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La Chananée. Math. 15.

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ESUS CHRIST s'étant retiré du lieu où il avoit nouri miraculeufement une fi grande multitude de perfonnes, le peuple fut bien en peine le lendemain pour favoir ce qu'il étoit devenu. Ils favoient qu'il n'y avoit eu en ce lieu qu'une feule barque; & ils avoient vu que J. C. n'y étoit point entré avec fes difciples. C'eft pourquoi ne le trouvant plus fur ce bord, & ayant repaffé l'eau pour aller à Capharnaüm, ils lui demandèrent lorfqu'ils l'y eurent retrouvé, quand & comment il y étoit venu. Mais J. C. fans répondre à leur demande curieufe, & leur celant la manière fi divine dont il avoit marché fur les eaux, fe contenta d'avertir ces perfonnes qui témoignoient tant de zêle pour le trouver, que leur recherche étoit intéreffée, puifqu'ils ne le recherchoient que parce qu'ils avoient mangé de ce pain miraculeufement multiplié dans le défert. Il prit de-là occafion de les exhorter à chercher un autre pain; & il leur fit un admirable difcours de la fainte Eucharistie, qui en fcandalifa beaucoup & même d'entre fes difciples. Lorfqu'ils s'en alloient, J. C. fans s'étonner de fe voir abandonné de fes difciples, s'adreffa aux douze Apôtres, & leur demanda s'ils vouloient s'en aller auffi. Saint Pierre lui répondit avec fon zêle ordinaire: Seigneur, à qui irions-nous? C'est vous qui avez les paroles de la vie éternelle. Et J. C, montra bien qu'il ne faloit pas s'éton

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s'étonner que plufieurs des difciples l'euffent abandonné, puif que des douze même qu'il avoit choifis pour Apôtres, il y en avoit un qu'il leur affura être un démon. Il quitta donc alors la Judée pour fuir haine de fes ennemis qui commençoient à fe déclarer ouvertement contre lui; & il alla du côté de Tyr & de Sydon, où il fit plus qu'il n'avoit fait dans la Judée. Carune femme Chananéenne étant fortie de ces lieuxlà, où J. C. ne vouloit pas aller lui-même, afin de ne pas fcandalifer les Juifs, elle vint vint par un lecret un fecret inftinct de J. C. qui l'appeloit à lui fans qu'elle le fût, & lui représenta avec de grands cris, que fa fille étoit tourmentée du démon, & le pria d'avoir pitié d'elle. JESUS-CHRIST étoit fi fenfible aux plaintes des affligés, n'eut d'abord que des rebuts pour cette femme, afin de nous donner en fa perfonne un excellent modèle de la prière, & de nous apprendre par fon exemple avec quelle humilité nous y devons perfévérer, lorfqu'il femble que Dieu n'ait que des rebuts pour nous & qu'il rejete toutes nos demandes. Cette femme humble ne pouvant rien obtenir de J. C. s'adreffa aux Apôtres, qui intercédèrent pour elle vèrs le Sauveur, Mais il leur répondit qu'il n'étoit envoyé que pour les brebis de la maifon d'Ifrael, & non pas pour les Gentils. Et comme ils fefoient de l'instance, parce que la Chananée les importunoit de fes cris, J. C. voulant faire voir la folidité de la foi de cette femme, ne fe rendit pas encore. Elle même vint enfin fe jeter aux piés du Sauveur; elle l'adora & lui dit en foupirant: Seigneur, aidez-moi. JSUS-CHRIST lui réfifta encore, & la traitant comme une chienne, il lui dit : Qu'il n'étoit pas jufte de prendre le pain des enfans & de le donner aux chiens. Ce traitement qui auroit offensé une ame fuperbe, ne fit qu'accroître la confiance de celle-ci. elle avoua qu'elle n'étoit qu'une chienne; mais, comme pour prendre J. C. par fa propre bouche, elle lui repréfenta que les petits chiens mangeoient au-moins les miettes qui tomboient de la table de leurs maitres, & qu'elle n'en demandoit pas davantage. Elle fe mit elle-même au rang des chiens, & confidéra les Juifs comme fes maitres & les enfans du vrai Dieu. Cet humble aveu dans un traitement fi rude en apparence, fit que toutdun-coup J.C. s'écria: O femme! votre foi eit grande. Et changeant fes rebuts en une admiration de fa fermeté, il lui accorda au moment ce qu'elle lui avoit demandé. Les faints Pères ont tremblé en confidérant cette foi dans une femme païeune. Et faint Grégoire Je Grand dit que comme cette femme idolâtre confondoit l'incredulité des Juifs, il peut de même arriver fouvent dans l'Eglife que des perfonnes engagées dans le monde feront rougir ceux qui font dans une profeffion plus fainte, & que la fimplicité de leur foi jointe. à l'innocence de leur vie, confondra un jour la tiédeur & le peu de foi des autres, dont la vie ne répond pas à l'excellence de leur état, ni aux grandes graces que Dieu leur a faites. Trans

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JESUS

ESUS-CHRIST fe trouvant feul avec fes Difciples, & parcourant avec eux les villes de Céfarée, demanda à fes difciples ce que le monde difoit de lui. Ils lui répondirent que les uns croyoient qu'il étoit Jean-Batifte; les autres, qu'il étoit Elie; d'autres, qu'il étoit Jérémie, ou l'un des anciens Prophêtes. Et vous, leur dit J. C. qui dites-vous que je fuis? Saint Pierre alors fans hésiter lui répondit: Vous êtes le CHRIST Fils du Dieu vivant. JESUS-CHRIST l'appela heureux de ce que fon Père lui avoit révélé cette vérité, & il l'affura qu'il établiroit fi fermement fur lui fon Eglife fainte, que les portes d'enfèr ne prévaudroient jamais contre elle. Mais après cette grande gloire qui promettoit à faint Pierre d'être le chef de l'Eglife, & d'être affis un jour fur la chaire de la capitale du monde, fans que s que fa f faute & fon renoncement qui furvint enfuite, portât J. C. à rétracter fa promeffe; le Sauveur l'humilia d'une manière terrible; lui donnant le nom de Satan, parce qu'il vouloit le détourner de foufrir la croix & la mort : & il fit voir qu'il n'élève guère fes Saints, qu'il ne les abaiffe auffi-tôt enfuite; parce que la foibleffe de l'homme eft fi grande, que fi Dieu n'usoit envèrs lui de cette conduite, la profpérité ou temporelle ou fpirituelle l'éleveroit & lui deviendroit un fujet de chûte. Huit Ff 2

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ESUS CHRIST étant defcendu avec fès trois Apôtres de la montage de Thabor, vint retrouver les autres Difciples qui étoient environnés d'une grande foule de monde. Un homme dont le fils étoit tourmenté du démon, les étoit venu prier de le guérir en l'abfence de leur Maître. Mais quoique J. C. leur eût donné pouvoir fur ces efprits, ils ne purent néanmoins chaffer celui-là. Et après que J. C. l'eut fait, & qu'il eut rendu ce fils à fon père, fes difciples lui demandèrent en particulier, pourquoi ils ne l'avoient pu guérir eux-mêmes. Il leur répondit que c'étoit à caufe de leur peu de foi; & il ajouta que s'ils avoient la foi, ils pouroient tranfporter les montagnes de leur place & les faire aller dans la mèr. Il leur dit enfuite que cette forte de démons ne fe guériffoit que par la prière & par le jeune, Et il leur apprit ainfi, qu'ils fe trompoient s'ils prétendoient exercer une autorité abfolue fur les démons & que pour bien ufer de leur pouvoir, il faloit fe rabaiffer aux moyens ordinaires que Dieu avoit établis, comme étoit la prière & le jeûne, pour chaffer les efprits impurs. JESUS CHRIST alla enfuite à Capharnaüm où ceux qui levoient les impôts demandèrent à S. Pierre fi fon Maître ne payoit point le tribut. Cet Apôtre

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