien, felon les faints Pères, ce qui
fe paffe aujourd'hui parmi les Chrétiens, qui ne vivent
pas felon la qualité d'enfans de Dieu & de membres de
JESUS-CHRIST, qu'ils ont reçue dans le batême.
Car il s'en trouve plufieurs qui s'allient enfuite avec des
femmes étrangères, c'est-à-dire, avec les paffions du fiè-
cle, qui font les'ennemies de JESUS CHRIST, & qui
s'emparent de notre cœur pour fe faire adorer au-lieu de
lui. Et comme il eft marqué que les enfans de ces fem-
mes étrangères que les Juifs avoient épousées, confon-
doient la langue Juive avec celle d'Azot & de Moab, &
mettoient des mots tantôt de l'une & tantôt de l'autre ;
ainfi ces perfonnes veulent vivre tout enfemble de l'Esprit
de JESUS-CHRIST & de celui du monde. Ils veulent
obéir à tous les deux, & parler le langage de l'un &
de l'autre. Mais comme Efdras fit voir alors aux Juifs
qu'ils ne pouvoient être le peuple de Dieu fans rompre
abfolument ces alliances avec des femmes qui étoient fes
ennemies; ainfi les Chrétiens doivent reconnoître cet Ora-
cle de l'Evangile: Qu'il eft impoffible de fervir deux
maîtres: que Dieu ne foufre point de partage dans le cœur
humain, qu'il veut pofféder entièrement; & que celui
qui fe donne à fon ennemi en partie, & ne veut être à
lui qu'à demi, n'y eft point du tout.

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Jérufalem

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AP

Ce

Près que Zorobabel & Efdras eurent commencé de rendre à Jérufalem quelque forme de ville; qu'ils eurent bâti le Temple & réglé les mœurs des Juifs en rétabliffant la fainteté des mariages, ils furent fecondés dans ce zêle fi louable pour les intérêts de Dieu & de fon peuple, par Néhémias qui étoit Juif, mais trèsconfidéré dans s toute la maifon du Roi Artaxerxès. faint homme s'informant très-particulièrement de l'état où étoit Jérufalem, & en demandant des nouvelles à tous ceux qui en revenoient, fut touché jufqu'au fond du cœur lorfqu'il apprit q quelle étoit la ruine de c cette ville & la deftruction de fes murailles, Sa charité fentit de loin les maux qu'il ne voyoit pas, & la trifteffe qu'il cachoit dans fon cœur étoit peinte fur fon vifage. Le Roi la reconnut lorfque Néhémias, felon l'obligation de fa charge d'Echanfon, lui donnoit à boire à table. Il lui en demanda la caufe, & Néhémias la lui avoua fincèrement, & le conjura de lui permettre d'aller revoir encore une fois

la ville où repofoient fes pères. Le Roi lui ayant accordé C'eft de cette fa demande, Néhémias le fupplia de lui permettre auffi Ordonnance de rebâtir les murs de cette ville & d'en rétablir les tours. que ie prend Ce qui lui fut encore accordé par ce Prince, qui fit une 70 femaines

Ordon

le terme des

née l'an 20 du

de Daniel.Or Ordonnance exprès pour cela & donna tous les ordres néelle fut don- ceffaires, demeurant d'accord avec Néhémias du tems après règne d'Arta lequel il reviendroit le trouver. Lorfque Néhémias fut xerxès, du à Jérufalem, il garda un grand fecret, & vifiter les lieux lui-même durant

monde 3550. Avant J. C.! 454.

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réfolut de nuit, ne prenant qu'un fort petit nombre de perfonnes avec lui, afin de ne faire aucun éclat. Et après avoir reconnu l'état des murs de la ville, il affembla les principaux de Jérufalem, & leur dit fa réfolution & la permiffion que le Roi lui avoit donnée. On commença auffi-tôt cet édifice avec une ardeur prodigieufe. Mais les ennemis de ce peuple n'avoient garde de foufrir l'avancement de cet ouvrage fans ipal d'entre eux, fous'y oppofer; & Sanahallat, le principal leva les Samaritains & tous les autres peuples d'alentour pour traverfer cet édifice, Néhémias en fut percé jufqu'au fond du cœur; mais il ne perdit point courage. II oppofa fa vigilance à leurs embûches, la force à leurs violences; & ce fut en cette rencontre qu'on vit pour la première fois des hommes tenir la truelle d'une main & l'épée de l'autre, pour être toujours prêts à combatre ceux qui viendroient troubler leurs travaux. Enfin il acheva fon entreprife; & les murs de Jérufalem furent entièrement rétablis. Ce Saint a été une excellente image de la manière avec laquelle les Chrétiens doivent travailler à l'œuvre de Dieu. Il s'eft trouvé dans l'état où faint Paul fe préfente lui-même, lorfqu'il dit qu'il ne voit que combats au-dehors & craintes au- -dedans. Car il avoit à combatre au-dehors les ennemis du peuple de Dieu, & au-dedans des Prophêtes intéreffés qui s'étoient vendus à ces étrangers, comme il le dit lui-même, pour lui remplir l'efprit de frayeurs, afin que fuccombant fous tant d'obstacles qui fe présentoient à lui, il manquât de fidélité à Dieu, & qu'il abandonnât fon ouvrage. Mais tous ces efforts & ces artifices ne le purent abatre. repouffa la violence ouverte; il découvrit les piéges ca chés; & il allia parfaitement dans fa conduite la fermeté de courage avec une lumière de fageffe, qui fut s'éloigner autant d'une timidité indifcrète que d'une chaleur précipitée.

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L

E faint homme Tobie étoit Juif de la Tribu de Nephtali. L'Ecriture dit de lui, qu'il fut fage dès fon en fance, & qu'il ne témoigna jamais rien de puérile dans fes actions. Il ne fuivit point la foule du peuple pour adorer avec lui les veaux d'or que Jeroboam avoit élevés; mais il alloit à Jérufalem offrir à Dieu fes facrifices. Quand Dieu lui eut donné un fils, il eut un foin très- particulier de l'élever dans la crainte de Dieu; & il confidéra cette Tant de Occupation comme le premier de fes devoirs. vertus n'empêchèrent pas qu'il ne fût emmené captif en Ninive par Salmanafar Roi d'Affyrie, avec fa femme & fon jeune fils Tobie. Mais fa, captivité ne lui fit point abandonner la voie de Dieu; & il tâchoit de rendre à ceux de fon peuple qui avoient été emmenés captifs avec lui, tous les devoirs de charité qu'il leur pouvoit rendre. Dieu, qu'il fervoit fi fidèlement, lui fit trouver grace devant le Roi Salmanafar, qui lui donna la liberté d'aller par-tout où il lui plairoit dans fon royaume. Ce faint homme n'ufa de cette liberté que pour aller confoler les autres captifs, entre lefquels ayant trouvé en Ragès Gabélus qui étoit pauvre & de fa Tribu, il lui prêta fous une fimple promef fe, dix talens de l'argent que Salmanafar lui avoit donné avec une libéralité royale. Mais Salmanafar étant mort,

Senna

L'an du monde 3286. Avant J.C. 718. Tobie ayant alors quelque 40 ans.

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