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de ce piége que fes ennemis lui avoient dreffé, il continua de prêcher au peuple dans le Temple plufieurs vérités importantes, & de reprocher aux Pharifiens le deffein qu'ils avoient pris de le perdre. Il leur fit voir qu'en cela ils étoient lés Miniftres du démon qui avoit aimé le fang dès le commencement du monde, & qui avoit fait tuer les Prophêtes. Il leur demanda publiquement qui d'entre eux pouvoit le convaincre d'aucun péché, & pourquoi ils ne croyoient pas, puifqu'il ne leur prêchoit que la vérité? Les Juifs opposèrent à des reproches fi juftes, non des raifons mais des injures; & ils l'appelèrent Samaritain & démoniaque. JESUS-CHRIST répondit à ces blafphêmes avec une grande douceur; mais voyant qu'ils prenoient des pierres pour le lapider, il fe cacha & fortit du Temple. Lorfqu'il fe retiroit, il vit un homme qui étoit aveugle dès fa naiffance. Ses Difciples lui demandèrent fi cet homme avoit péché, ou fes pères, pour naître ainfi dans l'aveuglement? Mais J. C. leur répondit que cet aveuglement n'était que pour manifefter fa gloire. Il fit enfuite de la boue avec de la falive. Il la mit fur

La même année 32.

fur les yeux de cet aveugle, & l'envoya à le pifcine de Siloé pour s'y laver Il alla à la pifcine: il s'y lava & y recouvra la vue Tous ceux qui l'avoient vu auparavant, furent étrangement furpris, lorfqu'ils le virent. Et comme on lui demandoit de quelle manière s'étoit fait un fi grand miracle, il dit qu'un homme appelé JESUS avoit fait de la boue, qu'il l'avoit mife fur fes yeux, qu'il l'avoit envoyé à la pifcine pour s'y laver; qu'il y avoit été, & qu'il y avoit recouvré la vue. On l'amena auffi-tôt aux Pharifiens qui lui firent la même demande, & auxquels il répondit la même chofe. Auffi-tôt quelques-uns d'entre eux dirent qu'un homme qui avoit fait de la boue le jour du Sabat, ne pouvoit être un homme de Dieu. Les autres étant accablés par la grandeur de ce miracle, dirent qu'un méchant homme ne pouvoir guérir un aveugle né. Et lorfqu'ils étoient divifés le uns contre les autres, ils firent encore parler l'aveugle, & lui demandèrent ce qu'il difoit de cet homme: à quoi il répondit hautement, que c'étoit fans doute un Prophête. Etant irrités de cette réponse, ils ne purent croire qu'il eût été aveugle. Ils firent venir fes parens, qui craignant des gens fi paffionnés fe ménagèrent avec adreffe en en n'affurant rien autre chofe, finon que c'étoit-là leurs fils & qu'il étoit né aveugle; mais pour le refte ils dirent que leur fils étoit en âge de répondre & de parler lui-même. Ayant fait venir encore cet aveugle, ils lui parlèrent avec plus de force. Ils lui dirent qu'il rendît gloire à Dieu, & qu'ils favoient que J. C. étoit un méchant. Je ne fais, leur dit-il, s'il eft un méchant; mais je fais bien, qu'étant aveugle auparavant je vois maintenant fort-clair. Les Juifs lui répondirent: Que pour eux ils étoient difciples de Moife, & qu'ils ne favoient qui étoit cet homme. C'est ce que j'admire, ajouta-t-il, que vous ne fachiez qui il eft; & cependant il m'a ouvert les yeux, Les Pharifiens le chafsèrent enfuite de la Synagoge, & J. C. l'ayant trouvé, lui demanda s'il croyoit au Fils de Dieu, & ajouta que c'étoit lui-même qui lui parloit, Cet homme fe profterna en terre & l'adora. Heureux aveugle, difent les faints Pères, qui a découvert la vraie lumière! Il n'a pas été feulement l'adorateur de J. C. il en a été le dé fenfeur. Il a confondu les Docteurs de la loi, & il a fait voir qu'une fimple foi qui eft humble, eft plus éclairée que la fcience qui eft fuperbe. Les Juifs l'ont chaffé de leur Synagogue, mais J. C. l'a reçu dans la communion de fon Efprit, & a fait de fon cœur fon Temple vivant..

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Le

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Près la guérifon de l'aveugle-né, l'Evangile raporte

Après

La même ce que JESUS-CHRIST dit aux Juifs de la cha- année 32 rité que les Pafteurs doivent avoir pour le troupeau qui leur a été confié, en imitant celle du Souverain Pasteur de nos ames, qui eft mort volontairement lui-même pour le falut de fes brebis. Il donna dans le peu de paroles qu'il dit fur ce fujet, toutes les marques qu'on peut defirer pour favoir fi on eft du nombre des Fafteurs véritables de ce troupeau divin, puifqu'on n'a qu'à voir fi on eft prêt à lui donner non-feulement fon bien, fon repos & fon établissement, mais fa vie même, en la perdant ou tout-d'un-coup, ou par une longue fuite de foufrances. Il montra combien eft op. pofé en ce point au vrai Pafteur celui qui n'eft que mercénaire & qui s'enfuit lorfqu'il voit venir le loup, c'est-à-dire, qui fe tient dans un lâche filence lorfqu'il devroit s'op pofer avec force à ceux qui veulent perdre le troupeau de J. C. Mais après avoir inftruit l Pasteurs dans ce difcours, de la charité qu'ils doivent à leurs peuples, il inftruifit enfuite tous les hommes de celle qu'ils doivent avoir les uns pour les autres. Car un Docteur venant lui demander en le tentant, quel étoit le plus grand commandement de la loi, JESUS CHRIST lui répondit en un mot: Que c'étoit d'aimer

Dieu de tout fon cœur, & fon prochain comme foi même, Ce Docteur preffa J. C. & lui demanda qui étoit ce prochain qu'on devoit aimer. Le Sauveur le lui apprit par cette parabole. Un homme, dit-il, fefant voyage, tomba entre les mains des voleurs, qui l'ayant dépouillé le blefsèrent de beaucoup de plaies, & le laifsèrent demi-mort. Lorfqu'il étoit

cet état, un Prêtre fe trouva auprès de ce lieu, vit cet homme, & fans s'arretter pour le foulager il paffa outre. Un Lévite fit encore la même chofe, montrant l'un & l'autre, que les grandes vertus ne font pas attachées aux miniftères les plus relevés, & qu'on qu'on peut bien avoir les dignités de l'Eglife fans avoir la charité qui devroit toujours les accompagner. Enfin un Samaritain, c'est-à-dire, un païen & un idolâtre, paffant auprès de ce lieu, vit cet homme, & étant touché de compaffion, il s'approcha de lui, verfa dans fes plaies du vin & de l'huile, & les ayant bandées le mit fur fon cheval, le mena à l'hôtellerie, le recommanda à l'hôte, & en s'en allant donna deux pièces de monnoie pour la dépenfe de cet homme, promettant à l'hôte que s'il en dépenfoit davantage, il le lui rendroit à fon retour. JESUSCHRIST demanda à ce Docteur, qui de ces trois hommes avoit été le prochain de celui qui étoit tombé entre les mains des voleurs. A quoi il répondit que c'étoit celui qui en avoit eu compaffion. Allez, repliqua J. C. & faites la même chofe. Le Sauveur nous commande en la perfonne de ce Docteur d'être prêts à toute heure à fecourir ceux qui nous voyons dans la misère, & de n'épargner ni nos foins, ni nos peines, ni notre bien lorfqu'il fe préfente quelqu'un que nous puiffions affifter. Les faints Pères fe plaignent que les hommes font trop fages dans ces occafions. Ce Prêtre & ce Lévite croyoient peut-être avoir de fort-bonnes raifons de paffer fans s'arrêter. Ils furent même apparemment attendris en voyant ce miférable. Mais cette compaffion ftérile n'empêcha pas qu'ils ne fuffent cruels en manquant à un devoir fi preffant de la charité. Le Samaritain ne raifonna pas tant qu'eux. Il agit plus fimplement & plus charitablement. Il lui fuffit de voir cet homme mourant pour fe croire obligé de le fecourir. C'eft ainfi que nous devons faire; & nous ferions bien-peu difpofés à fecourir les maux de ceux q qui font éloignés de nous, lorfque nous négligeons ceux dont nous fommes témoins nous-mêmes, & que nous voyons de nos propres yeux.

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Marthe

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JESU

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ESUS CHRIST ne fe contentant pas d'avoir établi La même douze Apôtres, choifit encore feptante deux difciples aunée 32. qu'il envoya deux à deux devant lui par-tout où il devoit aller, & qui vivant contens dans leur condition fans porter envie aux Apôtres qui étoient au-deffus d'eux, apprirent dès lors que ceux qui feroient un jour dans les degrés inférieurs de l'Eglife, y devoient vivre très-contens, fans porter envie à ceux qui font dans les ordres fupérieurs, , où ils ils ne doivent point monter par leur propre orgueil, mais demeurer humblement dans leur état, moins que Dieu ne les en retire, comme il retira faint Mathias du nombre de ces feptante-deux difciples pour l'élever à l'Apoftolat. Après les avoir envoyés avec pouvoir de chaffer les démons, ils revinrent transportés de joie, dire à JESUS-CHRIST, que ces efprits impurs leur étoient affujettis par la vertu de fon nom. Mais JESUSCHRIST leur infpirant le mépris de ces dons particu liers, leur dit qu'ils ne devoient pas fe réjouir de cet empire qu'ils avoient fur les démons, mais de ce que leurs noms étoient écrits dans le ciel. Et auffi-tôt par un mouvement du Saint- Efprit il rendit graces à fon Père de ce qu'il avoit choifi les petits & les humbles pour leur

décon

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