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terre qu'ils avoient dans l'autre main, & ils éleverent la lampe qui y avoit efté cachée. Ils fe tinrent ainfi fermes dans le pofte où Gedeon les avoit placez, & ils crierent à haute voix, l'Epée du Seigneur & de Gedeon. Tout le camp des Madianites fe trouva faifi de trouble & d'épouvente, & par un effet miraculeux de la puiffance de Dieu, ils tournerent leurs épées contre eux-mefmes & s'entretuerent. Ce fut ainsi que les Madianites furent humiliez par les Juifs, ou plûtoft par la puiffance de Dieu mefme. Plus cette maniere de combattre eft extraordinaire, dit S. Gregoire, plus il eft vifible qu'elle nous marque quelque myftere caché. Car qui jamais a efté fans armes à la guerre, & qui n'a oppofé que des vafes de terre à la violence des ennemis? On auroit mefme fujet de croire, dit ce S. Pere, que cette entreprise auroit efté ridicule, fi on n'euft veu par la fuite qu'elle jetta l'épouvante dans le cœur des Madianites. Mais Dieu nous vouloit apprendre alors que les foldats de la loy nouvelle ne refifteroient point â leurs ennemis par la force de leurs armes; mais qu'en fonnant feulement de la trompette & en brifant leurs vases de terre, ils en deviendroient victorieux. Car ces vafes de terre reprefentoient la foibleffe de nos corps, & JESUSCHRIST marqué par Gedeon, ne veut avec luy pour foldats, que ceux qui méprifent leur chair & qui furmontent leurs ennemis en mourant, comme le Saveur a fait luy-mefme. La mort pour eux n'est que le brifement d'un vafe de terre; Et ce vafe que l'on méprifoit eftant brifé, on ne voit plus qu'une lampe éclatante qui donne de la terreur à ceux qui les perfecutoient. C'est ce qui eft arrivé aux faints Martyrs. Aprés avoir domté par leur patience toute la fureur des Tyrans, l'éclat de leur vertu & de leurs miracles a paru enfuite. Ceux qui les méprifoient ont commencé à les reverer, & ils font devenus enfin les adorateurs de la fouveraine verité, aprés avoir esté les meurtriers de ceux qui l'avoient fi faintement & fi genereufement defendue.

Mort

Mort d'Abimelech. Juges 9.

G

Avant

Edeon eftant mort aprés avoir gouverné le peu- L'A ple tres-faintement, laiffa foixante & dix fils du M. qu'il avoit eus de plufieurs femmes. Mais un autre de 2568. fes fils nommé Abimelech, qu'il eut d'une femmej. C. de Sichem, excita d'étranges defordres aprés la mort 1256. de fon pere. Il gagna d'abord les Sichimites par fa mere & par fes parens, & il leur fit reprefenter qu'il leur valoit beaucoup mieux qu'il regnaft luy feul, que non pas les foixante & dix enfans de Gedeon qui eftoient fes freres, Les Sichimites le crurent. Ils le choifirent pour leur Roy, & ils luy donnerent une grande fomme d'argent, dont Abimelech fe fervit pour lever promtement quelques vagabonds qu'il mena avec luy au pays de Gedeon, où il tua fes foixante & dix freres, excepté le dernier de tous nommé Joathan, qui fe fauva heureusement de la fureur

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d'Abi

d'Abimelech. Lors que ce jeune Joathan eut appris que les Sichimites s'eftoient affemblez dans la campagne pour fe réjouir du choix de leur nouveau Roy, il parut tout d'un coup fur le haut d'une montagne d'où il eleva fa voix pour leur reprocher leur ingratitude. Il ufa du difcours figuré des arbres d'une forest, qui pour s'élire un Roy s'adrefferent d'abord à l'Olivier, puis au Figuier, & enfuite à la Vigne, fans que ces arbres excellens vouluffent accepter cet offre. Ils s'adrefferent enfin à l'épine qui leur promit hardiment de les cacher fous fon ombre. Il pria Dieu de vanger l'outrage qu'ils avoient fait à Gedeon, & de permettre s'il defapprouvoit ce choix d'Abimelech, que de cette épine fortift un feu qui devoraft les Sichimites & Abimelech luy-mefme. Dieu écouta les prieres de Joathan. Car trois ans aprés, les Sichimites fe lafferent des violences de ce Tyran. Et comme ils penfoient à fe délivrer de fon joug par le fecours d'un Prince nommé Gaal, ils furent trop foibles contre Abimelech qui les furmonta & qui détruifit leur ville jufqu'aux fondemens. Aprés que ce peuple ingrat eut efte vangé de fa perfidie contre Gedeon, par celuy-là mefme qu'ils avoient fi injuftement elû: Dieu perdit enfin ce Tyran, qui ne penfoit qu'à pouffer plus avant l'heureux fuccés de fes armes. Il affiegea une ville nommee Thebes, dans laquelle il y avoit une forte tour où toute la ville s'eftoit retirée ; & comme il s'en approchoit pour y mettre le feu, une femme jetta d'enhaut un éclat d'une meule fur la tefte d'Abimelech, qui l'écrafa. Cet homme ne put fouffrir qu'on dift qu'il eftoit mort de la main d'une femme, & il commanda à fon Ecuyer de le tuer promtement; ce qu'il fit. Ce fut ainfi que ce malheureux porta la peine qu'il avoit fi justement meritée par la cruelle mort de fes freres. H croyoit que ce crime énorme avoit efté oublié de Dieu, parce qu'il l'avoit laiffé long-temps impuny, & qu'il fembloit mefme n'avoir efté fuivy que d'heureux fuccés. Mais la patience de Dieu a fes bornes. Il ne laiffe vivre les grands criminels que pour tirer du bien des maux qu'ils

com

commettent ; & il leur apprend icy qu'il fond enfin tout d'un coup fur eux du haut du ciel pour les perdre, & que la feverité de fa juftice eft comme une pierre qui les écrafe, & qui les fait tomber dans le . precipice de ce comble d'honneur où ils s'eftoient élevez avec tant de peine. Les faints Peres ont encore remarqué que l'exemple d'Abimelech doit apprendre aux hommes, que rien ne les porte tant à perfecuter leurs freres, que le defir de regner. Cette paffion de la gloire poffede, tellement leur efprit, qu'ils oublient tout le respect qu'ils doivent aux noms les plus faints de freres & de peres. Ils portent leurs violences jufques aux extremitez; & tant s'en faut que leurs yeux foient frappez d'horreur, en voyant le fang de leurs proches, qu'ils s'en repaiffent avec plaifir, & fe réjouiffent de la mort de ceux qu'ils croyoient pouvoir nuire aux noirs deffeins de leur ambition démesurée.

Fille de Jephté. Jugés 11.

A mort de l'impie Abimelech fit que la princi- l'An du

Jair,

Avaut

m 2817 Jephté fucceda de cette forte. Galaad fon pere l'ayantj. c. eu d'une femme de mauvaise vie, fes autres freres ne1187. le voulurent point reconnoiftre, & ils le forcerent d'aller dans la terre de Tob, où comme il eftoit vaillant, des brigands qui ne vivoient que de rapine, le choifirent pour leur chef. Il arriva alors que les Ammonites tourmenterent par de cruelles guerres, les Juifs, qui ne trouverent point de remede a un danger fi preflant que le courage de Jephté. C'eft pourquoy ils refolurent entre eux d'envoyer vers luy des gens pour le prier de revenir: ce qu'il leur promit aprés leur avoir fait quelque reproche du traitement qu'il avoit receu d'eux autrefois, & aprés avoir tiré d'eux une affurance qu'ils luy obeîroient comme à leur Prince. Cela eftant fait, Jephté tacha d'abord de dé tourner le Roy des Ammonites du deffein qu'il avoit

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contre la Judée. Mais ce Prince demeurant inflexible à toutes les remonftrances, & paroiffant refolu à la guerre, l'Esprit du Seigneur fe faifit de Jephté qui affemble des troupes de toutes parts, marcha contre les Ammonites, & fit voeu à Dieu que s'il luy donnoit la victoire, il luy offriroit en holocaufte celuy qui fortiroit le premier de fon logis pour venir au devant de luy. Il défit en effet fes ennemis. Mais la joye de fa victoire fut bien-toft changée en trifteffe; car lors qu'il retournoit dans fa maison, fa fille unique tranfportée de joye à caufe de la gloire que fon pere s'eftoit acquife, fortit la premiere au devant de luy en danfant avec d'autres filles au fon des tambours & des inftrumens de mufique. Jephté fut percé jufqu'au fond du cœur lors qu'il apperceut fa fille. Mais quand elle eut apris le vœu que fon pere avoit fait, elle l'exhorta courageufement à l'accomplir, & l'affura qu'elle mourroit contente puis qu'il eftoit revenu victorieux des Ammonites. Elle luy demanda feulement deux mois pour aller fur les montagnes pleurer fa mort

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