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le feftin des nopces s'eftant retirez dans leurs chambre, Tobie fe fouvint des avis de l'Ange, qui eftoient de brûler le foye du poiffon qu'il avoit pris pour chaffer le Demon, & de paffer les trois premieres nuits de fon mariage en prieres & en continence avec fa nouvelle époufe. Ce fut une heureuse nouvelle le lendemain pour Raguel, lors qu'on l'affura que l'un & l'autre eftoient pleins de vie; & il referma la foffe qu'il avoit déja preparée. Mais quelque fatisfaction que le jeune Tobie trouvaft dans cette maison, il ne perdoit point de veuë celle de fon pere; & l'Ange pour contribuer à l'y faire retourner pluftoft, voulut bien fe charger du foin d'aller chez Gabelus pour luy redemander les dix talens qu'il devoit à Tobie, & l'amener au feftin des nopces du jeune Tobie. Enfin aprés avoir conjuré long-temps Raguel de luy permettre de s'en aller, il le luy permit, luy donnant la moitié de tout fon bien & Sara fa fille, qu'il artit dans les derniers adieux d'honorer fon beau-pere & fa bellemere, d'aimer fon mary, de regler fes domeftiques, de gouverner fa maifon, & de fe conferver irreprehenfible dans toute la conduite de fa vie. Cependant la mere du jeune Tobie ne pouvoit autrement foulager la trifteffe qu'elle fentoit de l'absence de fon fils, qu'en allant fur les avenues pour voir fi elle ne le découvriroit point de loin. Elle l'apperceut enfin lors qu'il revenoit, & elle vint en grand' hafte en avertir fon mary. Le jeune Tobie eftant entré dans la maifon, adora Dieu d'abord felon l'avis de l'Ange, alla falüer fon pere, & ayant frotté fes yeux avec le fiel du poiffon qu'il avoit pris, il recouvra auffi-toft la veuë. Il luy dit tout ce qui luy eftoit arrivé, & en estant comblé de joye il penfa à reconnoistre d'abord les bons offices de ce guide fi fidelle, en luy donnant la moitié de tout ce qu'on avoit apporté de chez Raguel. Le faint Ange Raphaël crut alors que c'eftoit le temps de leur découvrir qui il eftoit; & aprés leur avoir dit qu'il eftoit l'un des fept Anges qui font fans ceffe prefens devant Dieu, & les avoir raffurez de la frayeur qu'ils en eurent, il difparut à leurs yeux, les P 4

laif

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du M.

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laiffant profternez par terre durant trois heures. Tobie chanta enfuite un admirable Cantique où it rend à Dieu fes actions de graces, & prédit les merveilles qu'il devoit accomplir dans fon Eglife. Ce faint homme fut aveugle durant quatre ans, & il vécut depuis quarante-deux ans dans une tres-heureuse vieillefle, aprés lefquels il mourut âgé de plus de cent ans, laiffant pour imitateur de fa pieté le jeune Tobie, qui fera à tous les fiecles une image parfaite du refpect & de l'obeiffance que les enfans doivent à leurs peres, & de la fainteté avec laquelle ils doivent vivre dans le mariage, en élevant leurs enfans avec tant de vigilance & de pieté, qu'ils deviennent les imitateurs de la vertu de leurs peres.

Holopherne, Judith 5.

Es Rois des Affyriens eftant nez pour eftre les fleaux de la terre, celuy-cy que l'Ecriture apron lan pelle Nabuchodonofor, quoy qu'il foit different du 348. grand Nabuchodonofor qui prit Jerufalem, comme Avant on a veu cy-deffus, entreprit de l'affujettir toute à J.C. fon Empire, & de fe rendre maistre du monde. Il choifit Holopherne pour commander fes armées, qui s'appuyant fur le nom & fur les forces de fon Prince, crut que rien ne luy eftoit impoffible, & que tous les peuples devoient fe hafter de le prévenir, afin d'éprouver plûtoft fa bonté que fa puiffance. Il paffa comme un feu dans les Provinces, couvrit la terre de fes foldats & de fes chariots, jetta l'épouvante dans toutes les villes, pilla mefme celles qui fe rendoient, & fit paffer au fil de l'épée celles qui luy faifoient quelque refiftance. Plus il avançoit fa marche, plus fa prefence intimidoit tout le monde, & on fe haftoit de toutes parts de luy envoyer des Ambaffadeurs pour s'affujettir à toutes les conditions qu'il demandoit, & le prier feulement d'épargner la vie. On le recevoit par tout avec une profonde foumiffion. Mais quelque honneur qu'on luy

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rendift, on avoit bien de la peine à adoucir fa fierté, & à fe défendre des emportemens de fa colere. Les Juifs à ces nouvelles apprehenderent pour eux & pour le Temple, & l'exemple de tant d'autres leur fit juger combien eftoit grand le peril qui les menaçoit. Quelques préparatifs qu'ils euffent faits, ils en reconnurent l'inutilité, & leur refuge fut la priere; le jeûne, & les larmes. Lors qu'Holoferne cut appris que les Juifs ne pensoient point à fe rendre, & qu'ils fembloient mefme fe difpofer à la guerre, il entra dans une colere eftrange. Il voulut fçavoir quel eftoit ce peuple qui eftoit affez hardy pour se prépa rer à fe défendre; & alors Achior General des Ammonites qui s'eftoit venu rendre à luy, fit un excellent difcours pour luy exagerer la grandeur du Dieu des Juifs, & les merveilles par lesquelles il avoit fait paroiftre fa puiffance dans tous les ficcles. Il l'affura que tant que ce peuple fervoit fidellement fon Dieu, il eftoit toûjours invincible; & qu'à moins qu'ils ne l'euffent irrité par quelque offenfe, il tenteroit inutilement de le forcer. Holopherne fè

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crut outragé par cette harangue. Il ne put retenir davantage fa fureur; & admirant qu'il y euft un homme affez infolent pour croire que perfonne puft refifter au Roy fon maiftre; il commanda qu'on envoyaft Achior lié dans Bethulie, afin que lors qu'il ́ l'auroit prife il fuft puny avec tous les Juifs, de la temerité avec laquelle il avoit ofé préferer la puiffance du Dieu des Juifs à celle de Nabuchodonofor. Achior vint aporter aux Juifs ces nouvelles effrayantes; mais ils le confolerent, en luy difant qu'au lieu qu'Holoferne l'avoit menacé de le faire mourir f cruellement aprés avoir pris leur ville, ils efperoient au contraire que Dieu luy feroit voir la protection qu'il donneroit à fon peuple & la raine d'Holopherne.

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Judith. Judith 10.

A confternation où le peuple fut reduit aux paroles d'Achior, fut bien encore plus grande lorsqu'ils virent Holopherne s'approcher de plus en plus avec une armée de fix-vingt mille homme de pied,– & vingt-deux mille chavaux. Ils fe jetterent tous par terre, & roconnurent que leur fecours en cette extremité ne leur pouvoit venir que du ciel. Holopherne ayant invefti Bethulie & confideré tous fes dehors, vit qu'elle n'avoit de l'eau que par un aqueduc qu'il fit couper, afin de les obliger par la foif à fe venir rendre. L'eau manqua en peu de jours dans toute la ville; & fes habitans penfoient déja à finir le tourment d'une longue foif en fe rendant à Holopherne, lors que Judith fe prefenta à eux pour les confoler & pour relever leurs courages. C'eftoit une veuve d'une excellente vertu, qui avoit paffé les années de fon veuvage dans le fecret de fa maison, toûjours dans le jeune & dans le cilice. Et s'eftant depuis long-temps fortifiée par ces faints exercices, elle fe fentit, dans cette extremité de fon peuple, pouffée d'un deffein qui ne pouvoit venir que de

Dieu. Elle fit appeller les Preftres, elles les fit venir chez elle, & aprés leur avoir reproché leur peu de confiance en Dieu, elle leur déclara qu'elle avoit un deffein, mais qu'elle ne le leur diroit pas, & qu'elle leur recommandoit feulement de prier pour elle pendant qu'elle feroit hors de la ville. Lors que ces Preftres fe furent retirez, elle entre dans fon oratoire & foupira long-temps devant Dieu profternée en terre; & s'eftant relevée enfuite, elle fe para de tous fes ornemens, qui ajouterent à fa beauté naturelle un nouveau éclat, que Dieu mefme voulut encore augmenter à caufe de l'ufage faint qu'elle en voulut faire. Elle fortit ainfi de Bethulie, tout le monde la regardant avec admiration, mais ne luy ofant parler. Lors qu'elle fut hors des portes de la ville, les foldats d'Holopherne voyant une femme d'une fi excellente beauté, la menerent à leur General. Holopherne fut furpris en voyant Judith, & pendant qu'il admiroit la grace de fon vifage, elle le trompa par la fageffe de fes paroles, & luy dit qu'elle avoit fuy de fa ville, parce qu'elle fçavoit com

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bien

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