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Premieres Tables. Exod. 19.

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nee

2513.

Rois mois aprés que Dieu eut delivré fon peuple de la tyrannie de Pharaon, il appella Moyfe & luy commanda de representer à fon peuple de quelle maniere il l'avoit tiré de l'Egypte; & de leur déclarer que s'ils eftoient refolus de luy eftre fidelles & de garder les ordonnances, il les regarderoit eternellement comme fon heritage, & comme le peuple qu'il choifiroit de toute la terre pour luy eftre confacre. Moyfe vint dire au peuple ce que Dieu luy avoit commandé, & ils luy répondirent tout d'une voix qu'ils feroient ce que le Seigneur leur ordonneroit. Lors que ce faint homme eut rapporté à Dieu la foûmiffion que fon peuple témoignoit, Dieu luy dit qu'il les avertit de fe tenir prefts dans trois jours, & qu'il leur parleroit du haut de la montagne de Sinaï. Il donna ordre à Moyfe de méttre des bornes au pied de cette

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montagne, & défendre au peuple de les paffer; parce que tous ceux qui y monteroient feroient auffi-toft frappez de mort. Aprés qu'ils fe furent ainsi separez, dés que le troifiéme jour commença à luire, on entendit de toutes parts du haut de la montagne un grand bruit de foudres & de tonnerres. Tout eftoit brillant d'eclairs, & une épaiffe nuée couvroit tout le mont. On entendit auffi le bruit d'une trompette éclatante, & les yeux & les oreilles furent tellement faifies, que Moyfe eut peine à tirer le peuple de leurs tentes pour venir au devant de Dieu qui luy vouloit déclarer fes ordonnances, Dieu appella Moyfe à luy du haut de cette montagne qui paroiffoit toute en feu, & d'où s'élevoit une grande flâme comme il en fort d'une fournaife embrafée. Mais le peuple écouta de loin les dix commandemens que Dieu leur donna de fa propre bouche, & comme la frayeur le faififfoit à la veuë de tant d'éclairs, il pria Moyfe qu'il luy parlaft plûtoft luy-mefme, & qu'il luy dift de la part de Dieu tout ce qu'il plairoit au Seigneur de leur ordonner, pluftoft que d'eftre ainfi en danger de perdre la vie fi Dieu leur parloit davantage. C'eft ainfi que furent publiez pour la premiere fois les dix commandemens de Dieu, qui font encore aujourd'huy les loix faintes que les Chreftiens regardent comme le fondement le plus inébranlable de leur pieté, & qu'on ne peut violer fans crime. Les faints Peres ont fouhaité qu'une partie de cette frayeur dont les Juifs furent faifis en les écoutant d'abord, paffaft jufqu'à nous, & que nous tremblaffions dans l'apprehenfion de tout ce qui nous pourroit faire bleffer le moins du monde la fainteté de ces ordonnances. La fuite du temps & la corruption des mœurs & parmy les Juifs autrefois, & enfuite parmy les Chreftiens, a fait trouver beaucoup de moyens de les éluder qui paroiffent inventez avec adreffe, & qui femblent fort favorables au relâchement des hommes. Mais JESUS-CHRIST qui nous affure que la moindre parole de ces loix faintes ne paffera pas, nous apprend à les regarder avec un refpect toûjours nouveau. Car les Chreftiens ne font plus efclaves comme

les

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les Juifs. Ils font les enfans de la femme libre.
ne difent plus comme les Juifs, Que Dieu fe retire &
qu'il ne nous parle point de peur que nous ne mou-
rions; mais ils fouhaitent au contraire que Dieu leur
parle, parce que fes paroles font des paroles de vie, &
qu'il les accompagne de l'onction de fon Esprit, qui
leur fait accomplir avec joye & avec affection, des
commandemens que les Juifs regardoient comme un
joug infupportable.

Le Tabernacle Exod: 27.

nce

2513.

La nef. Es Juifs ayant témoigné aimer mieux que Moyfe leur parlaft que le Seigneur, Dieu le fit monter au haut de la montagne, & l'inftruifit de toutes les loix qui regardoient la conduite de fon peuple, avec une fageffe fi profonde, que tous ceux qui font leur employez dans le gouvernement des peuples ou dans les magiftratures ne peuvent trop s'en inftruire. Il

4

mois

apres

fortie

de l'E

Eypte.

l'obli

l'obligea mefme de demeurer avec luy feul fur la montagne pendant quarante jours & quarante nuits; & apres luy avoir déclaré toutes ses volontez, il le renvoya vers fon peuple, & luy donna deux tables écrites de fon doigt divin, où eftoient les dix commandemens qu'il avoit prononcez devant le peuple, & qui renfermoient en abregé tout ce qu'il avoit ordonné. Le peuple cependant toûjours dur & incredule voyant ce grand retardement de Moyfe alla trouver Aaron; & l'obligea feditieusement de luy faire un veau d'or. Ils donnerent pour cela les pendans d'oreilles de leurs femmes, & ils adorerent cette idole avec beaucoup de réjoüiffance, Lors que Moyfe defcendit de la montagne avec les deux tables écrites du doigt de Dieu, il entendit ce grand bruit, & s'étant approché de plus prés, il vit ce veau d'or & les danfes criminelles qu'on faifoit auprés, & au moment mefme le zele dont il le fentit brûler le porta à jetter par terre ces tables faintes, & à les brifer au pied de la montagne. Il crût qu'il eftoit inutile que la loy de Dieu fubfiftaft encore ecrite fur la pierre, lors qu'elle eftoit déja effacée des cœurs, & il jugea bien que des ames fi inconftantes eftoient indignes que Dieu les honoraft de fes ordres. Il prit enfuite ce veau d'or qu'ils adoroient, il le brûla & le reduifit en poudre, qu'il jetta dans de l'eau pour la donner à boire à tous les Ifraëlites, & pour leur apprendre en cette maniere combien eftoit méprifable ce veau d'or qu'ils adoroient. 11 têmoigna enfuite à Aaron fon mécontentement de ce qu'il avoit permis ce defordre; & fe mettant à l'entrée du camp, il cria tout haut, que tous ceux qui vouloient eftre à Dieu fe joigniffent à luy. Auffi-toft la Tribu de Levi s'affembla auprés de Moyfe, qui leur commanda de prendre leurs épées, & d'aller & de revenir au travers du camp en tuant tout ce qu'ils rencontreroient, fans excepter ny amy ny proche, ny frere ny fils. Ils le firent avec un zele loüable, & ils tuerent vingt-trois mille hommes. Moyfe benit auffi-toft la famille de Levi, & il leur dit que bien loin de s'estre

F

rendu

rendu odieux devant Dieu par l'effufion de ce fang; ils avoient confacré leurs mains au Seigneur. Saint Gregoire admire ce zele, & a crû qu'il eftoit d'une grande inftruction pour ces peres lâches qui n'ofent pas faire la moindre reprimende à leurs enfans lors qu'ils les voyent plongez dans l'amour & dans la corruption du monde, qui eft une veritable idolatrie. Les Levites, dit ce faint Pere, aimoient leurs enfans, & cependant ils ne les épargnent pas. Ils leur oftent mefme la vie aprés un ordre fi formel de Dieu, & nous craignons d'affliger les noftres par la moindre reprimende, parce que nous les aimons d'un amour qui eft tout charnel. La charité mefme la plus tendre a auffi fa colere. Il n'y a point de pere qui aime plus fon fils que Moyfe aimoit fon peuple, puis qu'il s'offre à eftre effacé du livre de vie pour le fauver. II veut bien mourir pour conferver la vie de ce peuple, & il en fait mourir neanmoins jufqu'à vingt-trois mille. Ce grand feu de Charité dont il brûle au dedans n'eft point contraire au grand zele qu'il a pour la juftice; & plus il craint la colere de Dieu pour les enfans, plus il tache de la prévenir en les chastiant par une severité exemplaire.

Secondes Tables. Exod. 34. .

La mé- Moteur queftoit arrivé à fon peuple; il les Oyfe eftant penetré jufqu'au fond du cœur du

2513. affembla le lendemain, & leur reprefenta encore la grandeur du crime de leur idolatrie. Il leur dit enfuite qu'il alloit fe prefenter devant Dieu, pour voir s'il pourroit le fléchir & détourner fa colere qu'ils avoient fi juftement meritée. Il s'humilia donc devant Dieu, comme s'il euft efté coupable luy-mefme du peché des Juifs, & comme s'il n'euft ofé ouvrir la bouche pour luy demander pardon d'un fi horrible facrilege. Mais fa charité trouva enfin un remede à un fi grand mal. Il fe mit au rang de ces criminels & s'offrit à eftre exterminé avec eux du livre de vie. Il força

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