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Es Rois des Affyriens étant nés pour être les fléaux

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de 3348. A. donofor, quoiqu'il foit différent du grand Nabuchodono-, vant J. C. for qui prit Jerufalem, comme on a vu ci-deffus, entre- 656. prit de l'affujettir toute à fon Empire, & de fe rendre le maître du monde. 11 choifit Holopherne pour commander fes armées, qui s'appuyant fur le nom & fur les forces de fon Prince, crut que rien ne lui étoit impoffible, & que tous les peuples devoient fe hâter de le prévenir, afin d'éprouver plutôt fa bonté que fa puiffance. 11 paffa comme un feu dans les Provinces, couvrit la terre de fes foldats & de fes chariots, jeta l'épouvante dans toutes les villes, pilla même celles qui fe rendoient, & fit paffer au fil de l'épée celles qui lui fefoient quelque réfiftance. Plus il avançoit fa marche, plus fa préfence intimidoit tout le monde; & on fe hatoit de toutes parts de lui envoyer des Ambaffadeurs pour s'affujettir à toutes les conditions qu'il demandoit, & le prier feulement d'épargner la vie. On le recevoit par-tout avec une profonde foumiffion. Mais quelque honneur qu'on lui rendît, on avoit bien de la peine à adoucir fa fierté, & à fe défendre des emportemens de fa colère. Les Juifs à ces nouvelles,

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ap.

appréhendèrent pour eux & pour le Temple; & l'exemple de tant d'autres leur fit juger combien étoit grand le péril qui les menaçoit. Quelques préparatifs qu'ils euffent faits, ils en reconnurent l'inutilité; & leur refuge fut la prière, le jeûne, & les larmes. Lorfqu'Holopherne eut appris que les Juifs ne penfoient point fe rendre, & qu'ils fembloient même fe difpofer à la guerre, il entra dans une colère étrange. Il voulut favoir quel étoit ce peuple qui étoit affez hardi pour fe préparer à fe défendre; & alors Achior, Général des Ammonites, qui s'étoit venu rendre à lui, fit un excellent difcours pour lui exagérer la grandeur du Dieu des Juifs, & les mervellles par lesquelles il avoit fait paroître fa puiffance dans tous les fiècles. Il l'affura que tant que te peuple fervoit fidèlement fon Dieu, il étoit toujours invincible; & qu'à moins qu'ils ne l'euffent irrité par quelque offenfe, il tenteroit inutilement de le forcer. Holopherne fe crut outragé par cette harangue. Il ne put retenir davantage fa fureur; & admirant qu'il y eût un homme affez infolent pour croire que perfonne pût résister au Roi fon maître, il commanda qu'on envoyât Achior lié dans Béthulie, afin que lorfqu'il l'auroit prife, il fût puni avec tous les Juifs, de la témérité avec laquelle il avoit ofé préférer la puiffance du Dieu des Juifs à celle de Nabuchodonofor. Achior vint apporter aux Juifs ces nouvelles effrayantes; mais ils le confolèrent, en lui difant qu'au-lieu qu'Holopherne l'avoit menacé de le faire mourir fi cruellement après avoir pris leur ville, ils espéroient au contraire que Dieu lui feroit voir la protection qu'il donneroit à fon peuple, & la ruine d'Holopherne.

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LA

A confternation où le peuple fut réduit, aux paroles La même d'Achior, fut bien encore plus grande lorfqu'ils vi- anneé 3348. rent Holopherne s'approcher de plus en plus avec une armée de fix-vingt mille hommes de pié, & vingt-deux mille chevaux. Ils fe jetèrent tous par terre, & reconnurent que leur fecours en cette extrémité ne leur pouvoit venir que du ciel. Holopherne ayant investi Béthulie & confidéré tous fes dehors, vit qu'elle n'avoit de l'eau que par un aquéduc qu'il fit couper, afin de les obliger par la foif à fe venir rendre. L'eau manqua en peu de jours dans toute la ville; ; & fes ha habitans penfoient déja à finir le tourment d'une longue foif en fe rendant à Holopherne, lorfque Judith fe préfenta à eux pour les confoler & pour relever leur courage. C'étoit une veuve d'une excellente vertu, qui avoit paffé les années de fon veuvage dans le fecret de fa maifon, toujours dans le jeûne & dans le cilice. Et s'étant depuis long-tems fortifiée par ces faints exercices, elle fe fentit, dans cette extrémité de fon peuple, pouffée d'un deffein qui ne pouvoit venir que de Dieu. Elle fit appeler les Prêtres; elle les fit venir chez elle, & après leur avoir reproché leur peu de confiance en Dieu, elle leur déclara qu'elle

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ayoit un deffein, mais qu'elle ne le leur diroit pas, & qu'elle leur recommandoit feulement de prier pour elle pendant qu'elle feroit hors de la ville. Lorfque ces Prê, tres fe furent retirés, elle entra dans fon oratoire & foupira long-tems devant Dieu, profternée en tetre; & s'étant relevée enfuite, elle fe para de tous fes ornemens qui ajoutèrent à fa beauté naturel un nouvelle éclat, que Dieu même voulut encore augmenter à caufe de l'ufage faint qu'elle en voulut faire. Elle fortit enfuite de Béthulie, tout le monde la regardant avec admiration, mais ne lui ofant parler. Lorfqu'elle fut hors des portes de la ville, les foldats d'Holopherne voyant une femme d'une fi excellen, te beauté, la menèrent à leur Général. Holopherne fut furpris en voyant Judith; & pendant qu'il admiroit la grace de fon vifage, elle le trompa par la fageffe de fes paroles, & lui dit qu'elle avoit fui de fa ville, parce. qu'elle favoit combien Dieu étoit offenfé contre fon peuple, & qu'il l'avoit abandonné à la puiffance de fes ennemis. Holopherne enivré de fa paffion, crut aveuglément tout ce que cette femme lui difoit, & donna charge qu'on la traitât parfaitement bien. Mais Judith lui déclara qu'elle ne pouvoit toucher à toutes les viandes impures, & qu'elle s'étoit fait apporter par fa fervante celles dont elle pouvoit manger. Et elle obferva ainfi exactement la Loi de Dieu, lors même qu'elle étoit feule au milieu de fes ennemis.

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Mort

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L

La même

A paffion qu'Holopherne avolt pour Judith, s'augmen-
tant toujours, il voulut qu'elle vint fouper avec lui, année 3348.

& qu'enfuite on les laifsât feuls. Judith qui avoit fon
deffein dans le cœur, & une ferme confiance en Dieu,
alla fans rien craindre trouver Holopherne, qui crut lui
rendre un grand honneur en s'enivrant devant elle. Tous
les Officiers s'étant retirés, & Judith fe voyant feule aves
cet homme ivre, ne penfa plus qu'à exécuter fon deffein.
Elle fe tint debout quelque tems, & pria Dieu en filen-
ce. Elle le conjura d'armer fon bras de force en cette ren-
contre & étant pleine d'un zêle divin, elle s'approcha
de la colonne du lit où pendoit le fabre d'Holopherne, le
tira du foureau, & jetant les yeux au ciel d'où elle atten-
doit fa force, elle prit Holopherne par les cheveux, & de
deux coups lui coupa la tête, la prit, l'envelopa dans
fon pavillon enrichi de diamans, qu'elle arracha des co-
lonnes qui le foutenoient, & la donna à fa fervante qu'elle
avoit mise en fentinelle à la porte. Elles s'en allèrent en-
fuite toutes deux au travers des gardes pour prier, felon
leur coutume, dans la campagne qui environnoit la ville.
Judith étant près des portes, cria qu'on les lui ouvrît. On la
regut aux flambeaux; & toute la ville étant venue au-
devant

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