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Crimes des Sodomites. Genef. 19.

Lame

me an

neé.

2107.

Prés la promeffe formelle que Dieu fit à Abra

il luy dit en le quittant qu'il alloit perdre Sodome, parce que les pechez de ce peuple jettoient un cry qui s'élevoit jufqu'au ciel; & il promit à Abraham, qui le conjuroit de pardonner aux juftes qui feroient dans cette ville, que s'il y en trouvoit feulement dix, il épargneroit en leur faveur ce peuple fi déteftable. Deux Anges donc eftant venus à Sodome vers le foir; Lot qui eftoit alors affis à la porte de la ville, alla au devant d'eux dés qu'il les apperceut, & témoigna au milieu d'une ville abominable qu'il confervoit encore les vertus qu'il avoit apprifes d'Abraham lors qu'il demeuroit avec luy. Il les pria donc d'entrer en fon logis, afin qu'aprés y avoir paffé la nuit ils pûffent le lendemain continuer leur voyage. Les Anges firent difficulté d'abord de recevoir cet offre, & dirent

qu'ils demeureroient dans la place de la ville: Mais la vraye charité qui s'échauffe encore, plus par les obftacles & les refiftances, pouffa Lot à faire tant d'inf tances à ces deux hoftes, qu'enfin ils se rendirent à fes prieres & entrerent dans fa maifon. Il les y receut avec tous les témoignages poffibles d'affection, & leur fit un grand feftin. Mais lors qu'ils eftoient prefts de s'aller coucher, les hommes de cette ville pouffez de la paffion déteftable qui leur eftoit ordinaire, s'affemblerent autour de la maifon de Lot. Ils luy demanderent où eftoient ces deux jeunes hommes qu'il avoit retirez chez luy, & le prefferent de les faire fortir dehors afin de contenter leur brutalité. Lot fut percé d'une fenfible douleur lors qu'il fe vit dans le peril d'expofer ainfi deux perfonnes aufquelles il avoit crû que fa maison ferviroit d'azile, & dans l'ardeur de fa charité qui luy faifoit regarder des hoftes & des étrangers comme des perfonnes inviolables, il fortit pour aller parler au peuple, & le porta à quitter un fi abominable deffein. Mais le peuple le repouffa & luy reprocha que n'eftant qu'un étranger chez eux, il vouloit fe meffer de leur donner des avis. Il fe mettoit déja mefme en eftat de luy faire les dernieres violences, fi les Anges ne fuffent promtement venus pour le fecourir, & le retirer dans fa maison. Lors qu'ils en eurent fermé les portes, ils frapperent d'aveuglement toutes ces perfonnes, qui, comme marque l'Ecriture, ne perdant point la fureur dont ils brûloient dans le cœur, cherchoient encore à la fatisfaire dans leur aveuglement mesme, & alloient à taftons autour de la maifon de Lot fans y pouvoir trouver d'entrée. Les faints Peres ont regarde cet évenement comme une admirable figure des juftes qui vivent parmy les méchans, & de ce qu'ils ont à fouffrir de leur mauvaise vie. Et faint Gregoire compare les Sodomites frappez d'aveuglement qui ne laiffoient pas encore dans leurs tenebres de vouloir forcer le logis de Lot, aux calomniateurs qui cherchent avec un efprit d'envie & de colere le moyen de nuire aux bons qu'ils haïffent, & qui ne C

trou

trouvent par tout que des murailles folides, fans
pouvoir trouver aucune entrée à leur médifance.
Leur paffion les prévient d'une telle forte, qu'ils ne
voyent point dans les juftes les vertus que tous les
autres y voyent, & qu'ils y croyent voir des crimes
qui ne fubfiftent que dans leur imagination. Mais
lors que la calomnie les attaque de cette forte, Dieu
les foûtient, & les Anges les protegent, parce qu'ils
ont préferé la pieté à toutes chofes, & qu'ils ont
mieux aimé attirer fur eux la colere des hommes que
celle de Dieu.

Sodome brulée. Genef. 19.

La mê

me an

née.

2107.

L

que

Es Anges ayant délivré Lot de la violence que les Sodomites luy vouloient faire, luy déclarerent Dieu les avoit envoyez pour perdre cette ville, & que s'il avoit quelque gendre ou quelque fille, il fe haftaft de les faire fortir promtement avec luy de Sodome, dont les cris s'eftoient élevez jufqu'au

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ciel; & qui alloit recevoir la jufte peine de fes abominations. Lot alla promtement en donner advis à ceux qu'il avoit destinez pour eftre fes gendres, mais ils fe raillerent de fes avertiffemens & les prirent pour des refvieres. Le matin eftant venu les Anges prefferent Lot de fortir avec sa femme & fes deux filles, de peur qu'il ne perift avec les autres, & comme il differoit trop ils le prirent par la main & le tirérent hors de la ville, en luy ordonnant de se fauver au plustoft & de ne point regarder derriere luy. Lot ayant demandé la permiffion de fe retirer dans Segor, ils le luy permirent pourveu qu'il se hastast, parce qu'ils ne pouvoient rien faire jusqu'à ce qu'il fuft arrivé dans cette ville, qu'ils fauveroient en fa confideration. Lors que Lot y entroit, Dieu répan dit une pluye de feu & de foufre qui confuma Sodome & les autres villes, avec le païs d'alentour, & tous ceux qui y habitoient. La femme de Lot épouvantée du bruit qu'elle entendit, oublia la défenfe de l'Ange & tomba dans une curiofité qui fut punie à l'heure mefme. Car en regardant derriere elle fut changée en une ftatuë de fel, pour fervir à l'avenir de remede contre la corruption des ames foibles, qui aprés eftre entrées dans la voye étroite s'arrestent & regardent ce qu'elles avoient quitté. Lot effrayé de ce qui eftoit arrivé à ces quatre villes, & craignant la mefme chose pour Segor, où il s'eftoit retiré, la quitta promtement & alla fur une montagne, felon le premier avis des Anges, où il demeura feul dans une caverne avec fes deux filles. Mais ces filles s'imaginant eftre restées toutes feules avec leur pere fur la terre, crûrent qu'elles ne devoient pas laiffer dépeupler le monde. C'eft pourquoy enyvrant leur pere, elles devinrent inceftueufes pour devenir meres. Et quoy qu'on ne puiffe penfer fans horreur à leur action, elles donnerent neanmoins, felont faint Bernard, un exemple du difcernement qu'on peut faire dans les actions qui bleffent davantage nos fens, de l'intention avec laquelle on les fait. C'eft ainfi que Lot fut divinement fauvé du milieu d'un peuple abo

mi

La me

me année.

minable, à la priere d'Abraham; & Dieu punit alors des paffions fi horribles par un chaftiment qui leur eftoit proportionné; montrant par le feu quelle eftoit l'ardeur des Sodomites pour le mal, & par le foufre quelle eftoit la puanteur de leurs crimes. Ces peuples malheureux firent voir par avance, felon faint Gregoire, une image des fupplices de l'enfer, & de ces embrafemens eternels dont on fe rit en ce monde, comme les gendres de Lot fe rioient des menaces qu'il leur en faifoit. L'effroy que Lot cut en voyant un figrand effet de la vengeance de Dieu, doit bien paffer jufque dans nous, puis que JESUS-CHRIST nous affure que les Sodomites, quelques abominables qu'ils ayent efté, feront traitez avec moins de rigueur au jour du jugement, que ne le feront ceux qui auront ouy fa parole fainte & qui l'auront negligée. Mais les hommes font infenfibles à tout, & comme ce chastiment effroyable n'empefche pas, comme dit faint Bernard, qu'il ne vole encore de toutes parts des cendres de ces villes abominables: cette comparaifon auffi que JESUS-CHRIST fait de ces villes avec ceux qui méprifent fa parole, ne leur ouvre point les yeux pour prévenir les feux de l'enfer par une fincere penitence.

Abimelech puny de Dieu. Genef. 20.

Aement de Sodome, de quitter le lieu où il eftoit
Braham ayant efté obligé un peu aprés l'embra-

2107. pour venir à Gerare, il y courut le mefme peril à l'égard du Roy de cette ville, à caufe de Sara fa femme, qu'il avoit couru dans l'Egypte à l'égard de Pharaon. Car lors qu'il y fut arrivé Abimelech Roy de Gerare enleva Sara qui fe difoit foeur d'Abraham, comme elle l'avoit dit en Egypte, & la fit venir chez luy. Mais Dieu qui eftoit toûjours le protecteur de la vie d'Abraham & de la pureté de Sara, & qui n'épargnoit pas les Rois mefme lors qu'ils leur faifoient quelque injure, menaça ce Prince durant la nuit de

le

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