rez pas indigne de votre protection le Livre que j'ai l'honneur de vous préfenter. Car c'eft, MONSEIGNEUR, toute l'Hif toire de l'ancien & du nouveau Teftament, tirée des Livres faints qui ont pour Auteur le Saint-Esprit meme. Ce Livre, MONSEIGNEUR, vous poura_donner une entrée facile dans ces Hiftoires facrées d'une manière très-agréable, en vous les reprefentant dépeintes dans des Figures, & en fefant paffer ainfi de vos yeux dans votre esprit des inftructions très-importantes. Votre lumière, MONSEIGNEUR, qui a paru dès votre enfance avec tant d'éclat, & qui croitra toujours avec l'âge, étant foutenue par Sageffe de celui dont le grand mérite ne pouvoit étre honoré d'une marque plus illuftre, que d'avoir été choifi par Sa Majefté pour fe repofer fur lui de tout le foin de votre royale éducation, vous fera remarquer peu-à-peu de grandes chofes dans la fuite de cette hiftoire. Vous y verrez, MONSEIGNEUR, une variété prodigieufe de toutes fortes d'évènemens. Vous y remarquerez la fondation & le renverfement des plus puiffantes Monarchies qui aient été dans le monde. Vous y reconnoitrez, MONSEIGNEUR, que la pro la vidence de Dieu veille pour la confervation des Princes qui lui rendent le culte & la vénération qui lui eft due; & que lorf qu'ils font tombés dans l'idolatrie, & qu'ils ont irrité fa colère, il leur a été leur couronne avec le même pouvoir par lequel il la leur avoit donnée, & leur a fait fentir par une funefte expérience, que fi les Princes Jont comme des Dieux fur la terre, ils ne font néanmoins que terre & que poudre devant Dieu. Mais j'ai tort, MONSEIGNEUR, de vouloir marquer ici en particulier l'ufage qu'on peut faire de ce Livre fi divin. Ce qu'on en peut dire en général, eft renfermé dans des bornes trop étroites pour répondre à la Sageffe de Dieu, qui eft infinie: & ce qui eft plus proportione à votre intelligence & à votre inftruc tion, MONSEIGNEUR, fe doit referver à la baute prudence & à la lumière de celui qui travaille avec tant de fuccès à un des plus grands ouvrages qui foit aujourd'hui dans le monde, en cultivant & fefant paroitre de plus en plus les royales inclinations que la nature même vous a ininfpirées, pour fatisfaire au defir fi louable de fa Majefté qui ne foubaite pas moins de vous rendre l'héritier de la grandeur de fon ame, que de fa puiffance & de fa cou A 3 ronne. ronne. Que fi ce Livre peut fervir de quelque chofe à un deffein fi néceffaire & fi important, & fi la difproportion qui fe trouve entre celui qui a fait ce recueil, & la Jainteté des chofes qui y fint renfermées, n'en détourne point le fruit qu'on en pouroit efpérer, je me tiendrai trop bonoré, MONSEIGNEUR, de vous avoir pu donner cette marque de la vénération que j'ai pour votre perfonne, & du profond respect avec lequel je fuis. MONSEIGNEUR. Votre très-humble & très obéiffant ferviteur, AVERTISSEMENT. 7 IL n'y a rien de plus établi par le confentement de tous les faints Pères, que le refpect que les Chrétiens doivent avoir pour la parole de Dieu, & le foin avec lequel ils y doivent chercher les règles de leur falut. Et comme ces Saints connoîffoient parfaitement la profondeur de l'Ecriture, qui eft pleine de miftères qu'elle voile fous des figures & des paraboles, ils ont fait quelque diftinction entre ces ouvrages fi divins, qui ne font pas tous également intelligibles, quoiqu'ils aient tous une égale fainteté. Ainfi ils ont cru que les livres d'hiftoire, qui nous repréfentent les vies des Patriarches & de ces admirables Saints qui ont eu une charité apoftolique tant de fiècles avant A 4 les les Apôtres, étoient extrêmement propres à réveiller notre piété, & à nous inftruire par des exemples proportionés à la lumière des moindres fidèles. C'eft dans cette vue que faint Bafile a dit que l'Ecriture décrivant la vie, de ces premiers Saints, nous propofe autant de tableaux vivans & animés pour être la règle de la nôtre. Saint Chryfoftôme dans le même efprit, voulant apprendre à fon peuple la manière de vivre chrétiennement, lui explique dans des Sermons toute la Genèfe. broife a fait de même d'excellens Traités fur la vie des principaux Patriarches, pour faire rougir les Chrétiens d'être moins les imitateurs de JESUS-CHRIST lorfqu'ils voient fa vie & fa mort fi divinement décrite dans fon Evangile, que ne l'ont été ceux qui ont vécu tant de fiècles avant lui, lorfque toute la terre étoit couverte des ténèbres de l'impiété & de l'idolâtrie. Et faint Am C'est donc à l'imitation de ces faints Docteurs, qu'on propofe encore ici la vie de ces mêmes Saints qu'ils ont relevés avec tant d'éloges, & qu'on a fait ce recueil de toute l'Hiftoire de l'ancien & |