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tout le peuple, il ne trouva pas dans cette assemblée folemnelle qui se fit de tous les Juifs dans Maspha par l'ordre de Samuel. Le fort estant donc jetté d'abord sur les Tribus, & ensuite sur les familles particulieres de la Tribu qui estoit choisie; le fort confirma ce qui avoit déja esté fait dans le secret, & fit voir que Dieu prefide auffi-bien aux sorts qu'à toutes les autres choses qui se font parmy les hommes. Lors que Saul fut déclaré Roy, & qu'il ne se trouva point, on fut obligé de le chercher; & aprés beaucoup de peines ayant enfin esté amené, Samuel le montra devant tout le peuple, & leur fit remarquer que Dieu leur avoit choifi un Roy d'une mine tresavantageuse, parce qu'il estoit de grande taille. II fut fort humble d'abord ; il ne s'éleva point de sa dignité, & diffimula par sa modestie la revolte de quelques-uns qui ne vouloient pas le recevoir pour leur Roy, Mais il fit voir par la suite, & principalement par le facrifice qu'il voulut offrir luy-mesme à Dieu au lieu de Samuel par une precipitation indifcrette, qu'il est difficile d'estre bien humble dans les grandes dignitez. Les saints Peres l'ont toûjours confideré comme la figure de ceux qui font élûs aux charges de l'Eglife, & qui doivent toûjours trembler dans ces grandes élevations, lors mefme qu'ils semblent avoir quelques afsurances d'y avoir esté appellez de Dieu; parce que s'ils entrent dans des fentimens d'orgueil dans un miniftere qui doit estre tout d'humilité, Dieu rejette ensuite ceux qu'il avoit choisis d'abord, & ofte aux superbes ce qu'il avoit donné aux humbles.

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Jonathas & Son Ecuyer. 1. Rois. 14.

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S

Aül estant établi Roy & faisant la guerre contre L'A les ennemis du peuple de Dieu, les Philistins se du M.

A vant

foûleverent avec un plus grand effort qu'ils n'avoient 19
encore fait. Les Juifs assemblerent toutes leurs trou- J.C.
pes, & comme les armées estoient campées aflez 1903.
proche l'un de l'autre, aprés differentes attaques,
Jonathas fils de Saül prit une resolution digne d'un
courage heroïque, qui estoit foûtenu d'une grande
confiance en Dieu. If tenta d'aller luy seul avec fon
Ecuyer dans le camp des Philistins, s'assurant que
Dieu pouvoit aifément, s'il le vouloit, livrer une fi
grande armée en la puissance d'un feul homme.
Estant donc monté vers leur camp en grimpant par
des rochers presque inaccessibles; il tua d'abord
quelques Philiftins qu'il rencontra; ce qui ayant
peu à peu mis l'épouvante dans le camp, ils furent

K

tous

tous saisis d'un tel trouble, qu'ils tournerent leurs armes contre eux-mesmes, & n'eurent point besoin d'autres ennemis pour estre défaits. On entendit le bruit de ce defordre du camp des Ifraelites; & Saül ayant conjecturé ce qui s'estoit paffé, par l'abíence de Jonathas, qui ne se trouva point dans le camp, il se hasta d'aller poursuivre les Philistins & d'achever une victoire que fon fils avoit commencée. Il fit mesme un ferment & maudit celuy de toute l'armée qui mangeroit avant la nuit. Ce qui fit que toutes les troupes passant par un lieu plein de miel n'oferent y toucher. Mais Jonathas qui ne sçavoit rien de cette défense, pressé par la necessité & par l'épuisement de ses forces, étendit le bout de sa, baguette pour prendre un peu de ce miel, qui luy redonna une nouvelle vigueur. Aprés quelque repos qu'on prit fur le foir, comme on vouloit recommencer à poursuivre les Philistins pendant la nuit, Saul confulta Dieu pour sçavoir quel seroit le succés de cette entreprise, mais il ne put en avoir aucune réponse. Il reconnut auffi-tost que quelqu'un du peuple avoit irrité Dieu, & jura que quand ce feroit Jonathas mesme il mourroit. On jettale fort, qui enfin tomba fur Jonathas. Saül luy demanda ce qu'il avoit fait. Jonathas plaignit son malheur & Iny dit: J'ay pris en passant un peu de miel au bout d'une baguette, & pour cela on m'oste la vie. Saül par une fermeté, que quelques-uns des saints Peres blâment, & que d'autres loüent, persista dans le dessein de faire mourir son fils, qui empefchoit ce jour-là qu'on n'exterminast entierement les Philiftins. Mais le peuple touché de l'action admirable de Jonathas, l'arracha d'entre les mains de son pere, jura qu'il ne mourroit point, & le délivra ainsi d'un peril qui apprend, comme disent les faints Peres combien il est dangereux de goûter pour peu que c. foit le mici, c'est à dire le plaifir du monde; & de se laiffer aller à la douceur d'une complaifance fecrette, aprés les grandes victoires qu'on a remportées fur les Demons, qui font figurez par les Phí

,

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Philiftins. Ce miel plaist pour un temps, dit saint
Ambroise: Mais enfin il donne la mort, comme il
eust fait infailliblement à Jonathas, fi la grandeur
de ses actions passées n'eust merité qu'on oubliaft
cette derniere.

Agag épargné. 1. Rois 15.

L

L'An

2930.

Es pechez des Amalecites estant montez jusqu'à
leur comble, Dieu par Samuel ordonna à Saül du M.
de les détruire entierement, sans rien épargner, & Avant
fans referver la moindre chose de tout ce qui leur J.C.
appartenoit. Saül executa cet ordre de Dieu, & il 1974
alla avec plus de deux cens mille hommes contre ce
peuple idolâtre. Mais il interpreta à sa fantaisie le
commandement qu'il avoit receu de Dieu, au-lieu
d'obeïr fimplement à sa voix. Il consentit qu'on
épargnast ce qu'il y avoit de meilleur dans les trou-

peaux, fous prétexte d'en faire un sacrifice, & il
fau-

K 2

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sauva Agag leur Roy. Dieu fut irrité de la temerité avec laquelle ce Prince osoit éluder ses ordonnances, & commanda à Samuel d'aller témoigner à Saul, qu'il se repentoit de l'avoir éleu pour Roy. Samuel trouva que ce Prince s'estoit déja fait élever un arc de triomphe pour une victoire dont luymefme avoit terny toute la gloire par sa desobeïffance. Saül vint au-devant du Prophete Samuel, & luy dit qu'il avoit accomply ponctuellement l'ordre du Seigneur. D'où vient donc, dit Samuel, que j'entens ces cris de bestes & de troupeaux? Saül répondit que le peuple les avoit reservez pour les immoler à Dieu. Mais ce faint Prophete animé de zele, representa à ce Prince orgueilleux sa bassesse passée, & la bonté avec laquelle Dieu l'avoit élevé sans aucun merite à la dignité royale. Cependant qu'aprés cela il s'estoit laisse aller à un interest honteux, qui l'avoit empesché d'obeïr fidellement à la voix de Dieu. Il luy fit voir quelle horreur Dieu avoit de ses facrifices; Que c'est principalement l'obeïssance qu'il exige de tous les hommes; Qu'il la prefere à toutes les autres victimes; Que la desobeissance est comme un peché d'idolatrie, parce que celuy qui ne veut obeïr qu'à luy-mesme, s'établit son Dieu. If luy déclara enfin que Dieu le rejettoit, & luy oftoit fon Royaume. Cemot toucha Saul; & luy fit dire qu'il avoit peché. Mais cette confession a toûjours esté regardée comme la figure des fausses penitences, qui augmentent plus les fautes qu'elles ne les effacent, & qui attirent encore plusla colere de Dieu, qu'elles n'excitent sa mifericorde. Car ce Prince se mettant peu en peine de la colere de Dieu, pria le Prophete de l'honorer devant le peuple; & fon ambition fit bien voir avec quelle justice Dieu n'écoutoit point la confeffion hypocrite, puisque comme il regarde plus le cœur qu'il n'écoute les paroles, il voyoit dans l'ame de ce Prince superbe, un defir paffionné d'estre honoré des hommes. Samuel ensuite fit venir Agag Roy d'Amalec, & par un zele fidelle aux ordres de Dieu, il le fit couper en pieces, & tua

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