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ne laiffera pas d'eftre prononcé, & ils reconnoiftront trop tard, felon que le dit faint Augustin, que l'homme eftoit vain dans fes promeffes, & que Dieu avoit efté veritable dans fes menaces.

Douze efpions. Nombres 13.0

LA

me an

A feverité de tant de chaftimens que Dieu exer- La mef çoit en tant de manieres fur fon peuple ne pût née, arrefter fes murmures, & Aaron mefme avec la foeur 25 14. de Moyfe ne s'en trouverent pas exemts. Car eftant jaloux de la grande autorité que Dieu donnoit à Moyfe, ils s'en plaignirent, & dirent qu'il n'eftoit pas le feul à qui Dieu euft parlé. Et pour donner quelque prétexte à leurs murmures, ils prirent fujet de la femme de Moyfe qui eftoit Ethiopienne. Moyfe alors garda fa douceur ordinaire. Mais Dieu le vangea luy mefme; & épargnant Aaron à cause de fa digaité, il frappa Marie d'une lepre fi prompte, qu'en un

mo

moment elle dévora tout fon corps. Moyfe pria Dieu pour la guerifon de fa foeur; mais Dieu voulut qu'elle fuft feparée & chaffée du camp, au moins durant fept jours, aprés lefquels elle fut guerie. Ce murmure particulier eftant finy, il en furvint un autre de tout le peuple. Car Dieu ayant ordonné à Moyfe d'envoyer un homme de chaque Tribu pour confidérer la terre de Chanaan, & pour apporter de fes fruits; ils revinrent en montrer une grappe de raifin, qui faifoit voir l'excellence de cette terre. Mais ils dirent en mefme temps qu'elle eftoit habitée par un peuple fi redoutable, qu'ils jetterent l'épouvante dans tous les cœurs. Tous alors d'une commune voix fe plaignirent de Moyfe. Ils fouhaiterent d'eftre morts dans le defert pluftoft que d'aller combattre contre des Geans. Enfin ils refolurent d'élire un chef pour retourner en Egypte. Moyfe & Aaron fe profternerent devant Dieu pour appaifer fa colere, & cependant Caleb & Jofue qui avoient efté de ces douze, tafcherent d'adoucir le peuple, malgré la refistance des dix autres qui eftoient les principaux auteurs de cette fedition. Ils luy reprefenterent que cette terre eftoit excellente; & que s'ils avoient foin de fe rendre Dieu favorable, ils en devoreroient les habitans comme on devore un morceau de pain. Mais le peuple étrangement aigry eftoit preft mefme de lapider Caleb & Jofué, fi Dieu n'cuft arrefté leur fureur en paroiffant avec éclat fur le Tabernacle de l'alliance. Il commanda à Moyfe de dire à tout le peuple, qu'il avoit oüy leurs murmures; qu'il les traiteroit comme ils l'avoient defiré; que puis qu'ils avoient souhaité de mourir dans cette folitude, ils y mourroient tous en commençant à compter depuis ceux qui avoient vingt ans, & qu'il n'y auroit que leurs enfans qui entreroient dans cette terre, après avoir erré pendant quarante ans dans ce defert. Il excepta de cette punition Jofué & Caleb qui s'eftoient oppofez à leurs murmures; & les autres efpions qui avoient caufé cette fedition dans le peuple furent frappez de mort à l'heure-mefme, comme les auteurs d'un fi grand

mal.

mal. Dieu fit voir alors que lors qu'il nous promet
de grandes recompenfes, il ne veut pas que nous nous
épouvantions au moindre combat qu'il faut fouffrir
pour les meriter. On ne peut entrer dans la terre pro-
mife qu'en furmontant les ennemis qui nous en fer-
ment le paffage. Mais au lieu de s'abattre à la veuë de
ces ennemis, il faut au contraire relever fa foy &
s'appuyer fur les promeffes de Dieu, qui luy mefme
combat pour nous. C'eft ainfi que dans la Loy nou-
velle JESUS-CHRIST n'a promis fon royaume
qu'a ceux qui feroient de violence pour le ravir.
C'eft renoncer au royaume que de craindre les efforts
aufquels feuls Dieu l'a promis; & ceux qui au lieu
d'encourager les ames à les vaincre, les affoibliffent
en leur reprefentant ces difficultez comme infurmon-
tables, feront punis de Dieu comme eftant la premiere
caufe de la perte de fon peuple.

Coré, Dathan, & Abiron. Nomb. 16.

L

2514.8

depuis

gypte.

E murmure du peuple excité par les efpions, fut La meme bien-toft fuivy d'un autre qui offenfa bien Dieu e ann. davantage. Coré, Dathan & Abiron, avec deux cens la feI cinquante des principaux d'entre les Ifraëlites, s'éle- conde verent contre Moyfe & contre Aaron. Ils furent ja- la fortie loux de leur puiffance, & ils leur dirent que jufques- d'Elà ils avoient affez dorainé fur le peuple du Seigneur, & qu'il eftoit temps de mettre des bornes à leur tyrannie. Moyfe fe jetta par terre lors qu'il vit cette confpiration; & comme ces murmurateurs affeétoient la fouveraine Preftrife, il leur reprocha leur ambition. Il leur reprefenta que ce leur eftoit déja trop d'honneur d'avoir efté élevez à la dignité de Levites, fans porter encore leurs defirs plus haut. Et aprés leur avoir fait voir que leurs murmures attaquoient Dieu mefme; il leur dit que le lendemain matin ils vinflent avec leurs encenfoirs, & qu'Aaron viendroit auffi avec le fien. Cela s'eftant fait. Coré avec les partisans fe mit d'un cofté & Aaron de l'auG

tre.

tre. Dieu parut en mefme temps dans fa majefté, & commanda à tout le monde de fe feparer de ces murmurateurs, qui demeurerent feuls à l'entrée de leurs tentes avec leurs femmes & leurs enfans. Moyfe alors prit à témoin tout le peuple, & luy dit qu'ils alloient avoir une preuve indubitable qu'il n'avoit rien fait que par les ordres de Dieu, & que la mort extraordinaire de ces rebelles le juftifieroit en leur prefence. A peine eut-il ceffé de parler, que la terre s'ouvrit tout d'un coup fous les pieds de ces trois factieux, & les dévora avec leurs tentes & tout ce qui leur appartenoit. Ils defcendirent tout vivans dans l'enfer; leurs corps furent abyfmez dans les entrailles de la terre; & ils perirent en un moment du milieu du peuple, qui fuyoit de toutes parts, & qui craignoit d'eftre luymefme enveloppé dans leur ruine. En mefme temps un feu envoyé de Dieu confuma ces deux cens cinquante partifans de Coré. Moyfe fit retirer leurs encenfoirs de l'embrafement pour les mettre en lames d'or qui furent attachées à l'Autel, afin d'eftre com

me

par

me un monument eternel d'une fi fevere vengeance. Le peuple s'éleva contre Moyfe comme contre l'auteur d'une mort fi cruelle, & Dieu l'auroit confumé par les flâmes qu'il envoya contre ces murmurateurs, Moyfe ne s'y fut oppofé par fes prieres. C'eft pourquoy Dieu commanda qu'Aaron fe haftast de prendre fon encenfoir & d'y mettre des parfums pour appaifer fa colere, & auffi-toft le feu s'arresta aprés avoir confumé prés de quinze mille hommes, Dieu pour confirmer davantage le facerdoce à Aaron, voulut que chaque Tribu mift une verge dans le Tabernacle & qu'elle y écrivist fon nom, afin qu'on reconnust celle qui auroit fleury, celuy que Dieu avoit choisi pour Preftre. On trouva que ce fut la verge d'Aaron, qui d'un tronc mort avoit pouffé des fleurs & des feuilles, que Dieu pour ce fujet voulut qu'on gardaft dans le Tabernacle. Un fi grand exemple a toûjours retenu les perfonnes fages de s'engager par eux-mefmes au miniftere des faints Autels, & ils ont craint de mettre temerairement la main à l'encenfoir fans y avoir efté appellez de Dieu. Les punitions de ces trois factieux qui furent pluftoft ensevelis qu'ils ne furent mors, & qui tomberent tout vivans dans l'enfer, comme dit l'Ecriture, les tient dan une humble retenue à l'égard des chofes faintes, & ils comprennent que Dieu eft fi grand qu'il ne peut eftre fervy que par ceux qu'il fe choifit luy-mefme pour eftre fes Miniftres; & auxquels il donne en les appellant à ces hautes fonctions, les qualitez divines que merite un employ fi faint.

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