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Après la fingulière quelle venoit d'en recevoir par

Près que la fainte Vierge fe fut humiliée devant Dieu La même

l'incarnation de fon fils, elle apprit en s'humiliant enfuite devant les hommes, que ceux que Dieu favorife davantage, font plus obligés à être humbles; & que toute faveur nouvelle de Dieu porte avec foi une nouvelle tentation d'orgueil, à moins qu'on ne s'y oppofe d'abord par un abaiffement du fond du cœur. Car fans s'arrêter à confidérer cette haute qualité où elle venoit d'être élevée, elle entreprit au contraire un voyage affez pénible pour aller vifiter fa coufine Elifabeth, & lui témoigner fa joie de ce que Dieu l'avoit enfin favorablement regardée en la délivrant de l'opprobre d'une longue ftérilité JESUS-CHRIST qu'elle voyoit déja humilié dans fes entrailles, fembloit lui apprendre à dire dès-lors ce qu'il a dit depuis lui même: Qu'il faloit qu'elle accomplît toute justice, & qu'elle fe foumît à tous les devoirs de l'humilité. Mais lorfqu'elle ne penfoit qu'à s'abaiffer profondément fans rien découvrir à fa coufine de la grande grace qu'elle avoit reçue, Dieu fit lui-même ce que fa modeftie & fon amour pour le filence n'avoit pas voulu faire. La préfence de JESUS-CHRIST qu'elle portoit dans fon fein, agit fi puiffamment fur faint Jean, qu'il témoigna qu'avant que de naître, il étoit déja capable non-feulement de raifon, mais même d'adoration. Car étant

aunée.

devenu le premier adorateur de JESUS-CHRIST, il lui rendit ce culte intérieur avec un treffaillement d'allégresse, qui ayant produit la même impreffion dans fa mère, le fit entrer dès-lors dans l'exercice de fa charge de Précurseur du Sauveur du monde. Sainte Elifabeth s'écria de joie; & fe fentant confuse de voir venir à elle celle qu'elle commençoit à regarder comme la mère de fon Seigneur, elle lui donna de grandes louanges, & elle admira la fermeté de fa foi. Mais la Vierge qui ne s'étoit pas élevée de ce que l'Ange lui avoit dit, ne s'éleva pas non plus de ce que lui dit fa coufine: elle regarda Dieu comme l'auteur de fes biens, & fon humilité comme le canal qui les avoit attirés; & elle prononça cet excellent Cantique,qu'on peut appeler la gloire des humbles & la confufion des fuperbes. La fainte Vierge étant ainfi devenue la mère de faint Jean-Batifte plus qu'elle ne le fut enfuite de faint Jean l'Evangélifte, & l'ayant fanctifié & comme engendré fpirituellement dans le ventre de fa mère fa parole, animée du Verbe qu'elle portoit en fon fein, elle demeura trois mois entiers avec fainte Elifabeth, pour donner lieu aux opérations de JESUS-CHRIST dans faint Jean, & pour faire croître en lui de plus en plus cette première infufion de la grace qui le difp sât peu-à-peu à cette vie fi divine qu'il mena depuis dans les déferts, & à cette fidélité avec laquelle après avoir adoré JESUS CHRIST en fecret dans le ventre de fa mère, il l'adora enfuite devant les hommes, & mit toute fa joie à s'humilier en fa préfence. Ces trois mois étant accomplis, & la naiffance de faint Jean étant proche,la fainte Vierge se retira, lorfqu'il sembloit qu'elle eût dû venir si elle eût été abfente, afin de participer à cette grande joie que cette naiffance caufa dans le monde, & dont l'Eglife encore aujourd'hui conferve de fi grandes marques. Mais la fainte Vierge fit voir alors qu'elle fuivoit en toutes chofes les mouvemens de l'Esprit de Dieu; & comme elle étoit venue chez fainte Elifabeth dans le moment qu'il avoit marqué, elle s'en retourna de même lorfqu'il le voulut fans prendre garde aux coutumes des hommes, dont les loix font fouvent oppofées à celles de Dieu. Elle nous apprit encore par cette conduite à nous retirer & à nous cacher après les grandes œuvres de charité que nous avons faites en faveur de notre prochain, & à defirer de paro tre n'y avoir eu aucune part; afin de rendre à Dieu tout ce qui eft à lui, & de ne prendre pour nous que l'hu miliation & la confufion de n'avoir pas été un canal de fes graces, qui fut affez pur pour n'y rien mêler d'étranger, lorfqu'après être defcendues de lui dans nous, elles ont paffé de nous dans les autres.

Naifan

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LA

Avant Ere commune 4.

De la naiffan ce de J. C. I.

A fainte Vierge étant retournée chez elle de la maifon de fa L'An du coufine fainte Elifabeth, apprit bien-tôt que les grandes monde 4000. graces que Dieu fait içi aux Saints, font fouvent jointes à de grandes afflictions. Car fa groffeffe commençant à paroître, faint Jofeph fut forcé en quelque forte contre tant de témoignages qu'il avoit de la pureté de Marie, d'attribuer à l'ouvrage du pé ché ce qui n'étoit que l'ouvrage du Saint-Efprit. La fainte Vierge qui ne pouvoit ignorer ce qui fe paffoit, demeura ferme néanmoins dans fon filence,& fit voir dès-lors combien il eft important de garder le fecret dans les ouvrages de Dieu. Elle aima mieux paffer dans l'efprit de fon mari pour une femmeadultère, que de manquer en ce point de fidélité à Dieu à qui elle abandonna le foin de fa réputation & de fa vie. Mais faint Jofeph qui étoit jufte, ne voulut pas rendre publique la faute qu'il foupçonnoit en fa femme,& donna un grand exemple aux hommes de te nir cachés les défauts de ceux à qui nous devons du refpect & de l'amitié. Il réfolut feulement de la quitter pour témoigner au-moins en cette manière, qu'il ne confentoit pas au mal qu'il appréhendoit dans une perfonne qui lui étoit chère. Maislorfqu'il étoit près de le faire, Dieu l'arrêta & l'avertit durant la nuit par un Ange,qu'il ne craignît point de prendre avec lui Marie fa femme. Il lui découvrit le fecret de cet Enfant divin, & lui ordonna de lui donner à fa naiffance le nom de JESUS. Saint

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Jofeph fortifié par les paroles de l'Ange, apprit combien l'hom me devoit être réservé dans ses jugemens, & combien il étoit obligé dejuger toujours favorablement des perfonnes de piété, malgré toutes les apparences qui leur feroient peu favorabies. Il crut ce que l'Ange lui avoit dit, & il mérita d'être appelé le père de JESUS CHRIST en imitant cette grande foi par laquelle la fainte Vierge étoit devenue fa mère. Lorfque le tems de l'accouchement fut proche, Dieu pour tirer la fainte Vierge de Nazareth qui étoit le lieu de fa demeure ordinaire, & la faire venir en Bethleem où les Prophêtes avoient prédit que le Meffie devoit naître, permit que l'Edit de l'Empereur Augufte qui vouloit fatisfaire fa vanité où fon avarice dans le dénombrement des familles de fon Empire, remuât en quelque forte tout le monde pour faire venir la fainte Vierge à Bethleem avec fon mari qui étoit de cette ville & de la famille de David. Elle ne confidéra point les incommodités d'un fi long voyage dans un tems fâcheux & dans une groffeffe fi avancée. Mais obéiffant à cet ordre de l'Empereur avec le même respect que fi un Ange ou Dieu même lui eût commandé ce voyage, elle apprit aux hommes à regarder Dieu uniquement dans les hommes, qui ne font que fes inftrumens & fous lefquels il fe cache. Lorfqu'ils furent arrivés à Bethléem, tout le monde refufa de les loger parce que les hôtelleries étoient pleines. Et ce fut ainfi que JESUS-CHRIST voulant comme fe hâter de nous donner dès fa naiffance un exemple d'humilité en foufrant les rebuts des hommes, ne dédaigna pas de naître dans une étable, pour nous apprendre à méprifer toute la magnificence du monde par l'averfion qu'il en a cue lui-même. C'est la difpofition qu'il inspira à la fainte Vierge, qui reçut les rebuts de ceux de Bethléem comme elle avoit reçu les ordres d'Augufte,& qui n'eut dans les uns & dans les autres que la vue de Dieu à qui elle obéissoit dans la personne d'un hôtellier, comme elle avoit fait dans celle d'un Empereur. Elle demeura très-fatisfaite d'accoucher de JESUS CHRIST dans une étable. Elle comprit qu'il faloit que cette pauvreté le cachât aux hommes & aux démons; & que la dureté de ce peuple de Bethléem étoit néceffaire aux deffeins de Dieu. Les faints Pères nous enfeignent qu'il n'y a rien de si instructif que cet anéantiffement du fils de Dieu, & que toute la beauté des créatures ne doit pas tant nous porter à l'adorer que ce divin rabaiffement. Nous devons apprendre principalement de cette en far ce de JESUS-CHRIST, que nous n'avons pas moins befoin à tout moment du fecours de Dieu, qu'un enfant nouvellement né a befoin du fecours des hommes.

F'afteurs

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ESUS CHRIST ayant fanctifié le monde par fa naiffance, fit voir par le choix des premières perfonnes à qui il la voulut faire favoir, qu'il cachoit dès lors fes Miftères aux grands & aux fages, & qu'il ne les révéloit qu'aux petits. Dans la nuit même où la fainte Vierge l'en fanta, il y avoit affez près

la garde de leurs troupeaa des Pafteurs qui veillant à

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marquoient, felon faint Gré. goire, le devoir des vrais Pasteurs de l'Eglife, & ce que produiroit un jour dans ces perfonnes l'exemple de JE SUS-CHRIST le vrai Pasteur. Ce fut à ces perfonnes qu'un Ange apparut tout-d'un coup environné d'une grande clarté qui marquoit cette grande lumière divine qui venoit de naître au monde. Il leur dit qu'il leur annonçoit une nouvelle qui combleroit de joie tout le peuple, & leur déclara que le Meffie attendu depuis tant de tems, venoit de naître. Pour leur donner des marques certaines de la vérité qu'il leur difoit, il les envoya en Bethleem que les Prophêtes avoient prédit devoir être le lieu de la naiffance du Sau veur; & cet Efprit humble ne rougiffant point de l'humilité de fon maître & de fon Dieu, dit hardiment à ces hommes groffiers & charnels, qu'ils trouveroient dans une crêche un enfant envelopé de linges & de bandelettes; que c'étoit Cc a

celuja

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