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jura qu'il ne les extermineroit pas. Trois jours aprés on reconnut cette feinte. On fe trouva fur les terres des Gabaonites, & le peuple murmura de ce que l'on épargnoit ces impofteurs. Il voulut mefme les tuer, fi Jofué ne fe fuft oppofé à ce deffein, en reprefentant au peuple la fainteté du ferment qu'il leur avoit fait. Il les condamna feulement à une eternelle fervitude, & protefta qu'ils feroient deftinez à couper le bois & à porter l'eau pour tout le peuple. Mais les Gabaonites eftant ainfi fauvez des mains des Ifraëlites, eftoient prefts de tomber prefque dans celles de leurs voisins, fi Jofué luy-mefme ne les en eut délivrez. Car Adonibefec Roy de Jerufalem voyant que ceux de Gabaon s'eftoient donnez aux Ifraëlites, commença de les regarder comme ennemis, parce que Gabaon eftoit une des plus grandes villes. & que le peuple en eftoït vaillant. C'eft pourquoy il pria quatre autres Rois fes voifins de fe joindre à luy pour exterminer les Gabaonites, qui n'curent point d'autre refuge dans cette extremité que la bonté de Jofué & le courage du peuple Juif. En effet les Ifraelites marcherent auffitoft à leur fecours; & défirent entierement ces cinq Rois. Et comme le déclin du jour les empefchoit de les pourfuivre & de les défaire entierement, Jofué commanda au Soleil de s'arrefter jufqu'à ce qu'ils fe fuffent vangez de leurs ennemis. Le Soleil s'arrefta auffi-toft par un miracle qui a efté unique, & devant ce jour ni aprés, dit l'Ecriture, on ne vit jamais un fi long jour, parce que Dieu voulut obeir à la voix de fon ferviteur. Les hommes admirent ces miracles, difent les SS. PP. & c'est avec raifon, puis que ce ne peut eftre que par la vertu de Dieu mefme qu'une creature inanimée refpecte ainfi dans un homme le pouvoir de Dieu. Le Soleil alors, dit S. Ambroise, reconnut dans Jofué la puiffance de JESUS-CHRIST, qui devoit plufieurs fiecles aprés arrefter le vray Sofeil, c'eft à dire la lumiere & l'ardeur de la verite, qui baiffoit déja fort & qui s'alloit éteindre pour jamais en laiffant le monde dans une nuit eternelle. Mais ce ne font plus ces fortes de miracles fenfibles que Dieu

fait maintenant dans fon Eglife. Les Pasteurs de fon peuple cherchent à arrefter non le cours du Soleil dans le ciel, mais le cours de la concupifcence dans les ames. Que fervoit-il à Jofué, dit ce faint Pere, d'arrefter ainfi cet aftre dans le ciel, lors qu'il ne pouvoit reprimer l'avarice fur la terre? Il commande au Soleil, & le Soleil luy obeït afin qu'il ait le temps de poursuivre fa victoire, & il ne peut commander à l'avarice d'Achan qui luy ofte la victoire d'entre les mains & qui le fait fuir honteufement devant l'ennemi. C'eft done là un des grands miracles de la Loy ancienne; mais ceux de la Loy nonvelle ont moins d'éclat, & font fans comparaifon plus grands, lors qu'une ame que le Demon poffedoit, & qui eftoit emportée par la violence de fes paffions, fe retourne tout d'un coup vers Dieu, & fe détachant de la terre & d'elle-mefme, n'a plus de defir que pour le ciel.

J

Punition d'Adonibelec Juges 1.

Ofué défit ainfi fes ennemis, le ciel confpirant pour fa victoire, & il tailla en pieces tout ce qui fe prefenta devant luy. Il ne trouva prefque plus de refiftance dans ce pays, & il y faifoit de jour en jour de nouveaux progrés. Tous fuyoient devant luy & fembloient reconnoiftre la puiffance que Dieu avoit donnée aux Juifs de poffeder ce pays comme leur heritage. Ainfi la plupart de ces idolatres furent exterminez en fix années de temps, & l'Ecriture compte jufqu'à trente & un Rois qui furent vaincus par ce genereux conducteur des Ifraëlites. Dieu ne laiffa dans ce pays des anciens peuples qui l'habitoient, qu'autant qu'il en faloit pour tenir toûjours fon peuple en haleine, afin d'éprouver fa fidelité, & d'avoir toûjours des miniftres de fes vengeances pour punir les Juifs, lors qu'ils auroient attiré fa colere par leurs pechez. Aprés que Jofué fe fut ainfi rendu maistre de ce pays par fon courage & par fes armes, il le diftribua par fa fageffe à toutes les Tribus, & fit ce par

tage

Avant

tage avec tant d'équité & de justice, qu'on ne peut L'A
affez l'admirer. Ayant achevé ces actions glorieufes du M.
aufquelles il avoit efté deftiné de Dieu, & eftant prés 570.
de fa fin, il affembla tout le peuple avant que dej.c.
mourir, comme avoit fait Moyfe, pour luy repre-2414.
fenter ce que Dieu avoit fait en leur faveur. Il les
conjura de n'avoir jamais d'autre Dieu que le Seig-
neur, ce qu'ils luy promirent avec ferment. Après
cela il mourut en paix agé de cent dix ans, & fut
pleuré de tout le peuple. Il eut ce bonheur que pen-
dant tout le temps qu'il gouverna les Juifs, ils ne se
laifferent point corrompre par l'idolatrie, ni em-
porter aux murmures contre Dieu. Les combats
qu'il livra contre divers Rois pour eftablir le peuple
de Dieu dans la terre promife, ont fait dire aux
SS. PP. qu'on ne devient point l'herirage & la terre
du Seigneur, fi l'homme auparavant ne bannit de
luy un ennemi qu'il a au dedans de luy-mefime. Nous
naiffons tous tributaires du Chananeen & de l'Amor-
rhéen, c'eft à dire des Demons, &'il faut neceffaire-

ment

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ment qu'il fe faffe un renouvellement dans nous, par lequel tout ce qui appartenoit au Demon foit exterminé, afin que nous devenions le royaume & le partage de Dieu. La Tribu de Juda fe fignala aprés la mort de Jofué, & Caleb qui en eftoit le chef la conduifit dans les batailles. Adonibefec fut le premier ennemi, qui fentit le courage de cette Tribu. Car l'ayant attaqué elle le défit, & le pourfuivit lors qu'il tâchoit de fe fauver par la fuite. Il y eut cecy de particulier dans la mort de ce Prince, que lors que les Ifraëlites l'eurent pris, ils luy couperent les extremitez des pieds & des mains. Ce Prince malheureux reconnut alors l'équité des jugemens que Dieu exerçoit fur fa perfonne, puifqu'il le traitoit comme il avoit traité luy-mefme foixante & dix Rois, aufquels il avoit de mefme coupé les pieds & les mains, & qu'il avoit obligez de ramaffer fous la table les miettes qui en tomboient. Aprés cette reconnoiffance de la juftice de Dieu, qui veille auffi-bien fur les Souverains que fur le commun des hommes, il fut amené à Jerufalem où il mourut, laiffant un exemple à tous les Rois, comme remarquent les SS. PP. que cette parole que le Fils de Dieu a dite, qu'il ju gera les hommes, felon qu'ils auront eux-mefmes jugé les autres, eft veritable auffi-bien des Princes que de leurs fujets; & que s'ils ne la voyent pas verifiée en cette vie dans leurs perfonnes, comme Adonibefec, ils doivent craindre qu'elle ne le foit dans l'autre, où ils ne pourront s'empefcher de tomber entre les mains d'un juge qui leur fait dire dés icy-bas par le plus fage des Rois: Que les puiffans feront puiffamment tourmentez s'ils abufent de leur puiffance.

Mort

Mort de Sifera. Juges 4.

A

2719.

Prés la mort de Jofué & des anciens qui le furvé- L'an curent de quelques quinze ans, le peuple Juif du M. tomba dans de grands defordres, qui firent voir que Avant le bonheur des ames depend fouvent de la fageffe J. C. d'un bon Pafteur, & qu'il n'y en a point de plus mal- 1285. heureufes que celles qui fe veulent conduire ellesmefmes. Car les Juifs n'ayant point de chef, & chacun faifant ce qu'il luy plaifoit, comme dit l'Ecriture, ils tomberent en divers pechez, & de ces pechez dans la fervitude, où ils eurent recours aux prieres que Dieu écouta, leur envoyant des conducteurs pour les délivrer, qui prirent le nom de Juges. Aprés Othoniel neveu & fucceffeur de Caleb, Aod, & Samgar, Dieu fit tomber le gouvernement du peuple à une femme nommée Debora, qui fit voir que tout inftrument eft bon dans la main de Dieu, lors qu'il

luy

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