Imagens das páginas
PDF
ePub

tous faifis d'un tel trouble, qu'ils tournerent leurs armes contre eux-mefmes, & n'eurent point befoin d'autres ennemis pour eftre défaits. On entendit le bruit de ce defordre du camp des Ifraelites; & Saül ayant conjecturé ce qui s'eftoit paffé, par l'abfence de Jonathas, qui ne fe trouva point dans le camp, il fe hafta d'aller pourfuivre les Philiftins & d'achever une victoire que fon fils avoit commencée. Il fit mefme un ferment & maudit celuy de toute l'armée qui mangeroit avant la nuit. Ce qui fit que toutes les troupes paffant par un lieu plein de miel n'oferent y toucher. Mais Jonathas qui ne fçavoit rien de cette défenfe, preffé par la neceffité & par l'épuifement de fes forces, étendit le bout de fa, baguette pour prendre un peu de ce miel, qui luy redonna une nouvelle vigueur. Aprés quelque repos qu'on prit fur le foir, comme on vouloit recommencer à pourfuivre les Philiftins pendant la nuit, Saul confulta Dieu pour fçavoir quel feroit le fuccés de cette entreprise, mais il ne put en avoir aucune réponse. Il reconnut auffi-toft que quelqu'un du peuple avoit irrité Dieu, & jura que quand ce feroit Jonathas mefine il mourroit. On jetta le fort, qui enfin tomba fur Jonathas. Saül luy demanda ce qu'il avoit fait. Jonathas plaignit fon malheur & lay dit: J'ay pris en paffant un peu de miel au bout d'une baguette, & pour cela on m'ofte la vie. Saül par une fermeté, que quelques-uns des faints Peres blâment, & que d'autres louent, perfista dans le deffein de faire mourir fon fils, qui empefchoit ce jour-là qu'on n'exterminat entierement les Philiftins. Mais le peuple touché de l'action admirable de Jonathas, l'arracha d'entre les mains de fon pere, jura qu'il ne mourroit point, & le délivra ainfi d'un peril qui apprend, comme difent les faints Peres, combien il et dangereux de goûter pour peu que cit le miel, c'est à dire le plaifir du monde ; & de fe lailer aller à la douceur d'une complaifance fecrette. aprés les grandes victoires qu'on a remportées fur les Demons, qui font figurez par les

Phí

Philiftins. Ce miel plaist pour un temps, dit faint Ambroife: Mais enfin il donne la mort, comme il euft fait infailliblement à Jonathas, fi la grandeur de fes actions paffées n'euft merité qu'on oubliaft cette derniere.

Agag épargné. 1. Rois 15.

[ocr errors]

1074.

leur comble, Dieu par Samuel ordonna à Saül 2930. de les détruire entierement, fans rien épargner, & Avant fans referver la moindre chofe de tout ce qui leur J.C. appartenoit. Saül executa cet ordre de Dieu, & il alla avec plus de deux cens mille hommes contre ce peuple idolâtre. Mais il interpreta à fa fantaifie le commandement qu'il avoit receu de Dieu, au-lieu d'obeir fimplement à fa voix. Il confentit qu'on épargnaft ce qu'il y avoit de meilleur dans les troupeaux, fous prétexte d'en faire un facrifice, & il

K 2

fau

fauva Agag leur Roy. Dieu fut irrité de la temerité avec laquelle ce Prince ofoit éluder fes ordonnances, & commanda à Samuel d'aller témoigner à Saul, qu'il fe repentoit de l'avoir éleu pour Roy. Samuel trouva que ce Prince s'eftoit déja fait élever un arc de triomphe pour une victoire dont luymefme avoit terny toute la gloire par fa defobeïffance. Saul vint au-devant du Prophete Samuel, & luy dit qu'il avoit accomply ponctuellement l'ordre du Seigneur. D'où vient donc, dit Samuel, que j'entens ces cris de beftes & de troupeaux? Saül répondit que le peuple les avoit refervez pour les immoler à Dieu. Mais ce faint Prophete animé de zele, reprefenta à ce Prince orgueilleux fa baffeffe paffée, & la bonté avec laquelle Dieu l'avoit élevé fans aucun merite à la dignité royale. Cependant qu'aprés cela il s'eftoit laiffe aller à un intereft honteux, qui l'avoit empefché d'obeir fidellement à la voix de Dieu. Il luy fit voir quelle horreur Dieu avoit de fes facrifices; Que c'eft principalement l'obeïffance qu'il exige de tous les hommes; Qu'il la prefere à toutes les autres victimes; Que la defobeiflance eft comme un peché d'idolatrie, parce que celuy qui ne veut obeir qu'à luy-mefme, s'établit fon Dieu. Il luy déclara enfin que Dieu le rejettoit, & luy oftoit fon Royaume. Ce mot toucha Saul; & luy fit dire qu'il avoit peché. Mais cette confeffion a toûjours efté regardée comme la figure des fauffes penitences, qui augmentent plus les fautes qu'elles ne les effacent, & qui attirent encore plus la colere de Dieu, qu'elles n'excitent fa mifericorde. Car ce Prince fe mettant peu en peine de la colere de Dieu, pria le Prophete de l'honorerdevant le peuple; & fon ambition fit bien voir avec quelle juftice Dieu n'écoutoit point fa confefiion hypocrite, puifque comme il regarde plus le cœur qu'il n'écoute les paroles, il voyoit dans l'ame de ce Prince fuperbe, un defir paffionné d'eftre honoré des hommes. Samuel enfuite fit venir Agag Roy d'Amalec, & par un zele fidelle aux ordres de Dieu, il le fit couper en pieces, & tua

par

1

par une fainte severité celuy qui avait perdu Saül par la fauffe compaffion qu'il en avoit eue. Saint Ambroife dit que cet exemple doit apprendre aux Pafteurs de l'Eglife à n'ufer pas d'une doar cruelle envers les pechez reprefente par les Amalecites, & à imiter plutoft Samuel, qui fans doute avoit plus de charité que Sau!: mais qui avoit en mefmetemps trop de lumière, pour ne pas voir qu'en fla tant les pechez par une fauffe indulgence on perd les pecheurs, & qu'on les fauve au-contraire en gueriffant leurs bleffures par les remedes d'une auftere penitence.

David joue de la harpe. 1. Rois 16.

S

Aül ayant efté rejetté de Dieu pour avoir
negligent à accomplir fes ordres, r
auffi-toft un autre Roy pour gouver”
Il fe fervit encore de Samuel pe

K

ayant

ques

15. ans

& Sa

David comme ce faire Prophete vit que c'eftoit bleffer le quel Roy Saul, & expofer à un danger vifible de mort; Dieu luy-mefne luy donna des adreffes pour élire ce nouveau: Pay, & pour éviter la fureur de celuy qu'il muel 85. rejettoit. Il fe fervt. de l'occafion ou du prétexte d'un facrifice qu'il alia offrir en Bethleem. Lors qu'il fut arrivé en cette ville il invita Ifai pere de David, de venir luy & fes enfais manger avec luy. Il les confidera les uns aprés les autīts, parce qu'il fçavoir qu'il y en avoit un d'eux que Dieu avoit elû pour Roy. Mais il vit bien enfin que Dieu ne 3'arrefte pas comme nous aux apparences exterieures dans les jugemens qu'il fait des hommes, mais qu'il paffe jufqu'au cœur. Car voyant Paifné des enfans d'ai d'une grande taille, il crût que ce feroit celuy que Dieu auroit élû pour Roy. Les fept enfans donc d'Ifai ayant paru devant luy Tun aprés l'autre, fans que Dieu témoignaît en élire pas un d'eux, il demanda s'il n'y en avoit plus. On luy dit qu'il en reftoit encore un petit qui paiffoit les brebis. Il le fit venir, & Dieu luy dit que c'eftoit celuy-là qu'il devoit facrer. Dés ce moment l'Esprit de Dieu remplit David, & quitta Saul. Ce déplorable Prince ayant effe abandonné de l'Esprit de Dieu, fut en mefme temps fain de l'efprit malin qui l'agitoit de fureur, & le tourmentoit cruellement. Cet accident qui fut un jufte chaftiment de ce Roy ingrat & rebelle à Dieu, & qui prélageoit que fa dignité luy alloit bien-toft eftre enlevée, fut au contraire le commencement de l'élévation de David. Car Saul citant tourmenté de ces fureurs, fes Officiers luy confeillerent de chercher dans fon Royaume quelque perfonne qui jouait excellemmere de la harpe, fir que lors que l'efprit malin fe froit de luy, de cet inftrument le foulageaft & luy os de l'ame. Il ne fe trouva perfonne art que David, qui joignoit à cette t de beauté qui fit que Saul l'aide tendreffe, le fit fon Ecuyer, ir à fafuite. Et toutes les fois que

« AnteriorContinuar »