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pofé, & fon frere Lyfimaque mis en fa place, lequel ayant auffi efté dépofe, Menelaus remonta fur le fiege à force d'argent. Mais ayant enfuite dérobé luy-mefme les vafes facrez, & voyant qu'Onias neceffoit de crier contre de fi grands facrileges, il le fit tuer. La vertu de ce faint Pontife eftoit fi univerfellement reconnue. que non feulement les Juifs, mais les eftrangers en eurent de l'indignation: Et Antiochus ayant receu les plaintes qu'on luy en fit à fon retour de Cilicie le pleura, parce qu'il en connoiffoit la vertu, & fit mourir Andrinoque qui l'avoit tué, dans le lieu mefme où il avoit commis ce parricide. Cependant les factions eftant grandes dans Jerufalem, & plufieurs voulant poffeder la fouveraine Sacrificature, la malice de fes citoyens y alluma un feu qui caufa la ruine entiere de la ville. Dieu pour marquer les malheurs dont elle eftoit menacée, fit paroiftre de grands fignes. On vit de foute la ville pendant quarante jours des armées se battre dans l'air, des cavaliers armes de haches & couverts d'or courir les uns contre les autres. On voyoit diftinctement la courfe de leurs chevaux, les attaquer de loin & de prés, les traits lancez par les uns & repouffez par les autres de leurs boucliers. On entendoit le bruit de leurs armes. On voyoit étinceller leur épées nuës, & leurs boucliers d'or jetter un éclat qui frappoit les yeux. Tant de fignes fi nouveaux jetterent l'épouvante dans tous les cœurs, & tous eftoient occupez à prier Dieu de détourner de deffus eux les malheurs dont ils eftoient menacez. Cependant l'impie Jason forma le deffein de fe rendre maistre de la ville, & fit contre fes propres citoyens tout ce que le plus cruel ennemy auroit pû faire. Mais ce n'eftoit encore que le commencement de leurs maux. Car Antiochus eftant paffé en Egypte avec une grande armée, & l'ayant ravagéé, apprit que Jafon, fur le faux bruit qui avoit couru de fa mort eftoit venu avec des troupes à Jerufalem pour fe faire rétablir, & qu'il faiffoit paffer tout au fil de l'épée, ainfi craignant que ce defordre n'allast plus loin, il s'y rendit en diligence, & trouva moyen par

les

L'An

du M.

Avant

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les differentes factions qui regnoient dans la ville d'y entrer & de s'en rendre le maistre. Ce fut alors qu'il n'épargna rien, non pas mefme ce qu'il y avoit de plus faint. Il prenoit plaifir à toucher de fes mains profanes ce qu'il y avoit de plus facré dans le Temple. Et eftant enyvré de fes profperitez il infulta au Dieu des Juifs, ne fe fouvenant pas, comme dit l'Ecriture, que Dieu pouvoit le traiter comme il avoit traité Heliodore. Mais alors Dieu avoit abandonné fon peuple, fa ville & fon Templé à caufe de leurs pechez; & il fit voir qu'il ne conferve pas les perfonnes à caufe de la fainteté des lienx, mais qu'il conferve les lieux à caufe de la fainteté de ceux qui les habitent ; & qu'il n'eft jamais plus en colere contre les déreglemens des hommes, que lors que pour les punir il permet qu'on luy infulte à luy-mefme, & qu'on porte l'infolence & l'impieté jufques fur l'Autel.

Mort d'Eleazar. 2. Machab. 6.

Ors qu'Antiochus fe fut rendu maiftre de Jrrufa

837 étendu fes violences que fur les biens & fur les corps, J.C. elles auroient efté plus fupportables. Mais il voulut paffer jufqu'aux confciences, & forcer tout le monde de renoncer à la loy de Dieu, & de violer fes ceremonies faintes pour embraffer le culte des faux Dieux. Il entreprit ce deffein impie avec tant de fureur, que deux femmes qui craignoient Dieu ayant circoncis leurs enfans, on pendit leurs petits à leur coû, & on les précipitia ainfi du haut des murailles. Le Temple n'eltoit plus remply que d'abominations qui regnoient jufques fur l'Autel, & il n'y avoit prefque plus de Juif qui ofaft confeffer qu'il eftoit juif, tant la cruauté des fupplices épouvantoit tous les cœurs. Dans cet affoibliffement general Dieu fit voir un exemple de courage qui confondoit la timidité des autres. Eleazar l'un des premiers de Jerufalem,qui eftoit un vieillard tres-venerable, fut folliciié de

man

manger contre la loy de la chair de pourceau qu'on luy prefentoit. Mais préferant, dit l'Ecriture, une mort glorieuse à une vie infame, il alla de luy-mefme au fupplice qui luy eftoit préparé. Ceux qui eftoient auprés de luy furent touchez de l'extremité où ils le voyoient; & l'aimant d'une amitié toute humaine, ils le prierent de s'aider luy-mefme en cette rencontre, & d'agréer qu'on fift venir de la chair qu'il pouvoit manger, afin qu'on crûft qu'il avoit fatisfait aux ordres du Roy, & que cette feinte luy fauvaft la vie. Mais Eleazar fe fouvenant de fa vieilleffe & de l'integrité de toute fa vie depuis fon enfance, répondit ainfi à fes amis lafches: J'aime mieux mourir que de faire ce que vous me confeillez. Tout déguise ment eft indigne de mon âgé. A Dieu ne plaife que je donne aux jeunes gens par cette feinte un fujet de croire qu'Eleazar âgé de prés de cent ans euft embraffé les ceremonies payennes, & qu'ils fe trouvaffent ainfi malheureufement trompez par cet artifice, dont j'aurois tafché de me couvrir. Je n'ay point tant d'amour pour le peu qui me refte de cette mife

rable

La mê

me an

nee.

rable vie, & je n'ay garde de deshonorer une vieileffe par une tache fi honteufe. Quand je me fauverois par cette diffimulation de la main des hommes, je ne pourrois me fouftraire à celle de Dieu. J'aime donc mieux mourir courageufement, fans rien faire qui puiffe ternir la gloire de ma vieileffe, & laiffer ainfi aux jeunes gens un exemple de fermeté, qui leur apprenne à préferer la loy de Dieu à leur propre vie. Cette réponse fi fainte irrita la fauffe mifericorde de ceux qui luy avoient donné ce mauvais confeil; & attribuant fon amour pour la fincerité & fa conftance à un orgueil opinaiftre, ils l'affommerent de coups. Ce faint homme eft devenu un exemple illuftre que les Martyrs ont depuis imité, & qui nous apprend jufqu'où l'on doit éviter, comme dit faint Paul, tout ce qui peut fcandalifer les foibles, & de quelle maniere on doit rendre gloire à Dieu par une confeffion fincere de la verité, aux dépens mefme de fa reputation & de fa vie.

Martyre des Machabées. 2. Machab. 7.

'Exeple du faint vieillard Eleazar eut la fuite

3837. on vit en mefme temps le mefme courage en des Avant jeunes hommes, mais qui furent éprouvez par des J. C. fupplices encore plus grands. Ce font ces fept freres

161.

fameux qu'on nomme ordinairement Machabées. Antiochus irrité de voir dans un âge fi tendre tant de fermeté, & efperant que la rigueur des fupplices l'affoibliroit, les fit tourmenter tous l'un aprés l'autre en presence de leur mere. On leur coupa la langue & les extremites des mains & des pieds. On leur arracha la peau de deffus la tefte, lors qu'ils n'eftoient plus qu'un tronc informe & horrible à voir, on les faifoit roftir dans une chaudiere, où ils confumoient dans les feux ce qui leur reftoit de vie. Ils adorerent la main de Dieu dans ces chaftimens ; & roconnoiffant humblement qu'il les traitoit comme

leurs

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leurs pechez le meritoient, ils rendirent à Dieu une vie qu'ils ne tenoient que de luy, efperant fermement qu'il la leur rendroit un jour. Ils parlerent au Roy avec une liberté toute fainte, lors mefme qu'ils eftoient entre ses mains. Ils luy representerent les excés de fa cruauté. Hs luy dirent hardiment qu'il fçauroit un jour ce que c'eft que de combattre contre Dieu, & qu'aprés avoir efté icy l'instrument de fa juftice contre fon peuple, il feroit enfuite la victime de fon éternelle vengeance. Le Roy encore plus aigry de leur fermeté au milieu des fupplices que de leurs juftes remonftrances, voulut attirer au moins par des careffes le dernier de tous. C'eft pourquoy il le mit entre les mains de fa mere afin qu'elle luy perfuadaft d'obeïr au Roy. Cette femme incomparable qui fera à jamais la gloire de fon fexe & l'exemple de toutes les meres, prit fon fils à part; & bien loin de l'exhorter à fauver fa vic, elle luy fit voir fi vivement le neant de tous les hommes & la grandeur de Dieu, qui feul meritoit qu'on le craignift, que ce jeune homme quittant la mere dit tout haut: Qu'il n'obeïroit

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