Imagens das páginas
PDF
ePub

méprife luy-mefme & il confent que les autres le méprifent. Il apprit ainfi aux Princes Chrétiens à ne craindre jamais d'avilir leur majesté en se foumettant à Dieu, & en donnant à leurs fujets l'exemple du culte qu'ils luy doivent. C'eft apprehender des difcours de femmes que de craindre d'abaiffer fa grandeur en ces rencontres; & il faut eftre un David quand on trouve une Michol affez hardie pour faire un reproche fi injufte. Elle fut frappée de fterilité, dit faint Ambroife, de-peur qu'une femme fi orgueilleufe n'euft des enfans qui luy reffemblaffent.

Ambassadeurs de David. 2. Rois 10.

L'An du M. 3976.

Li

Ors que les guerres civiles eftoient affoupies dans la Judée, & que David n'eftoit plus troublé des Avant divifions de fes fujets, il luy furvint une nouvelle 1937. guerre contre les Ammonites pour le fujet que nous allons dire. Leur Roy Naas eftant mort, David fe

J.C.

fou

fouvint qu'il avoit efté fon amy, & voulut prevenir par fes civilitez fon fils Hanon, en luy envoyant des Ambafladeurs pour l'affurer qu'il prenoit part fincerement à fa douleur, & qu'il feroit toûjours fon amy comme il avoit efté de fon pere. Mais ce jeune Prince eftant tres-mal confeillé, écouta trop facilement les impostures des principaux de fon royaume, qui luy dirent qu'il devoit fe défier de David: que ce n'eftoit point par civilité ny pour le confoler de la mort de fon pere qu'il luy avoit envoyé ces Ambaffadeurs; mais qu'il fe fervoit de ce prétexte pour faire entrer des efpions fur fes terres, pour en confiderer les endroits foibles, & pour se rendre enfuite plus facilement maiftre de tout fon Royoume. Ce Prince les crût, & agiffant fur cette fuppofition, il traitta outrageufement ces Ambaffadeurs, leur fit rafer la motié de leur barbe & déchirer par derriere léurs habits de telle forte, qu'ils ne pouvoient eftre veus fans rougir de honte. David fceut cette nouvelle par d'autres perfonnes, avant de l'apprendre de fes Ambaffadeurs mefme. Il fut touché de l'outrage qu'ils avoient receu, & il envoya au devant d'eux des gens pour les confoler, & pour les prier de ne point paroistre dans cet eftat en Jerufalem, mals d'attendre en Jericho que leur barbe fuft revenue. Il fit deffein auffi-toft de ne pas laiffer un fi grand crime impuny, & envoya Joab General de les armées contre les Ammonites. Comme ils s'attendoient à cette guerre, ils avoient cherché du fecours dans leurs voifins, & particulierement dans la Syrie. Mais leurs troupes auxiliaires n'empefcherent pas qu'ils ne furent tous défaits, Joab fe fignala ce jour-là par fon grand courage & par fa grande expe rience dans la guerre. Les Ammonites ayant recommencé l'année fuivante à remettre de grandes troupes fur pied, David y alla luy-mefme en perfonne avec toutes fes forces. Il défit les ennemis, fit paffer au fil de l'épée quarante mille hommes de pied, outre ceux qui eftoient dans fept cens chariots de guerre. Tous les Princes võifins qui eftoient vertus aufecours

[ocr errors]

fecours des Ammonites apprirent de cette défaite à craindre les Juifs: & le jeune Roy des Ammonites reconnut avec regret à combien de malheurs un Prince s'expofe en fuivant un mauvais confeil, puifque la ruine de tout fon Royaume n'eut point d'autre principe que fon indifcrete crudelité. Le falut ou la ruine des Eftats dépend fouvent d'un fage ou d'un mauvais confeil, & un Prince eft heureux qui eftant luy-mefme l'arbitre fouverain de ses Estats, est affez éclairé pour difcerner qui font ceux dont il peut fe fervir comme d'inftrumens de fa royale prudence dans le gouvernement de fon Royaume.

Crime de David. 2. Rois 11.

L'An du M.

2959.

Ors que David regnoit dans une profonde paix

Avant lant encore brouiller, raffembla quelques legeres troupes contre lefquelles David dédaigna d'aller en

J.C.

1035.

per

perfonne, & il fe contenta d'y envoyer Joab le General de fes armées. Pendant qu'il occupoit fes gens à cette guerre, il demeura luy-mesme en repos dans Jerufalem, & s'allant promener un jour vers le midy fur la terraffe de fon palais, il vit, vis-àvis de luy, une femme qui fe baignoit, qui eftoit parfaitement belle. Il s'informa qui elle eftoit. On luy dit que c'eftoit Bethfabée femme d'Urie: & l'ayant faite venir chez luy il commit un adultere avec elle. Cette femme eftant devenue groffe & craignant que l'abfence de fon mary Urie qui eftoit à la guerre, ne fift reconnoiitre fon adultere & ne l'expofaft aux peines que la Loy ordonnoit contre ces fortes de femmes, avertit David de la crainte où elle fe trouvoit. David auffi-toft donna ordre à Joab fon General d'armée, de luy faire venir Urie, fous prétexte de s'informer de l'eftat de la guerre, & aprés diverses demandes il le renvoya chez luy. Mais Urie méprifant les douee urs de fa maifon, negligea d'y aller, & dit enfu ite à David qui luy en faifoit un reproche; L'Arche de Dieu, tout Ifrael & tout Juda, & Joab mon maiftre avec tous fes ferviteurs, demeurent fous des tentes; & moy j'iray en ma maifon pour manger, boire & dormir avec ma femme? Je ne le feray jamais. Le deffein de David ayant donc efté éludé par le grand courage de cet homme, & voyant toûjours Bethfabée exposée à paffer pour adultere, il prit une refolution bien oppofée à toute la douceur qui jufques-là luy avoit efté fi naturelle. Il donna ordre à Joab d'expofer Urie en quelque endroit qu'il jugeroit le plus dangereux, & de l'y abandonner avec tous ceux qui l'y auroient accompagné. Joab obeït fidellement aux ordres de David, & ayant laiffé perir Urie dans une rude attaque où il ne luy fit point donner de fecours, il en envoya auffi-toft la nouvelle à David, qui n'eut pas de peine à fe confoler de la perte d'un ferviteur fi courageux & fi fidelle, & dont il eftoit le premier la caufe. La femme d'Urie fçachant la mort de fon mary le pleura, & lors que les jours de fon deuil furent paffez, David la prit

[blocks in formation]

pour femme & en eut un fils. Ce double crime d'un fi grand Saint, fait voir que les hommes, quelque grands & quelque juftes qu'ils foiens, font toûjours hommes, & qu'ils tiennent toûjours quelque chofe de la fragilité de cette boue dont ils ont efte formez. Ces cheutes, dit faint Auguftin, doivent faire trembler les foibles, lors qu'ils voyent tomber les forts. Auffi l'Ecriture les propofe non pour excufer ceux qui fuivent ces grands hommes dans leurs cheutes, & qui veulent imiter dans leurs actions ce qu'euxmefmes ont detefté de tout leur cœur; mais pour senir tous les juftes dans une humilité falutaire, & pour apprendre à ceux qui tombent avec David, à fe relever comme David.

L'An du M.

D

Penitence de David. 2. Rois 12.

Avid ayant commis deux fi grands crimes, fit voir par le peu de foin qu'il eut de fe relever 2970. cette cheute, les profondes tenebres que le peché J.C. jette dans l'ame de ceux mefme qui font les plus 1034 faints. Il demeura en paix pendant une année dans

Avant

un fi grand defordre, fila paix neanmoins peut eftre dans un cœur qui a offenfe Dieu d'une maniere fi criminelle. Mais lors qu'il eftoit dans cet oubly de Dieu & de luy-mefme, Dieu eut pitié de luy, & luy envoya Nathan fon Prophete pour luy ouvrir les yeux & pour luy faire fentir fa playe qui luy eftoit inconnue. Ce faint Prophete ayant receu de Dieu une commiffion fi penible, fit voir par la maniere adroite dont il luy parla d'abord, avec quelle fageffe on doit épargner les perfonnes qui font dans le rang de David, en ne les rebutant pas par des paroles trop feveres & trop aigres. Nathan ufa de la parole d'un homme qui ayant beaucoup de brebis en ofta une à un pauvre qui n'avoit que celle-là & qu'il aimoit uniquement. Ce Prince qui n'eftoit pas encore aveugié dans ce qui ne le regardoit pas, prononça la fentence contre luy mefme, fans le fçavoir, en la pro

non

« AnteriorContinuar »