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Salomon en fait luy-mefme dans le livre que je viens de marquer. Ainfi il n'y a perfonne qui ne doive préferer le fumier de Job au trône de Salomon; puifque dans l'un on voit le modelle de cette parfaite patience qui couronne tous les Saints, & qu'on voit dans l'autre la chute d'un homme qui n'a pu fe défendre contre ce ver de l'orgueil infeparable des grandes richeffes, & contre le venin de la profperité, par la plus haute fageffe qui fut jamais.

Confeiller de Roboam. 3. Rois 12.

La mef

me an

3019.

Ors que Salomon fut mort, & que fon fils RoboLo am fe fut affis fur fon trône, fes fujets & Jeronée boam à leur tefte vinrent le trouver pour le fupplier Avant tres-humblement de les décharger d'une partie des 975. impofts exceffifs que Salomon fon pere levoit fur eux. Ce Prince demanda trois jours pour en déliberer, & confulta d'abord les vieillards dont fon pere

1. C.

faivoit les avis, qui luy confeillerent tous de traiter doucement le peuple, & de luy rendre une réponse favorable, afin de gagner les efprits dans le commencement de fon regne, pour en eftre enfuite plus parfaitement le maitre. Mais ce jeune Prince quittant le confeil des vieillards, alla confulter de jeunes gens avec lesquels il avoit esté nourri, qui luy confeillerent de répondre durement à ces députez, & de les menacer de les traiter à l'avenir encore plus feverement que fon pere n'avoit fait. L'Ecriture marque que ce fut par une conduite particuliere de Dieu que ce Prince fe laiffa aveugler, jufqu'à fuivre le confeil de ces jeunes gens fans experience, en abandonnant celuy des vieillards. C'eft, dit-elle, par cette indifcretion de Roboam que Dieu vouloit accomplir ce qu'il avoit prédit à Jeroboam par fon Prophete Ahias. Car tout le peuple auffi-toft, aprés cette réponfe du Roy fe revolta contre ce jeune Prince, & protefta qu'il ne luy obeïroit jamais, Roboam pour appaifer ce tumulte envoya Aduran, un de ces principaux Officiers, qui fut lapidé de tout le peuple, & le Roy luy-mefme chercha fon falut dans fa fuite. Tout Ifraël donc, c'est-à-dire dix Tribus, fe feparerent de Roboam, & prierent Jeroboam d'eftre leur Roy. Et comme Roboam fe préparoit à le combattre avec une armée de cent quatre-vingt mille hommes choifis, qu'il avoit levez de la feule Tribu de Juda, que Dieu tint toûjours fidellement attachée à fon fervice en confideration de David qu'il avoit aimé; un homme de Dieu nommé Simeia luy vint ordonner de la part du Seigneur, de n'en rien faire, & de n'aller point combattre contre Jeroboam, parce que ce trouble eftoit arrivé par fon ordre, & felon qu'il l'avoit prédit. Ce fut donc icy que commença cette longue divifion des Rois de Juda & d'Ifraël, qui fut une longue preuve dans tous les fiecles fuivans de l'imprudence d'un jeune Roy, qui perdit par fon indifcretion ce qu'il pouvoit conferver par fa fageffe. Mais Dieu fit voir en luy qu'il eft le maistre des Rois, & qu'il leur donne un bon ou un mauvais fens, felon les def

feins de colere ou de bonté qu'il a fureux. Le plus
fage de tous les Rois laiffa fon royaume à un fils stu-
pide & indifcret, & Dieu voulut visiblement punir
le
pere dans le fils, & les déreglement de la vicilleffe
de Salomon dans l'imprudente jeuneffe de Roboam.
Les Auteurs Ecclefiaftiques ont remarqué que cette
legereté de Roboam, qui préfera le confeil des jeunes
gens à celuy des vieillards, figuroit le malheur de
ceux qui ne voulant point écouter la fagesse des faints
Peres, qui font les veritables Confeillers du Royau-
me de JESUS-CHRIST, ont recours à des Con-
feillers indifcrets, qui préferent la nouveauté des opi-
nions humaines à l'autorité inviolable de l'ancienne
verité.

L'An du M.

3030. Avant

974.

J

Prophete defobeifant. 3. Rois 13.

Eroboam fe voyant maitre des dix Tribus d'Ifraël, fit voir d'abord que les Princes peu religieux préferent fouvent les interests de l'Estat à ceux de la ReJ.C. lion. Car ce Roy impie fe perfuada que fi ce peuple alloit à fon ordinaire à Jerufalem pour y offrir fes facrifices à Dieu, il rentreroit peu-à-peu dans l'obeïffance de Roboam fon Roy legitime. Ainfi aprés avoir bien penfé à cette affaire, il fit faire deux veaux d'or, dont il mit l'un en Bethel, & l'autre à Dan, & dit enfuite au peuple, que c'eftoient les Dieux qui l'avoient tiré de l'Egypte, & qu'il les devoient adorer. Ils leur dreffa des autels avec une grande magnificence, & tafcha d'imiter dans le culte de ces idoles tout ce qui fe faifoit à Jerufalem dans le culte du Dieu veritable. Mais lors que Jeroboam eftoit luy-mesme à l'un de ces deux Autels qui eftoit en Bethel. Dieu luy envoya un Prophete qui adreffa fa parole à cet Autel, & qui prophetifa qu'il naiftroit un fils de la race de David qui fe nommeroit Jofias, qui égorgeroit fur cet Autel tous les Preftres qui y offroient de l'encens, & que pour marque que fa prophetic eftoit vraye, l'Autel' s'alloit fendre en deux à l'heure mef

me.

me. Ce qui fut accompli par Jofias deux cens cinquante ans après cette prédiction. Jeroboam ne put fouffrir la liberté toute fainte de ce Prophete; & voyant qu'il parloit contre l'Autel qu'il avoit dreffé luy-mefme, il étendit la main pour ordonner à fes Officiers de le prendre, mais elle se fecha auffi-toft, & il ne la put retirer à luy. Ce Prince eftant humilié par une punition fi foudaine, pria le Prophete d'obtenir fa guerifon de celuy qui l'avoit envoyé vers luy, & l'ufage de la main luy ayant efté rendu, il le pria de manger en fon logis. Le Prophete le refufa, & dit que Dieu luy avoit défendu de boire & de manger en ce lieu. Comme il s'en alloit, un faux Prophete qui demeuroit dans la mefme ville de Bethel, courut aprés cet homme de Dieu, qu'il trouva lors qu'il fe repofoit fous un arbre. Il le pria de venir manger chez luy: ce que l'autre ayant refufé, parce que Dieu le luy avoit défendu: Je fuis un Prophete comme vous, luy répondit-il. Un Ange m'a commandé de courir aprés vous pour vous remener chez

moy,

L'An d: M.

3075. Avant

J.C.

moy, afin
que nous mangions ensemble. Il le trom-
pa par cet artifice, & il le fit venir avec luy. Mais
comme ils eftoient tous deux à table, ce faux Pro-
phete infpiré de Dieu, dit à l'autre qu'il avoit féduit,
Parce que vous n'avez pas obei à Dieu, & que vous
avez mangé ici contre fa défense, vous ne ferez
point enfevely avec vos peres. Cela se trouva vray
bien-toft aprés. Car lors qu'il s'en retournoit fur fon
Afne, un Lion le vint étrangler fans toucher davanta-
ge à fon corps mort, ny à fon Afne, qui fe tenoient
P'un & l'autre auprés du Prophete mort. Saint Gre-
goire remarque que ce Prophete de Dieu avoit eu
quelque fecrette complaifance dans les grandes cho-
fes qu'il venoit de faire, en frappant ainfi, & en gue-
riffant enfuitte le Roy, & luy parlant avec tant de li-
berté: Que cette gloire qui l'éleva caufa un obfcur-
ciffement dans fon ame, puis qu'au-lieu de demeurer
ferme à ne point violer la Loy de Dieu, ni à interpre-
ter fes ordres, il fe laiffa féduire par un faux Prophe-
te, qui le jeta dans la defobeiffance, & par la defobe-
iffance dans la mort, Dieu l'ayant puni ainfi d'une
peine paffagere dans le corps, afin de conferver éter-
nellement fon ame.

J

Zambri fe brûle. 3. Rois 16.

Eroboam ayant commis les impiétez que nous avons veuëes, mourut enfin aprés avoir régné vingtdeux ans. Il eut toûjours guerre avec Roboam, 919. contre lequel il s'eftoit revolté. Nadab fon fils luy fucceda, qui ne regna que deux ans, parce que Baafa luy ravit bien-toft le royaume. Ce fut ce Baafa qui excita de cruelles guerres contre le pieux Afa Roy de Juda, fils de l'impie Abias qui avoit regné avant luy auffitoft aprés Roboam fon pere. Mais Dieu voulant recompenfer Afa de la pieté qu'il témoignoit envers luy, & du foin qu'il avoit d'exterminer les idoles de tout Juda, pour y rétablir fon culte, il le rendit victorieux de fes ennemis, & luy fit remporter plufieurs

victoi

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