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personne, & il se contenta d'y envoyer Joab le General de ses armées. Pendant qu'il occupoit ses gens à cette guerre, il demeura luy-mesme en repos dans Jerufalem, & s'allant promener un jour vers le midy sur la terrasse de son palais, il vit, vis-avis de luy, une femme qui se baignoit, qui estoit parfaitement belle. Il s'informa qui elle estoit. On luy dit que c'estoit Bethsabée femme d'Urie: & l'ayant faite venir chez luy il commit un adultere avec elle. Cette femme estant devenuë grosse & craignant que l'absence de fon mary Urie qui estoit à la guerre, ne fift reconnoistre son adultere & ne l'exposast aux peines que la Loy ordonnoit contre ces fortes de femmes, avertit David de la crainte où elle se trouvoit. David aussi-tost donna ordre à Joab son General d'armée, de Iuy faire venir Urie, sous prétexte de s'informer de l'estat de la guerre, & aprés diverses demandes il le renvoya chez luy. Mais Urie méprisant les douee urs de fa maison, negligea d'y aller, & dit enfu ite à David qui luy en faisoit un reproche; L'Arche de Dieu, tout Ifrael & tout Juda, & Joab mon maistre avec tous ses serviteurs, demeurent sous des tentes; & moy j'iray en ma maifon pour manger, boire & dormir avec mafemme? Je ne le feray jamais. Le dessein de David ayant donc efté éludé par le grand courage de cet homme, & voyant toûjours Bethsabée exposée à passer pour adultere, il prit une resolution bien opposée à toute la douceur qui jufques-là luy avoit esté si naturelle. Il donna ordre à Joab d'exposer Urie en quelque endroit qu'il jugeroit le plus dangereux, & de l'y abandonner avec tous ceux qui l'y auroient accompagne. Joab obeït fidellement aux ordres de David, & ayant laisse perir Urie dans une rude attaque où il ne luy fit point donner de secours, il en envoya aussi-tost la nouvelle à David, qui n'eut pas de peine à se contoler de la perte d'un serviteur si courageux & fi fidelle, & dont il estoit le premier la cause. La femme d'Urie scachant la mort de fon mary le pleura, & lors que les jours de fon deuil furent passez, David la prit

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pour

! L'An L'An du M.

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pour femme & en eut un fils. Ce double crime d'un fi grand Saint, fait voir que les hommes, quelque grands & quelque justes qu'ils foiens, font toûjours hommes, & qu'ils tiennent toûjours quelque chose de la fragilité de cette boüe dont ils ont efté formez. Ces cheutes, dit saint Augustin, doivent faire trembler les foibles, lors qu'ils voyent tomber les forts. Aussi l'Ecriture les propose non pour excufer ceux qui suivent ces grands hommes dans leurs cheutes, & qui veulent imiter dans leurs actions ce qu'euxmesmes ont detesté de tout leur cœur; mais pour tenir tous les justes dans une humilité salutaire, & pour apprendre à ceux qui tombent avec David, à se relever comme David.

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Penitence de David. 2. Rois 12.

Avid ayant commis deux fi grands crimes, fit da M. voir par le peu de foin qu'il eut de se relever cette cheute, les profondes tenebres que le peché J.C. jette dans l'ame de ceux mesme qui font les plus faints. Il demeura en paix pendant une année dans un fi grand defordre, fi la paix neanmoins peut estre dans un cœur qui a offense Dietu d'une maniere fi criminelle. Mais lors qu'il estoit dans cet oubly de Dieu & de luy-mesme, Dieu eut pitié de luy, & luy envoya Nathan fon Prophete pour luy ouvrir les yeux & pour luy faire fentir sa playe qui luy estoit inconnue. Ce faint Prophete ayant receu de Dieu une commission si penible, fit voir par la maniere adroite dont il luy parla d'abord, avec quelle fagesse on doit épargner les personnes qui font dans le rang de David, en ne les rebutant pas par des paroles trop feveres & trop aigres. Nathan usa de la parole d'un fhomme qui ayant beaucoup de brebis en ofta une à un pauvre qui n'avoit que celle-là & qu'il aimoit uniquement. Ce Prince qui n'estoit pas encore aveugié dans ce qui ne le regardoit pas, prononça la fentence contre lay-mesme, fans lesçavoir, enrla pro

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nonçant contre cet homme. Car le Prophete n'usant plus de déguisement, luy dit avec une gravité digne de celuy dont il estoit le Ministre; que c'estoit luymesme qui estoit cet homme. Il luy representa les biens que Dieu luy avoit faits, & les maux dont il l'avoit délivré en le tirant des mains de Saul. Il luy fit voir quel outrage il faisoit à Dieu en payant tant de graces d'une fi grande ingratitude. David alors rentra en luy-mesme. Il ne s'irrita point contre la verité, lors mesme qu'elle le condamnoit. Il ne s'aigrit point contre le Prophete qui la luy representoit fans le flater; & il ne luy demanda pas, comme remarque faint Augustin, qui il estoit pour ofer ainfi reprendre fon Prince, & pour examiner la vie de fon Souverain. Il oublia en ce moment qu'il estoit Roy, pour se souvenir seulement qu'il estoit pecheur. La parole qu'il prononça, J'ay peché contre le Seigneur, fut en luy une parole de penitence plus fincere qu'elle n'avoit esté en Saül, & qu'elle n'est aujourd huy en plusieurs Chreftiens. Il embrassa 171

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avec une humble soumission tous les maux que Nathan luy prédit devoir arriver sur sa propre famille, & il vit cette longue suite de malheurs qu'on luy marqua comme un moyen favorable de fatisfaire à Dieu & d'appaiser sa colere. Mais en voyant avec un regret & une douleur amere de quel estat il estoit tombé, il ne se desépera point, comme remarque faint Chryfoftome, qui admire en cela le grand courage de ce Prince & sa grande confiance en Dieu: mais des qu'il reconnut sa perte, il travailla sans s'inquiéter à la reparer le mieux qu'il luy fut poffible par une penitence qui dura autant que sa vie, & qui a fait dire à faint Ambroise, que plusieurs imitent David dans son peché; mais que peu l'imitent dans sa penitence.

D

Mort d'Amnon. 2 Rois 13.

Ieu ayant fait rentrer David en luy-mefme par les avertissemens de Nathan, , il luy fit bien voir Avant par la maniere dont il le traita ensuite, que la plus J.C. grande grace qu'il puisse faire aux pecheurs est de ne 1032. les point épargner. Car premierement il frappa de

mort le petit qui estoit né de son adultere, sans que ses larmes ny ses jeûnes pussent changer l'arrest de Dieu. Son fils Amnon enfuite commit un inceste avec Thamar sa fœur, feignant d'estre malade, & la priant de venir luy préparer à manger. Abfalom irrité de cet outrage commis contre sa propre sœur & qui estoit

de la mesme mere, refolut detuer Amnon. Il attendit du M. deux ans aprés, & prit l'occasion d'un festin qu'il fit à 2974. tous ses freres en un jour de réjouissance, au milieu Pan duquel il le fit assassiner. S'estant éloigné de la Cour du M. apres ce parricide dont il voulut fatisfaire fa vangeance particuliere, & que Dieu fit fervir à sa vengeance contre David, il ufa enfuite de tant d'adresse, qu'au bout de trois ans David luy permit derevenir à JeruI'An falem. Cerappel du fils fut presque la perte du pere: du M. car dés que ce fils ingrat se vit bien avec fon pere, il

L'An

2977.

979

com

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commença d'entreprendre contre fon royaume & L'an
contre sa vie. Il gagna d'abord l'affection du peuple, du M.
& se rendant populaire avec tous ceux qui venoient 2980.
devant David pour terminer leurs differends, il leur
faisoit esperer que s'il estoit Roy, il sçauroit bien leur
rendre justice. Ayant donc ainsi travaillé durant qua- l'An
tre ans à s'établir & à attirer beaucoup de monde dans du M.
fon parti, il demanda à David permission d'aller en
Hebron sous prétexte d'un vœu qu'il avoit fait pen-
dant son exil. Lors qu'il y fut arrivé, il se fit tout d'un
coup déclarer Roy. Quand David l'eut sceu il se vit
obligé, estant âgé de plus de soixante ans, de fortir à
pied de Jerufalem n'ayant que les gens de guerre qui
estoient auprés de sa personne. Il passa le torrent de
Cedron, & monta en pleurant la montage des Oli-
ves, où il figura par avance ce qui devoit arriver un
jour au veritable David. Il souffrit dans cet eftat avec
une humilité prodigieuse, les insultes de Semeï qui le
maudissoit & qui luy jettoit des pierres, & confide-
sant cette revolte de son sujet comme l'image de sa

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