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Les Juifs la confideroient comme ce qu'ils avoient de plus précieux, & l'Ecriture elle-mefme l'appelle la gloire d'Ifraël & la force du peuple Juif. Elle avoit deux coudées & demy de long, une coudée & demy de large, & une coudée & demy de haut. Elle eftoit d'un bois incorruptible, qui eftoit revestu par dehors & par dedans de lames d'un or tres-pur. Ce qui la couvroit par dessus n'eftoit pas de bois, mais une table d'or de la mefme grandeur que l'Arche; & ce couvercle eftoit appellé Propitiatoire; parce que c'eftoit de la que Dieu rendoit fes oracles à fon peuple lors qu'il luy eftoit favorable, & qu'il recevoit leurs prieres pour se reconcilier avec eux, Il y avoit fur ce Propitiatoire deux Cherubins qui fe regardoient l'un l'autre, & qui eftendoient leurs ailes le long de l'Arche, comme pour fervir de trône à la majefté & à la fainteté de Dieu. Ce qui a donné lieu à ces manieres de parler fi frequentes dans l'Ecriture, qui nous representent Dieu affis fur les Cherubins. Dieu fit auffi attacher aux quatre coins de l'Arche des anneaux d'or, & fit faire des baftons de bois de Setim reveftus d'or, qui eftoient toûjours paffez dans ces quatre anneaux, & qui fervoient à transporter l'Arche lors que le camp devoit marcher. Dieu voulut qu'on luy confacraft cette Arche & qu'on n'y mift autre chofe que les Tables de la Loy; ce qui l'a fait appeller l'Arche du temoignage, ou l'Arche de l'Alliance, à caufe de la Loy qui eft appellée de ces deux noms dans l'Ecriture. On y mit auffi une mefure de la manne avec la verge d'Aaron. C'eft ainfi qu'il plût à Dieu autrefois de donner à ce peuple groffier un objet de leur pieté qui eftoit vifible, & $ qui avoit quelque rapport à leur foibleffe. Mais l'Arche veritable où Dieu veut habiter maintenant dans la Loy nouvelle eft l'ame de fes fidelles, qui gardent fa Loy dans leurs cœurs écrite fur des tables vivantes, qui y confervent la manne de la grace, dont ils fe nouriffent toûjours, & qui ont en eux comme la verge d'Aaron par l'inflexibilité de leur vertu & de leur juftice. Le Propitiatoire qui la cou

vroit reprefentoit JESUS-CHRIST qui eft noftre propitiation, comme dit faint Paul, & qui nous a reconciliez avec fon Pere, qui habitant dans l'ame de fes fidelles leur obtient la remiffion de leurs pechez, & leur rend les oracles de Dieu en les inftruisant de fes volontez. Ce Propitiatoire avoit des Cherubins: mais comme le dit fi fouvent faint Augustin, les Chreftiens font ces Cherubins eux-mefmes par la plenitude de leur charité, qui les rend comme les fieges & comme les trônes de Dieu. Ainfi en confiderant l'honneur où il a plû à Dieu de les appeller; ils doivent méprifer la vaine grandeur du monde, & s'en feparer comme eftant indigne d'eux, pour eftré toûjours comme un fanctuaire où Dieu habite avec plaifir; & ne pas imiter ce que firent autrefois les ennemis du Temple de Dieu, qui oferent placer l'Arche fainte auprés de l'idole de Dagon. Ce que faint Auguftin dit que nous faifons, Tors que nous voulons allier la vanité du monde avec la verité de Dieu, & le culte des Demons avec le culte de JESUS-CHRIST.

Pains de propofition. Exod. 25.

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AUffi-toft que l'Arche de l'Alliance fut achevée, La mefMoyfe une Table comme Dieu luy avoit mar- née qué. Elle eftoit d'un bois incorruptible revétuë de 2514toutes parts de lames d'or. Elle avoit deux coudées de le prelong, une de large, & une coudée & demy de haut. meftre. Dieu fit mettre une petite couronne d'or autour qui le bordoit par le haut & par le bas ; & il y avoit quatre anneaux d'or au deffous de cette couronne, où on paffoit des baftons de bois revêtus d'or pour tranfporter cette Table toutes les fois que le camp marchoit, L'ufage auquel cette Table eftoit destinée eftoit pour y offrir continuellement devant Dieu les pains qu'on appelloït ordinairement les Pains de propofition. 11

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y en avoit douze qué l'on mettoit fix à fix l'un fur l'autre des deux coftez de la Table. Ils eftoient faits de la plus pure farine avec l'huile. On les changeoit toutes les femaines, & au lieu de ceux qui eftoient raffis on en mettoit d'autres tout recens. Il n'eftoit permis qu'aux feuls Preftres de manger ceux que l'on avoit retirez, & ils devoient mefme les manger dans le lieu faint pour en marquer davantage la fainteté. Dieu ordonna auffi à Moyfe de faire de petits baffins d'or pour pofer ces pains fur la table, & d'autres petites écuelles d'or pour les couvrir par le haut. Dieu commanda qu'on mift fur chacune de ces deux petites piles un vafe plein d'un tres-excellent encens, afin que la fumée en montaft au ciel, & que ces pains fuffent ainfi confacrez à Dieu. Ce fut là, comme remarquent les faints Peres, le facrifice continuel par lequel Dieu voulut que fon peuple luy témoignaft une continuelle reconnoiffance, & qu'il avoüaft que c'eftoit uniquement de fa bonté qu'il poffedoit tout ce qu'il avoit. Il voulut pour ce fujet

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qu'il

qu'il y euft douze pains pour marquer les douze Tribus d'Ifraël, afin que chaque Tribu entraft dans ce jufte reffentiment de fes mifericordes, & que toutes ensemble regardaffent Dieu comme l'auteur de tous leurs biens. C'est encore aujourd'huy la reconnoiffance qu'il exige des Chreftiens, & avec d'autant plus de fujet que les graces qu'il leur a faites font plus excellentes. Ils ont un autre pain de propofition, c'eft à dire JESUS-CHRIST, fur la table fainte qu'ils offrent continuellement à Dieu pour actions de graces, & qui s'offre luy-mefme à fon Pere en reconnoiffance des dons qu'il répand fur fon Eglife. C'est pour ce fujet mefme que ce pain celeste eft appellé Euchariftie, qui nous apprend à rendre nos actions de graces à Dieu, non plus pour un pain materiel, ny pour des avantages terreftres, mais pour tant de graces invifibles & fpirituelles dont JESUSCHRIST fur l'Autel nous eft un eternel monument. Ce pain n'eft plus comme autrefois refervé aux feuls Preftres. Il fe communique à tous les fidelles, afin qu'eftant tous animez d'un mefme efprit ils forment tous un mefme corps, & comme un feul pain, felon faint Paul, qui demeurant toûjours attaché d'efprit & de coeur à JESUS-CHRIST fur l'Autel, s'offre comme luy & avec luy à fon Pere, & fe tienne en fa prefence comme un pain vivant qui trouve fa gloire à eftre facrifié pour fon fervice.

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Chandelier d'or. Exod. 25.

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née

2514.

Uoy que tout fuft magnifique dans le Tabernahonneur ; on peut dire neanmoins qu'une des chofes qui y éclatoient davantange eftoit le Chandelier d'or. Dieu luy-mefme en ordonna la forme à Moyfe. Il luy commanda de faire fix branches qui fortoient deux a deux de chaque cofté de la tige qui les foûtenoit & qui faifoit la feptiéme branche. Elles eftoient ornées à diftances égales de petites pommes & de fleurs de lys, qui fe lioient l'une à l'autre avec un art admirable. Au deffus de ces fept branches Dieu fit mettre fept lampes, qui eftoient auffi d'un or tres-pur. Il ordonna que le peuple euft foin d'offrir au Temple la plus pure huile d'olive pour entretenir ces lampes : & c'eftoit le grand Preftre luy; mefme qui avoit ordre de les allumer tous les jours,

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