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JESU

commune 33.

ESUS CHRIST étant forti de Jéricho après la con. L'an de l'Ere converfion de Zachée, avança vèrs la ville de Jérufalem; Quatrième & fix jours avant pâque il alla en Béthanie, où Marie de la prédi sœur du Lazare reffufcité le reçut, & répandit fur fa tê- cationde J. C. te un vafe d'excellent parfum: Judas en murmura contre elle; & JESUS-CHRIST foutint & loua cette action. Le peuple fachant que JESUS-CHRIST étoit en ce lieu, vint en foule, non-feulement pour le voir, mais pour voir auffi le Lazare. Ce qui aigriffant de plus en plus les Pharifiens, ils délibérèrent de faire mourir auffi le Lazare, dont la réfurrection relevant la gloire de JESUS-CHRIST, combatoit le deffein qu'ils avoient formé de le perdre, & portoit plufieurs d'entre les Juifs à croire en lui. Le lendemain JESUS-CHRIST étant proche de la ville, envoya fes difciples de la montagne des olives où il étoit, au château voifin, & leur commanda de délier une âneffe avec fon ânon pour les lui amener, & de répondre à ceux qui les voudroient empêcher de le faire, que le Seigneur en avoit befoin. Les Difciples obéirent à cet ordre. Ils mirent leurs vêtemens fur cette âneffe, & y firent affeoir JESUS-CHRIST. Et en un moment tout le peuple qui étoit venu à Jérufalem pour la fête de Pâ

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que, apprenant que JESUS CHRIST y alloit entrer, pri rent des branches de palmes & marchèrent devant lui avec de grandes acclamations de joie. Plufieurs jetoient leurs vêtemens par terre aux endroits p par où JESUS-CHRIST devoit paffer; d'autres le couvrirent de branches d'arbres, & ils crioient devant lui Salut & gloire au Fils de David: Béni foit celui qui vient au nom du Seigneur. Ces applaudiffemens du peuple animèrent de plus en plus les ennemis du Sauveur, & ils s'entredifoient: Vous voyez. que nous ne gagnons rien, voilà tout le monde qui court après lui. Les faints Peres ont relevé excellemment ce grand miracle de JESUS-CHRIST 11 triomphe, difent-ils, par avance, comme il mourut par avance à la Cene. Il fait voir l'empire véritable qu'il devoit s'acquérir fur les cœurs par le mérite de fa mort, & par la gloire de fa réfurrection. 11 fait tout ce qu'il lui plait de ce peuple: il force les méchans mêmes de l'adorer, comme ils feront contraints un jour avec les démons de fléchir le genou en fa préfence & de confeffer qu'il eft Dieu. Les Juifs le haïffent, ils le veulent perdre, & ils ne peuvent néanmoins empêcher fa gloire. Il paroît par un fi grand exemple que c'eft Dieu feul qui fait tout fur la terre; que les mé❤ chans ainfi que les bons, font foumis à fon Empire, & que c'eft en vain qu'on fe trouble des évènemens de cette vie. On doit toujours dire, quoi qu'il arrive : C'eft Dieu qui l'a ainfi ordonné; & après cela demeurer en paix. C'eft la dévotion la plus folide des Chrétiens, puifqu'elle les rehauffe au-deffus de l'enfèr & de la terre, au-deffus des démons, des hommes, des Anges, & du ciel même, pour les faire entrer dans le Sanctuaire de Dieu, & demeurer fermes dans l'immobilité de fes deffeins éternels,

Vendeurs

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nee 33,

Orfque JESUS-CHRIST.approcha de la ville de Jérufalem, La même inla joie de fon triomphe n'empêcha pas qu'il ne ver, fât des larmes, que la tendreffe de fa charité lui fit répan dre dans la vue des maux qui arriveroient bien-tôt à cette malheureufe ville pour punir le déicide qu'elle étoit près de commettre. Il déclara que la caufe de ces maux fu turs étoit parce qu'elle n'avoit pas connu le tems auquel Dieu l'avoit vifitée dans fes miféricordes; & il apprit ainfi aux Chrétiens à ne pas méprifer la grace de Diey en la laiffant demeurer inutile & fans effet. Que s'ils ne comprennent pas de quelle punition ils fe rendent dignes par ce mépris, ils doivent trembler quand ils confidèrent que fi Jérufalem ne fut pas punie d'abord de fon crime, le délai dont Dieu ufa, n'empêcha pas que l'arrêt qu'il avoit prononcé contre elle dans fa colère, ne fut exécuté ponctuellement. Lorique JESUS CHRIST s'occupoit de ces chofes en marchant toujours, & qu'il fefoit voir le malheur des grandes villes, qui rejètent aifément ou qui altèrent la vérité de Dieu; il entra enfin dans Jérufalem qui fe trouva toute dans le trouble en demandant qui étoit celui qui y entroit de la forte. JESUS-CHRIST alla d'a bord au Temple, & y ayant trouvé des perfonnes qui vendoient

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doient & qui achetoient, il les en chaffa. Il renverfa toutes leurs tables, jeta les chaires de ceux qui vendoient des colombes; & dit que la maifon de Dieu étoit une maifon de prière & qu'on ne la devoit pas changer en une caverne de voleurs. Il témoigna tant de zèle pour le refpect qu'on devoit rendre à ce faint Temple, qu'il ne foufroit pas que perfonne y paffàt en portant un vafe. Les faints Fères ont extrêmement confidéré cette cir. conftance, & ils ont admiré que JESUS-CHRIST ayant prédit les grands maux qui devoient arriver à Jérufalem, alla auffi-tôt après au Temple; pour montrer fans doute que c'étoient les défordres qui s'y commettoient, & la négligence ou le déréglement des prêtres qui attiroient ces malheurs fur tout le peuple, & qu'ainfi pour appaifer Dieu & pour détourner fa colère de deffus les peuples, ceux qui les conduifent doivent commencer à voir s'il n'y a rien dans eux qui puiffe déplaire à Dieu. Mais il n'y a point de Chrétien qui ne foit épouvanté ici, lorfqu'il confidère avec quelle févérité le Fils de Dieu, le plus doux de tous les hommes, traite ceux qui profanoient la fainteté de ce Temple. Il n'eft entré en colère que contre ce défordre, quoiqu'il ne fe commit que dans le parvis, & fous le prétexte même du fervice & du culte qu'on rendoit à Dieu dans fes facrifices. Auffi lés faints Pères ont été étrangement circonfpccts en confidérant cette hiftoire; & ils ont pris garde de ne point violer la fainteté de nos Temples far la moindre chole qui déplût à Dieu, puif qu'ils font infiniment plus faints que celui dont JESUSCHRIST ne put alors foufrir la profanation. C'est pourquoi ils ont toujours fort recommandé à leurs peuples le refpect qu'ils doivent aux Eglifes; parce qu'il n'y a rien qui irrite Dieu davantage que l'irrévérence qu'on lui témoigne dans un lieu où il habite comme dans fon trône & comme dans le Ciel même. Il ont exhorté les fidèles à s'appliquer à ce faint culte avec une exactitude religieufe. Car on ne fe rit point de Dieu impunément; & s'il tolère ici les irrévérences que l'on ofe commettre en préfence de fon Autel, on ne doit point douter qu'il n'excite un jour fa colère contre cet outrage & qu'il ne s'en vange, felon la parole de l'Ecriture, dans toute l'effufion de fa fureur.

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Robe

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née 33.

Tout Out le tems depuis l'entrée de JESUS-CHRIST dans La même auJérufalem jufqu'à fa paffion, fe paffa en diverfes conférences qu'il eut avec les Juifs, par lefquelles il leur reprochoit leur infidélité, & leur prédifoit que les païens & les idolâtres prendroient leur place dans le royaume de Dieu. Mais pour abatre en même tems la vanité que les gentils pouroient avoir de s'être vus préférés à un peuple autre-, fois fi chéri de Dieu, il fait voir dans une même parabole. de quelle manière il a rejeté les Juifs, & avec quelle fageffe les Gentils doivent maintenant remplir leur place. Le Royaume des Cieux, dit-il, eft femblable à un Roi qui fit un grand feftin pour les noces de fon Fils, & qui en-. voya fes ferviteurs pour appeler ceux qu'il y avoit invités. Mais ces perfonnes méprifant ce Prince, refufèrent d'y al ler. Il leur envoya encore d'autres ferviteurs leur repréfenter qu'il avoit préparé fes viandes & tué fes volailles. Ils négligèrent encore de fe trouver au feftin; & ils s'en allèrent les uns à leurs maifons de campagne, les autres à leurs affaires particulières, & les autres encore plus ingrats traitèrent outrageufement les ferviteurs de ce Roi & les

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tuè.

rent. Le Roi entra dans un grande colère lorfqu'on lui vint donner avis de ce qui s'étoit paffé. Il envoya auffi-tôt fes armées

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