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le coupent en pieces & le mettent fur l'Autel. J'en feray autant de mon cofté. Nous invoquerons chacun noftre Dieu, & que le Dieu qui exaucera nos prieres en faifant defcendre le feu du ciel fur le facrifice, foit reconnu pour le vray Dieu. On demeura d'accord de cette propofition. Les Preftres de Baal commencerent les premiers, & aprés avoir mis le boeuf fur l'Autel, ils invoquerent leur Dieu depuis le matin jufqu'à midy: mais perfonne ne leur répondoit. Ce qui donna lieu à Elie de leur dire avec une fainte raillerie: Criez, criez plus haut; peut-eftre que vostre Dieu dort, ou qu'il eft à table. Mais ces Preftres fe faifaint des incifions dans tout le corps, & redoublant leurs cris, ne pûrent rien obtenir de leur Dieu Baal. Alors Elie ayant fait dreffer un Autel de pierres, & l'ayant environné d'un foffé de toutes parts, il mit du bois L'eri- deffus, & le Boeuf qu'il coupa en plufieurs parties. Il zure ufey fit verfer quatre grandes cruches d'eau, qu'il fit remplir par trois differentes fois, en forte que l'eau dédrie, & couloit de tous coftez, & que le foffé en fut tout remhydrie ply; & l'heure eftant venue il pria Dieu, & le feu du compre- ciel defcendit auffi-toft qui devora l'holocaufte, le prés de bois, les pierres, la pouffiere, & jufqu'à l'eau mefme. 28. pla-Tout le peuple alors tomba le vifage en terre, & conwere feffa que le Seigneur eftoit le vray Dieu. Ce qu'Elie mefure. voyant il leur dit: Prenez donc tous les Preftres de

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Baal, & qu'il n'en échappe pas un feul. Et tous les faux Prophetes ayant efté tuez, Elie promit de la pluye à Achab: ce qui fut fait avant prefque qu'il euft le temps de retourner en fa maison. Cet exemple, difent les faints Peres, fait voir qu'elle eft la force de la verité, & qu'elle foûtient les hommes elle feule, lors que toutes les confiderations humaines sembleroient les devoir abattre. Elle fit demeurer le faint homme Elie ferme dans le culte du vray Dieu, quoy qu'il se vist feul, & perfecuté des hommes. Et il verifia dans fa perfonne, ce que dit faint Jerôme, que la verité eft contente du petit nombre de ceux qui l'aiment, & qu'elle ne craint point la multitude de ceux qui l'attaquent.

Fuite d'Elie. 3. Rois 19.

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Avant

A Reine impie Jezabel ayant fceu ce qu'Elie L'A avoit fait à fes faux Prophetes, luy envoya dire du M. qu'avant qu'il fe paffaft un jour, elle le traiteroit 3097. comme il avoit traité les Prophetes de Baal. Ce faint J. C, homme effrayé de cette menace s'enfuit auffi-toft, 9o7. & fit admirer, comme dit faint Gregoire, par cette viciffitude de courage & de timidité qui parut en luy, combien l'homme eft fujet à l'inconftance dans cette vie, & que c'eft fouvent aprés fes actions les plus heroïques qu'il éprouve davantage combien il eft foible. Il s'enfuit dans le defert, où eftant accablé d'ennuy & de fatigue, il pria Dieu de le faire mourir. Il s'endormit en ceft eftat, & un Ange le vint réveiller & luy dit: Levez-vous & mangez. Il vit à fon réveil un pain cuit fous la cendre avec un peu d'eau; il mangea & but, & fe rendormit enfuite. L'Ange l'obligea une feconde fois de manger encore,

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parce

parce qu'il luy reftoit beaucoup de chemin. Il le fit. & aprés avoir mangé, il marcha durant quarante jours & quarante nuits, eftant fortifié par ce pain miraculeux qui a toûjours efté regardé comme la figure de l'Euchariftie qui nous foûtient par fa force divine durant tout le voyage de cette vie. Elie estant arrivé à la montagne d'Oreb, Dieu luy apparut & luy commanda d'aller à Damas, afin d'y facrer Hazael pour Roy de Syrie, & Jehu pour Roy d'Ifraël. Elie donc quittant cette montagne pour obeir aux ordres qu'il avoit receus de Dieu, trouva en fon chemin Elisée qui labouroit avec douze charuës, dont luy-mesme en conduifoit une. Il mit fon manteau fur luy, & Elifée fe fentant auffi-toft tranfporté au dedans de l'ame par un mouvement violent, quitta fon travail & courut aprés Elie. Il le pria feulement de luy permettre d'aller un moment chez luy pour dire les derniers adieux à fon pere & à fa mere: ce qu'il luy permit. Et aprés avoir offert à Dieu les boeufs dont il labouroit en facrifice, il invita tout le peuple à un feftin, & s'en alla enfuite aprés Elie pour ne le quitter jamais. Il quitta un pere, dit faint Ambroife, & il trouva en Elie un autre pere, qui ayant pour ce fils fpirituel des entrailles de charité plus tendres que ne font celles des peres de la chair, le combla de toutes fortes de richeffes durant fa vie, & le laiffa en fe feparant de luy, heritier de fa fainteté & de fes miracles, comme nous le verrons enfuite. C'est ainfi que Dieu a fait voir dans le Vieux Teftament comme dans le Nouveau, que les grands difciples naiffent d'ordinaire de ces hommes admirables en fainteté qui ont merité par leurs excellentes actions d'avoir des imitateurs de leur vie, & des heritiers de leur vertu. Mais il y a cette difference dans la Loy nouvelle, que nous ne fommes pas feulement les difciples des hommes de Dieu, mais de l'Homme-Dieu, qui a temperé les actions admirables de fa vie, comme dit faint Auguftin, afin que l'exemple de fa fainteté ne fuft pas trop difproportionné à noftre foibleffe. C'eft pourquoy, comme remarque le mefme Pere, quand Moyfe

Moyfe & Elie ont paru en leur temps dans une humilité qui a efté la fource de toutes leurs vertus, il ne s'eft trouvé qu'un Jofué & qu'un Elifée pour les imiter; parce que les hommes fuperbes dédaignoient alors d'imiter les hommes humbles: mais maintenant il faut que l'orgueil, quelque grand qu'il foit, foit couvert de confufion en voyant l'humilité, non

feulement comme confacrée, mais comme deïfiée en la vie & la mort de JESUS-CHRIST, & dans la perfonne de Dieu mefme.

Pieté de Jofaphat. 3. Rois 21.

Endant que le Roy Achab regnoit fur Ifraël, & que l'A

3108.

mettre toutes fortes d'impietez, le royaume de Juda Avant eftoit gouverné par Afa, qui avoit fait beaucoup J.C. d'actions de pieté durant fa vie, mais qui la finit af- 889. fez mal en faifant alliance avec le Roy de Syrie pour fe foûtenir contre les efforts du Roy d'Ifraël. Dieu N 2

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l'envoya reprendre de cette faute, & luy fit deman der s'il le croyoit trop foible pour le rendre vi&torieux de fes ennemis, fans aller chercher un fecours prophane parmy les idolatres qu'il avoit en abomination. Afa ne pût fouffrir les juftes remontrances de ce Prophete, il le fit prendre & mettre en prison. Son cœur fe porta enfuite à la cruauté, & il fit mourir un grand nombre des principaux d'entre fes fujets. L'Ecriture le reprend auffi de ce que dans une longue maladie il avoit plus mis fa confiance dans l'art des medecins que dans le fecours de Dieu. Ainfi aprés avoir long-temps merité de juftes louanges par une condite digne d'un grand Prince, il deshonora fa vie par un mélange d'actions, ou injurieuses envers Dieu, ou cruelles envers les hommes. Jofaphat fon fils luy fucceda & marcha fur les traces de David. Il fe rendit tres-agreable à Dieu; il attira fa benediction fur fon royaume & fur fes armes qui le rendirent redoutable au Roy d'Ifraël & à tous les autres Princes fes voifins. Sa pieté luy donna un renouvellement de courage, & il ne témoigna pas la mefme timidité que les autres Rois avant luy avoient témoignée, pour abatre les bois facrileges & les hauts lieux. Il envoya des Preftres & des Levites par toutes les terres de fon royaume pour prefcher par tout la Loy de Dieu, & pour en inftruire les peuples. Son ardeur pour agrandir & pour fortifier fon royaume eftoit admirable, & il fit ce que doivent faire les grands Rois, qui eft de mettre leur principal foin à procurer la gloire de Dieu, & de faire enfuite tout ce qu'il faut pour foûtenir la gloire de leur couronne, Achab Roy d'Ifraël craignoit d'avoir pour ennemy un fi puiffant Prince, quoy que le Royaume de Juda ne continst que la fixiéme partie de celuy d'Ifraël, n'ayant que deux Tribus & l'autre dix. Mais Dieu fit voir par exemple de ce Prince qu'il prend plaifir à rendre redoutable aux hommes ceux qui ne craignent que luy feul, & il verifia en la perfonne de Jofaphat ce qu'il avoit dit à fon Prophete Samuel au fujet de Saul, qu'il comble de gloire ceux qui l'honorent, & qu'il rend méprifables ceux qui le méprifent.

Mort

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