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L'An du

152.

les cruautés ni la perfidie; & il eut plus de panchant pour Alexandre. Ce Prince l'établit dans la fouveraine Sacrificature; & monde 3852. Avant. J. C. ayant remporté une très-grande victoire fur Démétrius qui fut tué dans la bataille, il voulut voir Jonathas, & le pria de le venir trouver à Ptolémaïde, où il s'étoit rendu pour époufer Cléopâtre fille du Roi d'Epypte. Jonathas y vint, & fit voir à ces deux Rois qu'il n'étoit pas moins magnifique que généreux par les préfens qu'il leur fit. Alexandre agréa fes préfens, & il ne voulut point écouter fes ennemis; il le fit habiller de pourpre, & il l'éleva dans une telle gloire, qu'il couvrit de confufion tous ceux qui étoient venus pour l'accufer. Après que Jonathas fut retourné en Judée, Démétrius fils aîné de Démétrius Soter qui avoit été tué dans la

L'An du monde 3861.

nathes avoit abandonataille, irrité de ce que Jo

alliance pour fe joindre avec Alexandre, enyoya contre lui Apollonius, qui le traita var fes lettres avec tant de mépris, & témoigna être fi affuré de le défaire, que Jonathas aigri de fes infultes marcha au-devant de lui avec une impétuofité qui fit fuir toute l'armée d'Apollonius. I remporta enfuite durant quelques années plufieurs grandes victoires, étant aidé de Simon fon frère, & de la protection de Dieu, dans lequel il mettoit, comme fon père & comme fon frère Judas, fon unique confiance. Enfin n'ayant pu céder à la violence, il fuccomba à la trahifon. Diodotus, l'un des Généraux de l'armée d'Alexandre, qui depuis fut furnommé Tryphon, avoir réfolu d'enlever la couronne du petit Antiochus fils d'Alexandre: & fachant combien il lui étoit important pour cela de fe défaire de Jonathas, il lui donna à l'extérieur toutes les marques d'une amitié fincère. Il lui perfuada de venir à Ptolémaïde; & étant convenus enfemble de renvoyer leurs troupes, dès qu'il fut entré dans la ville, il en fit fermer les portes, le prit, & tua tous ceux qui l'y avoient accompagné, par une perfidie déteftable, & qui apprendra toujours aux ferviteurs de Dieu à ne fe fier jamais aux careffes & aux promeffes artificieufes de leurs ennemis. Car comme a dit trèsbien faint Jérôme, il eft auffi indigne d'un Chrétien, & encore plus d'un conducteur du peuple de Dieu, tel qu'étoit Jonathas, de te laiffer tromper que de tromper: parce que JESUS-CHRIST demandant tout enfemble à fes Miniftres la fidélité & la prudence; comme fidèles ils doivent être infiniment éloignés de tromper les autres;. & comme prudens ils doivent être incapables d'être trompés,

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Simon étant le feul de ces cinq frères admirables, qui put année 3861.

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La même

après la prife de Jonathas fecourir encore la Judée, ne Avant J. G que la perte de tous fes frères, ni le péril vifible 143. où il s'expofoit, lui pût être un jufte fujet de penfer à fe retirer. Vous favez, dit-il à tout le peuple, ce que nous avons foufert mes frères & moi pour la défenfe de nos faintes loix. Tous mes frères font morts au fervice d'Ifrael, & je fuis maintenant le feul qui refte. Mais à Dieu ne plaife que je penfejamais à épargner ma vie en quelque péril qu'elle puiffe être, carje ne fuis pas meilleur que mes frères, Son premier foin donc fut de racheter Jonathas fon frère d'entre les mains de Tryphon. Et quoiqu'il fût que ce perfide ne lui avoit demandé la rançon & les enfans de Jonathas, que dans un deffein noir de perdre les enfans avec le père après qu'il auroit reçu l'argent, il ne laiffa pas de le faire, de peur, dit l'Ecriture, de fe rendre odieux aux Juifs, & de leur donner lieu de croire qu'il n'eût tenu qu'à lui de racheter Jo fathas. Mais l'évènement fit voir qu'il avoit bien jugé des chofes. Car Tryphon ayant reçu cent talens * & les deux enfans de Jonathas, les tua avec leur père. Simon n'ayant pu l'avoir en vie, voulut au-moins l'avoir mort; & ayant raf femblé les os de fon père & de fes frères, il voulut non par Bb

une

* Près de 463000 livres.

une vanité humaine, qui ne cherche d'ordinaire dans l'honneur des morts, qu'à fatisfaire l'orgueil des vivans, mais par une juste récompenfe qui étoit due à ces grands Chefs du peuple de Dieu, leur élever un fépulcre magnifique qu'il fit enrichir de tous les ornemens que fa piété plutôt que fon ambition put inventer. Ce fage conducteur du peuple de Dieu ayant été dès fa jeuneffe dans les travaux, & ayant depuis joui d'une affez longue paix, finit fa vie par la lâche trahison de Ptolémée fon propre gendre qui voulant ufurper fa dignité, le tua dans un festin. On le pleura très fenfiblement; & il fut eníéveli avec fes autres frères dans le tombeau qu'il leur avoit fait bâtir. Simon eut pour fucceffeur dans la Sacrificature & dans le gouvernement du peuple fon fils Jean, furnommé Hyrcanus par la victoire qu'il remporta fur les Hyrcaniens, Jofeph dit que de fon tems ceffa le miracle qui avoit continué jufqu' alors, de connoîtte fenfiblement la volonté de Dieu dans l'Ephod du grand Prêtre, par la lumière que rendoient les pierres précieufes qui le compofoient. Sa poftérité a toujours régné depuis jufqu'à Mariamne femme d'Hérode, & aujeune Ariftobule que ce Tyran fit noyer pour s'affurer la couronne qu'il avoit ufurpée. Telle fut la fin de ceux qui compofent proprement l'histoire des Machabées. Ces cinq frères tous d'un même fentiment, d'un mème cœur & d'un même zèle, toujours environnés de périls dont Dieu feul les pouvoit délivrer, font une excellente image des enfans de la Loi nouvelle qui les ont fuivis peu de tems après. Ils doivent toujours être comme ces Saints, unis d'amitié entre eux, fans ambition, fans intérêt, fans envie, dégagés du fiècle, & attachés à Dieu feul. Ils doivent être perfuadés, comme eux, que Dieu eft le Dominateur du monde, & qu'il ne s'exécute rien fur la terre fans avoir été ordonné dans le ciel. Ils doivent mettre leur confiance, non dans leur force, mais dans leurs prières & dans la miféricorde infinie de Dieu. C'est pourquoi après que fa grace leur a fait vaincre des ennemis invisibles, qui font fans comparaison plus redoutables que n'étoient ceux des Machabées, ils doivent dire à Dieu comme ces anciens Chefs de fon peuple: C'eft votre main, Seigneur, & non la nôtre qui a fait cette merveille. Votre toute-puiffance a foutenu notre foîbleffe; & fi après nous avoir donné la victoire, vous ne nous en donniez encore la reconnoîffance, notre ingratitude feule nous affujettiroit à ceux-là même que votre grace nous auroit fait vaincre, Fin de l'ancien Teftament.

A

L'HISTOI

L'HISTOIRE

DU NOUVEAU

TESTA MEN T,

AVEC

DES EXPLICATIONS

édifiantes, tirées des faints Pères, pour
régler les mœurs dans toute forte
de conditions.

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