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avec les autres filles que l'accompagnerent; & ces deux mois eftant paffez, elle vint retrouver fon pere qui accomplit enfuite fon vou. Les SS. PP. ont confideré ce vœu de Jephté comme un exemple des vœux indifcrets de quelques perfonnes, qui par leur legereté & par leur precipitation fe jettent dans la neceffité malheureuse, ou de commettre un crime en violant la promeffe qu'ils ont faite à Dieu, ou de ne la pouvoir accomplir que par un crime. Il vaut mieux ne rien vouer, dit faint Ambroise, que de vouer des chofes que Dieu detefte, & qu'on ne peut accomplir fans commettre un parricide. Jephté reconnut luy-mefme fon indifcretion, & il ne fit qu'avec douleur ce qu'il fe crut neanmoins obligé de faire. Mais fi l'action du pere eft fi blâmable, celle de fa fille ne fe peut affez admirer. Elle revint avec joye aprés ces deux mois, retrouver celuy qui la devoit immoler, fans avoir efté retenue par les farmes de fes compagnes, ni par l'idée de la mort qu'elle avoit toûjours prefente. Elle corrigea en quelque forte ce qu'il y avoit de défectueux dans ce facrifice du côté du pere. Elle rendit volontaire ce qui ne paroiffoit que forcé, & fit qu'un facrifice d'impieté, comme difent les SS. PP. devint un holocaufte agreable à Dieu. Elle apprit à toutes les vierges Chriftiennes qui font touchées de l'amour du ciel & de la haine du fiecle, à s'immoler à Dieu avec joye; & que s'il arrive qne leurs peres ou leurs meres les facrifient à leur vanité, en fe réjoüiffant qu'en fortant du monde elles laiffent à d'autres la part qu'elles auroient dû avoir à leur bien, elles s'offrent neanmoins à Dieu en facrifice avec une plenitude de cœur, & ne pensent qu'a luy plaire, fans fe mettre en peine fi leurs peres font juftes ou injuftes dans cette occafion, & qu'elles admirent que Dieu fe ferve ou de l'indifcretion, ou de la dureté, ou de l'intereft de ceux qui les doivent le plus aimer, pour leur donner lieu de luy offrir un holocaufte que leur humble pieté luy rend precieux.

Nailfance de Samfon. Juges 14.

L'An du M.

1848.

A

Prés Jephté, l'Ecriture fainte ne dit plus rien de confiderable, que de Samfon dont elle rapporte Avant l'hiftoire affez dans le particulier. Il eftoit de la Tribu J.C. de Dan, & fa naiffance fut annoncée par un Ange, 1156. qui affura fa mere que fa fterilité cefferoit, & qu'elle auroit bien-toft un fils. Il luy commanda par avance de contribuer à la fanctification de cet enfant ; en s'abstenant du vin & de tout ce qui peut enyvrer. Cette femme avertit fon mary Manué de ce que l'Ange luy avoit dit, & il témoigna un extréme defir de voir aufli l'Ange. Dieu luy accorda ce qu'il défiroit, & fa femme ayant apperceu le mesme Ange une féconde fois, elle appella promptement fon mary qui le vit & luy voulut offrir un facrifice. Mais l'Ange fçachant que le facrifice ne fe doit qu'à Dieu, & eftant

trop

L'A

Avant

J.C.

ayant

trop humble pour s'attribuer les honneurs divins, il dit à Manué, que s'il vouloit offrir un holocaufte, il l'offriit à Dieu. Lors que Manué eut mis un Chevreau fur une pierre pour le brûler, auffi-toft que la flâme du facrifice s'éleva vers le ciel, l'Ange s'y enveloppa en quelque forte, pour s'offrir luy-mefme dans l'odeur & dans la flâme du facrifice que l'homme luy offroit, comme s'il euft voulu fe confumer luy-mefme en fa fubftance auffi-bien que l'holocaufte. L'enfant eftant né felon la promeffe de l'Ange, & ayant efté appellé Samfon, on obferva tout ce qui avoit eflé, ordonné de Dieu. On ne luy coupa point les cheveux: du M. il ne but point de vin ni de toute autre chofe qui 2867. enyvre, & il devint neanmoins le plus fort de tous les hommes. Lors qu'il fut grand il demanda à fon pere 1137. une femme Philistine pour l'époufer. Son pere luy Samfon refifta d'abord, & eut horreur de ce nom de Philifti- environ ne, ne fçachant pas, comme dit l'Ecriture, que c'eftoit 18. ans. Dieu qui conduifoit en cela Samfon. Car il figuroit que JESUS-CHRIST qui a efté le fort fans pareil épouleroit un jour l'Eglife des Gentils aprés avoir quitté la Judée. Samfon cherchoit de plus par cette alliance une occafion de rendre aux Philiftins le mal qu'ils faifoient fouffrir aux Juifs depuis tant d'années. Lors qu'il alloit un jour pour voir cette femme, il rencontra dans fon chemin un Lionceau qui venoit à luy écumant de rage. Mais Samfon eftant plein de l'Esprit de Dieu courut vers ce jeune Lion fans armes, & fans avoir même une verge à la main, le prit par la gueule & le déchira en pieces avec la mefme facilité que fi c'euft efté un Chevreau. Quelque temps aprés lors qu'il retournoit par le mefme lieu, il vouloit voir ce Lion qu'il avoit tué. Il trouva dans fa gueule du miel que des abeilles y avoient fait comme dans leur ruche: il propofa enfuite cette enigme aux jeunes gens qui vinrent à fes nopces. La viande eft fortie de celuy qui dévoroit, & la douceur du fort. Ils ne pûrent fçavoir le fens de cette propofition que par la femme de Samfon qu'ils avoient gagnée. Cette femme donc le preffa tant de luy expli

quer

quer cette parabole, que Samfon ne pouvant plus refifter à fes artifices luy en declara le fens qu'elle redit auffi-toft à ces jeunes hommes. Cette figure, comme remarquerent les faints Peres, prédifoit par avance le changement que JESUS-CHRIST devoit faire un jour dans les Payens & les idolatres. Ce peuple autrefois eftoit comme un Lion furieux qui déchiroit les Chreftiens; mais JESUS-CHRIST enfin l'a vaincu fans aucunes armes. Il fait que les Empereurs Payens qui n'avoient dans la bouche que des arrefts cruels & des fentences de mort contre les fidel-les, ont reformé leurs édits, & n'en ont plus fait que de favorables pour l'Eglife. Il ne s'eft plus trouvé dans leur bouche que du miel, aprés qu'ils ont fait mourir en eux-mefmes le fiel & la cruauté; & un peuple d'hommes plus cruels que les Lions, eft devenu en quelque forte la nourriture des Chreftiens, eftant regenerez.comme eux en JESUS-CHRIST, en formant avec eux un mefme corps fous un mefme chef.

La mef

me ann.

1867.

Défaite des Philiftins. Juges 15.

Amfon s'eftant veu trompé par fa femme, qui avoit tiré de luy par fes careffes un fecret qu'elles avoit auffi-toft découvert aux autres, luy témoigna fon indignation de cette perfidie. Il la quitta en colere, & donna lieu à fes parens de s'imaginer qu'il avoit rompu avec elle. Dans cette perfuafion ils mariesent cette femme avec un autre homme. Et lors que Samfon quelque temps aprés fut revenu pour la voir, le pere de cette femme vint effrayé au devant de luy ; & luy avoua qu'ayant crû qu'il avoit rompu avec elle, il avoit marié fa fille à un autre: mais qu'il avoit fa foeur puinée, & qu'il la pouvoit époufer. Samfon ne rêceut point cette excufe. Il protefta qu'aprés cet outrage que les Philiftins luy avoient fait, ils feroient eux-mefmes à l'avenir caufe de tout le mal qui leur en arriveroit. Il fe vangea d'abord de ce peuple d'une maniere bien extraordinaire. Il prit trois cens re

nards,

nards, les lia par la queue l'un à l'autre, leur attacha un flambeau & les lâcha au milieu des bleds des Philiftins, qui furent reduits en cendres. Les Philiftins regretterent étrangement cette perte, & volurent fçavoir qui en avoit efté l'auteur. Ayant appris que c'eftoit Samfon, & fçachant le fujet pour lequel il les avoit traitez de la forte; au lieu de s'en vanger fur luy ils tournerent toute leur fureur contre fon beau-pere & contre la femme qu'il avoit épousée, & ils les brûlerent. Samfon ne fe crut pas affez vangé, il ajoûta à la mort de ces deux perfonnes celle de beaucoup de Philiftins; & les principaux d'entre eux refolus enfin de ne plus fouffrir cette violence,affemblerent trois mille hommes afin de perdre Samfon. Ceux de la Tribu de Juda eftant effrayez de ces troupes; demanderent aux Philiftins pourquoy ils armoyent contre eux, & ils leur promirent, pour les appaifer, de leur livrer Samfon lié. Mais lors qu'ils le menoient lié de deux groffes cordes, & que les Philiftins jettoient déja des cris de joye comme eftant maiftres de luy,

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