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en grand danger de perdre la vie, fi la charité d'une temme nommée Rahab, qui jufques-là avoit efté déreglée dans fa conduite, ne les euft fauvez en les cachant. Ces efpions estant retournez à Josué ne firent pas comme ceux que Moyfe avoit envoyez quarante ans auparavant, qui intimiderent le peuple par leur rapport. Ils l'encouragerent au contraire, & ils luy dirent que Jericho eftoit dans une fi grande confternation, qu'elle eftoit déja comme vaincue. L'effroy dont tout ce peuple avoit efté faifi lors qu'ils virent les Juifs s'approcher, & le fouvenir de tant de merveilles que Dieu avoit faites en faveur d'Ifraël, leur fit rechercher toutes les précautions poffibles; & n'en trouvant point d'auttes que dans la folidité de leurs murs & de leurs remparts, ils en firent de fi forts, qu'ils paroiffoient imprenables. Mais Dieu fe mocqua de la refiftance de ces peuples, & promità Jofué que fans machines & fans efforts il renverferoit par terre toutes ces murailles. Il luy commanda que durant fept jours le peuple fift le tour des murs de la ville, & qu'au feptieme les Preftres priffent fept trompettes & les fiffent retentir marchant devant l'Arche: Qu'ils fiffent ainfi sept fois le tour de Jericho avec un profond filence: Qu'au feptiéme jour ils jettaffent tout d'un coup un bruit perçant & aigu, & que tout le peuple leur répondift de mefme. Il Tuy" promit qu'auffi-toft les murs de Jericho tomberoient par terre: ce qui arriva comme il le luy avoit marqué. Il luy défendit enfuite qu'on prift rien de cette ville. Il voulut qu'elle fuft toute en anathême; ce que Jofué recommanda tres-particulierement, peur que quelqu'un par fon avarice ne fuft caufe du malheur de tout le peuple. Il eut foin auffi d'avertir le peuple de fauver Rahab, & il commanda aux efpions d'aller prendre d'abord cette femme & tout ce qui eftoit à elle, afin de l'amener au milieu de leur camp pour y trouver la feureté qu'elle avoit fi justement meritée. Ce fut ainfi que Jericho fut détruite, & que ce peuple ennemi de Dieu qui fe confioit dans la hauteur & dans la force de fes murailles,

de

lés vit en un moment renversées par terre au feul retentiffement des trompettes. Ce miracle figuroit un myftere que les faints Peres ont fort remarqué. Ils nous ont dit que le bruit éclatant de ces trompettes representoit l'éclat de la predication des Pasteurs, qui jettent en mefme temps la joye dans le cœur des Ifraelites, & la frayeur dans ceux qui leur font la guerre. Rien, dit faint Ambroife, ne rend le peuple de Dieu plus victorieux de ses ennemis, que le foin qu'on prend de l'animer par le fon de la parole de Dieu & par le retentiffement des trompettes du Jubîlé, c'est à dire de la grace que Dieu leur fait en leur pardonnant leurs pechez. Cette joye fainte répandue dans l'ame: par la parole des Preftres, eft toute leur force, comme le difent les faints Prophetes. Jericho eftoit imprenable pendant que les Preftres demeuroient dans le filence; mais lors qu'ils firent du bruit & que le peuple leur répondit par fes cris, fes murailles tomberent par terre. Ainfi, dit faint Ambroife, les Chreftiens feront victorieux des Demons lors que les Preftres de la loy nouvelle feront retenrir fans rien crain-dre les veritez faintes, qui remplifient les peuples de: joye, qui luy apprennent à foûpirer vers le ciel, & à fouler aux pieds tout le monde en le regardant comme une autre Jericho, c'eft à dire comme une ville d'anathême qu'ils ont en horreur.

L

Deftruction de Hai. Jolué. 7.

me ann.

91513~

A ruïne de Jericho fut fuivie de celle de Haï. Lamef Comme cette ville paroiffoit peu confiderable, on reprefenta à Jofué qu'il eftoit fuperfu de fatiguer toute l'armée, & que deux ou trois mille hommes fuffiroient pour emporter cette place. Jofué les crut. Mais lors qu'il s'attendoit à voir revenir fes troupes victorieufes, il fut bien furpris d'apprendre qu'elles avoient eftédéfaites & qu'elles revenoient à luy aprés une honteufe fuite. Il fe jetta par terre devant le Seigneur, & ne pouvant fouffrir cette honte de fon peu

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ple qui retomboit fur Dieu mefine, il luy en fit fes plaintes avec une profonde douleur. Dieu luy répon dit que c'eftoit le peché d'Ifraël qui avoit efté caufe de cette défaite, & que l'anathême qui eftoit au milieu du peuple, avoit retiré de luy fon fecours, & l'avoit forcé de l'expofer à fes ennemis; mais qu'il euft foin de fanctifier le peuple, & qu'alors il continueroit de le proteger. Jofué fit donc affembler le peuple, & il protefta que celuy qui fe trouveroit coupable feroit brûlé. On jetta d'abord le fort fur les Tribus, & il tomba fur la Tribu de Juda. On le jetta enfuite fur les famil les de cette Tribu, & il tomba fur la famille de Zaré: d'où enfin il vint fur Achan à qui Jofué commanda de confeffer la verité & de rendre gloire à Dieu. Achan voyant fa faute fi divinement decouverte, crut qu'il eftoit inutile de celer le refte. Il avoua qu'il avoit peché, & que dans le fac de Jericho un manteau d'écarlate l'avoit tenté, qu'il l'avoit pris avec deux cens ficies d'argent, & une regle d'or qu'il avoit cachez en terre dans fa tente, en un lieu qu'il marqua à ceux qui

alle

allerent les chercher, & qui les porterent à Jofué en prefence de tout le peuple. Jofue fit prendre Achan à l'heure-mefme avec fa femme & fes enfans & tout ce qui eftoit à luy, & l'ayant mené dans la vallée d'Achor ils le lapiderent, & brûlerent tout ce qui luy appartenoit. Dieu eftant reconcilié par cette vengeance, dit à Jofué qu'il ne craignift rien, & qu'il luy avoit livré la ville de Hai. Il l'avertit de mettre une ambufcade auprés de la ville, afin qu'en faisant semblant de fuir comme la premiere fois, tous les habitans de Haï fuffent furpris entre ceux qui s'estoient cachez proche la ville, & les autres qui feindroient de fuir. C'est ce qui arriva en effet. Če peuple transporté de joye pourfuivit encore ceux qui ne fuyoient qu'en attendant qu'ils viffent la ville en feu. Ils fe retournerent alors, & taillerent en pieces les habitans de Haï jufqu'au nombre de douze mille. Ainfi la gloire du peuple de Dieu fut reparée par la mort d'Achan, dont l'avarice avoit efté funefte à tant de perfonnes. Saint Chryfoftome déplore le malheur de l'Eglife lors qu'il confidere cet evenement d'un peuple qui en eftoit la figure. Il ne peut s'empefcher de trembler lors qu'il voit qu'un feul homme qui avoit violé la loy de Dieu par fon avarice, attire la malediction fur tout le peuple; & il trouve bien infenfibles ceux qui lors que tout eft plein de méchans, font neanmoins fans aucune crainte. C'eft pourquoy il exhorte les Chreftiens à fe feparer des pecheurs. C'eft déja, dit-il, avoir beaucoup à faire que de demeurer nous-mefmes purs de l'anathéme de Jericho. Nous fommes bienheureux fi nous n'avons rien en nous de la corruption du fiecle. Si les hommes ne voyent rien dans nous des dépouilles maudites de Jericho, comme ils ne les voyoient pas alors dans Achan, il eft bien à craindre que Dieu & les Anges ne les voyent. Et nous devons mefine prendre garde qu'aprés nous eftre mis en estat de ne nous pas perdre par nos propres fautes, nous ne nous perdions peut-eftre par la contagion de celles des au

tres.

So

Soleil arrefté. Jofué. 10.

Sur la

fin de la

annce.

T

Ous les Rois qui eftoient dans le pays de Chanaan voyant de quelle maniere on avoit déja ancime traité les villes de Jericho & de Haï, s'affemblerent 2553. pour oppofer leurs forces à Ifraël. Mais le peuple de Gabaon eftant plus fage que les autres, prévit l'inutilité de cette ligue, & crut que rien ne pourroit refifter aux Juifs. C'eft pourquoy ils eurent recours à l'artifice. Ils prirent des habits ufez, & feignirent d'eftre d'un pays fort éloigné, d'où ils venoient trouver Jofué pour faire alliance avec luy. Jofué craignit d'abord quelque tromperie. Mais il fe laiffa enfin perfuader en voyant les pains de ces perfonnes reduits en poudre, les vafes où ils avoient mis du vin tout rompus, leurs fouliez ufez, & leur habits déchirez. Ainfi ne confultant point le Seigneur fur ce fujet, comme le marque l'Ecriture, il fit alliance avec ce peuple, &

jura

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