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força Dieu en quelque forte de pardonner pluftoft à tant de coupables à cause d'un innocent, que de faire mourir un innocent avec tant de criminels. Ainfi Dieu le renvoya vers le peuple, pour luy dire qu'en faveur de leurs peres il luy donneroit la terre qu'il luy avoit promife; mais qu'il n'iroit plus luy-mefme devant eux à fon ordinaire, parce qu'ils eftoient trop inflexibles, & qu'il craignoit que leur dureté ne le forçaft enfin à les exterminer entierement. Et aprés leur avoir commandé de quitter tous leurs ornemens pour luy donner une marque de leur penitence, il ordonna à Moyfe de tailler deux tables de pierre, femblables aux premieres qu'il avoit brifées. Moyfe alla de grand matin fur la montagne de Sinaï tout feul, où il invoqua le nom de Dieu durant jours. Il fe profterna en terre devant fa Majesté fainte qui paroiffoit fur une nuée au haut de cette montagne, & le conjura de pardonner les pechez de tout le peuple. Dieu receut favorablement fes prieres & luy promit fa protection: & lors qu'il eut paffé quarante

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quarante

jours

jours & quarante nuits fans manger, écoutant tous les ordres qu'il plaifoit à Dieu de luy donner pour l'avenir, il s'en retourna avec les deux tables de la Loy qu'il avoit écrites de fon doigt faint. Mais le peuple fut bien furpris de voir la face de Moyfe pleine de rayons de lumiere, dont Moyfe luy-mefme ne fçavoit rien. Et comme ils n'ofoient approcher de luy, Moyfe les appella & leur dit tout ce qu'il avoit appris pour leur dire. Il voila fon vifage lors qu'il leur parloit; & cet éclat de lumiere y demeurant toûjours empraint à caufe de la familiarité qu'il avoit cue avec Dieu, il fut obligé de tenir toûjours ce voile fur fon vifage, qu'il oftoit lors qu'il entroit dans le Tabernacle pour aller parler à Dieu; apprenant ainfi à tous les Pasteurs de l'Eglife à temperer les veritez faintes, pour fe proportionner à la foibleffe de ceux qui les écoutent, à cacher les dons interieurs dont Dieu les favorife dans les fecrettes communications qu'ils ont avec luy par la priere. Ce fut ainfi que les tables de la Loy furent reparées, & que Dieu eftant fléchy par la punition de ce peuple & par la priere de Moyfe, voulut bien une feconde fois graver luy-mefme fur la pierre de fon doit faint les commandemens qu'il leur avoit faits. Cette grace marquoit celle qu'il fait à une ame penitente lors qu'eftant touché de fes humiliations, il grave de nouveau dans fon cœur par fon faint Efprit fa loy fainte qu'elle avoit effacée par le defordre de fa vie. Mais Dieu voulut luy-mesme faire voir à Moyfe que cette grace eft difficile à obtenir; & ce fut, comme difent les faints Peres, pour marquer cette difficulté qu'il voulut que Moyfe taillaft fuymefme ces deux derniers tables de pierre, ce qui n'eft point marqué des precedentes. Car l'homme eft fi foible qu'il perd facilement ce qu'il a obtenu fans aucun travail, & Dieu eft comme contraint de luy faire fentir de la peine dans la reparation de fa loy fainte, afin que cette difficulté le rende plus vigilant fur luy-mefme, & l'empefche de laiffer encore perdre une grace qu'il n'a obtenuë de Dieu qu'avec tant de larmes."

Le

Le Veau d'Or Exod: 32.

Moyfe ayant apporté au peuple les tables de la La mer

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fix mois

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loy, & le peuple eftant refolu de rendre à Dieu née une fidelle obeïffance, ce faint homme ne penfa plus 1513 & qu'à executer ce que Dieu luy avoit ordonné pendant aprés les quarante jours qu'il demeura fur la montagne. A-leur vant que d'entreprendre aucun ouvrage, il affembla le fortie. peuple & luy déclara tout ce que Dieu luy avoit or- Taberdonné de faire; afin que chacun offrist ce qu'il pour- fut roit pour la structure de tant d'ouvrages. Apeine leur achevé eut-il fait cette propofition, qu'ils apporterent qu'au auffi-toft leurs plus précieux ornemens, & les femmes mefme n'épargnerent pas leurs pendans d'oreil- ment de les, leurs braffelets, leurs anneaux, & leurs vafes les l'année plus riches. Ils donnerent auffi tout ce qu'ils avoient de belles étoffes & de parfums ; & Moyfe ayant choifi à dire des perfonnes éclairées de la fageffe de Dieu pour de fix

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prefider aux ouvrages, ils fe virent tellement accablez de tant de dons, qu'ils furent contraints de faire crier par un Heraut, que perfonne n'apportaft plus rien. L'ouvrage que Dieu avoit ordonne le premier à Moyfe eftoit le Tabernacle, dont on voit icy la figure. Il avoit trente coudées de long & dix de large. Des aix luy fervoient de muraille de part & d'autre, & il eftoit couvert d'étoffes dedans & dehors. Celles de dedans eftoient, parfaitement riches : celles de dehors eftoient des peaux propres à refifter à toutes les injures de l'air La broderie des rideaux du dedans reprefentoit des cherubins & des plumages, & toutes ces peaux fe tenoient les unes aux autres par des anneaux & des boucles faites avec un art admirable. Il y avoit quatre étoffes l'une fur l'autre, afin de refifter plus folidement à la pluye. On avoit mis aux aix des anneaux d'or au travers defquels on paffoit des leviers qui eftoient auffi reveftus d'or pour les porter lors qu'il faloit changer le Tabernacle de lieu, & on fit des bafes d'argent pour les y pofer avec plus de feureté. Telle eftoit la conftruction de ce Tabernacle, que faint Auguftin dit avoir efté tout plein de myfteres. C'eftoit une figure vifible de l'Eglife. Ce Temple portatif qui fe tranfportoit en divers lieux, marquoit l'Eglife pendant qu'elle eft encore icy fur la terre dans un eftat d'inftabilité & dans un lieu de paffage, comme depuis le Temple de Salomon figura l'Eglife dans fon eftat de stabilité & dans la demeure des cieux. Les aix qui faifoient comme les murailles de ce Tabernacle, marquoient les perfonnes fortes qui foûtiennent toute l'Eglife par la folidité de leur vertu. Les bafes d'argent fur lesquelles ils eftoient pofez marquoient la pureté de la doctrine & de la verité fur laquelle l'Eglife fainte eft appuyée. Ces tapis ornez de broderies differentes qui éclatoient de toutes parts au dedans du Tabernacle, fignifioient les differentes vertus de éleus, qui forment toutes ensemble une agreable varieté, qui eft la gloire de Dieu & l'ornement de l'Eglife. Mais

com

comme les faints Peres remarquent fort bien, chaque partie feparée de ce Tabernacle ne formoit point une demeure où Dieu habitaft. Ce n'eftoit que le tout & l'union de toutes ces parties ensemble. Ce qui nous marque que quelque excellente que paroiffe la vertu des particuliers dans l'Eglife, ils ne font rien neanmoins s'ils ne font unis par la charité au refte de fes enfans dont la paix & la concorde eft le plus faint Temple que Dieu puiffe avoir ici fur la terre.

L'Arche de l'Alliance. Exod. 25.

L

du M.

2514.

ETabernacle eftant fait felon les regles que Dieu L'AR avoit prefcrites à Moyfe, il travailla auffi-toft à l'Arche. Ĉette Arche eftoit comme l'abregé de toute dans le la religion des Juifs, & c'eftoit principalement pour premier la placer avec honneur qu'eftoit fait le Tabernacle.

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