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veur, & de devenir l'ayeule de JESUS-CHRIST. Un Juif n'ofoit pas mefme par la Loy penser à époufer une Moabitte, & cette femme témoigne tant de foy qu'elle merite que non feulement un Juif l'époufe, mais que JESUS-CHRIST naifle d'elle, & qu'il ait efté fon fils, comme il a efté le fils de David. Elle nous apprend, dit S. Ambroise, à ne nous pas répofer lâchement fur une profeffion exterieure & inanimée du culte de Dieu, ny fur un nom mort de Chreftiens, comme les Juifs fur leurs facrifices charnels ou fur le nom d'Abraham dont ils faifoient toute leur gloire: mais à faire une fainte violence & à meriter par la ferveur de noftre foy de nous lier par une focieté étroite à l'Eglife & à JESUS-CHRIST. Car il veut des époufes qui foient recommandables par elles-mefmes, & non par des qualitez étrangeres, & qui ne foient pas feulement chaftes aux yeux des hommes par la pureté du corps; mais qui foient pures devant luy par l'humilité du cœur, qui eft le caractere des veritables Epoufes du Sauveur, & qu'un Saint appelle la virginité de la virginité mesme.

Samuel donné à Heli 1. Rois 1.

La pre

de l'ad

en mef

que

clat de fainteté dans le monde; Dieu l'y difpofa dés année fa plus tendre enfance. Anne fa mere, qui eft, comme minifdit S. Chryfoftome, plus glorieufe d'avoir en un teltration fils, que fi elle avoit efte mere du plus grand Prince d'Heli du monde, aprés avoir paffé une grande partie de fa me vie dans la fterilité, conjura Dieu avec de fi ardentes temps prieres, qu'enfin elle obtint de luy cet enfant, qui fut Ange le fruit de fa pieté & la recompenfe de fa foy. Comme annonce cette fainte mere fçavoit que cet enfant ne luy venoit la naifque de Dieu, elle n'hefita point de le luy rendre. Elle de Sam ne fe contenta pas d'offrir au lieu de luy de l'argent, fon ou de ne l'offrir que pour quelques années; mais elle du M. le confacra pour toute fa vie au Seigneur. Dés qu'elle 1858. eut fevré ce fils, qui eftoit toute fon affection, la re

16

fance

L'An

Avant

J.C. con-1150

connoiffance qu'elle avoit de la grace que Dieu luy avoit faite en le luy donnant la preffa de le luy aller promptement offrir, & par un defintereffement qui doit eftre bien confideré de toutes les meres Chreftiennes, elle alla contre tous les mouvemens de la nature, & contre les apparences de la raifon, le com facrer à Dieu dans fa plus grande enfance. Elle le laiffa tout petit, ne pouvant avoir alors qu'environ trois ans entre les mains d'Heli le grand Preftre, fans le regarder plus comme luy appartenant. Ainfi fon facrifice approcha en quelque forte de celuy d'Abraham, puis qu'abandonnant fon fils à Dieu, elle ne crut faire autre chofe que rendre à Dieu ce qui eftoit à luy, & qu'elle n'euft pû retenir fans une efpece de facrilege. Dieu benit la pieté de la mere en répandant une L'An abondance de graces fur le fils. Et lors qu'à l'âge de da M. douze ans il eftoit occupé au fervice d'Heli le grand Preftre, & au miniftere du temple où il couchoit auprés de l'Arche, Dieu le favorifa d'une revelation par laquelle il fit juger d'abord ce qu'il devoit eftre un

2861,

jour...

jour. Il l'appella par trois fois durant la nuit lors qu'il dormoit, & comme le petit Samuel croyoit que c'eftoit la voix du grand Preftre il luy alla demander chaque fois ce qu'il defiroit de luy. Mais enfin la quatriéme fois Dieu luy parla & luy predit les malheurs étranges qu'il alloit faire tomber fur Heli & fur toute fa famille. Il luy dit qu'il ne pouvoit plus fouffrir la malheureufe negligence de ce pere lâche, qui fçachant les defordres de fes enfans, & voyant en combien de manieres ils profanoient tous les jours la fainteté de fon temple & de fon Autel, fe contentoit de leur en faire une legere reprimende, au lieu d'eftre animé d'un faint zele pour les intereft de Dieu contre fes propres enfans. Et il luy déclara que les crimes de la maison de ce grand Preftre eftoient tels qu'ils ne pouvoient plus eftre expiez par toute la multitude des facrifices qu'elle luy offroit. Quelque inftance qu'Heli fift le lendemain pour fçavoir du jeune Samuel ce que Dieu luy avoit dit durant la nuit, il arracha avec peine de fa bouche ce que fon respect pour ce Pontife luy vouloit faire fupprimer. Heli reconnoiffant enfin la justice de l'arreft de Dieu; vit trop tard qu'il ne fuffifoit pas à un pere d'eftre bon luy-mefme; s'il ne travailloit encore à rendre bons fes enfans, & fe difpofa à fouffrir avec une humble foumiffion la peine qu'il avoit meritée par la mauvaise éducation de fes enfans. Il y a, dit S. Gregoire, beaucoup d'imitateurs d'Heli, & dans les maifons particuliers des Chreftiens & dans l'Eglife, c'est à dire en la perfonne de fes Pafteurs, à l'égard de leurs enfans fpirituels qu'ils laiffent vivre dans le defordre avec une complaifance cruelle, comme dit faint Gregoire, & pour ceux qui en ufent & pour ceux dont ils diffimulent les playes qu'ils devroient guerir, puis qu'ainsi qu'il paroift par cette excellente figure, elle ne peut fervir qu'à attirer les jugemens de Dieu fur la perfonne des uns & des autres.

Punition d'Heli. 1 Rois 4.

L'an

du M.

Ieu voulant accomplir les malheurs qu'il avoit

Dredits à la famille d'Heli, fufcita une nouvel2888. le guerre contre les Juifs par les Philiftins. Cepeuple J. C. eftoit ennemy déclaré du peuple de Dieu, & il eftoit 1126. dans fa main comme un puiffant instrument dont fa

Avant

juftice fe fervoit dans les rencontres, pour punir les Juifs de leurs grands excés. Eftant donc irrité contre fon peuple il negligéa de le fecourir alors, comme il avoit fait tant de fois, & permit qu'il fuft mis en fuite par les Philiftins. Les Juifs furent furpris de ce fuccés malheureux de leurs armes, & ils crurent qu'ils pourroient faire violence au Seigneur, que pour ne plus tomber dans un femblable accident, ils n'avoient qu'à apporter à la guerre ce qu'ils avoient de plus faint, c'est à diré l'Arche d'alliance. Mais Dieu dont on ne fe rit point, & qui abandonne quand on l'irri

te

te, ce qu'il a mefme de plus facré dans le monde, laiffa aller l'Arche dans le camp, fans fe mettre en peine de la défendre. Toute l'armée la receut avec de grandes acclamations de joye, ne fçachant pas que ce qu'ils efperoient devoir eftre leur gloire & leur bonheur, alloit devenir leur confufion & leur honte, & que ces deux Preftres corrompus, Ophni & Phinées enfans d'Heli qui l'accompagnoient, & que Dieu regardoit dans fa fureur, attireroient plus de maux fur eux, que l'Arche ne leur pouvoit alors attirer de graces. Les Philiftins furent eftonnez d'abord lors qu'ils entendirent le grand bruit que les Juifs firent en recevant l'Arche. Mais s'eftant raffurez enfuite ils fondirent avec impetuofité fur les Juifs; prirent l'Arche, tuerent les deux enfans d'Heli, taillererent en pieces trente mille hommes des Juifs, & mirent la refte en fuite. Heli qui attendoit avec beaucoup d'inquietudes le fuccés de cette guerre, & qui trembloit pour l'Arche, de peur qu'elle ne fuft deshonorée par les Philiftins, luy qui fouffroit avec tant d'indifference qu'elle le fuft encore plus tous les jours par fes enfans mefme, entendant un homme qui revenoit du combat luy en demanda des nouvelles. Cet homme luy annonça la défaite de toute l'armée; & lors qu'il luy dit que l'Arche avoit efté prife, ce grand Preftre âgé de prés de cent ans, tomba de fa chaife à la renverse & fe cafla la tefte. Sa belle fille femme de Phinées, apprenant la mort de fon mary & la prise de l'Arche, étant groffe alors elle accoucha fubitement & mourut fur l'heure. Jamais on ne vit plus fenfiblement combien Dieu vange l'injure qu'on fait aux chofes faintes, par l'abandonnement mefme de ce qu'il y a de plus faint, & que rien ne l'irrite tant que les pechez des Preftres, dont la fainteté devroit l'appaifer, lors qu'il eft preft de punir l'iniquité de fon peuple: Et il apprit ainfi aux Chreftiens, comme remarquent les faints Peres, à ne pas mettre tellement leur confiance dant le plus faint de nos Sacremens, dont l'Arche n'eftoit que la figure, qu'ils n'ayent pas foin en mefme-temps de vivre d'une vie divine pour fe nourrir

de

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