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Serpent d'arain. Nomb. 21.

L'An du M. 2552.

J.C.

mois de

J'an 40.

de la

d'E

A revolte de Coré, de Dathan & d'Abiron ayant

Avant une autre dans tout le peuple, que Dieu vangea d'u1452. ne maniere bien particuliere. Car lors qu'il erroit aug. dans le defert pendant tant d'années, dans les diver fes ftations où Moyfe les faifoit aller, il s'ennuya de tant de détours. Ils s'éleverent tous à leur ordinaire fortie contre Moyfe, luy témoignerent leur mécontentegypte. ment, & s'emporterent en des plaintes publiques contre luy & contre Dieu mefme. Ils fe plaignirent encore comme ils avoient déja fait en tant de rencontres, de ce qu'il les avoit tirez de l'Egypte. Que n'y fommes-nous demeurez, dirent-ils, & pourquoy faut-il que nous mourions dans cette vafte folitude? Nous n'avons point de pain à manger: l'eau mefme souvent nous y manque, & nous fommes

dégouftez il y a long-temps de cette nourriture fi legere qui nous eft devenue infupportable. Dieu fut irrité de ces murmures. Il envoya contre ces ingrats des ferpens de feu qui cauferent une effroyable defolation parmy tout ce peuple. Les plus feditieux furent épouvantez d'une punition fi foudaine. Ils arref terent tout d'un coup leurs murmures, & ils changerent leurs plaintes & leurs menaces en des prieres & des gemiflemens. Ils vinrent reconnoiftre devant Moyfe qu'ils avoient peché, & qu'ils avoient irrité Dieu en murmurant contre fa conduite; mais ils le conjurerent d'avoir enfin pitié d'eux, & de faire ceffer promptement cette playe mortelle. Moyfe porta humblement devant Dieu leurs demandes, Dieu appaifé par les prieres de ce faint homme, luy commanda de faire un ferpent d'airain, & de l'élever pour le rendre vifible aux yeux de tous; afin que ceux qui auroient efté mordus des ferpens, regardaffent ce ferpent d'airain, & fuflent gueris de leurs bleffures. Ce fut ainfi que cette mortalité paffa parmy le peuple, qui nous donna alors & dans fa bleffure & dans fa guerifon, des inftructions tres-importantes. Car les faints Peres ont regardé ce murmure du peuple & cette plainte de leurs longs travaux, comme une des tentations les plus dangereufes qui puifle arriver mefme aux plus parfaits, qui font quelquesfois en danger s'ils ne reveillent leur foy & leur confiance en Dieu, de fe laifler abattre dans les peines & dans les difficultez de la voye étroite. Mais ils ne peuvent confentir à ces murmures fecrets fans eftre empoifonnez dans l'ame par le venin des ferpens, c'est à dire des Demons, qui ne veillent qu'a leur perte, & qui ne tâchent qu'à les jetter dans le découragement. Pour fe guerir d'une bleffure fi dangereufe, il ne leur refte qu'à regarder le ferpent d'airain qui reprefentoit JESUS-CHRIST, comme il nous en affure luy-mefme dans fon Evangile. Il n'a pas dédaigné de fe comparer à un ferpent, mais à un ferpent d'arain; parce qu'en prenant noftre chair il n'en a point pris le peché, qui eft comme le venin du ferpent; quoy

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qu'il

qu'il n'ait pas refufé de fe foûmettre à la mort, qui eftoit l'effet, & la punition du peché. C'eft ce divin objet de JESUS-CHRIST élevé en croix que les fidelles doivent regarder avec foy pour faire ceffer toutes leurs plaintes, pour trouver la confolation de leurs maux, en fe difant fouvent à eux mefmes: Si l'innocent a tant fouffert fans fe plaindre, les coupables fe doivent ils plaindre de fouffrir quelque chofe; & fi Dieu a traité ainfi le bois verd, est-il jufte qu'il épargne le bois fec?

Balaam. Nomb. 22.

L'An du M.

2553.

A

Prés tant d'afflictions & de peines dont Moyfe. avoit efté éprouvé dans la conduite de fon peu Avant ple, il ne luy reftoit plus avant fa mort que d'éprouver encore celles que luy pouvoient caufer les artifices des faux Prophetes. Ifraël eftant campé affez proche des Moabites, Balac leur Roy en estant épouvan

J.C.

2451.

té ent recours à un faux Prophete des Ammonites nommé Balaam, qu'il pria de venir maudire Ifraël. Ce faux Prophete confulta Dieu durant la nuit, qui luy défendit de le faire, parce qu'il avoit luy-mefme beny ce peuple. Balaam renvoya donc les gens de Balac: mais ce Prince ne fe rebuta point, & il luy en envoya d'autres plus confiderables avec de plus grands prefens. L'avarice de ce faux Prophete en fut tentée, & au lieu de répondre fermement à ces perfonnes ce que Dieu luy avoit déja dit la premiere fois, il le confulta de nouveau, comme fi l'or de ces feconds Ambaffadeurs avoit pû faire le mefme changement en Dieu qu'il avoit fait dans le cœur de cet avare. C'eft pourquoy Dieu l'abandonnant à fes fecrets defirs, il luy dit qu'il fuivift ces personnes & qu'il allaft trouver Balac. Lors qu'il eftoit en chemin un Ange fe prefenta devant luy, fans qu'il le connuft. L'afneffe fur laquelle il eftoit monté le vit, & s'arrefta. Elle tomba mefme devant l'Ange; & comme Balaam la frappoit, Dieu, dit l'Ecriture, ouvrit la bouche de l'afneffe, & par un miracle qui a efté unique, elle fe plaignit de cette injufte feverité. En mefme temps Balaam vit l'Ange qui s'oppofoit à fon voyage; & comme il le menaçoit de le tuer, Balaam s'humilia devant luy & luy dit qu'il eftoit preft de s'en retourner s'il le defiroit. L'Ange luy permit de continuer fon voyage; mais à condition qu'il ne diroit que ce qu'il entendroit de Dieu. C'est ce qu'il fit en effet; & quelques efforts que Balac fift pour l'obliger de maudire Ifraël, Dieu malgré Balac & Balaam, ne fit prononcer pour les Juits que des benedictions qui irriterent étrangement ce Roy. Mais Dieu conduifoit la langue de Balaam, comme il venoit un peu auparavant de conduire la langue de l'afneffe fur laquelle il eftoit monté. La crainte neanmoins de perdre les recompenfes qu'il attendoit de ce Roy, fit que Balaam détruifit par le confeil qu'il donna, tout ce qu'il venoit de dire. Car parlant non plus en Prophete mais en tres-méchant homme, il copfeilla à Balac de faire voir des femmes des Madia

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nites

La mef

me ann.

2553

nites au peuple Juif, afin que ce peuple pechaft avec elles & adoraft leurs idoles, & que Dieu l'abandonnaft enfuite à fes ennemis. Cet avis eut un fuccés bien funefte. Car ces femmes idolatres gagnerent en effet par leurs attraits ce peuple facile, & le corrompirent premierement dans l'ame & enfuite dans le corps. Ainfi un faux Prophete qui contrefaifoit l'homme de Dieu, auroit efté par fes artifices & par fon avarice la caufe de la perte de tout le peuple de Dieu, fi un vray Miniftre du Seigneur ne s'y fuft opposé par un faint zele. Car Phinées voyant un Juif commettre un crime avec une femme Madianite, perça ces deux coupables de fon épée, & appaifa Dieu par ce facrifice. Ce peuple donc, dit faint Ambroife, fut plus miraculeufement délivré par un feul vray Preftre, qu'il n'avoit efté corrumpu par un feul faux Prophete, & la pieté de l'un eut plus de force que l'avarice & les artifices de l'autre. On vit alors que le peuple de Dieu est heureux lors qu'il a des perfonnes qui s'oppofent par un zele fage aux deffeins de ceux qui tâchent de le corrompre. Il y aura toûjours des Balaams dans l'Eglife, puifque c'est à ce faux Prophete que l'Apoftre compare ceux qui cherchent leurs propres interefts, & non ceux de JESUS-CHRIST. C'est pourquoy il faut fouhaiter qu'il y ait auffi des Phinées qui foient fenfibles à toutes les playes qu'on fait à l'Eglife, & qui ne cherchent que les interefts de Dieu & le falut de fon peuple.

L

Mort de Moyfe. Deuteron. 34.

Ors que Balaam eut fait pecher Ifraël, Dieu donna ordre à Moyfe qu'avant que de mourir il fe alan vengeaft des Madianites. C'eft pourquoy ayant choisi de la 40 douze mille hommes des plus courageux, il les ende la voya fous la conduite de Phinée, efperant que le fortie zele qu'il avoit déja témoigné attireroit la benedicd'E- tion de Dieu fur tous fes foldats. Il ne fut pas trompé dans fon attente. Car ces douze mille hommes

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Sypte.

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