Imagens das páginas
PDF
ePub

il rompit ces cordes avec la mefme facilité que fi ce
n'euft cfté qu'un fillet; & avec la mâchoire d'un Afne
qu'il trouva par terre, il tua mille Philiftins. L'ar-
deur de ce combat luy caufa une foif extrême, & il
pria Dieu de fecourir dans un befoin fi preffant, celuy
qu'il venoit de fauver de tant d'ennemis. Dieu ex-
auça fa priere. Il ouvrit une des dents de cette mâ-
choire: & la changea par fa puiffance en une fource
d'eaux vives, qui luy rendirent fes forces. Samfon fut
reconnoiffant de ce miracle, & il voulut mefme que
ce lieu en fuft comme un monument eternel, par le
nom qu'il luy en donna. Ces évenemens merveil-
leux ont efté le fujet de la meditation & de l'admi-
ration des faints Peres, qui les ont confiderez avec
l'œil de la foy & de la pieté; au lieu que les gens
du
monde, qui n'ont que des yeux humains, & qui ju-
gent charnellement des chofes les plus faintes & les.
plus fpirituelles, bien loin de s'édifier de la lecture
de ces hiftoires facrées, en prennent quelque fois fujet
d'un divertiffement prophane & injurieux à la paro-
le de Dieu. Le grand faint Gregoire n'a pû fe laffer
d'admirer dans cette figure, comment JESUS-
CHRIST le veritable Samfon a défait fans armes les
ennemis de fa verité, & ne leur a oppofé que la fim-
plicité de quelques peícheurs, comme Samfon n'op-
pola que la mâchoire d'une befte morte, à une armée
de Philistins. Cependant cette fimplicité & cette pa-
tience des Saints eftant conduite de la main de Dieu,
a défait ce qu'il y avoit de plus terrible dans les Hom-
mes & dans les Demons. Les humbles ferviteurs de
JESUS-CHRIST, eftant comme luy, obeïffans &
patiens jufqu'à mourir avec joye pour fon fervice,
font devenus, aprés leur mort, des fources d'eaux vi-
ves, & le principe d'une infinité de graces que Dieu
à répandues par eux fur toute l'Eglife.

;

Por

[ocr errors]

Portes de Gaza. Juges 16.

[ocr errors]

2880.

1124.

Amfon ayant défait mille Philiftins d'une ma- L'A niere fi miraculeufe, fembloit devoir arrester à du M. l'avenir toute leur fureur, & les empefcher de for- Avant mer encore contre luy quelque nouvelle entrepri-J.C. fe. Mais comme leur guerre contre Samfon reprefentoit la guerre future des Demons contre JE S U SCHRIST & contre fon Eglife fainte, il faloit que les perfecutions toûjours nouvelles de ces ennemis violens nous marquaffent l'opiniaftreté de la guerre que les Demons nous devoient faire, & cette attache cruelle qu'ils ont à nous perfecuter fans fe rebuter jamais de la victoire que Dieu nous donne fur eux. Les Philiftins donc bien loin de laiffer Samfon en repos, au moins par la confideration de leurs propres interefts, eftoient au contraire toûjours attentifs à luy tendre de nouveaux pieges, & à découvrir

les

1

les moyens de le faire tomber fous leur puiffance. Lors qu'ils eftoient dans cette recherche, & qu'ils obfervoient toutes les démarches de Samfon, ils reconnurent un jour qu'il eftoit allé dans la ville de Gaza. Dés qu'ils en furent avertis ils ne perdirent point de temps, & leur haine redoublant leur vi teffe, ils s'affemblerent en tres-peu d'heures, & ils environnerent cette ville de toutes parts. Ils mirent un grand nombre de foldats à la porte, & ils refolurent entre eux de demeurer la nuit autour de la ville dans un grand filence, afin que lors qu'il en fortiroit le matin ils le tuaffent fans aucune peine. Pendant que tant de Philiftins travailloient ainfi la nuit pour prendre un feul homme, Samfon dormoit paisiblement fans fçavoir le peril qui l'environnoit. Mais lors qu'il en fut averty, il fe leva au milieu de la nuit, alla fans rien craindre à la porte de la ville qu'il arracha avec fes ferrures & fes pôteaux. Il les mit enfuite fur fes épaules & les emporta fur le haut d'une montagne, aprés avoir paffé au travers de ceux qu'on avoit mis en embuscade pour l'obferver; qu'il laiffa épouvantez de ce qu'ils voyoient. Ainfi toutes les efperances des Philiftins furent encore une fois trompées, & ils virent, comme auparavant, retourner à leur confufion tous les deffeins qu'ils avoient formez pour perdre un feul homme. Cette figure, dit faint Gregoire le Grand, eft trop vifible pour ne pas reconnoiftre qu'elle marquoit JESUS-CHRIST. C'eft luy que fes ennemis ayant perfecuté pendant toute la vie, ont enfin mis dans un tombeau qu'ils ont mcfme environné de gardes, comme les Philiftins alors environnerent Gaza, lors que Samfon y dormoit paifiblement. Mais ce veritable Samfon s'eft réveillé au milieu de la nuit par fa refurrection glorieufe & fe délivrant de ce lieu où fes ennemis le tenoient enfermé; non feulement il en eft forti libre luy-mefme, fans pouvoir eftre jamais affujetty à la mort, mais il a encore rendu les hommes libres en détruifant la mort, dont il a brifé les portes & les ferrures, comme l'Eglife fainte le marque dans fes

actions

actions de graces, & les a portées jufqu'au haut de la montagne, c'eft à dire jufques dans le ciel, que la Refurrection du Sauveur a ouvert aux hommes, & où fes membres efperent tous de le fuivre.

Mort de Samfon. Juges 16.

I

1885.

L cuft efté à souhaiter que Samfon eut eu autant L'an du de force pour refifter à une femme, qu'il en avoit Monde eu pour déchirer les lions, & pour s'opposer luy feul à Avant des armées entieres. Mais les artifices de Dalila furent J.C. caufe de la mort du plus fort de tous les hommes, & 1119. il trouva dans fes careffes & dans fes larmes le malheur qu'il avoit évité en tant de rencontres. Car les Philiftins ayant remarqué que Samfon alloit fouvent chez Dalila, ils luy promirent une grande fomme d'argent fi elle pouvoit fçavoir de Samfon en quoy confiftoit fa force. Samfon fe joua d'abord de cette femme, il luy dit que pour le rendre femblable aux

autres

autres hommes, il faloit le lier avec des cordes neuves ou avec d'autres liens, ou qu'il falloit luy attacher les cheveux autour d'un morceau de bois, qui estoient des défaites dont il fe fervoit pour fe délivrer de fon importunité. Mais Dalila faifant à chaque fois l'epreuve de ce que Samfon luy avoit dit, reconnut qu'il la joüoit. Elle fut touchée de ce refus, & elle ne put s'en vanger autrement que par des reproches, & par des larmes. Samfon ne put refifter aux plaintes & aux prieres dont elle l'importunoit jour & nuit, & il luy découvrit enfin la verité. Il luy dit que le fer n'avoit jamais paffé fur fa tefte, & que fi on le rafoit toute fa force s'en iroit avec fes cheveux. Dés qu'elle eut fçeu ce fecret elle en donna avis aux Philiftins, & ayant endormy Samfon; un Barbier qu'elle avoit fait tenir tout preft luy coupa fes cheveux, & luy ofta en mefme temps toute fa force. Se voyant à fon réveil invefty de Philiftins, il croyoit à fon ordinaire fe jouer de leurs efforts, mais Dieu s'eftoit retiré de luy, dit l'Ecriture, & les Philiftins s'en eftant rendus les maiftres, luy creverent d'abord les yeux & le condamnerent à tourner la meule. Pendant que Samfon eftoit dans ce travail penible & honteux, fes cheveux revinrent; & comme en un jour folemnel les Philifins le firent venir afin qu'il joüaft devant eux dans la fale où ils eftoient affemblez; Samfon percé jufqu'au cœur de cet outrage, fe fit conduire entre deux colomnes qui foûtenoient toute la maison. Estant là il invoqua Dieu & le pria de luy rendre fes premieres du M. forces; & auffi-toft prenant de chaque main chacune 2887. de ces deux colomnes; il les fecouà avec un puiffant

effort, fit tomber tout l'édifice, & mourut volontairement luy-mefme avec trois mille Philiftins. Ainfi il en fit plus perir en mourant, comme remarque P'Ecriture, qu'il n'avoit fait pendant fa vie. C'est, difent les faints Peres, ce qui a paru dans le Sauveur, qui a plus confondu les Demons en mourant volontairement, qu'il n'avoit fait dans toute fa vie. Car c'eft veritablement alors, comme dit faint Paulin, que la maison du Demon a efté renversée par terre, &

que

« AnteriorContinuar »