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La mel

me an

née

ficence figuroit. L'ory brilloit, pour montrer, die faint Gregoire, que Dieu demande principalement la fageffe dans ceux qui approchent de fon Âutel; & une fageffe de Dieu, qui rende leur vie plus agreable à fes yeux, que leurs veftemens facerdotaux ne le font aux yeux des hommes. Ces fonnettes marquoient aux Preftres que toute leur vie doit parler, & que tous leurs pas doivent porter les hommes à penfer à Dieu. Ces fonnettes ne faifoient point de bruit lors que le grand Preftre ne marchoit pas, & les Pasteurs n'édifient point leurs peuples lors qu'ils ne s'avancent point dans la pieté. Ce Pectoral où eftoit écrit la Doctrine & la Verité, marquoit de quoy le cœur du Preftre doit s'occuper, en rejettant toutes les penfées vaines & toutes les affaires de la terre. Ces douze noms gravez fur les douze pierres, faifoient voir qu'il devoit toûjours avoir dans l'efprit les anciens Peres qui l'ont précedé. Car felon le mefme Pape, le Preftre ne peut eftre irreprehenfible dans fa vie, que lors qu'il marche fur les traces des Saints, & qu'il a toûjours l'exemple de leur vie devant fes yeux pour la fuivre luy-mefme, & pour la faire fujure aux autres.

Nadab & Abiu. Levit. 10.

Ors que Moyfe eut achevé tout ce que Dieu luy avoit ordonné de faire pour fon culte & fes facri2514. fices, il dreffa le Tabernacle & le refte qui y devoit au fepicfine eftre, & le confacra au commencement de la feconde mois. année de la délivrance d'Egypte. Dieu témoigna vifi

blement approuver tout ce qu'on offroit à fa gloire, & une nuée couvrit le Tabernacle pour marquer que la majefté de Dieu l'avoit rempli. Cette nuée mefme y demeuroit pendant tout le jour, lors que Dieu vouloit que fon Tabernacle demeuraft dans le mefme lieu, & elle le quittoit lors que le peuple devoit aller camper ailleurs. Ce fut ainfi que l'on commença à offrir reglément à Dieu fur la terre un culte exte

rieur, & des facrifices felon les loix que luy-mefme avoit prefcrites; Et Aaron & fes enfans eftoient occupez à ce miniftere où Dieu les avoit appellez. Mais Dieu fit voir bien-toft avec quelle exactitude il vouloit que l'on s'acquitaft de ces fonctions fi faintes, & avec quelle feverité il exigeoit que tout ce qu'il avoit ordonné s'executaft dans fes facrifices. Il avoit fait une loy, que le feu devoit continuellement brûler fur fon Autel, que les Preftres avoient foin d'entretenir en y mettant de nouveau bois foir & matin. C'eftoit de ce feu qui eftoit faint & facré que l'on devoit emplir les encenfoirs, lors qu'on faifoit les encenfemens ordonnez de Dieu. Mais Nadab & Abiu les deux enfans ainez d'Aaron ayant negligé cette pratique, & ayant pris d'un feu eftranger dans leurs encenfoirs moururent dans le Tabernacle mefme en prefence du Saint des Saints, lors qu'ils y faifoient les encenfemens. Un feu que Dieu lança contre eux comme un coup de tonnere les dévora au dedans d'eux-mefmes fans toucher au dehors de leurs

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corps,

corps, ni mefme de leurs habits. Et Moyse prenant occafion de ce chastiment fi foudain, d'avertir les autres Preftres d'eftre exacts à leur devoir, fit emporter les corps de Nadab & d'Abiu hors du Sanctuaire pour les jetter hors du camp, dans le mesme eftat qu'ils eftoient au Tabernacle, c'eft à dire eftant reveftus de leurs tuniques de lin. Moyfe défendit à Aaron & à fes enfans de pleurer ces morts, ou de fe rafer la tefte & de déchirer leurs habits. Il leur ordonna de laiffer ces fignes de deüil au refte du peuple, dont ils fe devoient autant feparer en ce point comme en tout le refte, pour refpecter l'huile fainte dont ils avoient efté confacrez. Dieu apprit deflors par un évenement fi terrible, & par une punition fi fevere, que ce que l'homme luy offre de plus faint, comme font les encenfemens, ne luy peut eftre agreable lors qu'il obmet dans le culte exterieur qu'il luy rend les conditions qu'il exige. Il eft fi grand qu'on ne peut l'honorer qu'en la maniere que luymefme a preferite. Il ne frappe plus vifiblement comme alors ceux qui ne gardent point en cela fes ordonnances faintes. Mais il ne difcerne pas moins aujourd'huy qu'autrefois ceux qui apportent à fon Autel un feu étranger,' & qui fe prefentent devant luy, brûlans dans le cœur d'un autre feu que de celuy qu'il a allumé fur la terre par fon faint Efprit. Ce feu eftranger qu'il rejette & qu'il punit de mort, eft felon faint Gregoire l'amour du monde, & ce faint Pape frappé de l'exemple que Dieu donna dans Nadab & Abiu, en prend fujet d'exhorter tous les fidelles, & particulierement les Miniftres de l'Autel, à bannir de leur cœur l'amour des chofes temporelles, afin qu'ils ne brûlent que de l'amour de Dieu feul, qui eft un feu confumant & qui ne peut fouffrir qu'un autre feu brûle avec le fien dans un mesme

gœur.

Blas

Blafphemateur lapidé. Nomb. 15.

A

Pres que Dieu eut donné un fi grand exemple Le mé

née

puniffant d'une mort fi foudaine Nadab & Abiu, il2514. en donna un autre de l'exactitude de fa juftice envers le commun du peuple. Deux Juifs fe querellant l'un l'autre, un d'entre eux transporté de colere, blafphema le faint nom de Dieu. Les oreilles furent bleffées de ces paroles déteftables; & on amena ce blafphemateur à Moyfe, qui ne voulut rien ordonner fur l'heure, avant que d'avoir confulté Dieu. Dieu luy commanda de faire conduire fur l'heure ce blafphemateur hors du camp, & que là tous ceux qui avoient oüy fes blafphêmes mettroient leurs mains fur fa tefte, afin qu'enfuite tout le peuple le lapidaft. Cet ordre fut executé au moment mefme . avec une feverité qui devroit faire trembler en ce

temps

temps ceux qui s'emportent en de fi horribles blaf phêmes, & faire rougir ceux qui les fouffrent avec une fi lâche indifference. Dieu fit enfuite une loy qui condamnoit tous les blafphemateurs à estre à l'avenir lapidez par tout le peuple. Quelque temps aprés il arriva encore un autre exemple d'une femblable feverité. Ce peuple eftant tres-exact à observer exterieurement la fainteté du jour du Sabbat, auquel Dieu leur avoit commandé depuis peu de fa propre bouche de ne faire aucune œuvre fervile, ils trouverent un homme qui ramaffoit un peu de paille dans le defert au jour du Sabbat. L'ayant amené à Moyfe & à Aaron pour le juger; ils le firent garder jufqu'à ce qu'ils euffent confulté Dieu, parce qu'ils ne fçavoient eux-mefmes, où s'il devoit mourir pour une fi petite chofe, ou de quelle mort il devoit mourir. Dieu ordonna encore que l'on menaft cet homme hors du camp, & que tout le peuple le lapidaft. On feroit plus exact en ce temps à garder la loy de Dieu, fi on fe voyoit menacé d'une prompte mort auffi-toft qu'on l'a violée, & la crainte au moins d'un fupplice fi prefent arresteroit noftre temerité. Mais ceux qui ont appris à pratiquer la Loy de Dieu par amour & non par la crainte des chastimens, ne peuvent affez gemir lors qu'ils voyent la liberté que les Chreftiens fe donnent de violer fans rien craindre les loix les plus inviolables de Dieu. Leur foy leur fait voir d'autres fupplices plus à craindre que ne le font ces punitions temporelles; & ils répandent des larmes lors qu'ils confiderent que pour des pailles & du chaume, telles que font toutes les chofes temporelles, les hommes irritent la fainteté de Dieu & attirent fureux des fupplices qui ne finiront jamais. Car Dieu ne relâche rien de la feverité de fes loix. Il a dit aux hommes une fois ce qu'il vouloit d'eux, & il ne parle plus enfuite. Les hommes peuvent bien fe trompereux-mefmes, & juger avec un fens humain de la loy de Dieu. Mais quoy qu'ils fe flatent comme cet homme qui ne ramaffoit que des pailles, & qu'ils s'excufent facilement eux-mefmes, l'arreft de mort

ne

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