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nerace fainte, fut la tige d'une pofterité malheureuse que Dieu ne devoit regarder que dans fa fureur. lors que le faint homme Noé fut forty de l'Arche, il eft marqué qu'il s'exerça à cultiver la terre, & qu'entre les autres ouvrages qu'il y fit il planta la vigne. Mais lors qu'il eut bû de fon fruit dont il ne connoiffoit pas encore affez la vertu, il fut affoupi & tomba dans l'yvreffe, pendant laquelle il fe trouva par hazard découvert d'une maniere indecente & contraire à la pudeur. Cham le fecond de fes fils fut le premier qui apperceut fon pere dans cet eftat; & au lieu de faire alors ce que la pieté d'un fage fils luy devoit inspirer, il prit au contraire ce qu'il voyoit pour un fujet de raillerie. Il ne fe contenta pas de fe rire ainfi luy-mefme de fon pere, il voulut encore que fes freres fuffent en mefme-temps les compagnons de fa joye & les complices de fon crime. Il leur alla promtement dire ce qu'il avoit veu. Mais Sem & Japhet ne pouvant fouffrir ce mépris injurieux que Cham faifoit de leur pere, prirent un manteau fur les épaules &

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marchant à reculons ils couvrirent ce que l'honnefteté ne permettoit pas de voir. Noé fçachant à fon réveil ce qui s'eftoit paffé, condamna l'action de Cham, & maudit fur l'heure fon fils Cham. Il prédit qu'il feroit éternellement le feviteur des ferviteurs de fes freres: & il benit au contraire Sem & Japhet, leur promettant une longue & heureufe pofterité dans la fuite de tous les âges. Cette histoire qui à la lettre apprend aux enfans à refpecter toûjours leurs peres que Dieu leur commande d'honorer, & à cacher leurs defauts lors qu'ils en ont, au lieu de s'en rire; eft felon faint Auguftin une admirable figure du refpect avec lequel tous les Chreftiens doivent regarder les humilitations & les abaiffemens de JESUS-CHRIST leur vray pere. L'ignominie qu'il fouffrit à la croix & la nudité où il fut reduit eftoit figurée icy par la nudité de Noé comme l'yvreffe myfterieufe de ce faint homme marquoit en JESUS-CHRIST l'effet du calice que fon pere fuy donna à boire, & le fruit de cette vigne ingrate qu'il avoit luy-mefme plantée. Et quoy qu'il n'y ait perfonne affez impie pour se mocquer ouvertement des ignominies & des affoibliffemens de JESUSCHRIST, neanmoins on fe mocque de luy felon faint Auguftin, lors que l'on deshonore fa verité & fa parole. On méprise les humiliations lors qu'on choisit une maniere de vie conforme au fafte du monde; & on fe rit de fes fouffrances & de fa croix, lors qu'on infulte à ceux qui fouffrent comme les membres de fon corps, & comme les imitateurs de fa patience.

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Tour de Babel. Genef. 11.

Es enfans de Noé commençant à fe multiplier l'An du capeù d'années dans M.1757

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un fi grand nombre, que ne pouvant plus demeurer J. C. enfemble ils penferent à fe feparer pour aller habiter 2247 en diverfes terres. Mais avant cette feparation ils firent une entreprise qui montre également qu'elle eftoit leur folie & leur vanité. Venez, fe dirent ils l'un à l'autre, faifons une ville & une tour dont la hauteur aille jufqu'au ciel. Ce deffein extravagant avoit deux caufes également vaines, l'une d'eternifer leur nom par un édifice fuperbe, & l'autre de fe défendre contre Dieu mefme s'il vouloit encore punir le monde par un deluge; qu'ils efperoient ne leur pouvoir plus nuire lors qu'ils auroient achevé cette tour. Mais Dieu qui vouloit faire voir deflors que ce n'eft que par l'humilité que l'homme peut s'élever, & qu'il doit plus penfer à fléchir fa colere par la

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penitence, qu'à fe defendre contre fa vengeance par de vains efforts; defcendit fur la terre, dit l'Ecriture, pour voir cette tour que battiffoient les enfans des hommes, & fe mocquant d'une entreprise fi ridicule, il dit: Tout ce peuple parle une mesme langue, & ils paroiffent fi opiniaftres dans leur entreprise qu'ils ne cefferont point d'y travailler. C'eft pourquoy confondons leur langage de telle forte qu'ils ne s'entendent plus parler l'un l'autre ; & dans ce moment Dieu mit une confufion dans leurs langues & dans leurs paroles, fans qu'il leur fuft poffible de comprendre ce qu'ils s'entredifoient les uns les autres. Ils furent donc ainfi forcez de laiffer imparfait cet ouvrage de leur vanité, & de fe feparer dans divers pais. C'eft ce qui donna lieu d'appeller cette Tour, la Tour de Babel, c'est à dire de confufion; & cet édifice d'orgueil fut deflors une figure, felon faint Bernard, de ce que le monde devoit faire dans la fuite de tous les fiecles, où il femble ne penfer qu'à élever contre Dieu une tour pour se mettre en affeurance contre fa juftice, & pour s'opposer à fa grandeur, penfant plutoft à eternifer la memoire de fon nom fur la terre, qu'à devenir vrayment grand dans le ciel. Dieu voulut punir alors cette vanité des hommes dans la partie mefine où elle domine davantage, c'est à dire, dans la langue qui fert à l'homme pour exprimer fa vanité & pour commander aux autres. Et cette diverfi' é de langues qui s'est depuis ce temps-là répandue dans tout le monde, & qui continue encore jufques aujourd'huy, eft comme une voix continuelle qui fe fait entendre dans toute la terre, & qui apprend à tous les peuples, comme dit faint Augustin, que la voye la plus courte & la plus affurée pour montrer au ciel, n'est pas d'élever de grands édifices, & de former dans un cœur altier de vaftes deffeins. mais de s'abaiffer devant Dieu & de prévenir fa colere en la fléchiffant par les larmes, & non pas en prétendant l'éluder par fa refiftance.

Vocation d'Abraham. Genef. 12.

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J. C,

Prés les hommes eurent fait de fi grands l'Ando que efforts pour élever Babylone cette ville rebelle M.2083 à Dieu qui devoit fubfifter jufques à la fin du monde ; Dieu penta auffi à pofer les fondemens d'une Ville 1922. fainte, c'eft à dire de fon Eglife, & voulut qu'A braham fuft la tige d'une race choisie & fidelle qui ne finiroit jamais. Ce faint homme eftoit fils de Thare, & demeuroit avee fon pere en la Ville d'Ur dans le païs des Chaldéens, qui eftoit un païs idolatre. Ce fut à que Dieu luy fit ce commandement: Sortez, luy dit-it, de voftre terre, de voftre païs & de la maifon de vostre pere, & venez dans la terre que je vous montreray. Je vous rendray le chef & le pere d'un grand peuple, & je feray que votre nom deviendra celebre Je beniray tous ceux qui vous beniront, & je maudiray tous ceux qui vous maudiront, & en yous tous les peuples de la terre feront benis. Abra

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